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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 27 décembre 2013

La Sainte Famille - 29 décembre 2013

La Sainte Famille, une famille idéale ?




Qui n’a jamais rêvé la famille idéale ? Qui n’a jamais préféré l’éducation donnée par les voisins ? Quel prédicateur n’a jamais harangué les foules en présentant la sainte Famille comme la famille idéale ? Pourtant, c’est oublier un peu vite les difficultés qu’elle a  aussi rencontré. 
 
C’est oublier le manque de communication évident entre Marie et Joseph lorsque celle-ci accepte d’être mère sans même en référer à Joseph. C’est oublier  le projet de Joseph de renvoyer sa future épouse quand il constate qu'elle est enceinte,  et pas de lui ! C'est oublier toutes les difficultés qu'a dû affronter le couple à cause de cet enfant depuis sa naissance jusqu'à sa mort : c'est la fuite en Égypte, c'est la fugue du charmant bambin à 12 ans et l'angoisse dans laquelle il plonge ses géniteurs, c'est la mauvaise réputation de ce fils devenu grand dans les milieux bien en place, c'est l’absence singulière du père social dans l'éducation de ce fils qui a mal fini. C'est oublier enfin la mort infâmante de ce fils, rejeté et abandonné de tous. 
 
Si l'on regarde de près l'Evangile de ce jour, on s'aperçoit vite qu'il ne parle pas de la sainte Famille pour parler de la famille.   L'Evangile de ce jour nous parle d'abord de Jésus, de Jésus qui réalise les Écritures, de Jésus solidaire du passé de son peuple.  Comme Moïse, comme son peuple, il trouve refuge en Égypte.  Comme Moïse, comme son peuple, il reviendra d'Égypte pour ouvrir un avenir à ce peuple opprimé depuis des générations. Mieux que Moïse, il va ouvrir le salut à tous les peuples de la terre: c'est ce que signifie son installation à Nazareth, dans la Galilée des nations. 
 
Si l'on tient absolument à raccrocher cela à la famille, c'est pour dire ceci :

1°) la famille n'est pas le lieu de la continuité mais le lieu de la nouveauté, le commencement de quelque chose d'absolument inédit qui se créera au fil des jours et qu'on ne peut prédire.

2°) les enfants viennent aux parents de très loin et vont au-delà d'eux. Les parents sont le lieu de passage d'une vie qui les déborde de toutes parts. D'où la nécessité d'un grand respect de cet enfant que l'on conçoit,  éduque, dirige mais qui jamais ne nous appartient.  
 
Nous en arrivons ainsi  tout naturellement à ce que disait Saint Paul dans la deuxième lecture : Parents, n'exaspérer pas vos enfants ! Voilà est une grande nouveauté pour l'époque !  Voilà une consigne que l'on devrait quelquefois méditer. Et bien comprendre ! Cela ne signifie pas qu'il faut les laisser-faire ce qu'ils veulent, mais bien respecter  leur croissance, respecter les choix qu'ils peuvent poser en matière d'orientation professionnelle et de vie personnelle.  C'est respecter un enfant comme enfant, l'adolescent comme adolescent et le jeune adulte comme jeune adulte.  Si les parents savent respecter leurs enfants pour ce qu'ils sont, nul doute que les enfants respecteront leurs parents comme le demandait Ben Sirac dans la première lecture.  Tout se tient. On ne récolte jamais que ce que l'on a semé. 
 
Finalement, c'est Saint Paul qui a le mot de la fin, la clé de tout : par-dessus tout,  qu'il y ait l'amour.  C'est lui qui fait l'unité dans la perfection.  Un amour solidement amarré à l'amour de Dieu. C'est d'abord cela qu’a vécu la Sainte Famille. Cela ne lui a pas épargné les épreuves, cela ne lui a pas donné une vie enviable à vue humaine, mais cela a fait vivre cette famille selon le projet de Dieu. C'est en cela qu'elle peut être pour nous une référence, un exemple à suivre. Tout faire, tout vivre par amour ici-bas, pour goûter avec elle, après les difficultés de cette vie, le bonheur sans fin, selon la prière de l’Eglise elle-même (prière après la communion). Sur ce chemin, il reste sans doute du travail. Mais cela vaut la peine d'essayer. Amen.
 

(Photo, détail de ma crèche)

mercredi 25 décembre 2013

Saint Jour de Noël - 25 décembre 2013

Avons-nous reçu le cadeau de Dieu en vérité ?






La fête de Noël a quelque chose de paradoxale. Tout nous porte à la fête : que ce soit les lumières de la ville, le sapin dans nos maisons, les cadeaux échangés hier soir ou ce matin, la naissance d’un enfant au cœur de notre nuit ; et pourtant, il se joue un vrai drame en cette fête, lié à notre inconstance, à notre incapacité à savoir vraiment ce que nous voulons. Peut-être notre côté : Hans em schnockeloch ! Ce que nous avons, nous ne le voulons pas ; ce que nous voulons, nous ne l’avons pas ! 
 
N’est-ce pas déjà ce que soulignait saint Jean dans le prologue de son Evangile ? il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. Quel drame pour Dieu, peut-être ; quel drame pour l’homme surtout. Il attendait un Messie, envoyé par Dieu, pour sauver son peuple ; et quand Dieu en envoie un, il est refusé, car il ne correspond pas à l’article demandé. Imaginez la déception de Dieu ! Elle ressemble à celle de tout parent qui fait un cadeau à son enfant et que celui-ci n’accepte pas, ne reconnaît pas comme un don, parce qu’il voulait autre chose. Oh, il va le déballer son cadeau, même risquer un timide merci, mais il ne joue pas avec son cadeau, il n’en profite pas vraiment. Le cadeau n’est pas reçu pour ce qu’il est : un signe de l’amour que ses parents lui portent. Ne sommes-nous pas avec Dieu comme cet enfant qui fait la tête parce qu’il n’a pas reçu en cadeau ce qu’il espérait, et ne reçoit pas vraiment le cadeau qui lui est fait ? 
 
Nous avons tous appris qu’il fallait donner : donner de son temps,  donner de son argent, donner de sa personne. Le partage est élevé au rang de vertu. Mais savons-nous recevoir les dons que d’autres nous font ? Savons-nous recevoir les dons que Dieu nous fait ? Nous sommes venus à la crèche en cette nuit, avec les bergers des environs. Mais qu’avons-nous vu ? Qu’avons-nous reçu ? Avons-nous reconnu avec les bergers celui que les anges chantaient ? Ou n’avons-nous vu qu’un enfant, une bouche de plus à nourrir, un cadeau empoisonné ? Avons-nous reconnu avec les anges en cet enfant toute la puissance de Dieu, toute la vie de Dieu qui s’abaissait jusqu’à devenir comme nous ? Ou n’avons-nous vu qu’un pauvre enfant, obligé de coucher dans une mangeoire parce que tous les hôtels sont pleins, suite au recensement ordonné par l’envahisseur étranger ? Avons-nous partagé la joie des troupes célestes  ou sommes-nous restés figés devant cet enfant qui ressemble à tout, sauf à Dieu. 
 
