Souvenez-vous
de ce que je vous disais dimanche : à la suite de Jésus, nous sommes
invités à passer du monde des hommes au monde de Dieu. Toute la vie de Jésus n’a
que ce seul but : nous entrainer avec lui à la rencontre de Dieu. C’est
bien ce monde de Dieu qu’il a annoncé quand il parlait du Royaume. C’est bien à
la hauteur de Dieu que Jésus veut élever l’homme. Ce soir, il nous indique la
voie royale pour parvenir à ce monde.
Le
geste que Jésus pose envers ses disciples est un geste surprenant pour eux et
proprement scandaleux. La réaction de Pierre est totalement justifiée. Mais
pour le comprendre, il faut nous placer à cette époque et oublier un instant
que nous vivons dans un monde différent aujourd’hui. Pour Pierre, Jésus, qui dépose son vêtement, prend un linge qu’il
se noue à la ceinture et se met à
laver les pieds des disciples, Jésus donc prend une place qui est indigne
de lui, la place d’un esclave qui devait nettoyer les pieds de son maître quand
il rentrait chez lui, ou des visiteurs qui arrivaient. Jésus s’abaisse bien
au-dessous de sa condition. Pour Pierre, le disciple, voir son maître s’abaisser
ainsi, est insupportable. C’est une humiliation qu’il ne comprend pas et n’accepte
pas. Il faudra l’insistance de Jésus pour qu’il se laisse faire sans trop
comprendre ce que fait Jésus : plus
tard, tu comprendras. Et ce plus tard, ce n’est pas les quelques mots d’explication
que Jésus livre immédiatement après ; ce plus tard, ce sera après Pâques,
quand ce moment présent et surtout les moments encore à venir prendront sens. Là,
immédiatement, ce n’est que le geste d’un fou qui ignore sa vraie place. S’abaisser
jusqu’à prendre la dernière place, ce n’est quand même pas très glorieux.
Or,
c’est justement là que Jésus veut emmener ses disciples : à comprendre qu’il
y a gloire à servir. L’homme n’est grand pour Jésus que lorsqu’il se met au service
des autres, ces autres étant d’abord et avant tout les plus petits. Car comprenez
bien qu’il ne s’agit pas pour Jésus de se mettre au service des puissants qui
pourront le récompenser en conséquence des services rendus. Le service dont
parle Jésus, c’est le service de ceux qui ne peuvent rien rendre, le service de
ceux qui vous seront toujours éternellement redevables. Ce sont ceux-là que Jésus
nous invite à servir. C’est bien la dernière place, la place du plus humble, la
place du plus petit, qui est la nôtre, qui est celle de tout disciple du Christ.
Pour Jésus, le service est le chemin vers la gloire ; le service du frère
pauvre, malade, prisonnier, étranger, exclu… est le chemin vers le monde de Dieu.
Gardez toujours en mémoire l’évangile de saint Matthieu : ce que vous avez fait à l’un de ces petits
qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait !
Au
moment où nous accompagnons Jésus qui marche vers sa croix, laissons-nous faire
par Jésus et apprenons de lui la gloire du service. Qu’à son exemple, nous
ayons assez d’humilité pour passer le vêtement du service. Notre récompense,
nous ne l’aurons pas des hommes, nous la tiendrons de Dieu quand il nous invitera
à la joie du Royaume. Ce soir, contemplons et apprenons la gloire du
service de notre Maître et Seigneur qui
se fait petit pour nous attirer vers son Père. Amen.
(Le Lavement des pieds, Miniature de O. Khizanetsi - Matenadaran, Erevan - 1330, reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)
(Le Lavement des pieds, Miniature de O. Khizanetsi - Matenadaran, Erevan - 1330, reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les principales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)
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