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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 29 mai 2021

Trinité - 30 mai 2021

La Trinité, la comprendre ou en vivre !


            

(Jean Bourdichon, Trinité, Miniature des Grandes heures d'Anne de Bretagne, source wikipedia)



            S’il y a une erreur que nous avons longtemps faite avec la solennité de la Trinité, c’est d’en parler en termes de mystère, car dit qui mystère, entend mystère à résoudre, et donc cherche à comprendre rationnellement ce qui relève du domaine de la foi. Je vous propose alors une autre démarche qui consiste à vivre de la Trinité plutôt que de chercher à la comprendre. 

            J’entends l’objection principale : peut-on vivre ce qu’on ne comprend pas ? Je l’espère bien car il en va de la Trinité comme il en va de l’amour : l’amour ne se voit pas, l’amour ne s’explique pas, mais l’amour se vit. Si, pour aimer, vous attendez de comprendre comment « fonctionne » l’amour, d’où vient ce sentiment étrange qui est puissant avec certains et inexistant avec d’autres, vous risquez fort de n’aimer jamais, et de là de ne vivre jamais. Je crois que pour la Trinité, c’est pareil. Pas besoin de savoir comment ça marche ; pas besoin de savoir l’expliquer parfaitement. Il suffit de vivre la totalité de notre foi, comme il suffit d’aimer et de se laisser aimer. Et peut-être en est-il ainsi de l’amour et de la Trinité parce que justement il n’est question que d’amour lorsque l’on parle de Trinité.

            Ecoutez Moïse parler à son peuple : Sache donc aujourd’hui et médite cela en ton cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre. C’est une affirmation d’amour qu’il donne à son peuple. Puisqu’il n’y a qu’un Dieu, tu ne te trompes pas en l’aimant, et en faisant ainsi, tu auras bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu, tous les jours. Vivre du mystère de la Trinité commence en confessant l’unicité de Dieu et en reconnaissant les merveilles qu’il fait pour nous, par amour. Interroge donc les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre : d’un bout du monde à l’autre, est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil ? 

            En reconnaissant que ce Dieu unique nous aime au point de nous choisir pour être sa nation, son peuple particulier, nous reconnaissons que Dieu intervient dans l’histoire des hommes, non pour dominer les hommes, ni davantage pour se jouer des hommes, mais pour les sauver. C’est l’œuvre que Dieu entreprend à travers les temps, jusqu’au temps où nous sommes où il a envoyé Jésus pour nous manifester son amour et sa vérité. Nous avons célébré la réalité de ce salut durant les cinquante jours de Pâques et nous avons entendu Jésus nous envoyer faire de toutes les nations des disciples. Il ouvre ainsi à tous les hommes que Dieu crée, la possibilité de rejoindre ce peuple que Dieu se donne, ce peuple que Dieu sauve. Et le signe de ce salut, c’est ce bain d’eau, reçu au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ; c’est le bain du baptême qui fait de nous des fils et des filles de Dieu. Jésus, qui nous aime de l’amour dont Dieu seul nous aime, nous invite ainsi à nous laisser aimer. En descendant dans les eaux du baptême, nous disons notre confiance en Dieu qui nous aime et nous sauve en Jésus, mort et ressuscité. Il n’y a là rien à comprendre de particulier ; il y a juste un amour à accueillir pour qu’il puisse se déployer dans notre vie et nous conduire à la vie éternelle. C’est cela, le salut : nous laisser aimer par Dieu et nous laisser conduire par lui, à la suite du Christ, à la vraie vie. 