Pourtant, si la fête de Noël nous apprend quelque chose, c’est bien celle-là : savoir recevoir ce que Dieu veut nous donner, savoir le recevoir et savoir ensuite en vivre. Dieu sait ce dont nous avons besoin, et il nous le donne toujours. Mais souvent, nous ne reconnaissons pas les dons que Dieu nous fait parce que nous en attendons d’autres. En cette nuit, il y a eu un don : celui d’une vie nouvelle faisant irruption dans notre vie. Puisque nous n’arrivons pas à vivre à l’image et à la ressemblance de Dieu, voilà que Dieu se fait l’un de nous, se fait comme nous pour nous attirer vers lui. Il n’y aura pas d’autre don que ce signe d’un enfant nouvellement né. Avec cet  enfant, Dieu a tout donné puisque cet enfant est la parole vivante de Dieu, la parole incarnée de Dieu. Le Verbe s’est fait chair, et il a établi sa demeure parmi nous. Dieu habite au milieu des hommes ! Nous pouvons discerner sa présence dans celles et ceux qui nous entourent, celles et ceux dont nous croisons la route, même subrepticement. Pour ne pas passer à côté, pour ne pas le refuser quand il se manifeste à nous, nous devons apprendre à recevoir ce que Dieu nous donne. Sinon nous continuerons de demander des choses que nous avons déjà reçues mais que nous n’avons pas vraiment acceptées. Un cadeau à peine déballé, aussitôt rangé au rayon des inutiles, des invendus,  des sans intérêts. Et avec cela, c’est Dieu qui passait dans nos vies ; c’est Dieu qui était mis de côté. 
 
Apprendre à recevoir de Dieu ce qu’il veut nous donner, c’est entrer dans le mystère de Noël par la grande porte. C’est reconnaître que Dieu me parle par ces dons, qu’il est attentif à ma prière et qu’il veille sur moi. Apprendre à recevoir, c’est reconnaître que les dons faits ne sont peut-être pas ceux que nous attendions, mais qu’ils peuvent transformer notre vie, en mieux, malgré le manque de n’avoir pas eu ce que nous espérions. Apprendre à recevoir de Dieu ce qu’il veut nous donner, c’est entrer dans son projet d’amour pour nous, et nous laisser transformer par lui, en profondeur : à ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Apprendre à recevoir de Dieu ce qu’il veut nous donner, c’est entrer dans une plus grande intimité avec lui. 
 
Nous pouvons arrêter le drame de Noël en recevant vraiment cet Enfant pour ce qu’il est, le Fils de Dieu venu dans le monde, dans notre monde. Nous pouvons recevoir ce cadeau et lui faire la place qui lui revient dans notre vie. Il veut habiter chez nous ; accueillons-le. Il veut changer notre vie : laissons-le faire pour notre plus grand bien. Au cœur de notre vie, Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse retrouver en lui la trace de son passage. Recevons ce don, vivons-en chaque instant, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.

(Photo de l'auteur)

samedi 21 décembre 2013

4ème dimanche de l'Avent A - 22 décembre 2013

Dieu promet un Sauveur.




A quelques jours de la fête de Noël, nous est révélé celui qui doit venir. A travers l'annonce faite à Joseph, nous voilà précisé le nom de Celui dont nous avons préparé le chemin au long de ce temps de l’Avent. Toute l’histoire de Joseph vient nous rappeler aujourd’hui qu’il ne faut pas nous tromper sur le Messie, sur ces origines et qu’il nous faut entrer dans l’histoire du salut en acceptant une part de mystère. Nous ne saurons jamais tout sur Dieu ! 
 
Joseph, que certains qualifient souvent volontiers de « pauvre », semble subir l’histoire plus qu’il ne la contrôle. Pourtant, en acceptant le destin de son épouse (porter le Fils du Très-Haut), en recevant de Dieu le nom de son enfant et  tout ce qu’il signifie (Dieu-sauve, Dieu-avec-nous), Joseph entre dans cette histoire, en acceptant à son tour de se placer (avec sa famille) sous le regard de Dieu. Il n’est pas un simple faire-valoir, un prête-nom, l’homme indispensable pour l’état civil de Jésus. Il devient, à travers son acceptation, un collaborateur de Dieu dans l’histoire du salut. Maintenant qu’il entre à son tour dans l’Histoire, il sait ce qu’il aura à dire et à faire quand l’enfant naîtra. 
 
Le nom de l’enfant que l’ange révèle à Joseph est lourd de sens : Jésus‑Emmanuel. D’avance, toute la vie, tout le ministère de l’Enfant sont révélés à son père. Jésus, Dieu-sauve, et déjà se profile pour les hommes une espérance nouvelle. Le monde attendait un Sauveur, Israël attendait un Sauveur et voici qu’est annoncé un enfant ! Emmanuel, Dieu-avec-nous, et voilà rappelée l’alliance jadis conclue avec le peuple juif au désert. Dieu avait dit à Moïse qui lui demandait son nom : Je suis qui je suis ; je suis qui je serai, annonçant ainsi sa présence aux côtés des hommes quelle que soit leur histoire ! En Jésus, Dieu redit sa promesse d’être un Dieu Sauveur pour tous les hommes, un Dieu au cœur de l’histoire des hommes. 
 
Comme au jour de l’annonciation avec Marie, le monde voit son espérance et son salut suspendus à la réponse d’un fils d’homme. Joseph est un homme juste, nous dit saint Matthieu. Avec humilité, comme Marie, son épouse, il entre dans une histoire qui le dépasse : il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit, et prit chez lui son épouse. Les premiers temps de la vie de Jésus nous montreront un homme docile à l’Esprit Saint, comme Marie, sachant affronter les épreuves que cette naissance engendrera. Grâce à Joseph, Paul pourra annoncer aux Romains, et par-delà au monde, la Bonne Nouvelle de Jésus, selon la chair, né de la race de David. En acceptant ce don de Dieu aux hommes, Joseph inscrit l’enfant à naître dans cette longue histoire du peuple que Dieu s’est choisi ; il l’inscrit dans la lignée du Roi David qui devait porter le Messie ; il l’inscrit dans cette espérance, née de l’épreuve de l’exil, que Dieu enverra un Sauveur, qui pardonnera toutes nos fautes et nous mènera à la rencontre de Dieu. 
 
A la suite de Joseph, nous sommes invités à entrer dans l’histoire du salut en reconnaissant cet enfant comme celui que Dieu envoie, en acceptant que Dieu soit Dieu, non pas à la mesure de l’homme, mais à sa mesure. Avec Joseph, nous sommes  provoqués à accepter Dieu tel qu’il est, et non tel que nous voudrions qu’il soit. Et tant pis (ou tant mieux !) s’il ne correspond pas à ce que nous imaginions. Heureux Joseph qui sait reconnaître dans sa vie la trace du passage de Dieu !  Heureux Marie et Joseph qui savent tous deux se conformer à la parole de Dieu : ils sont les premiers parents d’un monde renouvelé en leur fils. Heureux sommes-nous d’être appelés par Dieu à participer à la vie de ce peuple saint : qu’il nous accorde la grâce de reconnaître et d’accueillir le Sauveur qu’il promet. Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)

vendredi 13 décembre 2013

3ème dimanche de l'Avent A - 15 décembre 2013

Dieu donne la joie !





Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche ! Ce verset, emprunté à l’épitre aux Philippiens, est l’antienne d’ouverture de la messe de ce troisième dimanche de l’Avent. Il veut nous préparer à entrer dans un mouvement de joie profonde, de joie vraie, à cause du Seigneur qui vient. 
 
Cette joie que nous sommes invités à vivre n’est pas un contentement béat, un sentiment superficiel qui disparaitrait à la première contrariété. La joie à laquelle nous sommes invités en ce dimanche est tout à l’opposé : c’est une joie qui colle au cœur même dans les jours plus sombres. C’est une joie qui nous permet d’affronter tout ce qu’une vie humaine peut nous réserver, y compris en épreuves. C’est une joie qui vient de Dieu. C’est cette joie qui permet, par exemple, aux exilés de Babylone de se réjouir déjà de leur libération alors même qu’elle n’est pas encore d’actualité (1ère lecture). C’est cette joie qui permet à Jean le Baptiste d’espérer que son œuvre n’aura pas été vaine, et qu’il n’est pas en prison pour rien : celui qu’il annonçait est bien à l’œuvre en Jésus : les signes parlent pour lui. Jean le Baptiste, du fond de sa cellule, peut se réjouir, car non seulement l’heure qu’il a annoncée vient, mais elle est déjà là : les temps nouveaux sont inaugurés, le monde est en train de changer, les prophéties se réalisent (évangile). 
 
Cette joie est une joie durable parce qu’elle n’est pas œuvre humaine. Ce n’est pas une joie fabriquée par une campagne marketing ; ce n’est pas une joie acquise à force d’argent dépensé ; ce n’est pas une joie venue d’une accumulation de choses. C’est une joie qui nous est offerte, par Dieu. C’est pour cela qu’elle dure, pour toute éternité. Ce n’est pas une offre à saisir avant qu’il ne soit trop tard : avec Dieu, il est toujours possible d’entrer dans cette joie que lui seul peut donner. Ce n’est pas une joie pour aujourd’hui seulement, en attendant la proposition suivante. C’est une joie pour aujourd’hui et pour toujours. Dieu ne reviendra pas sur sa proposition. Il nous la refera chaque jour pour que nous comprenions bien que notre joie est en lui seul. Durant ce temps de l’Avent, c’est la joie d’attendre celui qui vient ; à Noël, ce sera la joie d’accueillir son Fils, cadeau de Dieu à tous les hommes ; durant le temps du Carême, ce sera la joie de pouvoir revenir vers lui si le péché nous a envahi et éloigné de Dieu ; au matin de Pâques, nous découvrirons la joie d’une vie plus forte que toutes les forces de morts ; à l’Ascension, ce sera la joie de savoir qu’une porte est définitivement ouverte entre le ciel et la terre ; à la Pentecôte, nous serons pris dans la joie de l’Esprit Saint, cette présence de Dieu au monde de notre temps. L’Esprit nous permettra alors de prolonger cette joie quand nous vivrons à nouveau l’ordinaire de notre vie. 
 
Certains pourront objecter que cette joie semble plus être une vue de l’esprit, une construction intellectuelle ou pire, une méthode Coué appliquée à la vie spirituelle. Il n’en est rien. Relisez l’oraison de ce troisième dimanche ; elle nous dit les fondements de notre joie. Ecoutez à nouveau la prière de l’Eglise entendue au début de notre eucharistie : Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ;  dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau. La joie chrétienne ne repose pas sur une vue de l’esprit ; elle a sa source dans le salut offert et incarné en Jésus, fils des hommes, fils de Dieu, venu sauver le monde. Nous demandons à Dieu d’orienter nos joies humaines vers cette joie suprême de nous savoir libérés à tout jamais de tout ce qui pourrait entraver notre bonheur, notre vie, notre liberté. Et la naissance de Jésus garantit en quelque sorte ce salut définitif offert  par Dieu. Notre joie vient donc aussi de l’amour de Dieu dont nous pouvons sentir les effets dans notre vie, qu’elle soit belle ou misérable, marquée par la réussite ou par l’échec. Quelle que soit notre situation, nous sommes sauvés par l’amour que Dieu nous porte, amour qui vient dans le monde, à notre rencontre, en Jésus ; amour qui jamais plus ne s’éloignera de nous quand bien même nous choisirons de nous éloigner de Dieu. La source de notre joie vient dans le monde pour ne plus jamais le quitter, pour ne plus jamais nous abandonner. La source de notre joie vient dans le monde pour le transformer, radicalement : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Si nous ne trouvons pas là motif à être dans la joie, que nous faut-il ? 
 
Chacun de nous peut connaître et vivre cette vraie joie que rien n’arrête et que rien n’éloigne pour peu qu’il se laisse aimer par Dieu comme Dieu veut l’aimer. Nous connaîtrons tous la puissance de cette joie lorsque nous nous découvrirons aimés, pardonnés, libérés, non seulement aujourd’hui, mais à chaque instant de notre vie. Puisse cette joie devenir notre réalité et notre quotidien, par la grâce de Dieu. Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

samedi 7 décembre 2013

2ème dimanche de l'Avent A - 08 décembre 2013

Dieu ouvre une espérance.




Est-ce être naïf que de  croire en la prophétie d’Isaïe ? Est-ce être déconnecté de la réalité que de croire qu’un monde meilleur est possible alors que l’actualité semble prouver le contraire ? La crise qui n’en finit pas, de nouveaux conflits armés, des terrorismes difficile à enrayer : il est où le monde meilleur annoncé ? Il est pour quand ? 
 
Les objections ne manquent pas pour battre en brèche les lectures de ce dimanche. Le monde décrit par Isaïe serait réalité s’il n’y avait pas toutes ces injustices, si les hommes étaient vraiment égaux devant la loi, devant la vie. Le monde décrit serait réalité si l’homme était moins égoïste, plus attentif à ce qui se passe autour de lui. Le monde décrit serait réalité si enfin nous pouvions nous entendre, ne serait-ce déjà qu’en famille et faire la paix autour de nous. Ce monde serait réalité si… la liste est longue des attitudes contraires à cet idéal. Il n’empêche ! Faut-il pour autant tout rejeter et se dire que cela ne changera jamais ?  
 
