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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 20 avril 2024

 Jésus est ressuscité ; il nous donne le salut.





 

            C’est une des vérités de notre foi : par sa mort et sa résurrection, Jésus nous donne le salut. Mais cela veut dire quoi au juste ? Les lectures de ce dimanche nous aident à y voir plus clair. 

            Ecoutons Jean dans l’évangile. Ce passage du chapitre dix, consacré à la figure du bon Pasteur, nous parle du salut. Il le fait à travers deux figures : le berger mercenaire et le bon berger. Le berger mercenaire est celui abandonne les brebis et s’enfuit, s’il voit venir le loup.  Il n’a le souci que de lui-même, pas du troupeau, et c’est bien normal parce que les brebis ne sont pas à lui ; les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Le bon berger, au contraire, donne sa vie pour ses brebis. Elles comptent plus pour lui que lui-même. C’est cela être sauvé : compter davantage pour Jésus, le bon pasteur, que Jésus ne compte pour lui-même. Ou, pour prendre un autre mot du même évangile : être sauvé, c’est être connu de Jésus et connaître Jésus. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Nous sommes sauvés dès lors que Jésus nous connaît ; et nous accueillons ce salut dès lors que nous connaissons Jésus. Connaissant Jésus, nous pouvons démasquer les bergers mercenaires, ceux pour qui nous ne comptons pas. Connaissant Jésus, nous ne sommes plus soumis au mal, et lorsque le mal croise notre vie, nous avons la capacité à le rejeter. Etant connus de Jésus, nous sommes protégés par lui qui veille sur nous. Cela ne signifie pas que nous ne rencontrerons jamais ni le mal, ni les épreuves ; mais cela signifie que nous ne sommes plus seul désormais pour affronter le mal et les épreuves. Nous connaissons Jésus et Jésus nous connaît : il vit avec nous, il combat pour nous ; en faisant ainsi, il nous sauve, il nous libère. 

            Dans sa première lettre, Jean nous fait faire un pas de plus puisqu’il nous assure que nous sommes enfants de Dieu. Non seulement nous sommes connus par Jésus, mais Dieu lui-même, le Père éternel, nous identifie à son Fils, nous rend semblables à son Fils. C’est le baptême, c'est-à-dire notre participation à la mort et à la résurrection de Jésus, qui nous fait enfants de Dieu. C’est le signe que nous sommes vraiment sauvés. Etant de la famille même de Dieu, nous n’avons plus rien à craindre. Rien ne pourra nous atteindre ! Il nous faut ici relire la lettre de Paul aux Romains (Rm 8) quand il écrit : Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. Connaissant Jésus, nous connaissons Dieu ; connus par Jésus, nous sommes connus de Dieu, lui qui a ressuscité son Fils. Puisque son Fils, le bon berger, a donné sa vie pour nous, le Père qui a redonné la vie à son Fils, nous fait partager la même vie, nous qu’il reconnaît comme ses enfants. La guérison de l’infirme dans les Actes des Apôtres, est une illustration, un avant-goût de ce que sera la vie de tout homme qui connaît Jésus. Pierre ne l’a pas guéri grâce à quelques herbes ou gestes magiques ; il lui a donné le nom de Jésus et il a été guéri : Au nom de Jésus Christ, le Nazaréen, lève-toi et marche. Le résultat nous est connu ; l’homme a été sauvé, libéré du mal qui le rongeait depuis sa naissance (Ac 3). Pierre, quand on lui demande d’expliquer cette guérison, a raison d’affirmer haut et fort : En nul autre que lui (Jésus), il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. Personne d’autre n’a fait, et personne d’autre ne fera jamais, ce que Jésus a fait quand il a donné sa vie pour nous.