            C’est là qu’intervient la puissance de l’Esprit Saint qui nous donne la force nécessaire de marcher à la suite du Christ. Et puisque nous avons accueilli l’amour du Père et que nous essayons de vivre de l’enseignement de Jésus, l’Esprit Saint sera la force qui nous permettra de comprendre mieux ce que l’amour nous aura donné d’accueillir et de vivre déjà. La compréhension est seconde ; l’amour est premier. C’est pour cela que je vous invitais à vivre de la Trinité plutôt qu’à chercher d’abord à la comprendre. Et nous vivons de la Trinité lorsque nous confessons l’amour de Dieu pour nous, que nous cherchons à suivre toujours mieux le Christ Sauveur et que nous laissons la puissance de l’Esprit Saint agir en nous. Celui qui cherche à aimer comme Dieu aime est nécessairement trinitaire : il reconnaît l’amour de Dieu pour lui, il met en pratique l’enseignement du Verbe de Dieu, et il laisse l’Esprit de Dieu guider sa vie. 

            Il n’y a qu’un conseil à donner à celui qui veut comprendre malgré tout le mystère de la Trinité : celui d’aimer. Aimer comme Dieu aime ! Ecouter sa Parole livrée en Jésus et ouvrir son cœur à l’Esprit Saint. Tout ne sera qu’amour en celui qui vit de la Trinité et il vivra de cette circulation d’amour qui est en notre Dieu Un, Père, Fils et Esprit Saint. Amen. 


samedi 22 mai 2021

Pentecôte - 23 mai 2021

 L'Esprit Saint vous conduira dans la vérité tout entière.




La Pentecôte que nous célébrons aujourd’hui marque la fin du temps pascal. Nous avons célébré avec intensité le cœur de notre foi, la mort et la résurrection de Jésus ; nous avons médité son retour dans la gloire. Voici l’accomplissement de la promesse qu’il a faite à ses disciples : Je vous enverrai un Défenseur. C’est le don de l’Esprit Saint. Je voudrais reprendre avec vous cette autre affirmation de Jésus au sujet de l’Esprit, entendu dans l’Evangile de ce jour : Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. 

            En ces temps modernes, voire post-modernes, il en est beaucoup pour dire qu’il n’est pas possible de parler de la vérité, mais qu’il serait préférable de parler de vérités, puisqu’elles seraient multiples. Qui pourrait prétendre détenir la vérité dans un monde complexe et multiculturel ? Et puisque personne ne peut posséder la vérité, il faudrait accepter que l’idée même d’une vérité soit fausse. Il nous faut alors nous rappeler que Jésus lui-même n’a jamais dit détenir la vérité, mais être la vérité. Je suis le chemin, la vérité, la vie. La vérité n’est donc pas d’abord une idée, mais une personne : le Christ. Quand Jésus affirme que l’Esprit nous conduira dans la vérité tout entière, nous pouvons donc comprendre qu’il nous conduira vers le Christ, vers la pleine connaissance du Christ. Et l’Esprit Saint ne nous trompe pas quand il nous mène vers le Christ puisqu’il est l’Esprit de vérité. Il n’y a rien de faux en lui ; il est vraiment notre défenseur. 

            Notez encore que Jésus parle de la vérité tout entière, et pas d’une demi-vérité ou d’une vérité relative. Autrement dit, il nous faut considérer le Christ, mais aussi toute son œuvre pour comprendre ce que l’Esprit nous révèle. Nous ne nous attachons pas au Christ juste parce que cela fait joli, ou pour que le Christ ne se retrouve pas tout seul. Être conduit au Christ par l’Esprit, c’est entrer dans le mouvement de salut que le Christ a inauguré. C’est bien plus grand que d’être simplement un ami de Jésus. L’Esprit Saint nous fait alors découvrir que nous sommes faits pour Dieu, faits pour vivre avec lui. C’est une juste compréhension de l’œuvre du Christ, du don de sa vie sur la croix par amour pour nous. En clôturant le temps pascal, la Pentecôte nous dit que ce que nous avons célébré durant cinquante jours, ce n’est pas qu’une page d’histoire, mais bien notre histoire qui s’écrit toujours et encore, et que le salut proposé par le Christ est toujours actuel. 

