Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 16 novembre 2024

33ème dimanche ordinaire B - 17 novembre 2024

 Crainte ou espérance ?






Pour qui est un tant soit peu attentif, il est facile de repérer la fin de l’année liturgique, parce qu’elle est précédée de ces textes aux couleurs d’apocalypse : grande détresse, soleil s’obscurcissant, lune sans éclat, étoiles tombant du ciel, et j’en passe. Qu’ils viennent du Premier ou du Nouveau Testament, ils sont faits à l’identique et peuvent déclencher en nous crainte ou espérance. 

De nombreux mouvements, qu’ils soient politiques ou religieux jouent sans vergogne sur ce sentiment de crainte. La récente campagne électorale aux Etats-Unis nous a montré ce que la crainte engendre : des affirmations à l’emporte-pièce jamais vérifiées, la désignation de boucs émissaires, des mesures drastiques annoncées pour conjurer le mauvais sort (il a quand même été question de déportation !), pour finir par la victoire de l’irrationnel, du mensonge, et une société profondément divisée. Il n’est pas besoin de regarder de l’autre côté de l’Atlantique ; nous possédons les mêmes en tout, en Europe et en France. La crainte a encore de beaux jours devant elle, et ceux qui aiment jouer à se faire peur peuvent avoir la certitude de quelques belles soirées dignes d’Halloween.  

Se pose alors la question suivante : chrétiens, pouvons-nous nous contenter de regarder et de trembler ? Pouvons-nous rejoindre ceux qui crient au loup, pour ajouter encore de la peur à la peur ? Les textes bibliques entendus aujourd’hui, d’ordre apocalyptique, ne sont pas lus pour nous faire peur, mais pour ouvrir notre espérance, et nous mettre en attitude de veille.  De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Voilà que nous est rappelé que notre histoire a un sens, et que nous sommes tendus vers son accomplissement. Et le sentiment qui doit prédominer en nous, ce n’est pas la crainte, mais l’espérance. Ce jour du retour du Christ, nous l’attendons, comme les enfants attendent Noël : fébriles mais sans crainte, tout à la joie de ce qu’annonce cet événement. Le retour du Christ, quel qu’en soit le moment, marquera le jour de notre récompense, le jour du jugement de notre vie par celui qui est la source de tout amour. Avons-nous à craindre l’amour ? Bien sûr que non ! L’amour ne fait rien de mauvais ; l’amour espère tout ! Comme il l’a fait au moment de son Incarnation, il frappera à notre porte. Nos pourrons alors faire comme les aubergistes jadis, et dire qu’il n’y a pas de place ; ou nous pourrons lui ouvrir notre vie et il viendra prendre son repas avec nous. C’est ce que nous rappelle justement le Livre de l’Apocalypse au chapitre 3, 20 : Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. Il n’y a rien à craindre de celui qui frappe à la porte de notre vie et qui demande à entrer. Au contraire, il y a tout à espérer. Ecoutons la suite de ce passage de l’Ecriture (Ap 3, 21) : Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon Trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son Trône. 

Dans quelques semaines, le pape François ouvrira une année jubilaire qu’il a voulu consacrer à l’espérance. Dans notre monde froid et triste, la petite lumière de l’espérance nous attend. Elle vient nous redire que le meilleur est possible et que chacun est capable du meilleur. Nous ne sommes pas faits pour les ténèbres ; nous ne sommes pas faits pour la mort ; nous ne sommes pas faits pour la désespérance. Dieu nous veut dans sa lumière, Dieu nous veut vivant, Dieu nous veut pleins d’espérance. Il envoie son Fils pour nous le redire. Sa venue est comparable à l’été qui revient. Sachons lire les signes des temps, repérer le figuier qui refleurit. Il porte en lui la vie que Dieu nous communique. Si cela n’est pas source d’espérance, je ne sais pas ce qu’il nous faut. Laissons là notre pessimisme et entrons dans l’espérance du jour de Dieu. Amen. 


samedi 9 novembre 2024

32ème dimanche ordinaire B - 10 novembre 2024

 Un coeur plus qu'un avoir ! 




(Image trouvée sur internet)


D’un côté, beaucoup de riches qui mettaient de grosses sommes dans la salle du trésor du Temple. De l’autre, une pauvre veuve qui n’y mit que deux petites pièces de monnaie. Le match est inégal au possible, les protagonistes ne jouant visiblement pas dans la même ligue. Qui va gagner, si tant est qu’il faut un gagnant et un perdant ? 

Aux yeux des hommes, il n’y a nul doute que les plus regardés, les plus admirés, ce sont les riches et leurs grosses sommes. Nous avons beau ne pas trop aimer les trop riches, nous ne pouvons cesser de les admirer. Leur vie semble plus facile que la nôtre, leurs souhaits bien plus souvent réalisés que les nôtres. Et en même temps, nous n’aimons pas le tape-à-l’œil et cette manière que certains ont d’exhiber leurs richesses. Et je ne parle pas de tous ces parvenus, nouveaux riches, qui, sur les réseaux sociaux, n’arrêtent pas de vous dire que vous pouvez être comme eux et que, s’ils ont réussi, vous pouvez réussir aussi. Cela si vous tenez la réussite financière comme le summum de la réussite. Il serait intéressant de réfléchir à ce que nous considérons comme important pour dire que nous avons réussi notre vie. A ceux qui s’interrogent, je recommande le dernier titre de Jeck, Immortel, et le clip qui l’illustre. Il dénonce bien cette arnaque qui consiste à faire croire qu’une vie réussie se mesure à l’épaisseur d’un compte en banque ! 

Aux yeux des hommes, je ne suis pas bien sûr que la pauvre veuve ait retenu l’attention qui quiconque hormis Jésus. Et si d’aventure quelqu’un l’a vu, je ne suis pas certain que son regard fût celui de l’admiration. De même que nous n’aimons pas les trop riches, nous n’aimons pas davantage les trop pauvres. Ils sont ceux qui nous empêchent de nous plaindre tout le temps d’une vie devenue trop chère. Ce qui pour nous est plus difficile devient pour eux impossible. Là où nous devons commencer à renoncer quelquefois, eux ont abandonné depuis longtemps. Alors pourquoi parler de cette pauvre veuve ? Parce que Jésus ne voit qu’elle, elle et l’effort qu’elle fait pour verser quand même sa part au trésor du Temple. Et elle le fait sans se plaindre. Elle ne met pas grand-chose aux yeux des hommes, mais pour Jésus, c’est plus que ce que tous les autres ont mis, parce qu’elle a pris sur son indigence ; elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre, là où les autres ont juste pris sur leur superflu. Aux yeux de Jésus, le geste humble de cette femme compte plus que le geste tapageur des autres. Donner de son superflu n’est un exploit pour personne. Même les plus égoïstes arrivent à se séparer de ce qui ne leur sert plus. Donner de son essentiel, voilà qui est plus difficile, parce que cela suppose d’avoir appris à renoncer. Et quand on n’a pas grand-chose, et qu’on renonce encore au profit d’autres, voilà qui est admirable ; voilà ce que souligne Jésus. Jésus ne dit pas que ce que font les riches est mal ; il dit seulement que ce que fait la veuve est mieux, parce que les conséquences de son geste pour elle ne sont pas les mêmes que pour les riches et leur geste. 


Nous devrions le savoir depuis longtemps déjà ; le regard de Dieu se porte toujours sur les plus humbles. Comme le chante Marie dans son Magnificat, Dieu élève les humbles et renvoie les riches les mains vides. Ce qu’il nous faut apprendre de Dieu, c’est une autre manière de regarder le monde, de regarder les hommes, et de comprendre ce qui compte vraiment. Non pas le superflu ou le superficiel, mais l’essentiel, le nécessaire pour vivre. Et le nécessaire pour vivre, c’est d’abord un cœur aimant, un cœur généreux, un cœur reconnaissant. Si nous voulons un monde plus juste et plus fraternel, dans lequel personne ne manque de rien, c’est d’abord d’un cœur nouveau dont nous aurons besoin pour que le partage devienne réalité et que tous puissent vivre dignement, sans manquer de rien. Les récentes guerres de postures idéologiques à l’Assemblée nationale, au moment où le premier ministre évoquait la possibilité de prélever un impôt supplémentaire et temporaire auprès des plus riches d’entre les riches, pour que les efforts ne reposent pas tout le temps sur les plus fragiles, est révélatrice d’un manque de cœur et d’un cynisme effrayant. L’idée même qu’il faille débattre de cela et l’inscrire dans la loi montre à quel point l’histoire de cette pauvre veuve reste à méditer et à comprendre. 

