Que peut-on dire de plus après la
nuit de Pâques ? Peut-on encore approfondir le mystère de la mort et de la
résurrection du Christ après avoir entendu l’annonce de la Pâque avec le chant
de l’Exultet et médité tant d’extraits de la Bible ? Si l’Eglise nous propose
encore une messe ce matin, c’est qu’il y a matière à approfondir ce grand
mystère d’une vie plus forte que la mort. Découvrons-le à travers les prières de
cette eucharistie.
La prière d’ouverture introduisait
d’emblée une donnée intéressante : Aujourd’hui,
Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle par la victoire de ton Fils
sur la mort. A ceux qui pensaient que nous ne bénéficierions de la joie de
Pâques et la grâce de la Résurrection qu’à la fin des temps, il est apporté un
démenti fort. C’est dès aujourd’hui que nous possédons la vie éternelle ;
c’est dès aujourd’hui que nous profitons de la puissance de vie qui est
celle-là même du Ressuscité. Le Christ n’est pas ressuscité pour qu’un jour,
lointain, nous vivions ; il est ressuscité pour que, dès maintenant, nous partagions
cette puissance de vie et l’éternité qui la caractérise. C’est bien ce que
réalise pour nous le baptême : lorsque l’eau coule sur notre front, nous
sommes bien plongés dans la mort du Christ pour vivre dès ce jour de l’éternité
de vie que Dieu propose à ceux qui croient en Jésus. Cette vie éternelle que
nous recevons au jour de notre baptême, nous aurons toute une vie pour l’accueillir
personnellement, et devenir par l’Esprit
un homme nouveau afin que, comme le précise encore l’oraison, nous ressuscitions avec le Christ lorsque
viendra pour nous, le moment de voir Dieu face à face. Pâques ouvre à chaque
croyant cette période curieuse du déjà là et du pas encore : nous sommes
déjà ressuscités, pleinement vivant avec le Christ, mais pas encore dans le
Royaume avec lui, puisque nous ne le serons qu’après avoir effectivement
franchi les portes de la mort.
La prière sur les offrandes nous
permettra de faire le lien entre la fête de Pâques et la célébration de
l’Eucharistie qui l’actualise. Dans la
joie de Pâques, prierons-nous tout à l’heure, nous t’offrons ce sacrifice : c’est par lui que ton Eglise,
émerveillée de ta puissance, naît à la vie et reçoit sa nourriture.
L’Eucharistie, mémorial de la passion et de la résurrection de Jésus nous ouvre
toujours plus à cette vie que Dieu nous offre au moment de notre baptême. Elle
nous offre le pain des forts, le pain de celles et ceux qui savent devoir
compter encore sur le Christ pour parvenir au Royaume promis. Elle donne le
pain des humbles à ceux qui savent que, par leur propre force, ils ne sauraient
vivre vraiment en chrétiens, disciples du Christ qui sans cesse nous appelle à
le suivre sur le chemin exigeant de l’Evangile. Elle est le pain des pauvres
qui attendent tout de Dieu, qui ne comptent que sur lui pour leur faire
découvrir comment devenir plus humain en suivant chaque jour Jésus sur le
chemin des béatitudes.
La prière après la communion,
comme souvent, nous renverra à notre fin dernière. Tu ne cesses de veiller sur ton Eglise. Déjà les sacrements de la
Pâques nous ont régénérés en nous obtenant ton pardon, en nous faisant
communier à ta vie : donne-nous d’entrer dans la lumière de la
résurrection. Reconnaissant que nous avons reçu de Dieu lui-même ce qui
nous est nécessaire pour vivre, à savoir le pardon et la communion à la vie de
Dieu, nous lui demandons de veiller sur nous comme il veille sur son Eglise
pour qu’un jour nous puissions, à son appel et non par nos mérites, partager
pleinement cette résurrection. Déjà là et pas encore ! Toute la vie
chrétienne est ainsi en tension. Dieu nous fait le don de sa vie, mais nous
devons l’accepter, l’accueillir dans notre propre existence de manière libre et
consciente. La résurrection du Christ, nous devons y croire, pas seulement
parce que c’est un article de foi, mais parce que, par notre vie, nous
découvrons sans cesse cette vie éternelle à l’œuvre, en nous et autour de nous.
La bénédiction solennelle du jour
de Pâques demandera pour chacun de vous la permanence de cette grâce, offerte
aujourd’hui. En accueillant la puissance de vie du Christ, vous deviendrez
capables de résister au doute. Elle vous invitera à croire que la joie de ce
jour est telle, qu’elle est, de fait, sans fin, puisque même la mort ne saurait
y mettre un terme. Avec le Ressuscité, vous connaissez la joie parfaite. Enfin,
vous serez pressés de suivre chaque jour les pas du Ressuscité pour que le
« pas encore » cède la place, un jour, à la réalité du Royaume. La
résurrection du Christ n’est pas pour plus tard : elle vous invite dès
maintenant, à vivre comme lui ; ainsi un jour, il pourra vous accueillir
chez son Père et notre Père. Puisse la grâce pascale vous inonder de sa
joie ; et toute votre vie sera marquée par celui qui a tout donné par
amour de vous : le Christ Sauveur. Amen.
(La résurrection du Christ, Miniature... reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les prinicpales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)
(La résurrection du Christ, Miniature... reproduite par Nelda VETTORAZZO, Les prinicpales fêtes chrétiennes, Centro Russia Ecumenica, 2007)
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