            Faits pour Dieu, nous sommes aussi faits pour les autres. Avec l’Esprit Saint, nous devons rendre témoignage du Christ, de son œuvre, de ce qu’il réalise dans notre vie. Être conduit dans la vérité tout entière, c’est être conduit aussi vers notre accomplissement. Et l’accomplissement du chrétien, ce n’est pas seulement vivre de Jésus, mais témoigner de lui. J’entends cette nécessité comme l’affirmation que nous ne possédons pas, et ne possèderons jamais, le Christ. Nous ne pouvons pas mettre la main sur lui ; nous ne pouvons pas le garder pour nous. Ayant accueilli le Christ comme celui qui est la vérité de notre existence, nous ne pouvons que le partager, largement, pour que d’autres puissent reconnaître qu’il est la vérité de l’homme, la vérité de Dieu, la vérité du lien qui unit l’homme à Dieu. C’est le témoignage éloquent des Apôtres au jour même de la Pentecôte qui nous invite à prendre notre part dans cette annonce. Et il n’est pas besoin pour cela de savoir parler d’autres langues. La langue de l’amour suffit pour que les hommes, quelle que soit leur propre langue, puissent nous comprendre. C’est la langue même de Dieu, puisque Dieu est amour. 

            Arrivés au terme du temps pascal, n’en considérons pas pour autant la Pentecôte comme la fin de tout. Au contraire, les Actes des Apôtres que nous avons lu durant ces sept semaines sont l’écriture de l’œuvre de Dieu après la Pentecôte. Il nous faut donc considérer cette fête comme le commencement de la mission de l’Eglise, le commencement de la mission pour chaque baptisé. Avec l’Esprit, il n’est pas possible de s’endormir sur les lauriers de la victoire du Christ sur la mort. Avec l’Esprit, nous pouvons écrire nos propres actes pour faire advenir le règne du Christ dans tous les cœurs. Laissons-nous saisir à nouveau par cet Esprit ; laissons-nous conduire par lui dans la vérité tout entière. Amen.

samedi 15 mai 2021

7ème dimanche de Pâques - 16 mai 2021

 Un disciple du Christ, c'est quelqu'un qui...





            Nous voici rendu au septième et dernier dimanche de Pâques. L’occasion de mesurer le chemin parcouru depuis la sainte nuit de laquelle a jailli le cri qui fonde notre foi : Christ est ressuscité, alléluia ! Nous avons, avec les Apôtres, découvert ce mystère d’un Dieu vainqueur de la Mort, d’un Dieu qui fait triompher la vie (2ème et 3ème dimanche). Nous avons entendu l’enseignement du Christ vivant, et nous pouvons désormais le reconnaître comme le seul Pasteur de son peuple (4ème dimanche). Nous l’avons entendu nous inviter à rester fixés à lui, comme le sarment à la vigne (5ème dimanche) ; à garder ses commandements comme preuve de notre attachement à sa Parole (6ème dimanche) ; sans oublier notre devoir de témoigner de lui (Ascension).  Arrivés au terme de la route, avant que la Pentecôte n’inaugure une nouvelle étape, nous pouvons essayer de résumer désormais ce que doit être la vie d’un disciple du Christ. Les lectures de ce dimanche se prêtent bien à l’exercice. 

            La première lecture nous donnait à entendre ce passage des Actes qui voit Matthias rejoindre le collège des Apôtres en remplacement de Judas. Ce n’est pas une simple anecdote que nous raconte Luc, mais bien le premier acte officiel de Pierre qui remplit ainsi la mission que Jésus lui a confiée. Avant même la Pentecôte, Pierre fait naître l’idée de ce que nous appelons l’Eglise. Ces cent-vingt personnes assemblées qui, dans la prière, reconstituent le groupe des Douze voulu par Jésus, mettent sur les rails la communauté des croyants. Le disciple du Christ est quelqu’un qui vit en Eglise, qui prie en Eglise, qui décide en Eglise. Pierre donne les critères du discernement (il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur a vécu parmi nous… Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection), mais il ne décide pas seul ; chacun a une voix, chacun participe (on tira au sort). C’est la première marque du disciple du Christ ; il ne peut pas dire que le sort de la communauté lui indiffère. 

