(Messe de la veille au soir : première lecture extraite du prophète Ezéchiel)
Il faut faire un peu d’histoire biblique
pour comprendre la première lecture entendue, sinon elle ne sera qu’une
histoire un peu gore qui, au mieux ne nous dira pas grand-chose, au pire nous
donnera des cauchemars. Bien comprendre ce passage nous permettra aussi de
mieux comprendre pourquoi un chrétien ne saurait se passer de l’Esprit Saint que
nous célébrons en cette fête de la Pentecôte.
Il nous faut remonter loin dans l’histoire
de nos ancêtres. Nous sommes en 1030 avant Jésus Christ. Le peuple juif est
établi en Terre promise depuis 190 ans et il va trouver le prophète Samuel pour
lui demander un roi. Pourquoi soudainement veut-il un roi ? Parce que tous
les autres peuples qui l’entourent en ont un. Ils veulent être comme les autres
peuples. Samuel leur rappelle alors qu’ils ont déjà un roi, Dieu lui-même. Mais
ils insistent. Alors, pour essayer de les décourager, il leur donne les
inconvénients de la royauté. Ecoutez plutôt : Voici le droit du roi qui
va régner sur vous. Il prendra vos fils et les affectera à ses chars et à ses
chevaux et ils courront devant son char… il leur fera labourer ses terres,
moissonner ses champs, fabriquer ses armes de guerre et les harnais de ses
chars, il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères. Il prendra
vos champs, vos vignes et vos oliveraies les meilleures pour les donner à ses
officiers. Il prélèvera la dîme sur vos cultures et vos vignes… vos meilleurs
serviteurs, vos meilleures servantes, vos meilleurs bœufs et vos meilleurs
ânes, il les prendra pour lui et vous-mêmes vous deviendrez ses esclaves. Qu’auriez-vous
fait devant un tel portrait ? Renoncer à votre idée d’avoir un roi pour
être comme les autres ? Ce n’est pas ce qu’a fait le peuple jadis. Le
peuple refusa d’écouter Samuel.
Je vais accélérer la suite de l’histoire. Vous
l’aurez deviné : ils auront leur roi. D’abord Saül, puis David, puis Salomon.
Avec ces deux, le royaume sera grand, respecté. Mais dès la mort de Salomon,
ses fils se déchirent et le royaume est coupé en deux. De décisions politiques imbéciles
en décisions politiques désastreuses, les deux royaumes périclitent et finissent
par tomber, chacun leur tour, sous le coup des ennemis. C’en est fini du
Royaume d’Israël. Jérusalem est détruite, le Temple rasé ; Dieu lui-même
semble défait. Le peuple est déporté à Babylone où il n’aura plus le droit de
pratiquer sa religion. Il sera prisonnier, esclave. C’est dans ce contexte qu’apparaît
le prophète Ezéchiel dont nous avons entendu une des visions. Parce que même si
le peuple avait abandonné le Seigneur, Dieu, lui, n’a jamais abandonné son
peuple. La vision des ossements desséchés vient rappeler que l’espérance est
toujours possible, et que le Dieu qui avait jadis sorti son peuple de l’esclavage
d’Egypte, fera retourner son peuple sur la terre d’Israël : Ainsi parle
le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai
remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Et
comment Dieu fera-t-il cela ? Il le fera par son Esprit Saint : Prophétise,
fils d’homme. Dis à l’esprit : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Viens
des quatre vents, esprit ! Souffle sur ces morts, et qu’ils vivent !
(…) Et un peu plus loin : Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez (…)
alors vous saurez que je suis le Seigneur Dieu.
Voilà à quoi sert l’Esprit Saint dont nous
célébrons le don en cette fête de Pentecôte. Il est ce vent de liberté qui nous
fait vivre vraiment. Il est la présence de Dieu en notre vie pour que celle-ci
soit grande, qu’elle ait du souffle, qu’elle nous sorte de tous nos tombeaux dans
lesquels nous nous enfermons quelquefois : tombeaux de nos haines,
tombeaux de nos addictions, tombeaux de notre péché, tombeaux de nos
séparations. L’Esprit Saint vient faire toute chose nouvelle dans notre vie. Il
vient renouveler la terre comme le chantait le psaume. Alors peut-être
que certains se disent : mais je suis vivant moi ! Qu’ai-je besoin de
l’Esprit Saint ? Tu es vivant ? Tu respires certes, tu te déplaces
aussi ; mais cela signifie-t-il que tu es vivant en vérité ? Être
vivant en vérité, c’est vivre selon le cœur de Dieu ; c’est vivre en
laissant battre notre cœur au rythme du cœur de Dieu. Et le rythme du cœur de Dieu,
c’est l’amour. Tu es vraiment vivant quand tu aimes, et que tu aimes comme Dieu
aime : d’un amour infini, d’un amour patient, d’un amour qui supporte
tout, d’un amour sans préférence, d’un amour pour tous et chacun de ceux qu’il
met sur ta route. Tu es vraiment vivant quand tu aimes d’un amour qui se donne
totalement. Aimes-tu ainsi ? Alors tu auras encore besoin de l’Esprit pour
qu’il te maintienne dans un tel amour, chaque jour que Dieu te donnera de
vivre.
Un chrétien ne peut pas se passer de l’Esprit
Saint. Toujours il nous faut demander à Dieu de renouveler en nous ce don que
nous recevons dès notre baptême et dont la plénitude nous est donnée par la confirmation.
Toujours nous devons prier l’Esprit d’agir en nous, pour que tous nos choix, toutes
nos décisions, toutes nos paroles, soient marqués de sa présence, marqués par l’amour-même
de Dieu. Tu veux vivre vraiment ? Alors demande l’Esprit Saint. Tu veux
vivre ta vie en grand ? Alors invoque l’Esprit Saint. Tu veux vivre selon
la Parole de Dieu ? Alors prie l’Esprit Saint ? Tu veux rester fidèle
à ton baptême ? Alors laisse l’Esprit Saint agir en toi. Il est ce fleuve
d’eau vive qui emporte tout pour ne laisser que l’amour. Amen.
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