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dimanche 9 avril 2017

Dimanche des Rameaux A - 09 avril 2017

Quand un âne nous apprend l'évangile !





            Chaque année, nous sommes invités à vivre la Semaine Sainte qui, du dimanche des Rameaux où nous sommes à la nuit de Pâques, nous fait vivre le cœur de la foi chrétienne ; nous accompagnons ainsi Jésus dans les derniers jours de sa vie terrestre. Cette semaine si intense porte pourtant en elle un risque pour nous : celui d’être suivie sans être vraiment vécue. En effet, aucune autre semaine ne comporte autant de célébrations fortes en symboles et en sens. Et pour peu que ce ne soit pas notre première Semaine Sainte, le souvenir des années passées peut nous rendre insensible à des petits détails que nous jugeons vite sans importance, et pourtant. Prenons Matthieu dont nous avons entendu l’entrée de Jésus à Jérusalem. Il est le seul à signaler que les disciples trouverons une ânesse attachée et son petit avec elle. Les autres évangélistes parlent juste d’un ânon, que personne n’avait encore monté. Et alors, me direz-vous ? Alors ? Ben sur lequel monte Jésus ? Il ne peut pas monter sur les deux quand même ! Pourquoi vouloir alors les deux ? Et pourquoi un âne ? Un cheval n’aurait-il pas été plus convenant pour le Messie ? En ce dimanche des Rameaux, laissons-nous donc évangéliser par un âne ! 
 
            Pourquoi un âne ? L’explication la plus communément admise tient au caractère de l’animal. Il va où il veut et c’est lui qui guide semble-t-il. En montant sur un âne, Jésus manifeste qu’il ne tient pas les rennes de sa vie. Sa vie, il l’a déjà remise à Dieu ; c’est lui qui conduit les événements. L’âne serait donc l’instrument de Dieu pour conduire son Fils là où Dieu le veut, au rythme que Dieu veut, au moment que Dieu veut. L’heure vient, et elle est proche, où le Fils de l’homme va être livré. Même la porte par laquelle il va entrer à Jérusalem, ce n’est pas lui qui la choisit. L’âne, avec Jésus monté dessus, va son chemin. Jésus, au moment où la foule l’acclame, est l’homme obéissant à Dieu, en toute chose. Il s’en remet à lui seul. Et c’est l’âne qui incarne cette obéissance ! De lui, apprenons à aller sur les routes où Dieu nous attend, au moment où Dieu nous attend, au rythme que Dieu attend. 
 
            Chez Matthieu donc, les disciples vont chercher une ânesse et un ânon que personne n’a encore monté. Mais on ne sait sur lequel Jésus est monté. Faisons donc pour lui le choix de l’ânon, conforme aux textes de Marc, de Luc et de Jean. Pourquoi l’ânon ? N’ayant été monté par personne, il symbolise la Nouvelle Alliance que Jésus va inaugurer dans son sacrifice sur la croix. Avec cet ânon, qu’il est le premier à monter, Jésus commence quelque chose de neuf. L’ânesse les accompagne ; elle symbolise la première alliance, non rejetée, mais dépassée désormais par celle que Jésus va établir. Il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir dans une nouvelle alliance. Et nous chrétiens, dépositaires de cette Nouvelle Alliance, nous ne pouvons pas faire abstraction de la Première Alliance : elle explique la nouvelle, permet de mieux la comprendre. Elle est cette ânesse qui a donné vie à son ânon ! Jésus ne pouvait donc monter que l’ânon, annonçant une nouvelle vie qui commence avec lui. C’est toujours une vie d’obéissance, de confiance en Dieu, mais avec des règles nouvelles. Jésus précisera ces règles lors de son dernier repas avec ses disciples. 
 
            Vous comprenez donc aussi pourquoi Jésus ne peut pas monter un cheval. Un cheval est fougueux, un cheval est symbole de la force guerrière. Or Jésus n’est pas un combattant militaire, il n’est pas un chevalier en armure qui va combattre l’ennemi pour le bouter hors de Palestine. Il est ce Fils obéissant qui marche vers sa mort pour entraîner les hommes sur les chemins d’une vie nouvelle. Les acclamations de la foule ne le feront pas changer d’avis. Elle a beau l’acclamer comme le Messie qui vient ; elle n’a pas encore compris quel type de Messie il est. Pourtant, tout est dit par l’ânon, tout est dit par cet équipage curieux, mais nouveau. 
 
            En ce dimanche des Rameaux, nous avons acclamé Jésus, le Fils de David ; nous avons suivi celui qui vient au nom du Seigneur ! Apprenons de ce que nous avons vu l’humilité de Jésus qui monte un ânon ; apprenons de cet ânon à nous laisser conduire, simplement, là où Dieu nous veut, pour notre vie et notre joie. Amen.      

(Dessin de Mr Leiterer)



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