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vendredi 18 avril 2014

Vigiles de Pâques - 19 avril 2014

Une nuit pour sentir le jour qui vient.




Nous venons de vivre un jour étrange, celui du samedi saint, jour pendant lequel il ne se passe rien. L’Eglise est prise par le silence après la mort de Jésus en croix. C’est le temps de l’abasourdissement, le temps du deuil. Et voilà qu’au soir de ce jour, nous nous réunissons pour cette célébration des vigiles. Une nuit nous est donnée pour sentir le jour qui vient en relisant la longue histoire de Dieu avec son peuple. Avec l’auteur du livre de la Genèse, nous pouvons dire : il y eut un soir, il y eut un matin. 
 
Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le temps de la création. Notre parcours biblique commence nécessairement au temps des origines, lorsque Dieu fit jaillir notre monde de la nuit. Sur une parole de Dieu, le monde surgit des ténèbres. Peu à peu, jour après nuit, Dieu fait jaillir la vie. La puissance de Dieu se manifeste, son amour pour l’homme est dit dès l’origine puisqu’il fait l’homme à son image, à sa ressemblance. Quand l’homme vient au jour, c’est pour être comme Dieu, à l’identique. Nous sommes faits pour être partenaires de Dieu, vivants de et dans sa lumière. 
 
Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le temps de la libération. Cet homme qu’il a créé, Dieu en prend soin, il se révèle  lui. Il en fait son peuple. Abraham, Isaac, Jacob : petit à petit s’écrit l’histoire d’amour de l’homme avec Dieu, avec ses hauts et ses bas. D’alliance en alliance, Dieu façonne son peuple, le guide à travers l’histoire, lui ouvre un avenir. Et voici ce peuple arrivé en Egypte, sous la conduite de Dieu, qui le préserve ainsi de la famine. Mais, le temps aidant, ce peuple favorisé par Dieu est ressenti comme une menace : il est soumis aux corvées de plus en plus dures. Et le peuple de Dieu souffre, il crie vers Dieu. Dieu entend et envoie son serviteur Moïse pour sortir le peuple d’Egypte. Par la force, Dieu sortira son peuple de la nuit de l’esclavage pour le mener au matin de la liberté. Quand l’homme est plongé dans les ténèbres de l’épreuve, Dieu le tire à la lumière de la libération. 
 
Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le temps de la réconciliation. Ce peuple que Dieu a libéré, ce peuple auquel Dieu a donné une terre, une Loi, ce peuple s’est rebellé contre Dieu. Il a d’abord voulu être comme les autres peuples, alors qu’il était le peuple choisi par Dieu pour être son peuple particulier. Puis il s’est tourné vers d’autres dieux, plus exotiques, moins embarrassants, puisque ce sont des dieux qui ont une bouche mais qui ne parlent pas, des yeux mais qui ne voient pas, des oreilles mais qui n’entendent pas. En bref, des dieux bien pratiques qui ne nous dérangent pas ! Puisqu’ils ne voient rien, n’entendent rien, ne disent rien, ils nous laissent tranquilles. Ils ne nous font rien, on ne leur doit rien ! Et l’inévitable arrive. S’étant détourné de Dieu, le peuple de Dieu se trouve abandonné à lui-même ; Dieu ne protège plus ses fils ingrats ! Peut-on le lui reprocher ? C’est le temps de l’exil, le temps où ce grand peuple n’est plus rien, si ce n’est étranger dans une terre étrangère, prisonnier une fois de plus de ses propres ténèbres. Mais Dieu est patient et miséricordieux : il interviendra en faveur de ceux, peu nombreux, qui lui sont restés fidèles. C’est le temps des prophètes qui annoncent le retour en grâce, le temps de la réconciliation : J’irai vous prendre dans toutes les nations, je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai sur votre terre… Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés… Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau… Vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu. 
 
Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le temps de l’Alliance nouvelle. Dieu a finalement envoyé son propre fils : il a révélé aux hommes que Dieu était comme un père qui sans cesse relève, guérit, pardonne. Il a rappelé la loi de Dieu qui consiste à l’aimer et à aimer chacun. Mais les hommes n’ont pas voulu de lui. Ils l’ont crucifié, mis à mort parce que trop dérangeant. Les hommes ont replongé dans les ténèbres du péché alors même que Jésus voulait les mener à la lumière de Dieu. Et maintenant ? Dieu va-t-il laisser les hommes dans les ténèbres qu’ils ont choisis en assassinant son Fils bien-aimé ? Sommes-nous condamner à une nuit sans fin ? Y aura-t-il un nouveau matin ? Le message de l’ange aux femmes venues au tombeau ouvre une espérance folle : Soyez sans crainte, je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, il est ressuscité, comme il l’avait dit. A nouveau, le jour succède à la nuit ; à nouveau, une espérance est possible ; à nouveau Dieu recrée ce que l’homme avait détruit ; à nouveau, Dieu pardonne à son peuple. 
 
Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le temps de la résurrection. Saint Paul le dit avec force aux chrétiens de Rome : l’homme ancien qui est en nous (celui qui aime les ténèbres), a été fixé à la croix avec lui (Jésus) pour que cet être de péché soit réduit à l’impuissance, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché… Nous le savons : ressuscité des morts, le Christ ne meurt plus ; sur lui, la mort n’a plus aucun pouvoir. Car il est mort, et c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; il est vivant, et c’est pour Dieu qu’il est vivant. En ressuscitant son Fils, Dieu inaugure un jour nouveau sur lequel les ténèbres n’auront plus aucune prise. Jésus ressuscité est désormais notre lumière : le cierge pascal en est le signe. Par notre plongée dans les eaux du baptême, nous sommes descendus dans les eaux de la nuit  du péché et de la mort pour en ressortir, vivants, libérés, éclairés par le Christ lui-même. Marchons donc à sa lumière. 
 
Il y eut un soir, il y eut un matin : c’est le temps de la vie éternelle. Car il y aura toujours un matin pour celles et ceux qui croient en Jésus, mort et ressuscité. Il y aura toujours un matin pour celles et ceux qui trébuchent sur le chemin, tombent dans la nuit du péché mais se souviennent de Jésus, l’Agneau de Dieu immolé pour notre salut. Il y aura toujours un matin nouveau ; il n’y a pas à en douter parce que le Christ ne saurait admettre qu’un seul d’entre nous se perde. Il a offert sa vie pour nous. Il est le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis. Il est le bon berger qui va chercher la brebis égarée, même par-delà la mort. Il y eut un soir : le soir de notre péché, de notre refus de Dieu. Il y a un matin nouveau qui pointe à l’horizon : le matin de notre pardon, le matin de notre vie avec Dieu pour toujours. Accueillons-le et vivons de la joie nouvelle qu’il nous procure.  En Jésus, mort et ressuscité, Dieu nous propose une alliance nouvelle. En Jésus, mort et ressuscité, Dieu fait de nous ses fils et ses filles. En Jésus, mort et ressuscité, Dieu nous donne part à sa victoire. Pour ce matin qui se lève, rendons grâce à Dieu, Alléluia !

(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année A, éd. Les Presses d'Ile de France).

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