            Si je continue dans l’ordre des lectures, nous devons, avec saint Jean, reconnaître que le disciple du Christ est un aimé et un aimant. Aimé infiniment par Dieu, il doit aimer à son tour : puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. C’est une affirmation qui ne souffre pas de contestation. Il n’y a pas d’autre choix possible. C’est le seul choix pour être à la hauteur de l’amour que Dieu nous porte. Et même si notre amour peut sembler imparfait face à l’amour de Dieu pour nous, nous devons aimer, à tout le moins essayer d’aimer comme nous sommes aimés. L’amour que Dieu nous porte transfigurera notre pauvre amour pour en faire un amour aussi fort que le sien. L’amour est un autre signe que nous sommes à Dieu, que nous vivons du Christ, lui qui, par amour, a donné sa vie sur une croix. Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Dieu ne peut résider là où il n’y a pas d’amour. 

             L’Evangile nous donne alors une autre marque du croyant au Christ ressuscité. C’est quelqu’un qui a à cœur l’unité des croyants en Dieu. La grande prière de Jésus au soir du Jeudi Saint que nous rapporte Jean, se termine sur cette demande de l’unité. Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom… pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Il n’y a pas pire contre-témoignage que la désunion parce que la désunion est toujours le fait d’un manque d’amour, donc d’un manque de vivre en présence de Dieu. Il nous faut entendre cette demande d’unité pour la communauté à laquelle nous appartenons et au-delà, pour l’Eglise tout entière, et même pour tous ceux qui se disent être du Christ. Et il nous faut la prendre au sérieux. Il n’est pas possible de se dire disciples du Christ sans chercher à vivre et à faire vivre cette unité. 

            Il est un autre trait du croyant que Jésus indique dans l’Evangile quand il dit : Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Le disciple du Christ n’est pas désincarné, il ne doit pas chercher à vivre sur une île déserte à l’abri du monde. Il doit vivre dans le monde, mais sans se laisser égarer par l’esprit du monde. C’est dans le monde tel qu’il est que nous devons vivre notre foi, comme une différence qui rend fort, comme un atout qui rend sage, comme un levier efficace contre le Mal. Mais nous ne pouvons pas nous laisser « contaminer » par l’esprit mondain dont parle souvent le Pape François, cet esprit qui nous ferme les yeux sur la misère du monde, cet esprit qui nous ferait choisir le puissant contre le faible, le riche contre le pauvre. Le croyant doit être un signe de contradiction qui fait voir plus loin, plus haut, plus juste. Sa boussole, ce ne sont pas les petits arrangements entre amis, mais la Parole du Dieu vivant et vrai, qui ne lui appartient pas et qu’il doit transmettre telle qu’il l’a reçue. 

            A écouter les textes de ce jour, nous pouvons affirmer que le croyant doit vivre en ayant les pieds sur terre, le cœur ouvert et offert au monde, et la tête tournée vers le ciel. De cette tension naît sa passion pour le monde et pour Dieu. Et notre eucharistie en est le signe le plus beau : là nous sortons du monde pour une rencontre avec Dieu ; nous lui offrons ce monde et il nous renverra vers ce monde pour y témoigner de son amour pour nous et pour tous. Ainsi nous devenons toujours plus ces autres Christ, trait d’union entre Dieu et les hommes qui ne le connaissent pas encore. Amen.

mercredi 12 mai 2021

Ascension - 13 mai 2021

 Le Seigneur travaillait avec eux.



(Source internet, site Amiens-catholique)



        Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. Cette affirmation de l’évangéliste Marc n’aurait rien de surprenant s’il venait de nous relater un épisode de la vie de Jésus avec ses disciples. Mais voilà, c’est par ce verset qu’il conclut tout son Evangile et particulièrement le passage que nous avons entendu du retour de Jésus vers son Père, dans la gloire. Autrement dit, ce verset ouvre la période où Jésus n’est plus physiquement présent au milieu des siens.