      Nous ne combattrons pas la pauvreté avec des idéologies, mais avec un cœur et un regard renouvelé. La pauvre veuve de l’évangile qui devait être bénéficiaire des sommes déposées dans la salle du trésor du Temple et qui y dépose le peu qu’elle a, nous oblige à reprendre le combat pour un monde plus juste, plus solidaire, plus fraternel. Il faudra que chacun s’engage à la hauteur de ses moyens. Et quand on a beaucoup plus que tous les autres, il est normal de mettre beaucoup plus que tous les autres. C’est une question de justice ! C’est une question de cœur ! Quand le cœur compte plus que notre avoir, un monde nouveau est possible. Qu’attendons-nous pour essayer ? Que les deux petites pièces de monnaie de la pauvre veuve ouvrent nos yeux, nos cœurs et nos mains à la mesure de nos moyens. Amen. 


samedi 2 novembre 2024

31ème dimanche ordinaire B - 03 novembre 2024

 Ces paroles que je te donne aujourd'hui resteront dans ton coeur.


(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'évangile, Les presses d'Île de France)





Vendredi, la Toussaint ; hier, tous les fidèles défunts ; aujourd’hui, dimanche, le jour du Seigneur, jour habituel du rassemblement de la communauté des croyants en Jésus Christ. En trois jours, un petit marathon liturgique qui nous aura donné à entendre de nombreuses paroles venant de Dieu. Alors, si je vous demandais maintenant laquelle aura été la plus importante, peut-être me citerez-vous celle qui vous aura le plus marqués, ou celle qui reviendra spontanément à votre mémoire, ou peut-être vous gratterez-vous la tête d’un air dubitatif, ne sachant trop que répondre, un texte biblique ayant chassé le précédent, et ainsi de suite. Mettez-vous alors à la place de Jésus qui est invité à définir le plus grand de tous les commandements, et souvenez-vous qu’il y en a 613 en tout dans la Torah : 248 positifs qui disent ce qu’il faut faire, et 365 négatifs qui disent ce qu’il ne faut pas faire. Lequel choisir ? 


Jésus ne semble pas hésiter ; sa réponse jaillit, claire et précise. Voici le premier : Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. L’évangéliste qui nous rapporte la scène ne signale aucune hésitation ; c’est cela et rien d’autre. Et l’interlocuteur de Jésus valide sa réponse : Fort bien, Maître, tu as dit vrai. Il est donc vrai que, même si l’on n’est pas du même camp, il est possible de réfléchir ensemble, il est possible de parler ensemble, il est possible de reconnaître que l’autre a raison, et de le féliciter publiquement. Sur l’essentiel, les hommes peuvent s’entendre. Grâce à l’essentiel, ils peuvent progresser. Comment définir alors ce qui est essentiel ? 

La première lecture peut nous y aider, elle qui nous dit : Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Ces paroles, ce sont celles que Dieu adresse à son peuple. Et pour qu’elles restent dans nos cœurs, il nous faut être comme Jésus : entièrement tournés vers Dieu, entièrement de Dieu. Sans doute pour Jésus, Parole vivante du Père, est-ce plus facile de savoir ou de comprendre quelle parole l’emporte sur toutes les autres. Mais avant d’être une réponse réfléchie, c’est d’abord une réponse vécue. Jésus aime Dieu infiniment, intimement, puisqu’il l’appelle son Père ; et Jésus aime infiniment les hommes et les femmes qui croisent sa route, puisque pour eux, il ira librement jusqu’à la croix pour leur offrir le salut. Quand tu aimes infiniment à la manière de Jésus, qu’importe le nombre de commandements ; l’amour qui te fait vivre et que tu fais vivre à d’autres, l’emporte sur tout le reste. A la fin, il ne reste de toute façon que l’amour. Il n’y a rien de plus beau, il n’y a rien de plus grand, il n’y a rien de plus urgent. Aimer ! Saint Jean l’a bien compris lui qui a tout résumé dans ce verset : Dieu est amour. Il est dit que dans ses vieux jours, quand il prêchait, c’est la seule chose qu’il affirmait ! Dieu est amour. 

Plus je réfléchis à cette question posée, plus je me rends compte que n’importe quel autre commandement, c’est quelque chose que tu décides de faire ou de ne pas faire. Cependant, aimer, tu ne le décides pas vraiment. L’amour s’impose à toi ; c’est quelque chose que tu vis, ou pas d’ailleurs, mais jamais quelque chose que tu fais. C’est quelque chose qui vient de plus loin que ta seule volonté. L’amour te vient de Dieu ; c’est comme une infusion de l’Esprit de Dieu dans ta vie. Si tu fais le choix d’intégrer Dieu dans ta vie, l’amour est donné en plus, et il s’affinera au fur et à mesure que tu affineras ta connaissance de Dieu. Dieu ne peut que mener à aimer plus, à aimer mieux. Si t’approcher de Dieu te faisait éloigner des autres, tu peux avoir la certitude que ce n’est pas Dieu qui s’est approché de toi, et il vaut mieux fuir cette caricature de Dieu. Tu sais que les paroles [de Dieu] sont dans ton cœur quand tu constates que ton amour pour lui et pour les autres grandit. C’est le meilleur critère de discernement. La parole de Dieu est toujours une parole d’amour, même lorsqu’elle te reprend. Dieu corrige avec amour ceux qui l’aiment et ceux qu’il aime. 

Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Ce sera le conseil du jour ; ce sera le conseil pour chaque jour. Garder la parole, c’est garder Dieu ; garder Dieu, c’est garder l’amour. Garder l’amour, c’est vivre de Dieu et n’être pas loin du Royaume. Que cette eucharistie, mémorial de l’amour du Christ pour nous, nous donne de grandir toujours et encore dans cet amour offert. Que le Pain de vie reçu en communion dilate notre cœur et nous aide à reconnaître en chacun un frère ou une sœur en qui le Christ est présent, en qui le Christ vient à notre rencontre. Amen. 


jeudi 31 octobre 2024

01er novembre 2024 - Toussaint

 Attendus parce qu'aimés.







 

            Au moment où la nature lentement se meurt et prend ses habits d’hiver, l’Eglise nous invite à célébrer tous les saints, c'est-à-dire tous les vivants en Jésus Christ, mort et ressuscité pour notre salut. Cette fête pour eux est aussi une fête pour nous, pour nous rappeler, au moment où les ténèbres envahissent nos jours, que notre vie a un sens et que tout ce que nous vivons n’est pas vain, que la mort et les ténèbres n’ont pas le dernier mot. A ceux que l’hiver fait déprimer, la Toussaint rappelle que nous sommes attendus parce que nous sommes aimés. 

            Oui, nous sommes attendus. Et pas attendus au tournant, après une énième faiblesse ou un péché de trop. Non, nous sommes positivement attendus par Dieu. Le mystère de l’incarnation et le mystère de la rédemption nous redisent que Dieu nous attend. Le mystère de l’incarnation permet à Dieu de franchir lui-même la distance qui nous tient éloignés de lui, en entrant dans le monde par son Fils Jésus ; nous ne pouvons plus nous estimer indignes ou incapables de Dieu, puisque Dieu vient à nous. Le mystère de la rédemption permet à Dieu de nous faire franchir la distance due au péché qui nous tient éloignés de Dieu. Nous ne pouvons plus dire que le salut est impossible puisque Dieu lui-même, par la mort et la résurrection de son Fils, nous ouvre les portes du Royaume. Nous avons entendu un passage du Livre de l’Apocalypse que certains utilisent pour dire qu’il n’y aura que peu de sauvés : 12 fois 12 000, soit 144 000 ; douze milles de chaque tribu d’Israël ! Mais il faut lire attentivement le texte et sa suite immédiate pour comprendre que le salut est pour une multitude. Voici ce que dit Jean : Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Dieu attend toutes les nations, tribus, peuples et langues. Le texte se poursuit : Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Oui, le salut, notre salut, appartient à Dieu ; mais pas pour le restreindre, pas pour le limiter. Le projet de Dieu, c’est que nous vivions tous, pour toujours avec lui. Ecoutons encore : L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. » Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » La grande épreuve, c’est la participation à la Pâque de l’Agneau, notre propre passage par la mort et la résurrection de Jésus. Ce passage, nous l’avons tous vécu au jour de notre baptême. Heureux sommes-nous ! 

