Pâques, l'expérience du désir d'être avec Dieu.
C’est un curieux dimanche que ce
septième dimanche de Pâques. Coincé entre les deux solennités de l’Ascension et
de la Pentecôte, on pourrait le prendre pour un petit dimanche sans importance,
et pourtant les lectures qui lui sont affectées nous rappellent que le mystère
de Pâques, c’est aussi l’expérience du désir d’être avec Dieu.
La première lecture nous relate la
fin tragique d’Etienne, le diacre, premier martyr à cause de sa foi au Christ Sauveur.
Luc souligne habilement l’identification d’Etienne avec Jésus dans sa mort :
les mêmes paroles prononcées que Jésus sur la croix, une mort violente en haine
de son attachement à la personne de Jésus. Ceux qui pensaient être débarrassés
de Jésus après l’avoir cloué en croix, ne peuvent qu’être excités contre ce
prédicateur qui accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes
éclatants. Manquant peut-être d’imagination, ou parce que cela avait bien
fonctionné avec Jésus, ils ressortent les mêmes vieilles accusations : Cet
individu ne cesse de proférer des paroles contre le Lieu saint et contre la
Loi. Nous l’avons entendu affirmer que ce Jésus, le Nazaréen, détruirait le
Lieu saint et changerait les coutumes que Moïse nous a transmises. La
justice est expéditive, les pierres se mettent à voler et Etienne s’effondre
avant de s’endormir dans la mort après avoir invoqué le nom du Seigneur : Seigneur
Jésus, reçois mon esprit. Le désir profond d’Etienne est ainsi manifeste :
il veut vivre pour toujours avec Celui qu’il a annoncé et servi. Il va à sa
rencontre, sans haine pour ses persécuteurs ; seul compte Jésus et la
vie avec lui.
L’extrait du Livre de l’Apocalypse nous
donnait alors à entendre quelques-uns des versets qui concluent ce livre, et
donc toute la Bible. Cette annonce du retour du Christ dans la gloire, au jour
du jugement, s’achève sur ce cri : Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
C’est l’espérance chrétienne qui est ainsi exprimée. Nous désirons
ardemment ce retour qui fera toute chose nouvelle. Là où Etienne allait à la
rencontre de son Sauveur dans sa mort, les témoins de l’Apocalypse appellent le
Christ à revenir. Le mouvement peut sembler contraire, mais c’est la même
réalité qui est exprimée : le désir de l’humanité de vivre avec Jésus. Que
nous allions vers lui ou qu’il vienne vers nous, le résultat est le même :
une communion entre l’humanité sauvée et le Christ Sauveur. La question qui se
pose alors à chacun est bien celle-ci : désires-tu être avec Jésus ?
Dans sa grande prière sacerdotale au
soir de sa mort, Jésus adresse déjà à son Père ce même désir pour l’humanité :
Que tous soient un, comme toi, Père, tu
es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le
monde croie que tu m’as envoyé. Autrement
dit, cette communion de l’humanité avec Dieu est fondatrice de la foi. Nul ne
peut croire quand la division règne ; nul ne peut croire et être agent de
division. Croire, c’est fondamentalement prendre le parti de Dieu, vivre avec
lui, en lui, pas seulement au-delà de cette vie, dans le paradis, mais dès ici
et maintenant. Et Jésus d’insister : Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu
m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Notre désir d’être avec Dieu, avec le Christ,
Jésus le fait sien : Père,
ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec
moi, et qu’ils contemplent ma gloire. Et voilà comment notre désir profond d’être avec Jésus devient notre
destinée, quand le Christ légitime notre désir et le fait sien. Rien ne pourra
désormais jamais nous séparer de lui. Ce que nous osions à peine imaginer, il le
veut et il le demande à Dieu. Parce que Dieu aime son Fils par-dessus tout, il
l’exausera. Il ne lui a jamais rien refusé ; il ne va pas commencer
maintenant ; nous pouvons en avoir la certitude.
Désirer
plus que tout être avec Dieu, avec Jésus. Voilà un noble désir à cultiver. Il
est le fruit de ce temps pascal qui nous a donné de méditer le cœur de notre
foi. Nous ne sommes pas obligés d’attendre le jour de notre mort pour confier
notre âme à Jésus. Dès maintenant, nous pouvons lui demander de nous garder en
communion avec lui pour que notre vie terrestre soit un témoignage de la
puissance de son amour pour tous les hommes. Avec l’Esprit et l’Eglise, nous
pouvons dire à Jésus, le Christ : Viens !
Viens dans ma vie ! Viens dans ce monde qui semble si souvent vivre comme si tu n’existais pas !
Viens, le
monde a tant besoin de toi ! Viens, j’ai besoin de toi ! Amen.
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