            Il faut bien entendre Marc. Il dit bien : Le Seigneur travaillait avec eux, et non pas : l’Esprit du Seigneur était avec eux ou en eux. Les Apôtres ne vivent pas du souvenir de Jésus. Ils ont cette conscience de vivre avec Jésus ; que Jésus, bien que retourné chez son Père, est toujours avec eux. L’Ascension n’est pas un abandon mais inaugure une présence nouvelle, réelle, qui fait comprendre à Marc que Jésus est toujours là, qu’il est toujours à l’œuvre à travers ses Apôtres. C’est comme si, voyant les Apôtres, il voit Jésus lui-même à l’œuvre. Comprenez-vous la qualité de relation qui était celle des Apôtres avec Jésus ? Jésus même absent, ils savent le rendre présent : le Seigneur travaillait avec eux. C’est la parole d’un témoin, de quelqu’un qui a vu cette chose se produire. C’est la réalisation concrète de la promesse de Jésus à ses Apôtres : Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps. 

            Quand nous disons aujourd’hui que Jésus est avec nous, qu’il travaille avec nous, avons-nous conscience que c’est plus que juste une formule ? Prenons-nous au sérieux l’affirmation de la salutation liturgique : Le Seigneur soit avec vous ? Au-delà du souhait, ce doit être notre réalité, pas une vue de notre esprit, ni une convention religieuse. Ce n’est pas une bonne idée de catéchiste ou de prédicateur destinée à nous rassurer, du genre : le Seigneur est avec vous dans les épreuves que vous traversez. Ce qu’affirme Marc à la fin de son Evangile est tout simplement énorme. C’est pour nous une responsabilité immense : à la suite des Apôtres, par notre manière de vivre, d’agir ou simplement de parler du Christ, nous devons permettre à ceux qui nous voit vivre, à ceux qui nous voit agir, à ceux qui nous entendent parler de Jésus, de voir le Christ vivre et agir au milieu d’eux, d’entendre le Christ parler. Pour être très clair, chacun de nous, toi, toi, toi et toi quand quelqu’un te voit, il doit voir le Christ. Quand je vous dis que c’est énorme, croyez-le ! Avons-nous vraiment cette conscience, chaque jour, dans nos différents lieux d’action, de rendre le Christ présent et agissant ? Cela doit être vrai en toute chose, en tout lieu : en famille, au travail, à l’école, dans nos engagements sociaux, dans nos loisirs, en tout, Jésus travaille avec nous. Et cela doit être encore plus vrai dans toutes les situations où nous évangélisons directement : que ce soit une prédication, un temps de catéchèse, une soirée d’approfondissement de la foi, de partage biblique, de préparation d’un sacrement, ou que sais-je encore : ceux qui sont là doivent repartir avec l’impression d’avoir rencontré Jésus lui-même, et pas juste quelqu’un qui parle de lui ! 

            C’est cela la puissance de la résurrection dans notre vie ; c’est cela qui nous prouve que la résurrection n’est pas qu’une vague bonne idée pour endormir les consciences, mais la réalité de notre foi. Jésus, celui qui est mort en croix, est bien vivant, il est dans la gloire de son Père. Et il continue de vivre et d’agir avec nous, pour que sa Parole se répande encore, pour que les cœurs soient convertis, pour que la vie des hommes soit plus belle et plus grande. Et lorsqu’il nous semble que nous sommes loin de cette réalité, nous pouvons venir ici, à la messe, reprendre des forces en communiant à Jésus vivant, présent dans cette Parole qu’il nous demande d’annoncer, présent dans le Pain de l’Eucharistie partagé, pour qu’il réaffirme sa Présence vivante et réelle en nous. En cette période où des enfants de notre communauté de paroisses font leur première des communions, il est important que nous, plus anciens, témoignions ainsi, par notre présence régulière à la messe, de ce que ce sacrement réalise en nous et dans le monde. Sans cette nourriture spirituelle prise à la table de la Parole et à la table de l’eucharistie, il n’est pas possible, durablement, de rendre le Christ présent aux hommes de notre temps. Si l’Ascension est pour certains cette fête qui renvoie Jésus au ciel d'où il n'aurait jamais dû sortir, elle est pour nous la fête qui nous envoie rendre Jésus présent au cœur de notre monde duquel certains n'auraient jamais dû le croire absent. Comme il a envoyé ses Apôtres, il envoie chaque baptisé proclamer l’Evangile à toute la création. 