Nous sommes donc attendus par Dieu, attendus parce qu’aimés infiniment par lui. Ce n’est pas parce qu’il n’avait pas le choix que Jésus est mort en croix ; au contraire, en allant à la croix, il a fait le choix de nous sauver, il a fait le choix de l’amour. C’est parce qu’il nous aime qu’il s’est livré ; c’est parce qu’il nous aime, qu’il nous a laissé des signes, des sacrements de son amour. Jean l’affirme dans sa première lettre : dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. C’est quand nous parviendrons au terme de notre histoire que tout sera révélé ; c’est quand nous parviendrons au terme de l’Histoire, que l’amour de Dieu pour nous éclatera au grand jour. Nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Nous verrons l’Amour dans toute sa splendeur ! Nous verrons l’Amour dans toute sa gloire ! Et nous partagerons cette gloire pour peu que nous ayons essayé, ici-bas, d’aimer de cet amour qui a tout donné. A ceux qui doutent d’être aimés de Dieu, je voudrais redire ma foi que nul d’entre nous n’existe sans l’amour de Dieu ; c’est lui qui nous appelle à la vie à travers nos parents ; c’est lui qui nous fait grandir dans sa force. Son amour est acquis à chacun depuis le premier jour de son existence. Nul d’entre nous ne vit sans cet amour de Dieu ; mais voulons-nous tous vivre de cet amour et dans cet amour ? Dieu a pris la liberté de nous aimer ; prendrons-nous la liberté de répondre à son amour ? Les béatitudes nous ouvrent des pistes pour entrer dans cet amour : être pauvre de cœur ; c'est-à-dire non pas manquer de cœur, mais avoir le cœur ouvert à l’amour de Dieu. Savoir pleurer sur les manques d’amour manifestes pour être consolés par un surcroit d’amour. Savoir être doux ; c’est encore le meilleur signe que nous apprenons à aimer. Avoir faim et soif de justice, pour tous. Être miséricordieux parce que Dieu nous fait miséricorde par amour. Garder un cœur pur pour voir, ici et maintenant, l’amour de Dieu à l’œuvre. Se faire artisan de paix puisque la paix est la sœur de l’amour, et la condition de son existence ; ceux qui se font la guerre ne s’aiment pas ! Savoir tout risquer pour la justice, et accepter d’être moqué à cause de Jésus. Autant de signes que nous sommes capables de Dieu, capables d’amour. 

Attendus par Dieu, parce qu’aimés par lui. Les saints nous montrent les divers chemins possibles pour accueillir et vivre l’amour de Dieu pour nous. Réjouissons-nous avec eux, et avançons, éclairés par leurs vies et leurs exemples, jusqu’au royaume où Dieu nous déclarera bienheureux. Alors l’Amour sera tout en tous. Amen.

samedi 26 octobre 2024

30ème dimanche ordinaire B - 27 octobre 2024

 Que veux-tu que je fasse pour toi ?





 



          Que veux-tu que je fasse pour toi ? La question est surprenante, n’est-ce pas, lorsque nous l’entendons dans l’évangile de ce dimanche ! Que pourrait bien vouloir Bartimée de la part de Jésus ? Pourquoi crier au bord du chemin : Fils de David, Jésus, prend pitié de moi ? Son insistance, quand beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, indique sa détermination. Il veut quelque chose de Jésus, et il ne se taira pas tant qu’il ne l’aura pas ! Quand on sait que Bartimée était un aveugle qui mendiait, il ne faut pas avoir fait de grandes études pour deviner. Est-ce que je me trompe ? Pourtant, la première parole de Jésus est bien cette question : Que veux-tu que je fasse pour toi ? 

          La réponse de Bartimée jaillit, claire et assurée : Rabbouni, que je retrouve la vue !  Tu m’étonnes ! Quelqu’un ici aurait imaginé une autre demande ? Nous sommes tous d’accord qu’il n’y avait pas vraiment d’autre réponse possible, surtout quand on sait que c’est son handicap physique, et non sa pauvreté, qui l’excluait de la communauté humaine et religieuse. Si, dans sa pauvreté, il espérait devenir riche, il lui fallait d’abord être guéri. Alors pourquoi cette question qui peut sembler un peu bête ? Parce que même si nous pensons que Dieu sait tout et qu’il peut tout, il nous faut exprimer devant lui notre attente, notre désir profond. Dieu sait ce qu’il nous faut, je n’en doute pas ; mais est-ce que je désire bien ce que Dieu veut me donner ? Et est-ce que je crois qu’il peut le faire ? Exprimer clairement sa demande, c’est poser un acte de foi en la capacité de Jésus de faire ce que Bartimée lui demande. D’ailleurs Jésus le confirme quand il répond à Bartimée : Va, ta foi t’a sauvé. Au-delà de la guérison physique qu’il espérait, il reçoit en plus le salut. Il nous faut donc bien comprendre que ce qui est en cause, c’est la foi ! Rappelez-vous cette autre parole de Jésus : si vous avez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible (Mt 17, 20). Cette page d’évangile nous invite donc à examiner deux choses. 

          La première : est-ce que je sais ce que j’attends de Dieu ? Si Dieu venait nous visiter en nous demandant ce qu’il peut faire pour nous, là, maintenant, aurions-nous la spontanéité de Bartimée, un cri du cœur, ou serions-nous comme Aladdin devant le génie de la lampe à nous gratter la tête pour savoir ce que nous pourrions bien lui demander ? Que demander qui ne soit ni présomptueux, ni totalement hors de question pour Dieu ? Cette question en cache une autre que j’exprimerais ainsi : est-ce que je connais suffisamment Dieu pour oser lui demander ce que je sais qu’il peut m’accorder ? Je suis convaincu que la réponse de Bartimée à la question de Jésus vient du fait qu’il connaît Jésus. Il a entendu parler de lui, de tout ce qu’il a déjà fait ; et Bartimée connaît bien Dieu. Il sait les signes avant-coureurs qui permettraient aux hommes de découvrir que le Messie est bien là, au milieu d’eux. Le prophète Isaïe en a donné quelques-uns : Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie (Is 35, 4-6). Tous ces signes posés par Jésus, Bartimée en aura entendu parler. Avant de le rencontrer et de s’égosiller pour être entendu par Jésus, il aura entendu que Jésus a déjà guéri un lépreux, un paralytique, un homme à la main desséchée, qu’il a chassé des démons en nombre, rendu à la vie la fille de Jaïre, guéri un sourd-bègue, un aveugle et un épileptique. Il ne lui en faut pas plus pour donner à Jésus le titre de Fils de David, l’un des noms annoncés par Jérémie : Voici venir des jours – oracle du Seigneur–, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice (Jr 23,5). La foi de Bartimée est grande ; bien qu’aveugle, il reconnaît (il voit) les signes dont il entend parler. Bien qu’aveugle, il reconnaît (il voit) en Jésus le Messie attendu. Il sait que Jésus peut pour lui ce qu’il a déjà fait pour d’autres. Il s’est préparé. Sommes-nous prêts à rencontrer le Christ ? 

La deuxième grande question que cet évangile nous pose découle de tout ce que je viens de dire : avons-nous suffisamment la foi aujourd’hui ? Savons-nous reconnaître la présence de Jésus au milieu de nous, aujourd’hui encore ? Car enfin, c’est la grande promesse du Ressuscité au jour de l’Ascension : Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! Dans ce monde qui semble avoir chassé Dieu, sommes-nous encore capables de voir le Christ à l’œuvre ? Ou nous lamentons-nous que ce n’est plus comme autrefois, quand tout le monde allait de l’église ? Et surtout, à travers notre vie, donnons-nous le Christ à voir aux autres ? Sommes-nous assez croyants pour vivre en authentiques disciples du Christ, même si cela peut sembler plus difficile quand la foi n’est plus autant partagée qu’autrefois ? Osons-nous nous affirmer chrétiens, c'est-à-dire disciples de ce Christ qui s’est livré pour notre salut ?  Et partant de là, avons-nous bien conscience d’être déjà sauvé par le sacrifice en croix de Jésus ? Vivons-nous de ce salut que Jésus nous offre dès notre baptême ? 

Bartimée est un exemple pour nous. De lui, apprenons la puissance de la foi. De lui, apprenons qui est Dieu pour nous et ce qu’il peut pour nous. Avec lui devenons disciples de Jésus et suivons-le sur le chemin de notre vie, jusqu’au royaume où il nous invite. Amen.

samedi 19 octobre 2024

29ème dimanche ordinaire B - 20 octobre 2024

 Se faire serviteur.