            Ne cherchons pas ailleurs ce qui nous a été donné à grand prix. Ne cherchons pas un autre que celui qui a donné sa vie pour nous et qui nous a prouvé ainsi qu’il portait le souci de nous, de notre vie. Jésus nous connaît, et nous le connaissons par le témoignage des Apôtres et par l’Evangile prêché par l’Eglise. Comme il nous connaît, connaissons-le ! Jésus nous a aimés à en mourir ; aimons-le à en vivre chaque jour que Dieu nous donne. Amen.

samedi 13 avril 2024

3ème dimanche de Pâques B - 14 avril 2024

 Jésus est ressuscité ; c'était le plan de Dieu !





(Arcabas, Les disciples d'Emmaüs)


 

          Il y a quelque chose de surprenant dans la première lecture et dans l’évangile de ce jour face à l’horreur que représente la mort par crucifixion de Jésus. C’est cette manière toute particulière qu’à Luc, auteur des deux livres, de dédouaner les hommes de la cruauté subie par Jésus. 

          Ecoutons à nouveau Pierre, lors de son discours au peuple qui suit la guérison d’un impotent à Jérusalem. Il leur parle de Jésus en insistant bien sur leur responsabilité dans les événements de la Passion : Jésus, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez tué le Prince de la vie… Il n’est guère possible de souligner davantage la responsabilité de quelqu’un dans ce drame. Ils ont préféré un vrai coupable à un véritable innocent. Ils ont tué ! Y a-t-il drame plus affreux que celui-là ? Et pourtant, poursuit Pierre, je sais bien, frères, que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Vous avez entendu l’énormité ? Non seulement, il leur dit quelque chose du genre : ce n’est pas dramatique non plus, vous ne saviez pas ! mais en plus, il les appelle frères ! On parle de la mort de l’Innocent, que l’ennemi voulait relâcher ; c’est leur insistance qui est à l’origine directe de la mort de Jésus ! Et Pierre les appelle frères. Il va même plus loin en disant : Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait annoncé par la bouche des tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait. Si Dieu lui-même l’a voulu ainsi… Que dire de plus ? Ce n’est pas leur faute, vraiment ; ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment, juste quand Dieu a décidé de mettre son plan de salut en œuvre. Personne ne pourra jamais leur en tenir rigueur ; c’était le plan de Dieu ! Que voulez-vous dire si Dieu lui-même, pour nous sauver tous, décide d’en sacrifier un qui se révèle être son propre Fils ? A part : Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu, je ne vois pas ! C’est bien la seule chose à faire, quand on ne peut ni se réjouir d’avoir mis à mort un Innocent, ni se lamenter de l’avoir fait contre notre plein gré. Entrer dans le projet de Dieu, voir au-delà des événements et comprendre enfin le grand schéma qui se dessine ainsi et que Pierre révèle dans son discours ! 

          Certains pourraient dire : oui, mais Pierre se trompe ; il se console comme il peut d’avoir lui-même renié le Christ ! Tout cela, ce ne sont que des mots pour endormir son public et gagner des clients. Je pourrais être d’accord s’il n’y avait pas eu le discours de Jésus ressuscité, renouvelé deux fois, à ses disciples au soir de Pâques. Nous savons que Jésus s’est approché de deux disciples qui s’en retournaient chez eux, à Emmaüs, quand ils ont été approchés par un homme (Jésus, que leur chagrin les empêche de reconnaître) et qui, au long de la route, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, leur interpréta, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait. A ces esprits sans intelligence, il redit qu’il fallait que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire. Ce qu’il refait quelques heures plus tard, quand il apparaît à tous alors que ces deux disciples, revenus à Jérusalem annonçaient la nouvelle aux autres : les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même (Jésus) fut présent au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! et un peu plus tard, après s’être fait reconnaître corporellement, il poursuit : Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : « Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Ecritures. Jésus confirme par avance ce que sera le discours constant des Apôtres : il fallait que les choses soient comme elles furent. Pour que tous les hommes soient sauvés, il fallait que Jésus souffrît la Passion. Il fallait qu’il affronte la mort, qu’il la subisse pour la vaincre définitivement. Pas d’autre moyen pour que le pardon des nombreux péchés soit donné par Dieu : Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Plutôt que de chercher et définir les coupables, tournons-nous vers Dieu et convertissons-nous tous ; rejetons tous le mal que nous pouvons commettre. 