Isaïe, et à sa suite de nombreux hommes et femmes de bonne volonté, veulent croire qu’il est possible que notre monde change. Isaïe, et à sa suite de nombreux croyants, rappelle que l’homme n’est pas le tout de la vie, qu’il y a quelqu’un de plus grand, de plus juste, de plus « humain » qui indique à l’homme un chemin de vie, qui ouvre à l’homme un chemin de paix et justice, d’égalité et de fraternité vraie. Ce quelqu’un vient à la rencontre de l’homme et attend de lui un mot, un geste exprimant sa volonté de changer. C’est si facile de baisser les bras et de dire que jamais rien ne changera, que ce monde est foutu ! C’est si facile de rester sur son « chacun pour soi » ! Mais voilà, Dieu ne peut se satisfaire de cet état de chose. Et le croyant pas davantage. S’il va à la rencontre de Dieu, il est invité à faire la vérité dans sa propre vie pour qu’elle puisse germer autour de lui. Un jour, le temps du jugement viendra : nul ne sait quand ! Et ce n’est pas culpabiliser l’homme que de le dire tout haut. Il est faux de croire que l’homme n’aura jamais de compte à rendre ! Il est faux de croire que, parce que Dieu est miséricorde, tous seront de toute manière dans le royaume avec lui. Ce que je fais de ma vie terrestre aura des conséquences sur mon avenir. Dieu lui-même ne peut pardonner que si l’homme accepte le pardon et se reconnaît pécheur. Celui qui refuse consciemment Dieu tout au long de sa vie, qui refuse son amour et son pardon, se coupe lui-même définitivement de Dieu. Et Dieu lui-même sera prisonnier de son amour parce que la volonté de cet homme refusera de se laisser aimer ! Oui, la toute-puissance de Dieu devient toute-faiblesse  devant la volonté de l’homme. Dieu aime tellement l’homme qu’il ne fera jamais rien qui aille contre sa volonté ! 
 
L’appel de Jean le Baptiste à la conversion, à une rencontre vraie avec Dieu se fait d’autant plus pressant ; Dieu venant à la rencontre de l’homme pour juger le monde, il devient urgent de se déterminer et de se convertir. Il ne s’agit pas de prêcher l’enfer mais d’annoncer l’immense amour de Dieu sans lequel l’homme ne peut pas vivre, sans lequel l’homme n’est plus vraiment homme, sans lequel l’homme n’est plus à l’image et à la ressemblance de Dieu. Le monde annoncé par Isaïe sera réalité lorsqu’enfin l’homme acceptera de se laisser conduire par l’amour de Dieu, lorsqu’enfin l’homme acceptera d’aimer comme Dieu aime. Il est long le chemin qui mène à cette réalité ; mais il est patient le Dieu de tout amour, patient et miséricordieux. Allons à sa rencontre, laissons-nous aimer de lui, laissons son amour inonder notre vie. Alors la paix ne sera plus un rêve, alors la justice sera réalité, alors l’homme sera pleinement comblé. Amen.
 
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

samedi 30 novembre 2013

1er dimanche de l'Avent A - 01er décembre 2013

Dieu va venir ! Marchons à sa lumière!




Nous voici donc au temps de l’Avent, temps d’attente, temps de préparation à Noël, temps de préparation à l’accueil de l’œuvre de Dieu en nos vies. C’est un beau temps liturgique, porteur de fruits spirituels pour peu que nous n’idéalisions pas le don que Dieu veut nous faire. Car l’histoire biblique nous le prouve : Dieu se révèle souvent différent de ce que les hommes en attendent. Pour nous permettre de comprendre mieux encore, permettez que je vous raconte un conte qui nous vient d’une autre tradition spirituelle que la nôtre, un conte des lointaines Indes. 
 
« Le brahmane Latchoumanane était un homme très pieux. Tous les jours, à son réveil matinal, il prenait son bain de tête rituel et partait aussitôt vers le temple, son panier d’offrandes à la main. Il allait assister au puja du matin, ce culte hindouiste rendu à Dieu trois fois par jours. Avec ferveur, il priait : Seigneur, je viens te rendre visite chez toi, sans que j’aie manqué un seul jour. Matin et soir, je te fais des offrandes. Ne peux-tu pas venir chez moi ? Attentif à cette prière quotidienne, Dieu lui répondit enfin : Demain, je viendrai ! Quelle joie pour Latchoumanane ! Il se met à laver à grande eau toute sa maison. Il fait tracer sur le seuil des Kôlams, ces dessins en farine ou en pâte de riz. A l’aube, il attache une guirlande de feuilles de manguier à l’entrée de sa maison. Les lampes à huiles sont allumées sur le banc en maçonnerie que possède toute maison indienne. Au centre de chaque kôlam s’épanouit une belle fleur jaune de potiron. Et dans la salle de réception, des plateaux de fruits, de galettes sucrées et de fleurs s’étalent à profusion. Tout est prêt pour recevoir Dieu. Latchoumanane se tient debout pour l’accueillir. L’heure du puja matinal approche. Un petit garçon qui passe par là aperçoit par la fenêtre ouverte, les plateaux de galettes. Il s’approche : Grand-père, tu as beaucoup de galettes, là-dedans, ne peux-tu m’en donner une ? Furieux de l’audace du gamin, Latchoumanane réplique : veux-tu filer, moucheron ! Comment oses-tu demander ce qui est préparé pour Dieu ? Et le petit garçon, effrayé, s’enfuit. La cloche du temple a sonné. Le puja du matin est terminé. Latchoumanane pense : Dieu viendra après le culte de midi, attendons-le. Fatigué, il s’asseoit sur le banc. Un mendiant arrive et lui demande l’aumône. Latchoumanane le chasse vertement. Puis il lave soigneusement la place souillée par les pieds du mendiant. Et midi passe… Dieu n’est toujours pas au rendez-vous… Le soir vient. Latchoumanane tout triste attend encore la visite promise.  Un pèlerin se présente à l’heure du culte du soir : Permets-moi de me reposer sur le banc et d’y dormir cette nuit. - Jamais de la vie ! C’est le siège réservé à Dieu ! La nuit est tombée. Dieu n’a pas tenu sa promesse pense Latchoumanane. Quel chagrin ! Le lendemain, revenu au temple pour la prière du matin, le dévot renouvelle ses offrandes et fond en larmes : Seigneur, tu n’es pas venu chez moi comme tu me l’avais promis ! Pourquoi ? Une voix lui dit alors : Je suis venu trois fois chez toi, et trois fois tu m’as chassé… » 
 
Même si cette histoire nous vient d’une autre tradition religieuse, qu’elle nous serve de leçon. La liturgie de ce premier dimanche de l’Avent nous invite à nous préparer à accueillir ce Dieu qui vient à notre rencontre. A l’accueillir et à le reconnaître. Comme Latchoumanane, nous pouvons être surpris. Lui s’était préparé, et bien préparé. Mais il a manqué son rendez-vous parce qu’il attendait Dieu différemment, parce qu’il n’a pas su le reconnaître dans ceux qui passaient à proximité. Etre prêt est déjà en soi une chose importante. Le temps de l’Avent est un temps favorable pour se préparer. Des activités nombreuses rythment la vie de ce temps si particulier en Alsace : que ce soit des choses toutes profanes comme la réalisation des Bredele ou des choses  plus spirituelles comme les conférences d’Avent, les concerts spirituels, le sacrement de la réconciliation… Mais tout cela ne serait que vaine agitation si nous oubliions qui est celui que nous attendons ! Tout cela ne serait que vaine agitation si nous n’étions pas capables de reconnaître Celui qui vient à la rencontre de l’homme et de son histoire. La liturgie du temps de l’Avent nous faire dire que c’est aujourd’hui que Dieu va venir : l’heure est venue, affirme saint Paul dans sa lettre aux Romains ; le salut est plus proche de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. Il faut non seulement être prêt, mais encore accepter que Dieu se présente toujours autre, qu’il se révèle à nous de manière inattendue. Il nous faut mettre de côté tous les « on dit » sur Dieu pour le découvrir tel qu’il veut se révéler à nous, dans notre quotidien, dans notre histoire d’aujourd’hui ! Et c’est sans doute la chose la plus difficile à faire : ne pas rêver de Dieu comme une jeune fille rêverait au Prince charmant ! Nous voudrions bien souvent un Dieu à notre mesure, un Dieu sur-mesure. Mais à force d’imaginer comment Dieu doit être avec nous, nous risquons fort de le laisser passer sans le reconnaître ! 
 
