Nous
l’avions pressenti hier, avec le prophète Isaïe : l’affaire Jésus ne pouvait
pas s’achever aussi brutalement. Ce que Dieu avait annoncé (mon serviteur
réussira), il l’a réalisé en Jésus. C’est ce que proclame la foi
chrétienne. Jésus, le Fils unique du Père, né avant tous les siècles, est le
premier ressuscité d’entre les morts. Et la longue suite de lectures que nous
venons d’entendre nous a fait parcourir ces promesses de Dieu parvenues à leur
achèvement en cette nuit. Cette résurrection n’est que le dernier acte d’une
longue histoire d’amour entre Dieu et les hommes, histoire commencée dès la
création du monde et poursuivie jusqu’à ce jour où nous sommes. En cette nuit, Jésus
a vaincu la mort.
Pourtant,
reconnaissons-le, rien n’est moins cru parmi les hommes de notre temps. Même chez
ceux qui ont reçu le baptême, et qui donc ont été unis au Christ Jésus, unis
à sa mort et à sa résurrection, la foi en la résurrection cède quelquefois
le pas à la croyance en la réincarnation au motif qu’il est plus facile de
croire que ma vie n’est qu’une succession de vies en attendant le bonheur sans
fin plutôt que de croire que ma vie a été rachetée à grand prix par Jésus sur
la croix. Comprenez, moralement, c’est moins traumatisant que de devoir
accepter qu’un innocent soit mort pour les coupables que nous sommes. Même si cet
innocent est allé librement jusqu’au don ultime comme preuve de son amour. Ce qui
manque à beaucoup de nos contemporains, c’est une preuve que cette histoire est
bien vraie ! Or en matière de preuve, il n’y a que le vide !
Nous
venons d’entendre l’évangile selon Matthieu. Nous avons suivi ces femmes qui se
rendaient au tombeau à l’heure où le jour commençait à poindre. Elles sont
allées regarder le sépulcre. Et qu’ont-elles vu ? Des gardes qui
devinrent comme morts et l’ange du Seigneur descendu du ciel. Il
leur annonce que Jésus n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait
dit. Venez voir l’endroit où il reposait puis, vite, allez dire à ses disciples :
‘Il est ressuscité d’entre les morts’… Il les invite à voir du vide,
et à circuler. Parce qu’il n’y a rien à voir, mais tout à croire ! Et c’est
en circulant, en repartant vers les Apôtres, que Jésus vint à leur rencontre
et les conforte dans la mission qu’elles ont reçu de l’ange : Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent
se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. Jésus, le Ressuscité, est avec ceux qui
risquent une parole nouvelle ; il va à la rencontre de celles et ceux qui
témoignent de lui, de celles et de ceux qui osent croire que l’impossible est
devenu possible. La mort est morte, la vie a vaincu la mort. Et voici que la
vie de ces femmes et de ces hommes va être bouleversé, profondément. Les Actes
des Apôtres que nous lirons dès demain matin en témoignent à chaque ligne.
En
relisant la longue histoire sainte, nous avons relu notre histoire. De promesse
en échec, de pardon en alliance nouvelle, nous avons compris que Dieu ne se
résolvait pas à la mort du pécheur. Son amour est miséricordieux et toujours
accueillant envers celui qui se tourne vers lui. La Semaine Sainte qui s’achève
sur cette note joyeuse et inespérée nous a permis de revivre, avec Jésus, le cœur
de notre foi. Ce soir, le Christ est ressuscité pour nous partager sa vie et
non nous reprocher sa mort. Désormais, avec lui, vivons. De lui, témoignons. En
lui, croyons. Et permettons à la foi de naître dans le cœur de tous les hommes
par une vie à la hauteur de la vie de Dieu. Les femmes n’avaient que le vide du tombeau et
la parole de l’ange. Nous n’avons toujours que le tombeau vide et la parole de
l’ange ; mais cette parole a été relayée fidèlement, à travers le temps et
l’histoire, par des hommes et des femmes qui ont cru et vécu de cette foi ;
ainsi elle est parvenue jusqu’à nous. Alors désormais, circulons, y’a rien à
voir, y’a tout à croire, y’a tout à vivre. Amen.
(Dessin de Mr Leiterer)
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