          Entrer dans le projet de Dieu, c’est reconnaître, s’il nous faut vraiment un coupable à la mort du Christ, que nous le sommes tous, même nous qui vivons à vingt-et-un siècles de distance de ces événements. Entrer dans le projet de Dieu, c’est nous convertir au Christ et croire qu’il est notre vie et notre salut. Entrer dans le projet de Dieu, c’est relire avec ses yeux la longue histoire de Dieu avec les hommes pour y découvrir ce que nous oublions si souvent : Dieu nous aime, il veut notre bonheur et notre vie avec Lui. Cela ne rend pas la mort de Jésus plus facile à vivre ; cela n’enlève rien à la beauté de sa résurrection. Bien au contraire, le fait que cela soit le projet de Dieu de nous sauver, et qu’il sait y mettre le prix, nous montre l’avantage que nous avons à nous tourner vers Lui et à croire en Jésus. Jamais Dieu ne pourra cesser d’aimer celles et ceux qu’il a rachetés à si grand prix. Amen.

samedi 6 avril 2024

 Jésus est ressuscité : et alors ?




                                                        Incrédulité de S. Thomas, Psautier d’Eléonor d’Aquitaine,                                                                                                                        Koninklijke Bibliotheek, Den Haag (Pays –Bas)


 


          C’était il y a huit jours ; dans la nuit, nous étions rassemblés, quand retentit un cri de joyeuse espérance : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Et nous voilà, huit jours plus tard, rassemblés à nouveau. Et cette question qui revient en moi : ça a changé quoi, ce cri dans la nuit ? ça a changé quoi, que Christ soit ressuscité ? Si je pose la question, c’est pour que nous ne jugions pas trop vite et trop sévèrement les Apôtres. 

          C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. L’ont-ils reconnu tout de suite ? Pas évident, même si plusieurs témoins ont déjà affirmé l’avoir vu, il faut que Jésus leur parle et leur montre ses plaies, pour que soudain ils soient remplis de joie. C’est un processus lent d’entrer dans ce grand mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. Ne nous étonnons pas si, aujourd’hui encore, certains ont du mal à passer de la belle idée sur Jésus (il est ressuscité) à la réalité comprise et vécue de cette résurrection. Nous le voyons avec Thomas, absent ce premier soir, et à qui les autres racontent toute l’histoire. Sa réaction n’est sans doute pas éloignée de celle que nous aurions eu, à sa place : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! Ce désir de toucher du doigt, ce désir de la preuve que Jésus est vivant, est bien humain. Thomas ne demande qu’à faire la même expérience que les autres ; ils ont vu, huit jours plus tôt, ses mains et son côté [mains et côté de Jésus]. Nous voyons bien que le témoignage oral de quelques-uns, fussent-ils les disciples de Jésus, ne suffit pas d’abord, pour que d’autres croient, pour que d’autres puissent dire : Jésus est le Christ, le vainqueur de la mort.   