(Jésus lavant les pieds de ses disciples, image du serviteur)


 


            Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Ceux qui aiment vérifier comment les autres évangélistes présentent une scène de la vie de Jésus auront découvert que seul Matthieu partage avec Marc une demande pour que Jacques et Jean puissent siéger l’un à droite et l’autre à gauche [de Jésus] dans la gloire. Une petite différence les oppose : alors que Marc attribue cette demande directement aux deux apôtres, Matthieu fait intervenir leur mère qui essaie de placer ses fils. Luc ne connait pas cet épisode. Il ne partage avec Marc et Matthieu que l’enseignement de Jésus sur le pouvoir et le service, quand les disciples se sont bien pris la tête. Luc situe ainsi cet enseignement durant le dernier repas de Jésus ; les disciples en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? (Lc 22,24). C’est donc bien l’enseignement de Jésus qui importe, plus que le contexte dans lequel cet enseignement est donné. 

            Ce qui est commun aux trois évangiles synoptiques, c’est que les disciples se disputent entre eux sur cette question. Que la mère de deux d’entre eux ose poser la question à Jésus, rend la demande touchante d’amour maternelle, même si cet amour est mal placé. Imaginez le pugilat possible si les autres mères l’avaient entendu ! Crêpage de chignon assuré, toutes les mères voulant que leur fils réussisse mieux que les autres ! J’aurais plutôt vu les apôtres en rire ; mais non, ils en veulent à Jacques et Jean, comme s’ils avaient poussé leur mère vers Jésus. En Marc, la colère des dix autres est plus légitime, puisque ce sont deux d’entre eux qui veulent prendre les premières places. Mais pourquoi cette colère ? Parce qu’ils ont osé demander ou parce qu’ils n’ont pas pensé à le faire avant eux ? Jésus semble aller dans ce sens quand il donne à tous sa leçon sur le service qui doit être la marque de fabrique de ses disciples. Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Pas de place pour les ambitieux qui ne cherchent qu’à commander aux autres dans le groupe des Douze, et partant de là, dans l’Eglise. Ceux qui occupent une quelconque fonction ne sont pas à regarder comme des chefs de parti ou d’état. Et ils ne doivent pas se comprendre ainsi. Le chemin synodal que le pape François préconise souligne ceci à sa manière. Et cette représentation ne concerne pas que les clercs. Toute personne qui occupe une fonction dans l’Eglise, même bénévole, doit la considérer avant tout comme un service. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous. Il n’y a pas d’autre interprétation possible ; il n’y a pas de quoi pinailler. Dès que tu es en position de premier, de leader dans un groupe, tu dois te considérer comme le serviteur du groupe. Le service n’est pas une possibilité ; le service est la règle ! Personne ne commande ; tous servent ! 

            Ce n’est pas parce que le pouvoir serait mauvais ; ce n’est pas non plus parce que certains confondraient trop vite autorité et pouvoir, se plaisant à jouer aux petits chefs exécrables et exécrés. Non, la raison est d'abord d'ordre théologique. Nous devons nous faire serviteurs des autres parce que c’est ce que Jésus a fait. Comme le rapporte Matthieu, Marc et Luc, nous serons serviteurs car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. Il l'illustrera par le geste du lavement des piedsLe disciple n’est pas au-dessus de son maître ; si le maître se fait lui-même serviteur alors même qu’il vient de Dieu et qu’il est Dieu, combien plus le disciple qui n’est pas Dieu doit-il imiter son maître et se faire serviteur à son tour. Ce n’est pas par humilité, ce n’est pas par goût de la simplicité ; c’est parce que Jésus lui-même vit ainsi son ministère d’autorité. Dès lors que tu travailles dans l’Eglise, de manière bénévole ou salariée, tu dois te considérer comme étant au service des autres. Et ceux qui bénéficient de ce service doivent les aider à vivre ce service positivement, non en les critiquant quand ils doivent faire preuve d’un peu d’autorité, mais en reconnaissant ce service et en entrant dans une attitude d’action de grâce pour celles et ceux qui se mettent à leur service ! La critique est facile, toujours ; la reconnaissance a plus de mal à venir au jour, mais elle est précieuse pour que tous puissent bien vivre ensemble, sans jalousie, sans crainte et sans désir de puissance. Le seul qui soit puissant dans l’Eglise, c’est Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. A lui seule la puissance et la gloire ! Tous les autres, quel que soit leur poste et leur titre, ne sont que des serviteurs. Même le pape se reconnaît comme le serviteur des serviteurs de Dieu. Dans l’Eglise, nous sommes tous appelés à nous reconnaître serviteurs de Dieu et serviteurs de nos frères et sœurs en humanité. C’est une affirmation dont nous devons faire notre réalité. 

            Ne jalousons pas Jacques et Jean qui ont osé demander à être l’un à la droite et l’autre à la gauche [de Jésus] dans sa gloire. Plutôt que de rejoindre les autres dans leur colère, osons les remercier d’avoir posé une question qui brûlait les lèvres de chacun. Leur audace nous a valu un enseignement clair. Puisqu’ils ont su changer de posture et se faire serviteurs à la suite de Jésus, le premier serviteur, mettons-nous à l’école du divin Maître. Devenons à notre tour serviteurs de Dieu, serviteurs les uns des autres. Amen.

samedi 12 octobre 2024

28ème dimanche ordinaire - 13 octobre 2024

 Quand le salut passe par notre humanité.



(Jésus et le l'homme riche, Source : Jésus et l'homme riche (Mc 10,17-31) | Au Large Biblique)





 

            Il a quelque chose d’attachant, ce jeune homme qui vient vers Jésus. Il nous ressemble tellement, pas méchant, cherchant quelque chose de plus dans sa vie. Il veut être sûr d’être sauvé. Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? En voilà un qui, pour une fois, ne veut pas piéger Jésus. Sa question est honnête et sincère. Il reconnaît en Jésus un maître de vie. Il est décidé à réussir. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour que l’histoire soit belle et finisse bien ; et pourtant… 

            Avant de nous précipiter à la fin de l’histoire, il nous faut bien entendre la réponse de Jésus : Tu connais les commandements : ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. Quiconque connaît les commandements laissés par Moïse se sera rendu compte qu’il manque les premiers, ceux qui concernent Dieu : Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole. Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal. Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Voilà, avec ceux-là, la liste est complète. Jésus les aurait-il oubliés ? Pas lui, quand même ! Il n’arrête pas de parler de Dieu comme de son Père ; il nous invite à le prier en ce sens. S’il ne les donne pas, il doit y avoir une raison précise, et je la résumerai ainsi : notre salut ne passe pas seulement par l’amour que nous aurons pour Dieu, mais aussi (et peut-être surtout) par notre manière de l’exprimer à ceux que nous voyons et côtoyons. Autrement dit, c’est ton humanité qui te sauve ; c’est ton inhumanité qui te perdra. Il existe d’autres paroles de Jésus qui vont dans ce sens. Par exemple, Matthieu, chapitre 7, verset 21 : Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. Et pour ceux qui s’interrogent sur la volonté de Dieu, relisons toujours dans l’évangile de Matthieu le chapitre 25, versets 34-40 : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. 

            L’enseignement de Jésus aurait dû satisfaire notre homme venu vers Jésus. En effet, il répond ainsi à Jésus : Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. Il n’avait donc pas de crainte à avoir ; son humanité bien vécue, il n’y a pas à en douter, lui vaudrait en héritage la vie éternelle. La Loi est claire, la Loi est vécue par l’homme, la Loi sera appliquée par Dieu. Mais voilà, lui veut plus. Il ne lui suffit plus d’être juste humain et bon avec les autres. C’est pour cela que Jésus lui indique une voie supérieure : une seule chose te manque : va, vends ce que tu as, et donne-le aux pauvres. La réponse vaut pour lui, et pour tous ceux qui comme lui, veulent plus que simplement déployer toute leur humanité. Mais ce plus proposé par Jésus lui semble soudain inatteignable, irréalisable dans l’immédiat. Cela signifie-t-il qu’il ne sera pas sauvé ? Non, s’il continue à vivre les commandements, s’il continue à être humain, il sera sauvé par Dieu. Cet épisode nous montre qu’il y a des voies différentes, correspondant à différents caractères. Tout vendre pour donner aux pauvres n’est pas une obligation, c’est un plus, proposé à celui qui veut plus que ce que la Loi demande. Plutôt que de se réjouir de ce qu’il fait déjà, notre homme s’en va en pleurant, car il avait de grands biens. Et alors ? Ces grands biens ne sont pas un obstacle à son salut ; ils sont un obstacle à cette voie autre que lui propose Jésus, et qu’il ne se sent pas capable de suivre. S’il continue à vivre comme il l’a fait depuis sa jeunesse, il obtiendra ce qu’il cherche. Dieu ne pas va lui dire : parce que tu n’as pas été capable de vivre le plus que je te proposais, je ne veux plus te voir. Jésus dit seulement que c’est plus difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu, mais il ne dit pas que c’est impossible, voire interdit ! Si la richesse te détourne de tes frères, c’est très compliqué ; elle ne t’achètera pas une place dans le royaume. Mais si ta richesse te permet de mieux faire vivre, d’être encore plus attentif aux autres, très bien. 

