Une enseignante de nos écoles
catholiques, qui voulait parler de Noël à ses élèves de CM2, s’était entendu
répondre par un enfant : Mais Madame, votre histoire on la connaît depuis
l’école maternelle. Que devrions-nous dire, nous qui sommes plus proches des
cheveux blancs que des bancs d’école, et qui venons chaque année, au cœur de la
nuit, célébrer le Dieu qui vient ? Que nous connaissons l’histoire, nous
aussi ? Pourtant, est-elle bien la même d’année en année ? Je n’en
suis pas sûr, tant ce que nous vivons, modifie ce que nous percevons. Alors,
plutôt que de vous parler de Marie, Joseph et Jésus, je voudrais reprendre avec
vous le message de cette fête, tel qu’il nous est donné par les anges.
Ce message commence ainsi : Ne craignez pas ! Ce messager de
Dieu, qui ne se dérange pas pour rien en général, ne vient pas nous faire peur.
Dieu ne vient pas faire peur aux hommes. Comme cela est rassurant à une époque
où certains utilisent Dieu pour semer la terreur et la mort. Comme cela est
rassurant après des années de discours moralisant de la part de l’Eglise et de
ses représentants. Les hommes avaient toujours une bonne raison de se méfier de
Dieu : ils n’étaient jamais assez ceci ou alors trop cela pour convenir à
Dieu et à ses représentants. Ont-ils entendu ce message de l’ange qui se veut
rassurant ? Ne craignez pas, Dieu
ne vient pas vous faire misère. Ne
craignez pas, Dieu ne vient pas vous demander des comptes. Ne craignez pas, Dieu ne vient pas pour
vous faire mourir.
Ne
craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une
grande joie pour tout le peuple. De mieux en mieux. Non seulement, il n’y
a pas à craindre Dieu, mais en plus voici qu’il livre une bonne nouvelle. Dieu
a choisi le camp des hommes, Dieu a choisi de se faire homme : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous
est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. A-t-on jamais entendu
pareille chose ? Ce Dieu que certains craignaient, ce que Dieu que
d’autres utilisaient à leur sombre profit, voici qu’il prend forme humaine et
rejoint notre monde. Comme le dira saint Irénée : Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu. Tout
notre Avent nous tendait vers la réalisation de cette promesse ; tout
notre Avent aboutit ici, à la crèche, avec cette certitude que nous n’avons pas
à craindre Dieu. La rencontre entre l’homme et Dieu, que certains avaient
confisqué pour plus tard, quand l’homme ne sera plus qu’un corps mort, voici
qu’elle a lieu, au cœur de notre nuit, au cœur de cette nuit. Et c’est une
bonne nouvelle !
C’est une bonne nouvelle parce qu’elle
ouvre pour les humains que nous sommes des perspectives nouvelles. C’est une
bonne nouvelle parce que cet enfant nouveau-né vient nous dire que la paix est
possible ; cet enfant nouveau-né vient nous dire que la joie est possible,
même au cœur de la nuit la plus profonde ; cet enfant nouveau-né vient
nous dire qu’un avenir est possible pour les hommes. Il porte en lui la
réalisation de toutes les promesses que Dieu a formulées au long de l’alliance.
Il porte avec lui la possibilité d’un salut pour les hommes, la possibilité
d’une vie qui ne finira jamais. Quand des hommes sont capables de s’extasier
devant une nouvelle vie qui commence, alors ils sont capables du meilleur,
alors ils sont capables de se reprendre et de construire un monde nouveau dans
lequel leurs enfants seront heureux, libres et en paix.
Cette bonne nouvelle, dans l’évangile,
parvient aux bergers, aux parias de la société d’alors. Les bien-pensants, les
bien-vivants n’ont rien perçu de ce grand mystère, n’ont rien perçu de cette
grande nouvelle. Trop occupés, ils n’ont pas su accueillir celui qui frappait à
leur porte : pas de place pour lui
dans la salle commune, pas de place pour lui dans la vie de ces hommes. Ce
drame n’a pas eu lieu qu’à l’époque, quand Jésus est né de Marie ; ce
drame est encore le drame de tant d’hommes et de femmes, qui ne savent pas, ou
qui ne veulent pas, accueillir Dieu dans leur vie. Nous en avons des échos
chaque année, à l’approche de Noël, quand se pose la question de la présence de
crèches dans l’espace public : pas de place pour ça ! Nous en avons
des échos quand des hommes se servent de Dieu pour détruire l’homme : pas
de place pour un Dieu qui aime les pauvres et les opprimés dans ce monde où ne
compte que le profit de quelques-uns. A-t-il une place dans ta vie ?
Regardez-le bien, ce petit Dieu fait
homme : il a déjà les bras ouverts pour nous accueillir tous dans son
amour. Il se donne à nous et veut nous attirer à lui. Allons à lui, sans
crainte, et demandons-lui de nous rendre capables de lui puisqu’il s’est rendu
capable de nous. Puisqu’il a su s’abaisser, il saura nous élever. Amen.
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