          C’était après la mort de Jésus, mais c’est toujours encore ainsi. Il ne suffit pas d’avoir une belle idée sur Jésus, comme celle qui consiste à dire qu’il est plus fort que la mort et toujours vivant, pour que tous, spontanément, adoptent cette idée et en vivent. En fait, personne ne vit sur une belle idée. Et c’est tout le défi qui est le nôtre : faire comprendre que la résurrection de Jésus n’est pas une belle idée sur Jésus, mais que c’est la réalité de sa vie désormais. Ressuscité, il est vivant ; ressuscité, il est présent au milieu de nous. Cette expérience des Apôtres, au soir du premier jour de la semaine, nous devons la faire, nous pouvons la faire. Mais pour cela, il nous faut vivre du Christ, c'est-à-dire passer des belles idées à la pratique. Ce que nous avons appris au catéchisme, il nous faut le faire descendre du cerveau vers le cœur. Ce que nous avons appris au catéchisme, n’est pas une nourriture pour notre intelligence seulement ; c’est une nourriture pour notre cœur et devient le moteur de notre vie. Je vous l’accorde ; cela prend du temps pour descendre dans le cœur et passer ensuite dans nos mains. Ce que nous avons lu des premières communautés chrétiennes dans les Actes des Apôtres, ne s’est pas fait sur un claquement de doigts. Les premiers disciples et la première communauté croyante avaient un seul cœur et une seule âme, parce qu’ils ont reçu la force de l’Esprit Saint pour être capables de vivre comme d’authentiques témoins du Ressuscité. Pour que nos belles idées apprises sur Jésus deviennent notre réalité de vie, notre art de vivre, il nous faut accueillir ce don de l’Esprit que Jésus avait déjà donné à ses disciples, le soir venu, en ce premier jour de la semaine. Nous l’avons entendu dans l’Evangile : Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint. L’art de vivre chrétien, qui fait de nous des disciples visibles du Christ, ne peut se vivre que dans la puissance de l’Esprit reçu déjà à notre baptême, puis renouvelé à notre confirmation. 

          Certains diront : oui, mais c’est difficile votre truc. Comment peut-on vivre du Christ dans un monde devenu dur et violent ? Rien que ces derniers jours, nous avons vu une jeune fille de treize ans être si violemment agressée qu’elle a fini plongée dans un coma dont elle est heureusement sortie ; et un jeune homme de 15 ans est mort après avoir été tout aussi violemment agressé. Comment vivre en chrétiens dans un tel monde ?  Et je ne parle pas des humanitaires morts « par erreur d’identification » dans la bande de Gaza, alors qu’ils travaillaient à éviter une famine que tout le monde craint ! Et tout cela dans cette grande semaine qui nous a fait célébrer Pâques, la vie plus forte que la mort, chaque jour de la semaine ! Nous vivrons du Ressuscité en croyant la paix toujours possible et en priant sans relâche pour elle. Nous vivrons du Ressuscité en demandant la justice plutôt que la vengeance. Nous vivrons du Ressuscité en témoignant notre proximité et notre attention pour tous les petits et les pauvres qui sont les frères préférés du Christ. Nous vivrons du Ressuscité parce que nous croyons que lui seul peut encore quelque chose pour notre monde quand nous ne pouvons plus rien. 

          A ceux qui se disent : Je croirai en Jésus Ressuscité quand il aura fait cesser la guerre et la violence dans notre monde, il est redit, comme à Thomas : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. La foi n’est pas un tranquillisant, un opium du peuple comme l’affirmait Marx ; la foi est le moteur de toute vie humaine vécue à la hauteur de Dieu.  Jésus n’a pas donné sa vie sur la croix parce qu’il n’avait rien de mieux à faire en ce fameux vendredi que nous disons saint ; il a donné sa vie sur la croix pour que tous les hommes puissent vivre une vie à la hauteur de celle de Dieu. Il nous a montré que seul le service amoureux de l’homme peut sauver le monde. Il nous a montré que seule la charité peut vaincre la violence ; seule la charité peut renverser nos logiques de conflits et de destruction. Christ est ressuscité : c’est une certitude absolue pour moi. Et parce qu’il est ressuscité, je me dois de vivre dans l’espérance que je peux vivre de cette vie toujours plus forte. Je n’aurai pas d’autre preuve de la résurrection que mon engagement personnel en faveur de chacun pour une vie meilleure, pour une vie plus grande, telle que Dieu la veut. Il tient à chacun de nous d’y croire et de commencer à en vivre, sans autre preuve que le témoignage de tant de vies données à cause de Jésus. Amen.