            Jésus entre aujourd’hui dans la gloire de son Père ; comme le rappellera la bénédiction solennelle de cette fête, il nous ouvre ainsi le chemin du ciel. Mais ce chemin ne consiste pas à rester là à contempler les cieux et à attendre le retour du Christ. Ce chemin, c’est vivre de Jésus, dès maintenant, et le faire vivre, dès maintenant, pour celles et ceux que Dieu met sur notre route. A la suite des Apôtres, travaillons pour Lui pour qu’il puisse travailler avec nous à l’établissement de son Règne. Amen.

samedi 8 mai 2021

6ème dimanche de Pâques B - 09 mai 2021

 Quand l'Esprit Saint mène la danse...






(Tableau d'Aubin VOUET, Le centurion Corneille aux pieds de St Pierre, 1639, 
Réserve Notre Dame de Paris)



            Il n’est pas toujours possible de lire des histoires bibliques en entier dans le cadre de la liturgie dominicale. Et c’est bien dommage ; comme est dommage le fait de réduire à neuf versets une histoire qui en compte quarante-huit. Le risque est grand soit d’orienter la lecture et d’en fermer la compréhension, soit de passer à côté de ce qui est vraiment important dans l’histoire ainsi résumée. C’est ce qui arrive aujourd’hui avec l’histoire de la visite de Pierre chez le centurion Corneille.

             Si je n’entends que les neuf versets lus ce matin, qu’est-ce que je comprends de l’histoire ? Je comprends que Pierre, passant par Césarée, s’est arrêté chez le Centurion Corneille. De cette affirmation, je déduis que Pierre entre chez un païen, un ennemi de la nation juive, un officier de l’armée d’occupation. Je comprends que Corneille prend Pierre pour quelqu’un d’important puisqu’il se prosterne devant lui, et que Pierre refuse cet honneur : Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. Je comprends que Pierre fait un bref discours interrompu par une manifestation de l’Esprit Saint. Et que le tout s’achève par le baptême de la maisonnée : Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Je dirai que j’ai compris le minimum syndical de toute cette affaire. Ce que je n’apprends pas, si je n’ai pas la curiosité d’ouvrir les Actes des Apôtres et de lire toute l’histoire, c’est que la venue de Pierre n’est pas son choix ; il répond à l’invitation pressante des gens de la maison de Corneille qui les a envoyés chercher Pierre après avoir eu une vision d’un ange du Seigneur. Ce que je n’apprends pas, c’est que Corneille n’est pas un païen, mais un craignant-Dieu, ce qui n’est pas tout-à-fait la même chose qu’un païen. Un craignant-Dieu, pour les Juifs de l’époque de Jésus, c’est un étranger, non juif, qui respecte la foi juive, mais sans se convertir totalement au judaïsme. Ce que je n’apprends pas, c’est le combat spirituel que Pierre a livré au moment-même où Corneille envoyait ses serviteurs le quérir : en témoigne cette vision que Pierre a eu, alors qu’il avait faim, [je cite le texte] d’une grande toile tenue aux quatre coins, et qui se posait sur la terre. Il y avait dedans tous les quadrupèdes, tous les reptiles de la terre et tous les oiseaux du ciel. Et une voix s’adressa à lui : « Debout, Pierre, offre-les en sacrifice, et mange ! » Pierre dit : « Certainement pas, Seigneur ! Je n’ai jamais pris d’aliment interdit et impur ! » À nouveau, pour la deuxième fois, la voix s’adressa à lui : « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit. » Cela se produisit par trois fois et, aussitôt après, l’objet fut emporté au ciel. Saint Luc précise encore que Pierre était tout perplexe sur ce que pouvait signifier cette vision. Je n’apprends pas davantage que le discours de Pierre chez Corneille était en fait une vraie catéchèse sur l’œuvre accomplie par Dieu en Jésus, mort et ressuscité. Mais surtout, je n’apprends pas que toute cette histoire, c’est une histoire cousue de fil blanc et que l’Esprit Saint était à la manœuvre depuis le début. Enfin, je ne peux pas, dès lors qu’il me manque tout ça, comprendre que quand l’Esprit Saint mène la danse, il est plus sage que je réponde et que je danse avec lui.

