N’est-ce
pas un beau jour, que ce dimanche qui, après une semaine passée à célébrer l’actualité
de la résurrection, nous rassemble pour prolonger encore la joie de Pâques ?
Et nous doublons cette joie en accueillant dans la communauté croyante, Rémi
qui recevra dans un instant le baptême en cette chapelle du collège saint
André. Au fond, c’est un seul et même mystère qui est célébré, puisque par le
baptême, nous participons à la mort et à la résurrection de Jésus, et nous lui
sommes configurés pour vivre pleinement de sa vie. Oui, aujourd’hui, c’est
Pâques pour Rémi qui, avec le Christ, va passer la mort pour vivre de la vie
éternelle.
La liturgie de ce deuxième dimanche
de Pâques nous propose alors quelques extraits significatifs de la Parole de Dieu pour
nous parler de cette Eglise à laquelle nous appartenons : un portrait de la jeune
communauté croyante, une réaffirmation de ce que Dieu réalise pour les hommes
en Jésus, mort et ressuscité, et la figure de Thomas, l’apôtre à la suite
duquel nous sommes invités à croire sur parole, sans preuve matérielle. A lire
trop vite, on pourrait croire qu’il n’y a là qu’un idéal proposé, un rêve
impossible à atteindre. N’est-ce pas, si les croyants partageaient tout comme
ceux décrits dans la première lecture, cela se saurait ! Si les chrétiens
laissaient vraiment le Ressuscité agir en eux, cela se verrait ! Du coup,
les chrétiens eux-mêmes ont quelquefois honte de se dire chrétiens, quelquefois
honte d’événements douloureux, passés ou récents, de l’histoire de l’Eglise. Ce
n’est pas vraiment la fierté qui étouffera les chrétiens en ce vingt-et-unième
siècle. Ils sont un peu comme ces Apôtres, au soir de Pâques, enfermés, repliés
sur eux-mêmes. La foi, c’est privé, n’arrête-t-on pas de nous chanter sur tous
les tons, plus particulièrement durant ces dernières semaines de campagne
électorale. Sans oublier tous ces candidats qui, sous couvert de paix sociale
et de liberté plus grande, se verraient bien faire un sort à la religion en
générale, certains visant plus particulièrement les musulmans, tandis que d’autres
professent un anticléricalisme d’un autre temps. Qu’avons-nous besoin de Dieu ?
Qu’avons-nous besoin d’une Eglise pour éclairer nos consciences ? Il n’est
pas simple de se dire croyant au milieu de notre monde occidental. Nous consentons
à plaindre nos frères chrétiens d’Orient qui voudraient bien pouvoir proclamer
leur foi librement mais ne le peuvent pas, alors que nous qui le pouvons, nous
n’en avons pas toujours le désir ! Et nous oublions de vivre comme Dieu nous
le demande ; et nous oublions de faire vivre l’Eglise qui ne peut plus
être signe au milieu du monde. L’évangile de ce dimanche, en nous faisant
méditer la figure de Thomas, nous montre bien qu’il n’a jamais été simple ou
évident de se dire croyant. Les obstacles, de tous temps, ne manquaient pas, à
commencer par notre propre peur. Mais en nous faisant méditer en même temps la
vie de la première Eglise, elle nous dit aussi que cela est possible, que cela
vaut la peine d’essayer.
Aujourd’hui, ce n’est ni plus
facile, ni plus difficile de croire en ce Ressuscité. Nous avons deux mille ans
d’histoire, deux mille ans où des hommes et des femmes ont essayé de vivre de
l’esprit du Ressuscité. Tout n’est pas rose dans cette histoire, mais tout est
loin d’être noir. L’histoire de l’Eglise, c’est notre histoire parce que
l’Eglise, c’est nous tous. Ce n’est pas que le pape et les évêques : c’est
vous et moi. Et c’est ce qui fait la beauté de notre Eglise : tous ces
visages différents qui la composent, ces hommes et ces femmes qui cherchent
Dieu avec sincérité, ces hommes et ces femmes qui quelquefois doutent, et
souvent se trompent. Nous sommes cette Eglise qui doute, cette Eglise qui
hésite, cette Eglise qui se trompe ; mais nous sommes aussi cette Eglise qui
est belle parce qu’elle cherche à devenir toujours plus évangélique, cette
Eglise qui est belle parce qu’elle sert les petits et les pauvres à travers le
monde, cette Eglise qui est belle parce qu’elle aime et veut partager cet amour
avec tous les hommes.
Tout
à l’heure, nous allons redire notre foi devant Rémi ; il va nous écouter d’abord,
puis il proclamera lui-même sa foi, la foi des chrétiens en Dieu Père, Fils et Esprit
Saint, la foi de l’Eglise qui va l’accueillir comme un de ses fils. Lui et
nous, nous redirons tous que cette Eglise est chemin vers le salut, route de
bonheur à la rencontre de notre Dieu. Nous redirons que nous sommes cette
Eglise. Alors, toi qui crois en Jésus mais qui a un peu de mal avec son Eglise,
quand tu trouveras l’Eglise un peu rétrograde, en retard sur son temps,
demande-toi ce que TU fais pour que son message d’amour soit plus actuel.
Lorsque tu trouveras l’Eglise un peu frileuse sur des questions actuelles,
demande-toi ce que TU fais pour la rendre plus courageuse, plus présente au
monde de ce temps. Lorsque tu trouveras que l'Eglise est branlante, tout juste
bonne à être démolie, rangée dans les curiosités de l’histoire, demande-toi ce
que TU fais pour la rendre plus solide, plus belle. Lorsque tu trouveras que
l’Eglise semble exclure, demande-toi ce que TU fais pour mieux accueillir
l’étranger, pour mieux pardonner à celui qui t’a fait du mal. Lorsque tu
trouveras que l’Eglise n’est pas parfaite, souviens-toi que tu ne l’es pas non
plus, toi qui la composes et la fais vivre ! Mais souviens-toi aussi que
tu portes en toi la force nécessaire pour faire de toi et de l’Eglise quelque
chose qui ressemble au visage de notre Dieu, quelque chose qui permette à tout
homme de vivre debout, en ressuscité, en homme libre. Une Eglise plus belle, un
monde plus humain, c’est possible, si chacun de nous s’y met. Les premiers Apôtres ont commencé ; il
nous revient de poursuivre avec sincérité, humilité et détermination. AMEN.
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