Nous
terminons notre incursion dans l’évangile de Jean au moment de l’heure de
vérité. Les tensions entre Jésus et la foule, développées les semaines passées,
parviennent à un sommet. Nous sommes à l’heure de vérité ; il y a ceux qui
partent et qui cessent d’accompagner Jésus
et il y a ceux qui restent, les Douze. De cinq mille hommes au moment de la
multiplication des pains à Douze aujourd’hui, la chute est rude. Comment en
est-on arrivé là ?
Il
y a d’abord la rudesse des paroles de Jésus. Non qu’il soit méchant avec la
foule, mais nous avons vu comment, lentement, la foule ne comprenait plus Jésus.
Ses paroles ne passent pas. La réflexion faite par certains est significative :
cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ?
La réponse a déjà été donnée par Jésus : personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père. Il
faut donc accepter la parole de Jésus comme étant donnée par le Père ;
ainsi seulement nous pouvons nous approcher de Jésus et comprendre en vérité
que cette parole, pour rude qu’elle soit, est esprit et vie.
Il
y a ensuite la personne de Jésus lui-même. Nous avons vu, dans les semaines
passées, que la foule croyait connaître Jésus parce qu’elle connaît sa parenté
et ses origines. Mais c’est oublier que Jésus n’est pas que vrai homme. Jésus est
Dieu, né de Dieu, comme nous le disons lorsque nous proclamons notre foi. Si la
parole de Jésus choque, sa personnalité ne laisse pas indifférent non plus. Pour
certains, il outrepasse ses droits. C’est donc bien sur sa personne qu’il nous
faut nous prononcer. Nous en sommes arrivés à cette question cruciale :
pour ou contre Jésus ?
D’ailleurs,
les Apôtres, et Simon Pierre en particulier, ne s’y trompent pas. Quand Jésus les
interroge : Voulez-vous partir vous
aussi ?, la réponse de Pierre jaillit, lumineuse : A qui irions-nous ? Tu as les paroles
de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le
Saint de Dieu. Tout ce que la foule n’a pas compris, il le reprend, en
affirmant la foi des Douze. Les Apôtres croient que la parole de Jésus est plus
qu’une parole d’homme. Les Apôtres croient et savent qui est Jésus en vérité. C’est
bien dans un acte de foi que tous pourront, comme les Apôtres, accorder leur
juste importance aux paroles de Jésus. C’est bien dans un acte de foi que tous
pourront, comme les Apôtres, reconnaître en Jésus Dieu fait homme.
Ce
n’est donc pas surprenant qu’au cœur de la rencontre des croyants le dimanche,
après avoir entendu la Parole de Dieu et avant de nous approcher de la table eucharistique,
il y ait la proclamation de la foi, l’acte par lequel les disciples se
reconnaissent entre eux, et reconnaissent appartenir au même Père, à la suite
du Fils unique, dans la communion de l'Esprit Saint. En affirmant notre foi,
nous reconnaissons que la parole entendue est bien Parole de vie éternelle et
nous reconnaissons déjà la présence du Christ, vers qui le Père nous attire, et
qui, en retour, nous montre le chemin vers le Père. En nous invitant à sa
table, il nous partage le pain de sa parole et le pain de vie, son propre corps
livré et rompu pour le salut du monde.
A
la question de Jésus à ses disciples : voulez-vous
partir vous aussi ?, il nous faut répondre chaque semaine. En venant
au repas de l’eucharistie, nous reprenons l’affirmation de foi de Pierre ;
en nous abstenant de venir, nous faisons comme la foule : nous partons,
nous aussi. Le choix nous appartient ; il est à refaire chaque dimanche
parce que chaque dimanche Dieu nous invite. Amen.
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