(Messe du jour)
Dieu te marque de l’huile du salut afin
que tu demeures dans le Christ pour la vie éternelle. Telle est la fin
de la formule de l’onction avec le Saint Chrême lors d’un baptême d’enfant. Cette
onction manifeste le don de l’Esprit qui est fait à tout croyant au
commencement de sa vie chrétienne. Nous comprenons ainsi très vite que celui
qui est appelé par Dieu à la vie, reçoit de lui l’Esprit Saint pour que le
nouveau croyant demeure dans le Christ, vive avec Jésus pour toujours. L’articulation
des trois est ainsi clairement exprimée : Dieu appelle, le Christ sauve, l’Esprit
Saint permet de demeurer dans le Christ, autrement dit de vivre selon son
enseignement.
La fête de la Pentecôte que nous célébrons
aujourd’hui vient donc admirablement clore le temps pascal. Le Christ est retourné
chez son Père, partager sa gloire ; il envoie son Esprit, comme il l’avait
promis aux siens. C’est cet Esprit qui permettra désormais aux fidèles du Christ
de reconnaître sa présence, de mener leur vie en conformité avec leur foi. C’est
bien ce qu’enseigne Paul aux chrétiens de Rome. Vous êtes [sous l’emprise de]
l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Et plus loin : Si le Christ est en vous (…) l’Esprit vous
fait vivre. L’Esprit Saint n’est
donc pas juste un truc en plus pour finir le temps pascal en beauté. Sa
présence nous est aussi indispensable que le pain et le vin de l’Eucharistie ;
son souffle nous est aussi indispensable que l’air que nous respirons ; sa
lumière nous est indispensable pour approfondir toujours plus l’enseignement du
Christ ; sa force nous est indispensable pour résister aux assauts du
péché. Sans l’Esprit, nous ne serions rien ; sans l’Esprit, nous ne
tiendrions pas longtemps dans la fidélité au Christ ; sans l’Esprit, nous
serions livrés à nos passions charnelles. Notre vie en Christ, c’est à l’Esprit
que nous la devons. Il nous fait vivre notre dignité baptismale.
Paul le
reconnaît quand il affirme : Tous ceux qui se
laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Sans l’Esprit Saint, pas de filiation divine. Certes, quand Jésus a
appris à ses disciples à prier, il leur a donné le Notre Père. Autrement dit,
il nous demande de nous reconnaître fils quand nous nous adressons à Dieu. Mais,
dit Paul, nous avons reçu un Esprit qui fait
de nous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire :
Père ! Jésus nous a donné le texte, les mots de la prière ;
l’Esprit Saint nous donne la capacité de les dire. Mieux encore, l’Esprit Saint
nous fait comprendre que nous ne nous trompons pas quand nous appelons Dieu,
notre Père, puisque c’est l’Esprit Saint lui-même
qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Il est finalement le garant de notre christianité, de notre fidélité au
Christ et à son Evangile.
Il nous faut
entendre alors encore ce que Paul rappelle aux chrétiens de Rome. Puisque
nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu,
héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec
lui dans la gloire.
Certains diront qu’il y a le meilleur et le pire dans cette affirmation. Le meilleur,
c’est que nous héritons de Dieu, avec le Christ. Ce qui d’une part signifie que
nous sommes frères du Christ (nous héritons avec lui), et d’autre part confirme
que nous sommes fils de Dieu. Ne le serions-nous pas, nous n’hériterions pas !
Le pire, ce sera le passage par la souffrance, car enfin, aucun de nous n’aime
souffrir. Que veut dire Paul ? Simplement qu’il nous faut, comme le Christ,
passer la mort pour partager sa gloire ; autrement dit, suivre son chemin,
ce chemin que Jésus lui-même a indiqué à ses disciples en disant : Celui
qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Ce qui
devrait plutôt nous rassurer. Non pas que la croix soit une partie de plaisir,
mais nous devons nous souvenir que le Christ a vaincu la croix, une fois pour
toutes. Nos croix, nos souffrances, nous les vivons dans les siennes, nous les
lui confions pour qu’il nous attire à lui dans sa gloire. Dieu ne permettra que
ceux qui sont à lui, ceux qui vivent de son Esprit, soient noyés dans la
souffrance. Il les fera venir auprès de lui, ils partageront sa gloire, la
gloire du Christ, celui dont ils auront témoigné en tout, y compris au cœur de
l’épreuve.
La séquence de la Pentecôte que nous n’entendons
plus guère, mais que je vous invite à relire dans vos missels en rentrant chez
vous, nous rappelle alors le rôle protecteur et apaisant de l’Esprit Saint. Dans
le labeur [sois] le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur, dans les pleurs,
le réconfort… Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui
est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droits
ce qui est faussé… donne le salut final, donne la joie éternelle. Que ceci
devienne notre prière quotidienne pour une vie dans le Christ, sous la conduite
de l’Esprit Saint, à la rencontre du Dieu qui nous appelle. Amen.
(Dessin de M. LEITERER)
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