            Il nous faut alors encore entendre la fin de l’enseignement de Jésus, celui qu’il ne donne qu’à ses disciples, perplexes eux-aussi. Quand ils interrogent Jésus : Mais alors, qui peut être sauvé ?, Jésus dit : Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. N’est-ce pas une manière de nous dire : ne te préoccupe pas de cela, parce que ce n’est pas en ton pouvoir de décider ? Laisse Dieu être Dieu, et manifester sa miséricorde et son salut. Toi, vis ta vie, du mieux que tu peux. Le reste, c’est cadeau, cadeau de Dieu. Vis, vis bien avec les autres, n’écrase personne de ta superbe, et tout ira bien. Vis, car c’est là que Dieu t’attend, dans l’ordinaire de ta vie. Ton salut, c’est dans ton ordinaire qu’il grandit. Plus tu seras humain, plus tu seras saint. Alors vis, Dieu s’occupera du reste, tout simplement. Amen.

 

samedi 5 octobre 2024

27ème dimanche ordinaire B - 06 octobre 2024

 Le mariage, une question d'amour.




(Marc CHAGALL, Le cantique des cantiques)




 

            Je ne le fais que très rarement, mais aujourd’hui me semblait un bon jour pour le faire : je n’ai lu que la version brève de l’évangile proposé pour ce dimanche, pour donner tout son poids à l’enseignement de Jésus sur le mariage. Certains peuvent penser que cet enseignement est difficile à entendre depuis que la société civile, au moment de la Révolution française, a facilité les choses en matière de divorce. Pourtant, je crois que cet enseignement reste d’actualité pour l’immense majorité des couples. Les exceptions, dont on voudrait qu’elles n’arrivent jamais – violences conjugales, mise en danger d’un des membres du couple, …  – appellent, avec raison, une réponse différente, parce que dans ces cas précis, il s’agit de préserver la vie. Pour les cas ordinaires et simples, la réponse de Jésus reste d’actualité. 

            Une fois encore, les adversaires de Jésus veulent le mettre à l’épreuve, avec cette question simple d’apparence : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ? Vous remarquerez immédiatement que l’inverse n’est pas imaginé par ces hommes qui s’adressent à Jésus. C’est une vieille habitude que nous pouvons constater dans d’autres passages de la vie de Jésus, notamment lorsqu’ils lui amènent une femme accusée d’adultère et que manque singulièrement celui avec qui elle l’aurait été ! Comme souvent, Jésus les renvoie à leur catéchisme : Que vous a prescrit Moïse ? Quand on cherche une réponse, la première chose à faire est de revenir à la Loi. Ben justement, répondent-ils, Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. Se pose alors la question suivante : s’ils connaissent la réponse, pourquoi poser la question ? Il n’y a pas plusieurs interprétations possibles de la Loi. Comment espèrent-ils piéger Jésus avec leur question ? S’attendent-ils à ce que Jésus disqualifie Moïse ? 

            Jésus est bien plus subtil que cela. Plutôt que de disqualifier le premier et le plus grand de tous les prophètes, Jésus précise pourquoi Moïse a permis cela : à cause de la dureté de vos cœurs ! Moïse connaissait son peuple, qu’il qualifiait souvent, lors de ces entretiens avec Dieu, de peuple à la nuque raide ! Quand l’homme est mauvais, dur, méchant, il fallait permettre l’acte de répudiation pour que l’épouse n’ait pas à souffrir d’un mari devenu insupportable. Mais il ne l’a certainement pas imaginé pour que l’homme puisse changer de femme comme de tunique ! Pour Moïse, le mariage n’est pas juste un contrat entre deux personnes, contrat qu’on pourrait rompre à la moindre occasion. Jésus le précise à sa manière en renvoyant au projet initial de Dieu, que nous avons réentendu en première lecture. Au commencement de la création, rappelle Jésus, Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Nous sommes au-delà des sentiments qui peuvent s’évanouir, au-delà de l’attraction physique qui peut disparaître. Nous sommes là dans un acte d’alliance qui lie deux personnes de la même manière que l’Alliance lie Dieu et l’humanité. Jésus vient redire à ses adversaires que le mariage, c’est sérieux et qu’il n’est pas possible de s’y engager légèrement. 

            Que cela soit une leçon pour l’Eglise et pour nous tous. Puisque le mariage est un signe de l’Alliance que Dieu veut vivre avec chacun de nous, que personne ne s’y engage trop vite ; que l’Eglise ne bénisse pas trop vite. Depuis quelques années, nous demandons une préparation qui va bien au-delà du simple choix des chants et des lectures pour la célébration. Mais peut-être faudra-t-il faire un pas de plus, proposé déjà en son temps par le futur Benoît XVI. Il faisait le constat que beaucoup de jeunes qui demandent le mariage à l’église sont éloignés de la foi. Or, pour vivre ce sacrement, la foi est indispensable. Aussi proposait-il de marier moins vite et d’oser proposer un autre type de célébration qui reconnaisse la réalité d’un couple en construction, sans que cela soit le signe sacramentel dans sa totalité, avec toutes ses conséquences. Les personnes qui préparent au mariage font ce qui est possible pour faire réfléchir les futurs couples à leur engagement, mais ils ne peuvent pas savoir ce qui se passe dans le cœur et dans l’esprit de celles et ceux qu’ils accompagnent. Et quelquefois, des choses difficiles ne se révèlent qu’après le mariage. Il nous faut beaucoup de prudence et de discernement avant, beaucoup de miséricorde et de compréhension après. L’idéal que Jésus rappelle est toujours bon ; la question est : est-ce que tout le monde est capable de le vivre ? C’est une question qu’un sentiment trop fort et une envie trop pressante de se marier peuvent évacuer ou empêcher d’émerger. 

            Si l’Eglise ne doit pas bénir trop vite, elle doit aussi s’abstenir de condamner trop rapidement ce qui ne se sentent pas ou plus le courage de continuer. Si elle doit toujours favoriser la réconciliation quand elle est possible, elle ne doit pas enfermer dans des situations qui se révèlent dangereuses pour l’un des membres du couple. Le droit de l’Eglise prévoit la séparation des corps. La miséricorde doit toujours permettre de sauver une vie. Dieu veut le bonheur et la vie pour tous, même pour celles et ceux qui sont mariés. C’est ce que Jésus nous dit quand il nous renvoie au commencement. Au commencement, Dieu nous aime et il nous aimera toujours, malgré nos échecs, malgré nos chutes. Avec Dieu, tout est une question d’amour, toujours. Amen.

samedi 28 septembre 2024

26ème dimanche ordinaire B - 29 septembre 2024

Celui qui n'est pas contre nous est pour nous.





 

 

            Environ treize siècles séparent Moïse et Jésus, et pourtant un même comportement de la part de leurs proches. Vingt-et-un siècles nous séparent de Jésus, et pourtant toujours ce même comportement dénoncé jadis par Moïse, aujourd’hui par Jésus. En trente-quatre siècles, l’homme n’aura guère évolué, et c’est désastreux parce qu’il accorde toujours encore de l’importance à des choses qui n’en ont pas, et que surtout, il fait la part belle à l’Adversaire, au Diviseur. Et de ce fait, l’homme s’oppose à la grâce, l’homme s’oppose à Dieu ! 

            Tout avait pourtant bien commencé du temps de Moïse. Parce que Moïse ne pouvait pas tout faire tout seul, Dieu lui adjoignit soixante-dix anciens, en prenant une part de l’esprit qui reposait sur [Moïse et en le mettant] sur les soixante-dix anciens. Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas. Pourquoi cela ne dura pas, n’est pas dit ; c’est donc sans importance ! Cependant, autre chose est dit, et cela va alimenter une querelle futile. Deux hommes étaient restés dans le camp : l’un s’appelait Eldad et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; eux aussi avaient été choisis, mais ils ne s’étaient pas rendus à la Tente, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser. Horreur, malheur, disent les autres. Moïse, mon maître, arrête-les, s’exclame Josué. Réponse de Moïse : Euh, ben non ! Pourquoi les arrêter ? Serais-tu jaloux pour moi ? Je peux, sans difficulté imaginer la suite du dialogue : « non, mais tu ne comprends pas… Nous, on a fait la sortie du jour ; nous, on a fait un effort. Eux ils sont restés tranquillou chez eux. Ils ne peuvent pas recevoir la même chose que nous. Tout le monde sait bien que Dieu n’agit que dans sa Tente ! En plus, chez nous, ça n’a pas duré, alors qu’eux, ils prophétisent encore ! » Jalousie quand tu nous tiens ! 

