Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie,
alléluia ! C’est
ainsi que la liturgie nous invite à répondre à la première lecture en ce
dimanche de Pâques. Oui, aujourd’hui est un jour de joie, car celui qui était
mort est revenu à la vie. A tous ceux qui, après la mort de Jésus était pris
dans les ténèbres de la tristesse, ce jour nouveau annonce que rien n’est fini
de leur espérance. Aujourd’hui, la tristesse du vendredi saint fait place à la
joie, car Dieu a désavoué les hommes en rendant la vie à celui qu’ils avaient
cloué au bois de la croix.
La joie que nous
partageons est la joie de l’évangile, pour reprendre le pape François. Au cœur
de la Bonne Nouvelle que nous avons à annoncer au monde, il y a le mystère
pascal, le mystère d’un Dieu plus fort que la mort, le mystère d’un Dieu qui
veut la vie de l’homme, toujours. Et cette Bonne Nouvelle que nous célébrons
n’est pas le souvenir d’un événement du passé : cette Bonne Nouvelle,
c’est aujourd’hui qu’elle se réalise. Pour citer le pape François, la résurrection du Christ n’est pas un fait
relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où
tout semble être mort, de partout, des germes de la résurrection réapparaissent.
C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu nous semble ne pas
exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence
et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est certain aussi que dans
l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou
tard produira du fruit (Evangelii Gaudium, n° 276).
L’expérience que
nous avons à faire est la même que celles des femmes ou des Apôtres au matin de
Pâques. Ils avaient l’impression que tout était fini, que Dieu s’était retiré du
monde puisque l’innocent avait été condamné. Est-il mal plus grand que
celui-là ? Et pourtant, voilà que, trois jours plus tard, un message
incroyable leur est transmis : celui
qui était mort est vivant ! Les femmes reçoivent l’annonce et la
transmettent aux disciples. Pierre et Jean courent au tombeau et trouvent les
choses comme les femmes l’avaient dit. Le tombeau est bien vide ; il ne
reste que les linges bien pliés dans un coin. Pierre semble s’interroger devant
ces signes. Jean lui, voit et croit. Si le tombeau est vide, c’est que Jésus
avait dit vrai : il devait mourir, mais il ressusciterait, il reviendrait,
il ne les laisserait pas orphelins. Il ne comprend sans doute pas plus que
Pierre, mais il croit. Et c’est bien cela la foi : croire, sans forcément
comprendre. Croire, faire confiance sur parole, faire confiance sur quelques
signes anodins. A notre tour, nous sommes invités à rechercher et comprendre
les signes que le Ressuscité nous laisse aujourd’hui.
L’un de ces
signes, pour moi, restera toujours le sacrement du baptême. C’est le plus beau
signe de la résurrection du Christ. Parce qu’il est le sacrement par lequel,
aujourd’hui encore, des hommes et des femmes engagent leur vie à la suite du
Christ. Il est le signe que nous pouvons faire confiance à Jésus qui toujours
nous sauve du péché et de la mort. Il est le signe que nous pouvons encore
marcher à sa suite, partager dès aujourd’hui sa vie de Ressuscité. N’est-il pas
le sacrement qui nous fait participer à la mort et à la résurrection de
Jésus ? Le bain du baptême n’est-il pas descente dans la mort pour en
ressortir vivant à la suite du Christ vivant ? C’est ce qu’affirme Paul
aux chrétiens de Colosses : Frères,
vous êtes ressuscités avec le Christ ! Voilà la Bonne Nouvelle que
j’annoncerai à la fin de cette eucharistie à Noé que ses parents présentent au
baptême. Il partagera dès lors la vie du Christ et sa sainteté, comme nous le
faisons depuis notre baptême. Cela ne signifie pas que nous ne connaissons plus
le Mal, ni que nous ne lui sommes plus soumis ; mais cela nous signifie
que le Mal et la Mort n’ont plus prise sur nous puisque nous appartenons
désormais au Christ ressuscité. Par sa mort et sa résurrection, il nous obtient
la victoire sur le Mal, la Mort et le Péché. Nous savons que nous pourrons
toujours nous relever, nous tourner vers le Christ et qu’il sera là pour nous.
Il nous dira toujours l’amour de Dieu pour nous et sa miséricorde. Il nous
montrera toujours le chemin vers plus de vie, plus de joie, plus de liberté.
Oui, ce jour est
un jour de joie parce que, dans le monde entier, l’Eglise va accueillir de
nombreux fils et filles de Dieu, des hommes et des femmes, enfants ou adultes,
qui ont fait le choix de Dieu, le choix de vivre selon les valeurs de
l’Evangile. N’est-ce pas ainsi que nous transformerons notre monde ?
N’est-ce pas ainsi, en vivant de la vie même du Ressuscité et de son message,
que nous communiquerons au monde les forces de vie qui traversent notre
existence ? Plus nous deviendrons chrétien en vivant selon l’enseignement
du Christ, plus nous pourrons agir dans le monde et hâter la venue du règne de
Dieu. Et cela ne commence pas en convertissant les autres, mais en changeant
nous-mêmes, profondément, pour être toujours plus à l’image et à la ressemblance
de Dieu. Avant de l’annoncer avec des mots, nous avons à annoncer le Christ par
notre vie : c’est à l’amour que vous
aurez les uns pour les autres que le monde saura que vous êtes mes disciples. N’attendons
pas que les autres se mettent à aimer pour aimer à notre tour. N’attendons pas
que les autres améliorent le monde pour l’améliorer à notre tour. N’attendons
pas que les autres se mettent au service de l’homme pour nous y mettre à notre
tour. En tout cela, le Christ nous a précédés ; en tout cela, il est notre
exemple ; en tout cela, nous devons le suivre, sans attendre les autres.
En ce jour de
Pâques, demandons à Dieu la grâce d’une plus grande fidélité à notre baptême,
la grâce d’une plus grande fidélité au Christ, mort et ressuscité pour nous. Qu’il
nous donne d’être vraiment concerné par cette Bonne Nouvelle du salut pour que
nous puissions en vivre chaque jour et la faire vivre autour de nous. Amen.
(Matthias Grünenwald, Détail du Retable d'Issenheim - Le Christ ressuscité - Musée Unterlinden à Colmar)
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