Souvenons-nous, durant ce temps de l’Avent, que c’est Dieu qui nous invite à l’attendre, que c’est lui qui fait de nous des veilleurs, lui qui nous invite à aller à sa rencontre. C’est lui qui nous attend, toujours. Puissions-nous devenir des veilleurs  éveillés, attentifs aux vrais signes de la présence de Dieu. A l’invitation du prophète Isaïe, marchons à la lumière du Seigneur ! Eclairés par lui, nous ne risquons pas de nous égarer et nous pourrons aller à la rencontre de Celui qui vient, en confiance et en vérité Amen.
 

(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Evangile, éd. Presses d'Ile de France)

samedi 23 novembre 2013

Christ, Roi de l'Univers - 24 novembre 2013

Deux larrons, Jésus et nous.
 
 
 
Trois hommes. Trois condamnés. Trois réactions face à la mort. Voilà ce que nous présente la liturgie en la fête du Christ, roi de l’univers. Car, pour étonnant que cela paraisse, cette page d’évangile rapportant la crucifixion nous parle bien de la royauté de Jésus. Et c’est justement face à la mort que nous pouvons le mieux approcher cette affirmation de notre foi.
Deux des condamnés sont des malfaiteurs. Leur style de vie, leurs actions passées les ont menés logiquement jusqu’au gibet. Ils ont joué, ils ont perdu, ils paient. Leur réaction face à ce qui arrive est pourtant fort différente. L’un d’eux, véhément, s’en prend au troisième condamné, qui n’est pourtant ni leur complice, ni celui par qui ils se sont fait prendre. Il le met au défi de les sauver, malgré les apparences. Il se place ainsi au même niveau que tous ceux qui regardent la scène et interpellent eux-aussi ce troisième condamné : Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi même !  Ils attendent un signe éclatant, qui prouverait leur folie et leur aveuglement. Ils attendent, en espérant certainement que cela ne se fasse pas. Si Jésus, parce que c’est lui le  troisième condamné, si Jésus donc avait véritablement été le Messie, ils l’auraient reconnu, à coup sûr, et ne l’auraient pas condamné. Celui-là ne peut être qu’un imposteur ! 
 
Le deuxième condamné, s’il a suivi son compère tout au long de sa vie, ne peut plus être d’accord avec lui. Il sait Jésus innocent. Il reconnaît que lui a mérité ce qui lui arrive. Il médite un peu tard sur le sens de sa vie et se tourne vers Jésus avec cette phrase surprenante : Jésus, souviens-toi de moi quand tu reviendras comme roi !  Entendez bien : quand tu reviendras, et non pas quand tu seras dans ton paradis. Il a découvert, sur le tard, que ce Jésus, qui est condamné avec eux, est bien le Roi des Juifs, celui que l’espérance d’Israël leur faisait attendre. Et devant ce Roi couronné d’épine et cloué en croix, il reconnaît le vide de sa vie, espérant le pardon que les hommes lui ont refusé. Il ne crane pas comme l’autre condamné ; il ne hurle pas avec la foule. Il regarde sa vie et se reconnaît misérable. Sans doute est-ce dans cette attitude qu’il faut trouver le qualificatif de « bon » que la tradition attribue à ce larron. Il devient bon au seuil de sa mort. Trop tard, me direz-vous ! Je ne crois pas. En relisant les Ecritures, ne trouvons-nous pas, dans les prophètes, cette affirmation : Quand le méchant se détourne de la méchanceté qu’il avait commise et qu’il accomplit droit et justice, il obtiendra la vie (Ez 18, 27) ? C’est bien ce qui advient à ce malfaiteur. Il a rencontré en Jésus, son Sauveur ; il le confesse comme tel. Jésus peut désormais l’assurer qu’aujourd’hui même, il sera avec lui. Ce faisant, Jésus révèle sa puissance et sa royauté. Il est celui qui combat le mal, il est celui qui fait vivre, il est celui qui relève et protège le pauvre. Il est roi pour celles et ceux qui laissent sa Parole d’amour et de pardon gouverner leur vie. Il est roi pour celles et ceux qui reconnaissent que Jésus est mort sur la croix, librement, pour définitivement vaincre la mort et le péché. Il est roi pour celles et ceux qui reconnaissent que Jésus peut encore quelque chose pour eux, malgré ce qu’ils ont pu dire, faire ou vivre dans le passé. Il est roi pour celles et ceux qui pensent qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, ou pour faire mieux. Il est roi pour celles et ceux qui se reconnaissent assez humbles pour n’être pas leur propre roi et laisser leur vie entre les mains de ce condamné. Il est roi parce qu’il aime jusqu’à ce moment crucial où tout semble perdu. Il est roi parce que, même là, sur la croix, il ne veut que le bonheur et la vie des hommes. 
 
En assurant le deuxième condamné de sa présence, dès ce jour, aux côtés de lui, Jésus nous fait entrevoir notre propre destin. Comme ce malfaiteur, nous sommes appelés à vivre avec Dieu. Comme pour ce malfaiteur, il n’est jamais trop tard pour nous mettre à l’école du Christ et changer de vie. Puissions-nous, dès aujourd’hui et tous les dimanches à venir, nous tourner avec foi vers le Crucifié, le Roi de notre vie, et reconnaître en lui celui qui vient nous sauver. Alors nous aussi, dès aujourd’hui, nous serons avec lui dans le Royaume. Amen.

vendredi 15 novembre 2013

33ème dimanche ordinaire C - 17 novembre 2013

Croire, malgré tout !




Nous n’aimons pas en général parler de la mort ou des catastrophes qui peuvent survenir dans une vie humaine. Nous n’aimons pas davantage parler de la fin des temps et du jugement dernier. Pour certains, cela rappelle de mauvais souvenirs, et cela déforme surtout l’image du gentil petit Jésus, né dans la crèche, parlant d’amour et de pardon, mort pour nous sauver justement de ce que la vie a de plus sombre et de plus triste. Alors pourquoi encore lire ces passages de l’Ecriture qui ne parle que de désastre, de compte à rendre, de souffrance. N’y a-t-il pas plus urgent ? En ces temps de crise et de violence, ne peut-on pas, au moins à l’église, parler de choses plus joyeuses ? Deux raisons de lire encore ces textes difficiles et sombres militent en faveur du choix fait par les liturgistes et par l’Eglise. 
 
Première raison : nous ne vivons pas dans un monde parfait. La souffrance, le malheur, les catastrophes et les guerres font partie de notre vie. Les événements en Syrie, en divers pays d’Afrique, en Asie, nous le démontrent avec force et cruauté. Il nous est rappelé que tout peut finir à l’instant, à cause de la folie d’un seul. Il nous est jeté à la figure la faiblesse et la fragilité d’une vie, de notre vie. Il n’y a qu’à lire les journaux pour s’en convaincre. 
 
La religion ou la foi, selon l’angle par lequel on aborde la question, ne nous font pas sortir de ce monde d’humanité. La foi ne nous préserve pas de ce qui touche l’homme au plus profond de lui. La foi ne nous protège pas du mal et de la souffrance. La foi n’a jamais empêché quelqu’un de faire du mal. Cela plaît ou non, mais c’est la réalité ! Parce que la foi, loin de nous isoler sur un nuage de tendresse et  de bonheur, nous renvoie d’abord à ce qui fait une vie d’homme. La foi nous oblige à regarder ce monde dans lequel nous vivons, et à le regarder bien en face, sans complaisance, sans angélisme. 
 
Si nous croyons au Christ sauveur, alors nous croyons aussi qu’il a passé par cette vie humaine, avec tout ce qu’elle comporte de beau, mais aussi avec tout ce qu’elle peut avoir de pire. Il a subi l’injustice, il a subi la mort programmée, au nom du Dieu des hommes qui l’ont condamné ! Par sa passion, par sa mort en croix, il a donné sens à tous ces non-sens que sont la violence, la haine, la destruction. Il leur a donné sens en rappelant qu’ils n’étaient pas un passage obligé, que le monde pouvait changer, pouvait devenir meilleur, si le monde, (c’est à dire nous), le voulait. Il est allé jusqu’à la croix pour nous montrer le chemin d’une autre humanité que celle de la vengeance et de la haine. Il est allé jusqu’à la croix pour prouver aux hommes la force de l’amour vécu jusqu’au don de la vie. Grâce au Christ, il y a toujours un espoir pour le monde ; grâce au Christ, même l’homme le plus méchant, le plus abject, sait qu’il peut changer, se transformer, s’il se laisse toucher par la parole du Christ et sa puissance d’amour.  Grâce au Christ, celui qui est pris dans les turbulences de l’histoire et de la haine, peut trouver un chemin d’espérance et de salut. Grâce au Christ, même la souffrance et la mort ne peuvent plus détruire une vie. 
 
La deuxième raison de lire encore les textes que nous avons entendu réside justement dans cela que le Christ nous accompagne dans nos vies, si bouleversées, si catastrophiques soient-elles ! Jésus n’annonce pas les catastrophes pour dérouter les hommes, mais pour leur rappeler qu’il est toujours présent à la vie humaine, même quand les événements semblent affirmer le contraire. Il nous redit que pas un cheveu de notre tête ne sera perdu. Il nous invite encore et toujours à l’espérance et à la foi. 
 
Pour difficile qu’il soit à entendre et à comprendre, le message est clair : au plus profond de la nuit des hommes, Dieu est encore présent. Cela signifie que Dieu souffre avec nous sur nos lits d’hôpitaux ; Dieu meurt avec nous dans nos  conflits sans fin ; Dieu est assassiné avec ceux qui meurent par la folie des hommes. Dieu vit jusqu’à l’extrême nos vies d’hommes et de femmes pour mieux nous entraîner dans son Royaume et nous faire vivre avec lui. Il n’est pas celui qui vient quand tout est fini ; il n’est pas non plus le magicien qui nous préserve du mal. Il ne change pas notre vie pour la rendre meilleure parce qu’il s’est pris au piège de notre liberté, liberté qu’il nous a lui-même offerte. Mais il est celui qui sans cesse marche avec nous, nous soutient sur nos routes de souffrance et nous invite à changer. Il est celui qui se tient sur le bord de nos chemins, nous rappelant son amour. Il est celui qui peut nous rendre espérance et force au milieu des difficultés et des faiblesses que nous connaissons. 
 
Quand avons-nous senti pour la dernière fois sa présence aimante et agissante au cœur de notre vie au point de nous laisser bouleverser par lui et changer de comportements ? Quand avons-nous accueilli sa parole pour qu’elle nous transforme ? Dieu ne peut rien sans nous ; mais il peut tout si nous lui laissons la place et les moyens pour agir. Oui, il viendra le jour de Dieu ; il se lèvera le soleil de justice. C’est une certitude. Qu’elle devienne nôtre, et nous pourrons continuer de croire, malgré tout. AMEN.
 
 
(Photo prise à Berlin, Morceau du Mur qui séparait l'Allemagne)

samedi 9 novembre 2013

32ème dimanche ordinaire C - 10 novembre 2013

Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.



En général, les paraboles, c’est Jésus qui les raconte ; et, reconnaissons-le tout de suite, nous aimons bien ses paraboles, parce qu’elles nous permettent de comprendre facilement et rapidement ce qu’il veut nous dire du mystère de Dieu. Aujourd’hui, pourtant, ce sont ses adversaires qui racontent une parabole, une petite histoire, non pas pour lui faire comprendre quelque chose, mais pour le piéger, une fois de plus. Et je l’avoue, je n’aime pas cette histoire. Trop invraisemblable ! 
 
Une femme épouse un homme et celui-ci vient à mourir, sans lui laisser de descendance. Selon la loi, elle doit épouser l’un de ses frères ! Jusque-là, ça va. Mais voilà que ce frère vient à mourir aussi. Et le suivant, et encore le suivant, jusqu’à ce que les sept frères (parce qu’ils étaient sept) l’aient tous épousée et qu’ils en soient tous morts. Qui va croire cela ? Qui va surtout croire que cela n’aura éveillé les soupçons de personne ! Sept frères qui meurent l’un après l’autre, après avoir eu surtout la même femme pour épouse ! Loi ou pas loi, ce n’est pas très clair ! C’est même très suspect ! Et la seule chose qui préoccupe nos sadducéens est de savoir qui elle aura pour mari à la résurrection ! Non mais, ils ne sont pas nets ! Au lieu de raconter des histoires à faire peur, ils feraient mieux de se pencher sur le mystère de Dieu. Jésus les y ramène très vite. 
 
Vous aurez remarqué, sans doute, qu’il ne répond pas à leur question. Comme si elle était sans intérêt. Les questionnements des hommes sont à mille lieux de la grandeur du mystère de Dieu. Ce n’est pas cela l’important, semble dire Jésus. Ce qui compte, celui qui compte, c’est Dieu. Et ce Dieu est le Dieu de la vie, le Dieu qui donne la vie. Depuis le premier homme jusqu’à aujourd’hui, c’est son seul souci ; que l’homme ait la vie. Et une vie en plénitude, une vie non marquée par la mort. D’ailleurs, nos ancêtres dans la foi nous l’enseignent bien, puisqu’on parle toujours encore du Dieu d’Abraham, du Dieu d’Isaac et du Dieu de Jacob. Si nous parlons de Dieu ainsi, c’est bien parce que ces grands pères de la foi, même s’ils ne sont plus au nombre des vivants de la terre, sont toujours vivants auprès de ce Dieu qu’ils ont servi et annoncé aux hommes. Bien avant la venue de Jésus, les hommes pouvaient comprendre que la vie avec Dieu, la vie en Dieu, était une vie marquée du sceau de l’éternité. La résurrection de Jésus ouvre cette réalité de Dieu à tout homme qui reconnaît en Jésus son Sauveur. Comment les sadducéens ont-ils faits pour ne pas comprendre cela, eux qui prétendent connaître Dieu ? 
 
