En
ces derniers jours du temps de l’Avent, nous croisons la route de Marie, le deuxième
personnage emblématique avec Jean le Baptiste de ce temps de préparation. Sans
elle, rien de ce qui se prépare n’aurait pu être possible. Elle est l’ultime
porte qui nous ouvre le temps de Noël.
Lorsque
nous la rencontrons, elle est en route. Elle se hâte à la rencontre de sa
cousine Elisabeth, enceinte comme elle. L’évangéliste nous dit qu’elle le fait avec empressement pour souligner la hâte
de Marie. Pourtant, elle aurait sans doute mieux à faire. Ne devrait-elle pas
plutôt se reposer en attendant la naissance de son premier enfant ? Avec empressement : l’expression
convient bien et prend un relief particulier en ce jour. Dans deux jours, nous
célèbrerons la naissance de celui qui pour l’heure est encore porté par Marie. Avec empressement convient bien aussi
parce que cela souligne l’urgence que Dieu ressent à aller à la rencontre de
son peuple. Marie, toute disponible à la Parole de Dieu, ne fait que ce que
Dieu attend d’elle. Chacun de ses gestes posés avant la naissance de Jésus
devient comme une annonce de ce que l’Enfant qu’elle porte réalisera. Marie se
hâte d’aller rencontrer sa cousine : Jésus, adulte, se hâtera à la
rencontre de tous les hommes, pour leur annoncer le salut en sa personne. Marie
prend du temps au service de sa cousine : Jésus fera du service de l’homme
le signe de l’attachement à sa personne : pour être mes disciples,
faites-vous le serviteur de tous !
La rencontre
de ces deux femmes est bien plus qu’une simple visite de politesse, vous
l’aurez compris. Lorsque la jeune fille rencontre la femme âgée, c’est le monde
nouveau qui salue l’ancien. Un symbole puissant que cette rencontre banale entre
deux femmes réunies par le même bonheur : celui d’être bientôt mère. La
naissance de ses deux enfants va bouleverser le monde. Celui de la femme âgée
va mettre un terme au monde ancien en l’invitant à se tourner vers Dieu. Celui
de la jeune fille va inaugurer le monde nouveau, où tous les hommes seront
frères, où tous les hommes seront fils de Dieu. La rencontre de ses deux femmes
est comme le lancement du processus qui conduira à cette révolution.
L’évangéliste
Luc souligne combien la rencontre de ses deux femmes est aussi et surtout la
rencontre entre deux hommes : Jésus et Jean le Baptiste, celui qui sera
annoncé à tous les peuples et celui qui l’annoncera. Jean le Baptiste tressaillit d’allégresse dans le sein de
sa mère lorsque Marie salue sa cousine. Ce monde nouveau est à portée de main.
Il suffit d’ouvrir les yeux, il suffit de reconnaître en Jésus celui qui
l’inaugure, il suffit de marcher à sa suite. Il saura dire aux hommes l’amour
de Dieu pour chacun d’eux ; il saura donner aux hommes une loi nouvelle,
pétrie par l’amour de Dieu ; il saura ouvrir les cœurs pour les inonder de
cet amour. Jean le Baptiste, encore en gestation, a fait ce chemin qui nous
semble à nous quelquefois si long et difficile. Marie a fait ce chemin en
restant attentive à la Parole de Dieu et à sa réalisation. Elisabeth et
Zacharie feront ce chemin à la naissance de leur fils.
Il nous reste deux
jours pour nous mettre en route, pour aller à la rencontre de celui qui vient
inaugurer un monde nouveau. Il nous reste deux jours pour aller à la rencontre
de celui qui vient nous visiter. Il n’est jamais trop tard pour se mettre en
route. Celui qui vient est notre vie et notre avenir. Il est celui qui nous
remplira de joie. Mais il nous faut nous mettre en route ;
maintenant ; avec empressement ! Amen
(Enluminure de Frère Jacques)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire