Je vais
ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Cette
parole de Dieu n’est pas donné par Jésus, mais par son prophète Ezéchiel. Celui-ci
commence son ministère à un moment crucial de l’histoire d’Israël, un peu avant
la prise de Jérusalem et la ruine du Temple. Autant dire que l’espérance est
déjà morte ; les places fortes d’Israël sont tombées, une partie de la
population déportée, une autre exilée. La situation du peuple est difficile,
mais cette parole permet de retrouver un début d’espérance, elle laisse
entrevoir un avenir malgré le présent sombre.
Je vais
ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Il faudra
du temps encore avant que cette promesse ne soit réalisée. Presque cinq siècles !
Pour nous chrétiens, seul Jésus de Nazareth, Fils de Dieu fait homme, parviendra
à la réaliser dans sa propre vie de manière définitive. Il indiquera la voie à
tous les hommes qui cherchent un sens à leur vie, qui s’interrogent sur le pourquoi
de la mort et qui veulent trouver une issue à cette énigme qui fait souffrir
les hommes. Lorsque nous le rencontrons aujourd’hui, il pose un geste plus que
prophétique ; il va révéler aux hommes que le projet d’amour de Dieu pour
les hommes est bien un projet de vie ; il va révéler aux hommes la
puissance de l’amour de Dieu pour nous ; il va révéler aux hommes que la
mort ne fait pas partie de ce projet d’amour. Il fallait la mort de Lazare pour
que cette « leçon » soit donnée aux hommes, d’où le retard de Jésus à
l’appel de Marthe et Marie. Il fallait la mort de Lazare pour que les hommes
comprennent aussi la compassion de Jésus pour tous ces hommes qui souffrent. La
mort de son ami et la détresse des sœurs le touchent au plus profond ; Jésus
fut pris d’émotion, il fut bouleversé… il se mit à pleurer. Dieu fait homme
assume totalement l’aventure humaine ; Dieu fait homme partage les
sentiments et les souffrances des hommes. Sa divinité n’en fait pas un surhomme ;
sa divinité ne l’éloigne pas des hommes, bien au contraire.
Je vais
ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Cette
annonce faite par Ezéchiel est donc assumée et réalisée par Jésus, d’abord pour
son ami Lazare, ensuite pour que la foi des hommes soit éveillée, stimulée et
enfin pour que la gloire de Dieu soit reconnue. Lazare, viens dehors ! Ces
simples mots suffisent, avec la confiance de Marthe et de Marie en celui qu’elles
reconnaissent comme le Christ. Et Lazare sort de son tombeau ! Jésus manifeste
ainsi, à tous ceux qui connaissent les annonces prophétiques qu’il est bien
celui que Dieu envoie. Les morts qui ressuscitent ne font-ils pas partie
des signes de la présence du Messie au milieu des hommes ? Comment se fait-il
que les hommes alors ne le reconnaissent pas tous quand ce signe se réalise ?
Est-ce que, comme lors de la guérison de l’aveugle-né, il y aurait là une
inversion des rôles ? Les morts sortent des tombeaux, mais les vivants semblent
y être plongés et enfermés ! Bien sûr, Jean signale que beaucoup de
Juifs, qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais pour
combien de temps ? N’oublions pas que Jésus marche vers Jérusalem, lieu de
son procès, de sa condamnation et de sa mort !
Je vais
ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai
remonter. Cette prophétie d’Ezéchiel, accomplie par Jésus, veut aujourd’hui
encore stimuler notre foi et relancer notre espérance. Jésus vient nous sortir
de nos tombeaux, il vient nous ouvrir à la vie en plénitude, la vie qui ne
finit pas. Ce qu’il fit pour Lazare n’est qu’une pâle copie de ce qu’il réalise
en nous par notre baptême : il nous fait vivre pour toujours en Dieu. Ce n’est
pas une promesse, c’est une réalité. Laissons-là nos bandelettes, laissons les
suaires de nos doutes : Jésus éveille notre foi, Jésus réveille notre
espérance, Jésus nous entraîne à la vie. Osons donc vivre, et vivre en grand, avec
lui, pour toujours. Amen.
(Dessin de Mr Leiterer)
(Dessin de Mr Leiterer)
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