Le Dieu que Jésus annonce, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob est donc le Dieu des vivants et non pas des morts. S’il en est ainsi, pourquoi s’interroger sur la mort, ou sur l’après mort ? Interrogeons-nous plutôt sur la vie, sur ce que nous pouvons faire pour la faire progresser, pour la rendre plus belle. Ce qui compte, c’est ce que je fais de cette vie que Dieu m’a donnée pour qu’elle fructifie en vie éternelle. Je ne deviens pas plus croyant en me posant des tas de questions auxquelles personne n’a de réponse. Mais je deviens assurément plus croyant en calquant ma vie sur la vie de Dieu, en accueillant en moi la vie du Christ. 
 
En 1999 était sorti un film dont le titre disait : Je règle mon pas sur le pas de mon père. Il raconte l’histoire d’un jeune homme qui apprend, à la mort de sa mère, l’identité de son père. Il cherche à savoir qui est cet homme. Le premier contact téléphonique se passant plutôt mal, il décide de l’approcher incognito ; il va découvrir qui se cache réellement derrière cet homme, en apprenant en même temps la désillusion. Quelquefois, je me dis qu’avec Dieu, nous devrions aussi aller de désillusion en désillusion ; non pas parce que Dieu nous mentirait ou qu’on nous mentirait sur Dieu, mais parce que nous nous faisons de Dieu des images fausses, des images à notre mesure, selon notre humeur ; et ces images nous empêchent de découvrir réellement qui est Dieu. Si nous apprenions la désillusion sur ce que nous croyons savoir sur Dieu, nous pourrions peut-être l’approcher en vérité, et croire, tout simplement, c’est-à-dire lui faire confiance sur parole. Il nous dit qu’il veut notre vie, et pour toujours ? Eh bien soit ; qu’importe alors le « comment » et le « quand » et le « pourquoi ». Dieu veut notre vie, cela devrait nous suffire ; et surtout nous encourager à vivre, en majuscule, une vie à la mesure de Dieu, une vie à la mesure de son amour pour nous. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas se poser de question sur la foi, sur Dieu… Il s’agit de se poser les bonnes questions, celles qui nous permettre de vivre mieux, de progresser, et non celles qui nous embrouillent l’esprit et nous ferment à la miséricorde de Dieu. Seul compte Dieu, seul compte comment je vis aujourd’hui par lui, avec lui, en lui. 
 
Partis d’une question qui se voulait sans doute très philosophique, nous voici ramenés à quelque chose de très terre à terre : notre vie aujourd’hui. Car enfin, on ne gagne pas son ciel à s’embrumer l’esprit de mille questions inutiles ; on gagne son ciel à vivre aujourd’hui, tout simplement, du mieux possible, en accord avec la Parole du Dieu des vivants que le Christ n’a cessé de proclamer. Il n’y a rien d’autre à faire qu’à vivre, en réglant notre pas sur le pas de Dieu, notre Père. Cela vous semble peu, mais c’est déjà beaucoup. Essayez donc ! Amen.
 
(Gustave DORE, Dieu crée Eve)

mercredi 6 novembre 2013

Commémoration de tous les fidèles défunts - 02 novembre 2013

Au sujet de ceux qui sont morts...





Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort. Peut-être est-ce cette affirmation qui justifie la célébration de ce jour, la commémoration de tous les fidèles défunts. Car enfin, nos chers disparus valent bien que nous leur consacrions une journée par an, ne serait-ce que pour prier pour celles et ceux qui sont tombés dans l’oubli, même au sein de leur propre famille. Laissons-nous donc guider par la liturgie pour entrer dans le sens de cette célébration.
Paul invite les croyants à ne pas être abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Il y a donc, dans la manière d’aborder la mort de nos proches, une manière chrétienne et une manière non croyante. Là où le non croyant pense que la vie s’arrête avec la mort, le croyant est invité à se référer au Christ, comme en toute chose d’ailleurs. Puisque Jésus est mort et ressuscité, notre avenir est tracé : Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Tout est dit dans ces mots : à cause de Jésus. Il est la source de notre foi, il est la source de notre espérance. Le parcours effectué par le Christ devient le parcours proposé à chaque croyant. D’où la demande de l’oraison de cette messe : fais grandir notre foi en ton Fils qui est ressuscité des morts, pour que soit plus vive aussi notre espérance en la résurrection de tous nos frères défunts. Nous n’avons pas de doute à avoir : nous sommes faits pour vivre, pour vivre avec Dieu, en Dieu et pour Dieu ; nous sommes faits pour vivre pour toute éternité. Nous serons pour toujours avec le Seigneur, assure Paul aux chrétiens de Thessalonique. Cette certitude doit nous habiter toujours.
Saint Jean, dans l’Evangile, nous donne alors la raison profonde de ce merveilleux avenir qui est le nôtre : l’amour que Dieu nous porte de toute éternité. Si c’est bien Jésus et son sacrifice qui nous valent le salut, c’est l’amour de Dieu pour nous qui est à l’origine de tout ; c’est l’amour de Dieu pour nous qui donne sens au sacrifice du Christ. Sans cet amour de Dieu pour l’homme, pas de mission divine ; sans mission divine, la mort de Jésus n’est qu’une mort injuste de plus. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Tout est une question d’amour. Dieu nous aime ; il veut notre salut. Comme l’homme semble s’en montrer incapable, il envoie son Fils ; ce Fils aime infiniment son Père et par amour, va aller au bout de sa mission, même si cette mission est folle à vue humaine. Par amour, Jésus marche vers sa mort ; par amour, Dieu lui rend la vie ; par amour, le salut est offert à celles et à ceux qui croient en Jésus. L’amour, toujours l’amour : avec Dieu, nous n’en sortirons jamais.
C’est par amour pour nos fidèles défunts que nous sommes invités à offrir cette eucharistie. C’est par amour que nous sommes invités à offrir pour eux, de temps en temps, un sacrifice d’action de grâce. Eux qui ont été aimés infiniment par Dieu, n’ont peut-être pas toujours répondu à cet amour. L’amour qui les unit à nous, vivants de la terre, peut les aider, par la célébration du sacrifice du Christ, à purifier en eux ce qui les retient encore éloignés de Dieu, afin que le Seigneur ouvre à nos frères défunts, sa maison de lumière et de paix, comme nous le demanderons après la communion dans une dernière prière. Ce n’est pas ringard de prier pour nos défunts ; ce n’est pas « tradi » d’offrir une messe pour ceux qui nous quittés. C’est faire preuve d’amour envers eux, car nous espérons bien les revoir quand Dieu nous appellera à notre tour dans son Royaume. Nous nous faisons ainsi l’écho de l’amour de Dieu pour eux, et nous intercédons en leur faveur. Peut-on faire plus grand acte d’amour que de demander que celui qu’on aime soit sauvé pour toute éternité ? Peut-on poser plus grand acte d’amour que celui qui consiste à veiller dans la prière sur ceux qui se sont endormis dans la mort ? Ils n’ont plus que nos mots et notre amour pour eux pour demander à Dieu de les prendre avec lui. En Alsace, nous en avons un bel exemple dans la vie de Sainte Odile, notre patronne, elle qui a supplié Dieu, dans les larmes, pour son père.
Aujourd’hui, ne soyons donc pas abattus : nous avons une espérance. Et si cette messe permet à nos défunts de se rapprocher encore de Dieu, qu’elle nous soit une aide pour grandir dans l’espérance de notre salut, et dans la foi en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, qui sans cesse nous sauve et nous offre sa vie, par amour. Amen.
 