            Avec nos mentalités modernes, certains pourraient objecter alors, sachant tout cela, que Pierre n’est pas vraiment libre, puisque c’est l’Esprit Saint qui mène le bal. C’est vrai pour tout ce qui concerne l’œuvre de Dieu, Pierre n’est pas libre, s’il veut être fidèle à sa mission reçue de Jésus ressuscité ; il n’est pas libre de choisir ce qu’il va faire, qui il va visiter, pour que progresse l’Evangile, parce que l’Evangile ne lui appartient pas. L’Evangile que Pierre annonce, c’est toujours l’Evangile de Jésus Christ. Il ne peut pas le trafiquer ; il ne peut pas le tordre pour qu’il corresponde à ses vues. C’est à lui de se laisser tordre, d’entrer dans les vues de Dieu, pour correspondre à l’Evangile. C’est tout le sens de la vision qu’il a eu. Et ce qui est vrai de Pierre, est vrai de nous encore aujourd’hui. Nous pouvons choisir de vivre de l’Esprit Saint ou de ne pas en vivre : ce choix nous appartient, fondamentalement. Mais une fois ce choix fait, il nous faut accepter que l’Esprit Saint soit à la manœuvre. Et nous pouvons le faire en confiance, sachant que l’Esprit Saint ne veut rien de mal pour nous. Il sait ce qui est bon pour nous ; il sait ce qui est bon pour tous ceux vers qui il nous envoie. Il fera concourir ce qui est bien pour la mission à ce qui est bien pour nous. Nous pouvons même dire que nous trouverons notre bonheur et notre vie dans l’accomplissement de la mission que l’Esprit Saint nous confie. S’il y en a bien un qui jamais n’abuse de nous, c’est l’Esprit de Dieu. En rentrant chez vous, prenez le temps de relire tout ce chapitre dix des Actes des Apôtres, et vous verrez que c’est bien l’Esprit Saint qui met toutes les pièces en place et qui permet le bonheur final : Corneille et sa maisonnée sont baptisés, c'est-à-dire sauvés par la mort et la résurrection de Jésus. L’Evangile gagne les cœurs. Et c’est bien cela qui doit compter pour nous. Que l’Evangile progresse, que l’Evangile soit connu, que l’Evangile soit vécu. C’est cela être disciple missionnaire selon l’expression du Pape François. Gagner les cœurs, non pas à coup de lois, de jugement ou de condamnation, mais par l’œuvre de l’Esprit en nous et autour de nous. 

            Puissent ces jours qui nous mènent vers la Pentecôte, préparer nos cœurs à accueillir le don toujours nouveau et toujours renouvelé de l’Esprit Saint, et nous permettre de comprendre mieux encore que notre vie et notre joie sont dans notre participation à l’œuvre de Dieu, œuvre de salut pour celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. Amen.

samedi 1 mai 2021

5ème dimanche de Pâques B - 02 mai 2021

 Je suis la vigne, vous êtes les sarments.



(Le Christ, vraie vigne, Icône grecque écrite au 15ème siècle par Angelo Akotantos, 
Musée byzantin et chrétien, Athènes)




            Il n’y a rien de très compliqué dans l’évangile de Jean que nous avons entendu aujourd’hui. Même lorsque l’on n’a jamais vu de vigne, le principe édicté est le même pour tous les fruitiers. Il y a un tronc, des branches et au bout des branches, des fruits. Et pour que les branches puissent donner du fruit, il est préférable qu’elles soient fixées solidement à un tronc. Mais est-ce suffisant ? Tout homme qui a vu un arbre mort, sait qu’il ne suffit pas qu’une branche soit fixée à un tronc pour que du fruit jaillisse. 