            Du temps de Jésus, tout semblait bien aussi. Le démon était chassé au nom de Jésus ; l’adversaire était défait. Mais voilà que Jean, se faisant le porte-parole des Douze, va dire à Jésus : Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. En clair, nous avons vu quelqu’un faire du bien à un autre en le libérant d’un démon en ton nom, et nous l’avons arrêté ; il n’est pas l’un de nous, il ne nous suit pas ! Vous aurez noté le petit glissement : il ne nous suit pas, au lieu de : il ne te suit pas. Sans Jésus, les disciples n’auraient jamais essayé de chasser un démon ! Là aussi, je peux entendre Jésus reprendre Jean : Euh, depuis quand les autres doivent-ils vous suivre pour faire du bien ? Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. 

            Ce que Moïse rappelait à Josué et à ceux qui récriminaient contre Eldad et Médad, c’est qu’ils font partie du même clan, qu’ils aient fait le pèlerinage auprès de la Tente ou pas. Ce que Jésus rappelle aux siens, c’est que celui qui chasse les démons en son nom, fait partie de la même équipe qu’eux, qu’il marche avec eux ou pas. C’est du temps perdu de s’exciter contre ceux qui font la même chose que nous, mais à côté, en-dehors du groupe. Pourquoi se fatiguer avec des querelles internes quand le but est le même : vaincre le démon ? Nous retrouvons toujours ces récriminations aujourd’hui quand on exclut de notre camp ceux qui ne prient pas dans la même langue que nous, ceux qui n’ont pas les mêmes options théologiques ou pastorales que nous, quand bien même ils aideraient à faire connaître et aimer le Christ. Comme s’il n’y avait qu’une manière de faire ; comme s’il fallait exactement tous faire pareils, tout le temps. Comme s’il fallait absolument être du même clocher, du même village, de la même confession chrétienne, pour que cela soit juste et bon. Suivre Jésus de plus près, ne nous fait gagner aucun mérite ! Suivre Jésus de près, n’est pas une garantie d’avoir un jour une meilleure place. Dieu accorde sa grâce à qui il veut, qu’il soit dévot, accomplissant régulièrement pèlerinages et prières, ou qu’il soit plus discret dans l’expression de la foi. Ce qui compte dit Moïse aux siens, c’est que l’Esprit soit répandu et accueilli ; et ce serait formidable si tous pouvaient être comme Eldad et Médad. Ce qui compte, dit Jésus aux siens, c’est que le démon soit chassé, qu’importe le degré de proximité avec moi. S’il le fait en mon nom, il n’est pas éloigné de moi, il ne fait rien de mal, bien au contraire !

             Aujourd’hui encore, recentrons-nous sur l’essentiel. Que Dieu soit loué, quelle que soit la langue ! Que Dieu soit annoncé, quelle que soit la méthode ! Que le démon soit chassé au nom de Jésus, quelle que soit l’appartenance de celui qui le fait. Si nous devons nous fatiguer dans la mission, que cela soit au moins pour des choses qui en vaillent la peine. Les futilités nous divisent et nous empêchent de mener à bien la volonté de Dieu. Quand Dieu distribue sa grâce, ne te mets pas en travers de son chemin. Il sait ce qu’il fait, mieux que tu ne peux le comprendre. Fais confiance au Seigneur, agis bien ; tout le reste ne sert à rien, si ce n’est à diviser, à faire le jeu de l’adversaire. Toi, au contraire, calme ta jalousie mal placée et fais le jeu de Dieu ; accepte que d’autres, que tu ne connais pas, jouent dans cette grande équipe qui s’oppose au Mal. Ils ne t’enlèvent rien ; ils ne te menacent pas ; ils ne te remplacent pas. Ils prennent juste leur part, comme tu es censé le faire quand tu ne jalouses pas les autres. Celui qui n’est pas contre nous, est pour nous, et cela suffit pour en faire l’un de nous. Amen. 

samedi 21 septembre 2024

25ème dimanche ordinaire B - 22 septembre 2024

 Quand rien ne va plus, il reste le service.







 

            Cela devait arriver, forcément, un jour, et nous y sommes, au jour où les disciples ne comprennent mais alors rien à rien à ce que dit Jésus. Ne les blâmons pas pour cela, car je ne suis pas sûr que nous aurions fait mieux. Je ne suis même pas sûr que nous ferions mieux aujourd’hui. Revenons au texte et essayons de comprendre. 

            Jésus traversait la Galilée avec ses disciples et il ne voulait pas que cela se sache. Pouvez-vous le croire ? Pas une foule à l’horizon, tout se passe entre Jésus et ses disciples qu’il enseigne. Un enseignement précis, presque secret puisque les autres ne devaient pas savoir. De quoi leur parle-t-il ? Du fait que le Fils de l’homme [sera] livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. Ce n’est pas la conversation du siècle ; pas de petit potin, juste un truc incompréhensible pour ses disciples au sujet d’une mort et d’une résurrection. C’est la deuxième fois déjà. Souvenez-vous l’évangile de dimanche dernier et vous comprendrez pourquoi les disciples [ne comprenant] pas ces paroles, avaient peur de l’interroger.  Aucun n’a envie de se prendre un Passe derrière moi, Satan, dans les dents ! L’expérience faite par Pierre qui s’était révolté contre la première annonce de la Passion, a servi de leçon à tous. Motus et bouche cousue. Qui aurait pu comprendre ce que leur disait Jésus ? Je vous rappelle juste que personne encore n’était revenu d’entre les morts. Pâques sera la grande première fois pour tous : pour Dieu et pour les hommes. Ne faisons pas aujourd’hui comme si nous avions mieux compris ! Pierre avait raison la semaine passée : ce que dit Jésus est inaudible à oreille humaine. Comment l’esprit de quelqu’un pourrait-il concevoir que les hommes laissent mourir un Juste pour des coupables sans réagir ? Ce serait la fin de l’humanité si nous faisions cela ! Et pourtant, c’est bien de cela que leur parle Jésus, pour une deuxième fois, et ça ne passe toujours pas. Un esprit humain ne peut pas comprendre que Dieu ait imaginé, comme unique solution pour sauver l’homme, de sacrifier son propre fils. Nous pouvons l’expliquer après coup, nous dire : mais oui, bien sûr… mais quand l’homme entend cela pour la première fois, et même pour la deuxième fois, cela reste… de l’hébreu ! Et quand l’homme ne comprend pas quelque chose et qu’il ne se sent pas le droit ou le courage d’interroger, qu’est-ce qu’il fait ? Il parle d’autre chose ! 

            Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Et ce n’est pas une question de hauteur ; ça, ils pouvaient le constater aisément, ils ne sont pas idiots, les Apôtres ! Non, la question qui les travaille, est de savoir qui est le plus grand, le premier, le chouchou quoi ! Il y en a bien un qui doit se démarquer dans le lot, non ? La seule remarque qui me vient à l’esprit, c’est : ça ne va vraiment plus dans ce groupe. Ils n’écoutent pas le maître qu’ils ne comprennent pas ; ils se font des nœuds au cerveau pour quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas. La réponse de Jésus me surprendra toujours. Pas de nouveau : Passe derrière moi, Satan ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Non, juste une explication claire : Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous (l’esclave de tous). Déjà, il n’y a plus de candidat. Les vues de Dieu sont décidément bien différentes des nôtres. Chez nous, le plus grand, c’est celui qui se fait servir ; pour Dieu, le plus grand, c’est celui qui sert. Ce n’est pas le monde à l’envers, c’est un nouveau monde que dessine Jésus. Dans ce monde nouveau, l’Innocent livre sa vie pour sauver les coupables, et le premier se fait esclave de tous pour les servir ! Et pour couronner le tout, une parabole qui met en scène un enfant : Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. L’enfant, c’est celui qui nous dérange, qui chamboule notre vie ; celui que l’on envoie dans sa chambre quand on ne sait plus quoi faire avec ; celui dont l’opinion passe après tout le monde ; celui qui ne doit pas interrompre les grandes personnes quand elles parlent… L’enfant, celui qui ne peut rien, celui qui attend tout des grands, voilà celui que nous devons accueillir. Jésus pouvait-il mieux dire la place privilégiée que tous les petits du monde doivent tenir dans le cœur de ses disciples ? Jésus pouvait-il illustrer mieux que cela ce que signifie se faire le serviteur de tous ? Je ne crois pas. Accueillir un petit, c’est accueillir Jésus lui-même, et plus encore, puisque celui qui accueille [Jésus] accueille [aussi] Celui qui l’a envoyé. Tu veux servir Dieu ? Sers les plus fragiles de tes frères. Tu veux accueillir Dieu ? Accueille les plus fragiles de tes frères. 

