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vendredi 14 avril 2017

Nuit de Pâques - 15 avril 2017

Circulez, y'a rien à voir, mais tout à croire !






Nous l’avions pressenti hier, avec le prophète Isaïe : l’affaire Jésus ne pouvait pas s’achever aussi brutalement. Ce que Dieu avait annoncé (mon serviteur réussira), il l’a réalisé en Jésus. C’est ce que proclame la foi chrétienne. Jésus, le Fils unique du Père, né avant tous les siècles, est le premier ressuscité d’entre les morts. Et la longue suite de lectures que nous venons d’entendre nous a fait parcourir ces promesses de Dieu parvenues à leur achèvement en cette nuit. Cette résurrection n’est que le dernier acte d’une longue histoire d’amour entre Dieu et les hommes, histoire commencée dès la création du monde et poursuivie jusqu’à ce jour où nous sommes. En cette nuit, Jésus a vaincu la mort. 
 
Pourtant, reconnaissons-le, rien n’est moins cru parmi les hommes de notre temps. Même chez ceux qui ont reçu le baptême, et qui donc ont été unis au Christ Jésus, unis à sa mort et à sa résurrection, la foi en la résurrection cède quelquefois le pas à la croyance en la réincarnation au motif qu’il est plus facile de croire que ma vie n’est qu’une succession de vies en attendant le bonheur sans fin plutôt que de croire que ma vie a été rachetée à grand prix par Jésus sur la croix. Comprenez, moralement, c’est moins traumatisant que de devoir accepter qu’un innocent soit mort pour les coupables que nous sommes. Même si cet innocent est allé librement jusqu’au don ultime comme preuve de son amour. Ce qui manque à beaucoup de nos contemporains, c’est une preuve que cette histoire est bien vraie ! Or en matière de preuve, il n’y a que le vide ! 
 
Nous venons d’entendre l’évangile selon Matthieu. Nous avons suivi ces femmes qui se rendaient au tombeau à l’heure où le jour commençait à poindre. Elles sont allées regarder le sépulcre. Et qu’ont-elles vu ? Des gardes qui devinrent comme morts et l’ange du Seigneur descendu du ciel. Il leur annonce que Jésus n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts’… Il les invite à voir du vide, et à circuler. Parce qu’il n’y a rien à voir, mais tout à croire ! Et c’est en circulant, en repartant vers les Apôtres, que Jésus vint à leur rencontre et les conforte dans la mission qu’elles ont reçu de l’ange : Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. Jésus, le Ressuscité, est avec ceux qui risquent une parole nouvelle ; il va à la rencontre de celles et ceux qui témoignent de lui, de celles et de ceux qui osent croire que l’impossible est devenu possible. La mort est morte, la vie a vaincu la mort. Et voici que la vie de ces femmes et de ces hommes va être bouleversé, profondément. Les Actes des Apôtres que nous lirons dès demain matin en témoignent à chaque ligne. 
 
En relisant la longue histoire sainte, nous avons relu notre histoire. De promesse en échec, de pardon en alliance nouvelle, nous avons compris que Dieu ne se résolvait pas à la mort du pécheur. Son amour est miséricordieux et toujours accueillant envers celui qui se tourne vers lui. La Semaine Sainte qui s’achève sur cette note joyeuse et inespérée nous a permis de revivre, avec Jésus, le cœur de notre foi. Ce soir, le Christ est ressuscité pour nous partager sa vie et non nous reprocher sa mort. Désormais, avec lui, vivons. De lui, témoignons. En lui, croyons. Et permettons à la foi de naître dans le cœur de tous les hommes par une vie à la hauteur de la vie de Dieu.  Les femmes n’avaient que le vide du tombeau et la parole de l’ange. Nous n’avons toujours que le tombeau vide et la parole de l’ange ; mais cette parole a été relayée fidèlement, à travers le temps et l’histoire, par des hommes et des femmes qui ont cru et vécu de cette foi ; ainsi elle est parvenue jusqu’à nous. Alors désormais, circulons, y’a rien à voir, y’a tout à croire, y’a tout à vivre. Amen.


(Dessin de Mr Leiterer)

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