Jésus, le bon Berger qui veille sur nous.
Une fois n’est pas coutume : j’ai
un problème avec la Parole de Dieu de ce dimanche, au moins avec une lecture, celle
extraite de la première lettre de Pierre. Avez-vous bien entendu ce qu’elle
nous a dit ? Et surtout, comment l’avez-vous compris ? Je vous relis
le début : Si vous supportez la
souffrance pour avoir fait du bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu. A lire trop vite, à sortir surtout cette
phrase de tout le texte pour la mettre en exergue, nous pourrions très vite
croire que cela plaît à Dieu que nous souffrions, surtout si on lit le verset
suivant : C’est bien à cela
que vous avez été appelés, car c’est pour vous que le Christ a souffert. Qui parmi vous a compris ainsi ? Vous
comprenez mon problème avec ce passage, d’autant plus que les deux dimanches
précédents, cette même lettre nous rappelait d’abord que nous étions héritiers
de Dieu, par le Christ qui a livré sa vie pour nous, et que nous avions du prix
aux yeux de Dieu, le prix élevé de la vie de Jésus, livré sur la croix. Si le
début de la lettre dit vrai, peut-elle soudainement nous dire que pour plaire à
Dieu nous devons souffrir, parce que Jésus a souffert pour nous, par nous ?
Si nous sommes héritiers de Dieu et de son Royaume, comment Dieu peut-il exiger
de nous que nous souffrions ? Cela n’aurait aucun sens !
Vous comprenez bien, j’espère, qu’il n’est ni possible d’énoncer les choses ainsi, ni possible de les croire. Après la Passion de Jésus, après le prix élevé de notre rachat, Dieu ne peut pas exiger que nous souffrions ce que le Christ a souffert. La souffrance du Christ a suffi à nous obtenir le salut ; il n’est pas nécessaire de souffrir à notre tour, de rajouter encore aux souffrances du Christ, ou alors la Passion n’a pas de valeur. Ce que Pierre nous dit, me semble-t-il, c’est que nous pouvons supporter de souffrir pour avoir fait du bien par une grâce venant de Dieu. Ou pour le dire autrement, Dieu nous donne la grâce (les moyens) de supporter la souffrance qui se présente dans notre vie, en nous faisant contempler et méditer la Passion de Jésus. Et cela change tout. Même dans les moments difficiles de notre existence, même dans les moments que nous estimons injustes, nous devons garder notre regard tourné vers le Christ, notre berger, le gardien de nos âmes. En fait, tout ce passage est une invitation à la confiance en Dieu qui jamais ne nous abandonne, même si nous pouvons avoir l’impression du contraire. Quand tout va mal, ne te demande pas ce que tu as fait au bon Dieu pour mériter cela, mais… souviens-toi que Dieu a livré son Fils pour ton salut. Quand tout n’est qu’injustice autour de toi, regarde Jésus. C’est pour toi qu’il a souffert. Et dans sa Passion, il devient le modèle de tout croyant qui doit affronter l’injustice dans sa vie. Lui qui n’a pas commis de péché, dans sa bouche, on n’a pas trouvé de mensonge. Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice. Bien loin de justifier la souffrance, ce texte nous invite à la combattre avec les mêmes armes que le Christ : ne pas rendre le mal pour le mal, ne pas rajouter de souffrance là où il y en a déjà, tenir bon dans la souffrance parce que Dieu est un juge juste. Et au final, c’est son jugement seul qui compte.
Je peux maintenant reprendre le verset qui m’a fait difficulté et celui qui le suit, et faire un pas de plus. Ecoutez à nouveau : Si vous supportez la souffrance pour avoir fait le bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu. C’est bien à cela que vous avez été appelés, car c’est pour vous que le Christ a souffert. Une lecture trop rapide pourrait à nouveau faire comprendre que nous avons été appelés à souffrir. Puisque nous savons maintenant que nous devons affronter la souffrance avec le Christ qui a souffert pour nous, nous devons alors nous souvenir de ce que la Parole de Dieu nous dit au moment de Noël : elle nous dit que Dieu a envoyé Jésus dans le monde pour sauver le monde ; il ne l’a pas envoyé pour souffrir dans le monde. De même, nous ne sommes pas appelés à souffrir, mais à faire le bien. Et si lorsque nous faisons le bien, certains nous font souffrir, alors souvenons-nous de Jésus qui, pour sauver le monde, a dû offrir sa vie et souffrir la Croix. Ce n’est pas parce que des gens nous font souffrir que nous pouvons renoncer à faire le bien. Faire le bien est notre vocation, comme héritiers de Dieu ! Là encore, Jésus est notre modèle, notre berger, c'est-à-dire celui qui nous montre le chemin à suivre. C’est le chemin du bien, en toutes choses, malgré les obstacles, malgré les souffrances que cela peut engendrer. Nous ne souffrons pas pour faire du bien ; nous faisons le bien, et quelquefois cela peut entraîner dans notre vie une part de souffrance, que nous vivrons alors à l’exemple du Christ. Mais nous ne renoncerons pas au bien à faire, nous ne renoncerons pas à imiter le Christ dans ce qui a été l’essentiel de sa vie terrestre : il est passé en faisant le bien, en guérissant, en sauvant, en annonçant le Royaume de Dieu. Héritiers de Dieu avec le Christ, c’est cela notre vocation première ! Il ne saurait en être autrement !
En
ce dimanche du Bon Pasteur, dimanche des vocations, demandons à Dieu la grâce d’accomplir
cette vocation première : faire le bien. Les vocations particulières
auxquelles nous sommes appelés ne sont qu’une mise en œuvre circonstanciée de
cette vocation au bien. Que ce soit la vie matrimoniale, la vie sacerdotale, la
vie religieuse, ou tout autre chemin que Dieu nous appelle à vivre, ils ne seront
jamais que des chemins particuliers pour nous permettre de faire le plus grand
bien possible. Que cela soit toujours l’horizon de notre vie. Amen.