Il faudra du temps, beaucoup de temps, aux disciples de Jésus pour se rendre compte qu’en agissant ainsi, ils agissent comme Jésus qui livre sa vie pour nous. C’est comme s’il nous disait, bien avant le jeudi saint et le dernier repas : ce que je m’apprête à faire pour vous en livrant ma vie, faites-le, vous aussi, pour ceux que personne ne regarde, ceux que personne ne considère. Quand tu ne comprends plus ce que Jésus te dit, il te reste le service. Mets ta vie au service des plus petits et des plus fragiles, et tu seras proche de Dieu, tu serviras Dieu. Mets ta vie au service des autres, et tu comprendras Dieu ; tu ne te tromperas jamais sur ce qu'il attend de toi. C’est simple, c’est lumineux. Maintenant, il reste à le vivre… si du moins tu veux être proche de Dieu. Amen.

samedi 14 septembre 2024

24ème dimanche ordinaire B - 15 septembre 2024

 Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.





(Dessin de Deligne)



 

            Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Ce reproche, sévère, est fait par Jésus à Pierre, alors qu’il a quelques temps auparavant, fait profession de foi en reconnaissant que Jésus était le Christ. Il nous montre que même les Apôtres de Jésus ne sont pas à l’abri de se méprendre sur lui. Ils le fréquentent, ils le suivent, ils l’écoutent, mais le connaissent-ils vraiment ? Et surtout, le comprennent-ils bien ? Car tout est là, me semble-t-il dans cette page d’évangile, dans la compréhension qu’ils ont, que nous avons, de Jésus et de sa mission. 

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Si même les plus proches de Jésus peuvent ne pas saisir le sens de sa mission, nous devons admettre alors que ce reproche de Jésus, adressé à Pierre, nous est adressé à tous. Même si nous avons les évangiles, même si des siècles de théologie nous parlent de Dieu et de son Christ, le connaissons-nous vraiment mieux que ceux qu’il a lui-même appelés à le suivre ? Souvent, nous nous faisons de belles idées sur Dieu, sur ce qu’il devrait être, sur ce qu’il devrait faire. Lorsque nous traversons une épreuve, il peut arriver que nous en voulions à Dieu, n’est-ce pas ? Nous ne cherchons pas un Dieu à servir, mais un Dieu à asservir à notre cause. Dieu doit être de notre côté, nécessairement. Il doit répondre à nos critères, à nos envies. Que Dieu puisse avoir un grand projet pour l’homme, c’est bien ; mais il devrait avoir un projet plus grand encore pour nous. Bref, nous voulons un Dieu à notre mesure, un doudou divin qui nous ferait du bien, un animal de compagnie qui nous obéirait au doigt et à l’œil. Telles sont, quelquefois, les pensées des hommes. Ce n’est pas grave en soi ; il faut juste en être conscient si nous voulons rencontrer le vrai Dieu, le vrai Jésus. 

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Ce que ce reproche a de bon pour nous, c’est qu’il nous rappelle que Dieu n’est pas juste une idée, voire une belle idée de l’homme, mais que Dieu a sa propre réalité. Il nous rappelle aussi que, si Dieu a sa propre réalité et n’est donc pas une invention humaine, il a sa propre vie et ses propres projets. Et quand l’homme accepte cela, quand il accepte que Dieu est plus grand que lui et qu’il a un projet de vie pour l’homme, ce que la théologie appelle une Alliance à proposer à l’homme, alors celui-ci peut entrer dans les pensées de Dieu. Nous ne sommes pas condamnés à n’avoir que de belles idées sur Dieu ; nous pouvons rencontrer Dieu en vérité ; nous pouvons entrer en Alliance avec lui ; nous pouvons entrer dans son projet. Le psalmiste l’a bien compris quand il nous fait chanter : Le Seigneur défend les petits : j’étais faible, il m’a sauvé. Il a sauvé mon âme de la mort, gardé mes yeux des larmes et mes pieds du faux pas. Il nous fait comprendre que le projet de Dieu pour l’homme est un projet de salut. L’Alliance que Dieu nous propose est une Alliance pour la vie, pour notre vie. 

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Ce reproche fait à Pierre et à nous, est une invitation à entrer dans le projet de Dieu, à la condition fixée par Dieu. Cette condition ne nous concerne pas d’abord ; elle concerne Dieu. Il veut nous sauver au prix de son propre Fils. Il veut tellement nous sauver, nous qui avons montré à travers les âges que nous étions incapables de nous sauver nous-mêmes, qu’il a décidé, Dieu, de nous donner son Fils et de le livrer à notre ennemi commun : le mal jusque dans ce qu’il a de plus abject, la mort d’un innocent. C’est quand je mesure ce grand prix payé par Dieu, que je comprends la réaction de Pierre et les vifs reproches qu’il adresse à Jésus. Car qui peut accepter qu’un innocent meurt pour lui ? Qui peut accepter qu’un autre homme paye pour ses crimes ? Pour quiconque a un sou de conscience et de morale, c’est inacceptable. Mais pour Dieu, c’est la seule solution ; il le sait bien, lui qui a tout essayé avant d’en arriver à cette conclusion. S’il veut sauver l’humanité, il devra y aller lui-même. C’est pour cela qu’il fait de son Fils unique un homme comme nous, pour que par son sacrifice, nous puissions devenir Dieu comme lui. Il n’est pas comme ses faux dieux qui font leur fond de commerce en exigeant chaque année la vie d’hommes et de femmes offerts en sacrifice sanglant. Il s’offre lui-même en sacrifice, une fois pour toutes, pour que l’Ennemi, victorieux sur le bois, fût à son tour vaincu sur le bois, par le Christ, notre Seigneur. C’est ce que chantait hier la préface de la fête de la Croix glorieuse. 

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Ne nous offusquons pas de ce reproche de Jésus. Prenons-le pour ce qu’il est réellement : une invitation à mieux connaître Dieu, une invitation à mieux entrer dans l’Alliance qu’il nous propose, telle qu’il nous la propose. Nous saurons ainsi que Dieu est définitivement pour notre vie et pour notre salut. La croix dressée en est le signe visible à tout jamais. Amen.  

samedi 7 septembre 2024

23ème dimanche ordinaire B - 08 septembre 2024

 Il y a des signes qui ne trompent pas ! 





Le pape François et le grand imam de la mosquée Istiqlal, Nasaruddin Umar, 
après une réunion interreligieuse avec des chefs religieux à la mosquée Istiqlal à Jakarta, 
le jeudi 5 septembre 2024. 




 

            Il y a des signes qui ne trompent pas ! Les plus geek parmi vous pourront faire l’exercice en rentrant. Tapez l’expression dans votre moteur de recherche et vous tomberez sur des enquêtes du style : Comment savoir si on vous aime : 15 signes révélateurs ; Est-on amoureux de vous ? 11 signes qui ne trompent pas. Je vais arrêter là, les test psy des magazines ne manquent pas. Ils concernent tous nos relations amicales ou amoureuses et peuvent se résumer ainsi : suis vraiment aimé ou trompé ? 

            Il y a des signes qui ne trompent pas ! Nous pouvons reprendre la même expression et l’appliquer à notre connaissance de Jésus et à la perception que nous avons de lui. Nous avons entendu le prophète Isaïe annoncer en son temps que lorsque Dieu reviendra, se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Aussi, quand des gens amènent [à Jésus] un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, il devrait être clair pour tous, en fonction de ce qu’il fera pour lui, si Jésus est un charlatan ou s’il est de Dieu. Vous aurez noté la précaution de Jésus qui emmena [le malade] à l’écart, loin de la foule. Non pas qu’il craigne d’échouer, mais peut-être pour éviter que, tirant les bonnes conclusions de ce qu’elle voit, la foule ne se précipite trop vite sur lui pour en faire son champion. C’est une vieille habitude de la foule, que de se donner un roi au moindre exploit ! Devant l’extraordinaire double guérison (le guéri entend et parle correctement), la foule répand la nouvelle d’autant plus vite que Jésus cherche à la faire taire. Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. » La foule s’émerveille, mais ne semble pas, à ce moment de l’Evangile de Marc, faire le rapprochement entre la prophétie d’Isaïe et les guérisons opérées par Jésus. Pourtant, il y a des signes qui ne trompent pas ; la foule aurait dû rendre gloire à Dieu, reconnaître en Jésus Dieu qui visite son peuple. Est-ce la foule qui ne sait pas reconnaître les signes de la venue de Dieu ? Est-ce l’ordre de silence de Jésus qui ne leur permet pas de faire ce rapprochement ? Marc ne le précise pas. 