(Photo prise à Québec, dans un jardin public)

Avec mes plus plates excuses....

Bonjour,

suite à mon déménagement qui a eu lieu la semaine passée, et à quelques difficultés liées à mon fournisseur d'accès, le blog a connu un temps de silence certain. Tout semble enfin rentré dans l'ordre. Je vais reprendre la publication de mes homélies dès cette semaine, et vous mets en ligne avec un peu de retard l'homélie donnée pour la commémoration de tous les fidèles défunts.

samedi 26 octobre 2013

30ème dimanche ordinaire C - 27 octobre 2013

De l'utilité de la prière...




A quoi cela sert-il de prier ? A quoi bon prier, puisque de toute manière, Dieu ne répond jamais ? Voilà quelques objections courantes à la pratique quotidienne de la prière, pratique pourtant nécessaire à celui ou celle qui veut marcher à la suite du Christ. Les textes de la liturgie de ce jour donnent quelques éléments de réponses à ceux qui doutent de l’efficacité de la prière. 
 
A ceux qui doutent de l’efficacité de la prière, le sage Ben Sirac rappelle que la prière du petit est toujours écoutée. Toute la Bible nous montre l’intérêt particulier de Dieu pour ceux qui sont touchés par la maladie, la souffrance, la pauvreté. Jésus ira jusqu’à affirmer que les petits, les pauvres, sont pour nous le signe du passage de Dieu dans nos vies ; servir un pauvre équivaut dès lors à servir Dieu.
Comment croire alors que la prière du pauvre n’est pas entendue ? La réponse à celui qui souffre, la réponse à celui qui n’a rien, la réponse à celui qui est seul, n’est peut-être pas la fin de leurs détresses, mais l’ouverture du cœur de ceux qui sont autour d’eux. Certains voient ainsi leur prière exaucée directement (voyez à Lourdes, les guérisons inexpliquées) ; d’autres ne constateront peut-être pas de changements immédiats, mais de nouvelles solidarités se créer autour d’eux. Nous avons là le rappel qu’il n’y a pas de magie dans la prière : il ne suffit pas de demander pour obtenir ; il faut que la demande soit purifiée quelquefois ; il faut que l’homme découvre d’abord ce que Dieu attend de lui, qu’il entre dans ce projet d’amour, qu’il y adhère. Alors Dieu peut donner, au-delà de toute espérance. 
 
A ceux qui doutent de l’efficacité de la prière, Paul rappelle que le Seigneur lui-même assiste ceux qui lui sont fidèles. Lui qui a donné sa vie pour l’annonce de l’Evangile, lui qui connaît la prison et qui bientôt connaîtra la mort, sait en qui il a mis son espérance. Il sait que le Dieu de Jésus Christ ne l’abandonnera pas, même si les apparences semblent dire le contraire. Au plus profond de sa misère, l’homme sait que sa fidélité à Dieu lui assurera la présence du Christ à ses côtés.
Il peut ainsi affronter les épreuves sereinement. La prière ne délivre pas forcément au sens humain de l’épreuve. Lorsque nous prions : « délivre-nous du mal », nous ne demandons pas uniquement que les épreuves nous soient évitées ; nous demandons aussi de savoir les affronter en véritable fils ou fille de Dieu, confiants, sûrs que la victoire est en nous, malgré les apparences. L’assistance de l’Esprit Saint est la réponse de Dieu à ceux qui crient vers lui du plus profond de leur détresse. Savons-nous nous en satisfaire et y trouver la force de nous relever ? 
 
A ceux qui doutent de l’efficacité de la prière, l’évangile rappelle la manière efficace de prier. De ces deux qui prient au Temple, un seul est justifié. Pourquoi ? Parce qu’un seul l’a demandé ! La prière du publicain est entièrement tournée vers Dieu : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! » Sa prière peut être entendue parce qu’elle correspond à ce que vit cet homme et à ce qu’il peut espérer de Dieu. Dans sa prière, il ne parle pas tant de lui que de Dieu. Il reconnaît l’amour de Dieu, il affirme que Dieu seul peut quelque chose pour lui. Sa prière est entendue parce qu’elle reconnaît ce qui est vrai. La prière du pharisien ne peut pas être exaucée parce qu’en fait, il ne demande rien. Tout ce qu’il fait, c’est étaler ses mérites, sans doute réels ; il n’y a pas  à en douter. Mais que demande-t-il à Dieu ? Comment Dieu pourrait-il répondre à cette non-demande ? Faut-il dès lors être surpris qu’il ne soit pas justifié ? Jésus lui-même disait, au début de sa mission : « Je suis venu pour les malades ; les bien portants n’ont pas besoin de médecin ! » Dans tout ce qu’il dit, le pharisien parle de lui au lieu de parler de ce que Dieu a fait ou peut faire pour lui.
Il nous est ainsi rappelé, discrètement, que la prière nous tourne vers Dieu, nous décentre de nous-même et oriente tous nos désirs vers les désirs de Dieu. Il faut oser reconnaître nos manques pour que Dieu puisse nous combler. Il nous faut reconnaître nos faiblesses pour que Dieu puisse nous remplir de sa force. 
 
Rassemblés pour célébrer l’Eucharistie, nous avons commencé par reprendre l’attitude du publicain, en tournant notre cœur et notre être vers le Crucifié, source du pardon que Dieu offre à chacun. Nous venons d’écouter la Parole de Dieu qui nous permet de comprendre mieux ce que Dieu attend de nous. En communiant tout à l’heure, nous recevrons le Pain des forts, qui nous assurera la proximité du Christ lui-même, puisque c’est bien lui qui s’offre ainsi à nous. Avec Paul, nous saurons que le Christ est toujours avec nous. Lorsque, à la fin de la messe, nous serons renvoyés dans nos foyers, nous serons aussi renvoyés vers nos frères et sœurs en humanité, vers ceux qui ne croient pas ou ne croient plus, vers ceux qui souffrent, vers ceux qui sont dans le besoin, pour témoigner de ce que Dieu réalise dans la vie de celles et ceux qui se tournent vers lui. Avec Ben Sirac, nous serons témoins de l’efficacité de la prière auprès de celles et ceux qui n’y croient plus. Ainsi, notre eucharistie se révèle source et sommet de toute vraie prière. Puisse notre prière personnelle toujours nous y mener ; puisse l’eucharistie toujours creuser en nous le désir de prier mieux. Amen.
 
 
(Gustave DORE, Le pharisien et le publicain)