J’en
conviens, c’est une semaine particulière qui s’ouvre en ce dimanche des
Rameaux. Une semaine comme aucune autre, qui nous permettra de vivre et d’approfondir
le cœur de notre foi. Son importance ne vient pas tant de sa place dans notre
carême (juste avant Pâques) ; son importance vient de ce que chaque jour
qui la compose nous permet de découvrir quelque chose de notre foi. Chaque jour
que nous allons vivre porte un mystère à approfondir. En ce premier jour de la
semaine, il nous est ainsi proposé de découvrir mieux encore qui est Jésus.
Qui est Jésus ? La liturgie
de ce dimanche des rameaux nous en donne plusieurs portraits. Il est d’abord
celui qui est acclamé comme Roi par la foule qui attend un messie politique. Il
est ensuite l’ami qui réunit les siens pour le repas de la Pâque et qui leur
laisse un merveilleux cadeau. Il est aussi le Juste arrêté, emprisonné, jugé,
abandonné. Il est enfin l’Innocent mis à mort, humilié, moqué de tous. Jésus
accepte chacun de ces portraits. Il ne se met pas en colère quand la foule
l’acclame comme roi : il sait seulement qu’elle se trompe et que l’heure
vient où il rectifiera cette image en faisant découvrir qu’il ne se bat pas
avec les armes de la violence ou de la haine. Sa seule arme, c’est l’amour
porté à son extrême pour tous, y compris pour ses bourreaux. Ainsi, il
n’accable pas Judas qui le trahit, ni Pierre qui le renie, ni les autres qui
l’abandonnent. Au contraire, il appelle encore Judas son ami lorsque celui-ci
le livre ; il regarde encore Pierre avec un regard d’amour lorsque
celui-ci l’a renié ; il n’a de haine pour aucun des Douze. Il ne se
révolte pas lorsqu’il est arrêté ; il ne hurle pas à l’injustice lorsqu’il
est condamné ; il ne fait pas appel aux armées célestes pour échapper à la
croix. Il connaît l’injustice des hommes ; il sait combien le monde est
quelques fois révoltant. Mais il accepte ; il prend sur lui tout ce mal
dont l’homme est capable pour le mettre à mort avec lui sur la croix. Il va
jusqu’au bout de sa mission dans un seul but : nous permettre de vivre, d’être
vraiment libre face au péché, de ne plus craindre la mort, et nous offrir enfin
de vivre avec lui, éternellement !
Ce
Jésus qui se révèle ainsi est d’abord l’homme de l’obéissance, l’homme du
projet de Dieu. Il sait combien Dieu aime l’homme, tout homme ! Il sait
combien l’homme est prisonnier de ses passions, de ses envies, de son péché. Il
sait que Dieu l’a choisi, envoyé, pour nous libérer. Il ira jusqu’au bout, par
obéissance à Dieu, par amour pour nous. Il est animé d’un désir de vivre et de
faire vivre tellement puissant qu’il acceptera la mort comme chemin vers plus de
vie. Sur la croix, lorsque le Christ meurt, c’est la mort qui perd, c’est la
mort qui meurt. Celui qui est source de vie, celui qui a toujours relevé les
tordus de la vie qu’il a rencontré, accepte cette mort pour mieux la vaincre.
Ce n’est qu’en affrontant la mort sur son propre terrain que le Christ peut la
vaincre. Homme de l’obéissance, il est aussi l’homme humble, celui qui fait
confiance en toute chose à Dieu, qu’il nomme Père. Il sait que, malgré les
apparences, il n’est pas abandonné de lui. Il sait qu’en lui, la vie va
manifester sa toute puissance. Comment le faire autrement qu’en acceptant cette
mort pour en être relevé lorsque tous croiront que c’en est fini de l’histoire
Jésus ? Homme d’obéissance, humble, il est enfin l’amoureux de l’humanité,
de toute l’humanité, en particulier cette humanité blessée, défigurée par les
épreuves de la vie pour laquelle il se livre.
Par
notre baptême, nous sommes identifiés à ce Christ obéissant, humble, amoureux
de l’humanité. Notre baptême nous révèle le projet d’amour de Dieu pour nous. Notre
baptême nous invite à vivre ce projet pour parvenir au vrai bonheur. Il nous
redit que nous sommes fils et filles de Dieu, appelés à témoigner de l’amour
dont nous avons bénéficié. Enfin notre baptême nous oblige à l’amour de tous et
de chacun, parce que nous sommes nous-mêmes aimés de manière inconditionnelle.
En
ce premier jour de la semaine, prenons le temps d’approfondir notre
connaissance de ce Jésus qui se livre pour nous. Suivons-le sur le chemin de sa
Passion. Plongeons au cœur de notre foi ; nous y trouverons un nouveau
souffle, un nouveau dynamisme qui nous fera porter à tous la joie de l’Evangile.
Amen.
(Icône du Christ - Collection de l'auteur)
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