            Il y a des signes qui ne trompent pas ! Aujourd’hui encore, Dieu visite son peuple ; savons-nous en reconnaître les signes mieux que du temps de Jésus ? Si la même double guérison avait lieu, parlerions-nous de signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple ou de progrès de la médecine ? Le pape François est actuellement en Asie pour son plus long voyage apostolique. Il a signé cette semaine, à Djakarta, un texte important avec l’imam de la plus grande mosquée d’Asie. Les deux religieux affirment que le dialogue interreligieux doit être reconnu comme un instrument efficace pour résoudre les conflits locaux, régionaux et internationaux, en particulier ceux provoqués par l’abus de la religion. Et dans son discours devant des représentants chrétiens et sunnites indonésiens, François insiste : « On pense parfois que la rencontre entre les religions consiste à rechercher à tout prix un point commun entre des doctrines et des professions religieuses différentes. En réalité, il peut arriver qu’une telle approche finisse par nous diviser. Car les doctrines et les dogmes de chaque expérience religieuse sont différents. Ce qui nous rapproche vraiment, c’est de créer une liaison entre nos différences et de veiller à cultiver des liens d’amitié, d’attention, de réciprocité. » Simple diplomatie vaticane ? Et si c’était là un signe que Dieu continue de visiter son peuple, l’invitant au respect, au partage, à créer des liens nouveaux entre religions différentes, non pas pour dire que tout se vaut, mais juste pour vivre quelque chose de l’esprit de nos religions ? Je crois profondément que tout ce que font les croyants, quelle que soit leur origine religieuse, en faveur de la paix, du rapprochement des peuples, de la fraternité, est le signe que Dieu visite son peuple. Ce n’est pas juste un hasard ; ce n’est pas juste un beau texte ; ce n’est pas juste un geste politique. Tout ce qui permet à des hommes et des femmes de cultures et de religion différentes de mieux se connaître, s’apprécier et se respecter vient de Dieu. Tout ce qui permet à des hommes et des femmes de cultures et de religions différentes de mieux vivre en paix, dans la paix et la fraternité, est un signe que Dieu vient et veille sur eux tous. 

            Il y a des signes qui ne trompent pas ! Nous ne guérirons peut-être personne aujourd’hui ; nous ne signerons sans doute ni grande déclaration, ni grand discours. Mais nous pouvons, à notre échelle, poser des signes qui ne trompent pas et qui disent à tous que nous appartenons au peuple que Dieu se donne, au peuple que Dieu visite, toujours et encore. Nous pouvons le faire en famille, entre voisins, entre paroissiens déjà pour favoriser un meilleur vivre ensemble. N’attendons pas qu’il soit trop tard. N’attendons pas que les autres commencent. Chrétiens, disciples de Jésus, Fils du Dieu vivant, venu sauver le monde, nous nous devons de commencer, nous nous devons de porter au monde le Dieu-fait-homme, Evangile de paix et de salut pour tous. Si nous renonçons, le monde sera perdu ; si nous commençons et recommençons toujours encore à être artisan de paix et de fraternité, dans nos familles, nos communautés, nos lieux de vie, nous réussirons, car le Christ travaillera pour nous, avec nous. Il y a des signes qui ne trompent pas. Amen.

samedi 31 août 2024

22ème dimanche ordinaire B - 01er septembre 2024

 Parfaitement terrible et absolument rassurant.



Jésus au milieu des pharisiens, Tableau de Jacob JORDAENS, vers 1660, Palais des Beaux-Arts de Lille)

 




           

            C’est à la fois parfaitement terrible et absolument rassurant ce que Jésus dit à la foule d’une part, et qu’il précise à ses disciples, à l’écart de la foule d’autre part. Il vient d’avoir un échange musclé avec les pharisiens, parce que ces derniers avaient remarqué que quelques-uns de ses disciples [prenaient] leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées. Horreur ! Malheur ! chantait un groupe dans ma jeunesse. Et saint Marc de nous expliquer que les pharisiens sont les champions du lavage tous azimuts. Pas un grain de poussière, pas une impureté ne leur échappe, chez les autres en particulier ! Jésus en profite pour rappeler ce qui est vraiment important : les commandements de Dieu plutôt que la tradition des hommes. 

            En quoi est-ce parfaitement terrible ? Remettons-nous en mémoire ce qu’il dit et comprenons. Jésus dit : Ecoutez-moi tous et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. Et de préciser à ses disciples seulement : C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. Pourquoi est-ce parfaitement terrible ? Parce que, dans la bible, le cœur est le lieu où Dieu réside ; le cœur est le lieu de mes grandes décisions prises avec Dieu, à la lumière de sa Parole. Si tout le mal décrit par Jésus est dans notre cœur, c’est que Dieu n’y est plus ! Si tout ce mal vient du dedans, du cœur de l’homme, c’est le signe que l’homme a chassé Dieu de sa vie. Il est clair, ou il doit être clair pour chacun, que Dieu et le mal ne peuvent pas tenir ensemble dans le cœur de l’homme. C’est ou l’un, ou l’autre ! Celui qui fait le mal a fait le choix de refuser Dieu dans son cœur. C’est pour cela que ce que Jésus nous dit est parfaitement terrible ! Il nous faut observer chacun son propre cœur à travers ses actions pour savoir s’il a chassé Dieu de sa vie, et ne garde Dieu que sur ses lèvres. Dieu peut-il dire de moi : [Tu] m’honores des lèvres, mais [ton] cœur est loin de moi ? 

            Si je réponds ‘oui’ à cette question, si je fais le constat que j’ai chassé Dieu de mon cœur, pourquoi ce que dit Jésus est-il malgré tout absolument rassurant ? Cela me semble évident ! Parce que je sais désormais comment lutter contre le mal. Tant que je reste persuadé que le mal que je fais vient du dehors (les autres, les circonstances, la météo… ou que sais-je encore ?) je peux croire que je ne peux pas lutter contre le mal. Ce n’est pas ma faute ; un autre ou une chose m’a poussé à faire ce que j’ai fait. Au mal que j’ai fait, j’ajoute encore le refus de changer. Puisque c’est extérieur à moi, je n’y peux rien ; il m’arrive, dans certaines conditions, en présence de certaines personnes, de faire ou d’imaginer le mal. Alors que si le mal vient de moi, de mon intérieur, alors je sais aussi lutter contre. Si j’ai fait le choix d’accueillir le mal dans ma vie, je peux aussi à nouveau faire le choix d’accueillir Dieu dans ma vie. Il saura en chasser le mal si je décide que c’est lui, Dieu, que je veux voir habiter mon cœur. Nous pouvons relire le Deutéronome dont nous avons entendu un extrait ; nous pouvons relire le prophète Jérémie, en particulier le chapitre 31, versets 33-34. Ecoutez bien :  Mais voici quelle sera l’Alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. Puisque le mal vient de notre cœur, nous pouvons, avec Jérémie, demander à Dieu de se souvenir de cette alliance nouvelle. Pour nous chrétiens, elle est scellée par Jésus, qui s’offre totalement sur la croix, pour que Dieu puisse reprendre sa place dans notre cœur. Le sacrifice de Jésus nous vaut le pardon de nos péchés. Chaque eucharistie nous le rappelle. Prenez et buvez-en tous ; car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Communier au Corps et au Sang du Christ, c’est accueillir Jésus au cœur de notre vie pour qu’il en chasse le mal et nous permette d’y retrouver l’image de Dieu, la présence aimante et pardonnante de Dieu. 

            A écouter trop vite cette belle page d’évangile, on pouvait croire que Jésus nous faisait une leçon de morale. Non, ce qu’il donne à ses disciples, ce qu’il nous donne, c’est une leçon de théologie. Dans ton cœur, mets Dieu ! Dans ton cœur, laisse une place à Dieu, toujours. Lui seul saura en chasser le mal, lui seul saura te rendre pur. De tes propres forces, de ta propre volonté, tu ne le peux pas. Accueille Dieu, compte sur Dieu, et tu seras pur, parce que Dieu t’aura rendu pur. Mais pour que cela puisse se faire, tu dois reconnaître que le mal vient de toi, de ton dedans, et demander à Dieu de t’en libérer. C’est absolument rassurant, non, de savoir cela ! Tant que l’écoute de la Parole de Dieu restera notre boussole, Dieu restera notre guide, notre compagnon de route, au plus profond de nous. Demandons à Dieu la grâce qu’il en soit toujours ainsi pour nous. Amen.