Ecoutons la parole de Jésus : Moi, je suis la vigne (le tronc), et vous, les sarments (les branches). Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits. Ce dernier verset suppose qu’il y ait une circulation de vie entre la vigne et les sarments, entre le tronc et les branches. Si la sève de la vigne ne se répand plus dans les sarments, ceux-ci ne donneront pas de fruits. Le sarment aura beau être fixé à la vigne, il sera déjà mort. Le verbe demeurer suggère une proximité, une présence réelle du sarment à la vigne et de la vigne au sarment. La vie circule entre les deux et le fruit devient possible. Ce que nous dit Jean, c’est qu’on ne peut pas juste être fixé au Christ, sans demeurer en lui. Demeurer en Christ, c’est vivre de lui. Et vivre du Christ, c’est vivre de sa Parole et de ses Sacrements. Voilà la sève qui fait circuler en nous la vie du Christ. Ecoutons encore Jésus : Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. La Parole du Christ doit donc demeurer en nous ainsi que les sacrements qui sont fondés par sa Parole. Le baptême : Allez, de toutes les nations, faites des disciples et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. L’eucharistie : Prenez et mangez, ceci est mon Corps ; prenez et buvez, ceci est mon sang…Faites cela en mémoire de moi. La confirmation : Recevez l’Esprit Saint. La réconciliation : Tout homme à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis. Le sacrement des malades : Je le veux, sois purifié, sans oublier l’enseignement de saint Jacques. Le mariage : à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. L’ordre : Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis. Voilà la sève que nous devons accueillir, que nous devons laisser circuler en nous et que le Christ nous donne en abondance. Voilà ce qui nous permet de porter du fruit pour le Christ, par le Christ. Sans lui, nous ne sommes que du bois mort ; sans lui, nous ne pouvons rien. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car, en-dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 

Ils sont dans l’illusion, ceux qui pensent qu’il suffit d’avoir été ajouté au nombre des chrétiens pour être définitivement attachés au Christ. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève… Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. C’est donc au fruit que l’on reconnaît le sarment qui demeure en Jésus. Quiconque laisse la Parole du Christ et les sacrements irriguer sa vie, porte du fruit, vit comme un disciple véritable de Jésus. Par sa Parole, le Christ éclaire notre vie ; par les sacrements, Dieu nous offre la grâce de vivre selon cette Parole. Tout est lié ! Tout est donné ! Tu veux porter du fruit ? Accueille la sève, accueille la vie que le Christ t’offre. Accueille-la totalement. Laisse Dieu agir en toi et jamais tu ne seras un sarment mort. 

L’histoire de Saul (Paul de Tarse), dont nous avons entendu un extrait significatif, nous montre très justement que l’on peut s’attacher à Jésus même après lui avoir été opposé. De persécuteur, Saul devient Apôtre (Saint Paul). Il a laissé le Christ entrer dans sa vie au point que sa vie en est totalement bouleversée, au point qu’il deviendra lui-même un persécuté, à cause de son attachement à Jésus. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Il suffit aujourd’hui d’ouvrir un Nouveau Testament pour constater les fruits nombreux que Paul a portés après avoir répondu à l’appel de Jésus.  Selon le propre mot de l’Apôtre des Nations, ce n’est plus [lui] qui vit, c’est le Christ qui vit en [lui]. 

Que l’eucharistie que nous célébrons nous donne d’accueillir toujours la Parole de Dieu dans notre vie. Que le sacrement de la présence réelle du Christ nourrisse notre foi et nous attache toujours plus solidement à celui qui est notre vie ; lui-même vivra en nous et nous donnera de porter des fruits en abondance, aujourd’hui et toujours. Amen.