Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 31 janvier 2015

04ème dimanche ordinaire B - 01er février 2015

Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?




Noël n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Les anges qui chantaient la gloire de Dieu, les bergers qui se précipitaient à la crèche, les mages : tout le monde est désormais rentré, retourné à sa  vie d’avant. Chez nous, les personnages de la crèche sont bien rangés, ou s’apprêtent à l’être dès demain puisque la fête de la présentation du Seigneur au Temple est la date ultime de l’exposition de la crèche. Si nous avions vécu à l’époque de Jésus, peut-être aurions-nous eu la chance d’être auprès de Jean le Baptiste lorsque Jésus est venu pour être baptisé par lui. Toujours est-il que nous le retrouvons aujourd’hui, avec ses premiers disciples à Capharnaüm, dans la synagogue où il enseigne. Soudain, un cri : que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? 
 
Nous ne pouvons pas ne pas entendre cette question aujourd’hui ! Elle doit même, en un sens, devenir notre question. Que nous veut-il ce Jésus de Nazareth avec son enseignement nouveau ? Vient-il changer notre religion ? Vient-il bouleverser nos habitudes ? Au nom de qui ? Au nom de quoi ? Ces questions sont nécessaires pour ne pas ranger simplement Jésus au rang des grands personnages de l’Histoire. Ces questions nous permettront de passer du Jésus de l’Histoire au Jésus de la Foi. Le cri qui est adressé à Jésus pose la question de sa légitimité. Car nous sentons bien, depuis que nous suivons Jésus dans l’Evangile de Marc que quelque chose se prépare, que quelque chose de neuf est en train d’advenir. Oui, que nous veut-il, ce Jésus de Nazareth ?
 
Mais le cri de cet homme ne s’arrête pas à ce questionnement ; il se prolonge en une affirmation étrange pour celles et ceux qui l’entendent : Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. L’homme qui pousse ce cri étant tourmenté par un esprit impur, je ne suis pas certain que les auditeurs aient tous donné crédit à cette dernière affirmation. S’ils peuvent aisément faire leur ses questions (ne s’interrogent-ils pas sur le sens des événements auxquels ils assistent ?), je ne suis pas sûr qu’ils reconnaissent déjà en Jésus celui que Dieu envoie. Ils ont dû mettre cette dernière affirmation sur le compte de la folie de cet homme : il dit n’importe quoi, il est tourmenté par un esprit impur ! 
 
La réaction de Jésus aurait dû leur mettre la puce l’oreille : Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » Il impose le silence. Il a quelque chose à cacher, quelque chose qui ne doit pas encore être su. Quelque chose qui ne sera révélé qu’à la fin de l’histoire ; quelque chose qui ne pourra vraiment être révélé qu’à ce moment-là, lorsque Jésus sera cloué en croix. C’est le secret de la personne de Jésus. Le cri de l’homme tourmenté trouve ici une première réponse, mais la réponse définitive ne sera révélée qu’avec sa mort et sa résurrection. 
 
Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Si c’est l’esprit impur qui parle à travers cet homme, alors la réponse est oui : Jésus est venu combattre le Mal qui empêche l’homme de vivre sa pleine humanité. Si c’est l’homme qui pose la question, la réponse est : non, Jésus n’est pas venu nous perdre, il est venu nous sauver, il est venu nous rendre notre pleine dignité. Il a autorité sur les forces opposées à une humanité libre, il a autorité sur les forces qui s’opposent à une humanité consciente de sa dignité. Il vient redire à l’homme qu’il a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il vient rendre Dieu aux hommes et rendre les hommes à Dieu. Hors de l’homme tout ce qui n’est pas Dieu ; hors de l’homme, tout ce qui s’oppose à Dieu ; hors de l’homme, tout ce qui entrave sa liberté ; hors de l’homme, tout ce qui salit sa pureté. Que l’homme soit seulement mais totalement ce que Dieu en a fait ! 
 
Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Que ces questions, loin de nous troubler, soient pour nous source d’apaisement et de réconfort. En suivant Jésus, en écoutant son enseignement, en regardant ce qu’il fait, nous pouvons acquérir la certitude qu’un monde nouveau est inauguré, que le règne du Mal touche à sa fin. Avec Jésus, nous n’avons rien à perdre ; avec Jésus, nous avons tout à gagner, surtout notre vie. Amen.
 
 
(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année B, éd. Les presses d'Ile de France)

vendredi 23 janvier 2015

03ème dimanche ordinaire B - 25 janvier 2015

L'unité des chrétiens.




Nous terminons ce dimanche la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Elle passe souvent inaperçue, se limitant à un temps de prière réunissant les chrétiens de diverses confessions. Mais en-dehors de ce temps, que faisons-nous ? Travailler à l’unité des chrétiens n’est pourtant pas matière à option. Notre foi nous y oblige : question de crédibilité ;  question de témoignage à la face du monde. Permettez-moi donc en ce dimanche de vous livrer deux réflexions au sujet de l’unité des chrétiens, appuyées sur la Parole de Dieu entendue aujourd’hui.  
 
Ma première réflexion, je voudrais l’appuyer sur le livre de Jonas. Voilà un homme envoyé par Dieu annoncer à une ville sa destruction. Dans un premier temps, Jonas refuse, connaissant bien son Dieu et son immense amour pour les hommes. L’envoyé craint que la ville réagisse positivement à son message et se convertisse, retenant ainsi le bras vengeur de Dieu. Curieuse réaction de la part d’un envoyé ! Il sait que le peuple va réagir, il semble vouloir faire échouer lui-même sa mission. Après bien des péripéties, il ira malgré tout, poussé par ce Dieu qui l’envoie. Et la ville se convertira : et Dieu ne détruira pas. Voilà qui nous donne à méditer : Dieu ne veut pas user de la force pour nous convertir : il nous envoie des messagers nous prévenir de ce qui pourrait arriver si la conversion ne vient pas. Mais son projet ultime, c’est toujours que l’homme se convertisse et qu’il vive. Dans nos rapports entre chrétiens, il en est de même. Personne ne saurait user de la force pour imposer son Eglise. Tous, nous avons à nous convertir pour découvrir l’amour immense de Dieu pour nous et conformer notre vie à cet amour. Lorsque l’Eglise nous demande de prier pour l’unité, elle nous demande de nous rendre capable, dans la prière, d’entrer dans ce projet de Dieu, projet que Saint Paul  résumait ainsi : faire un seul peuple de tous les hommes autour du Christ. Nous n’avons pas à avoir peur des conséquences. Nous n’avons pas à douter de la présence de Dieu, ni de son amour. Notre prière est comme le cri de Jonas : elle portera ses fruits et nous n’avons pas à les redouter. L’Eglise ne pourra sortir que grandie d’une réconciliation et d’une unité retrouvée. 
 
Ma deuxième réflexion rejoint davantage l’Evangile que nous venons d’entendre. Nous voyons Jésus appeler des hommes divers : Simon n’est pas André ; Jacques n’est pas Jean. Lorsque l’on regarde le groupe des Douze dans son ensemble, nous apercevons des hommes différents par leurs opinions politiques, par leurs tempéraments, par leurs métiers. Et pourtant, ce groupe sera uni autour du Christ. C’est que l’unité n’est pas l’uniformité. L’essentiel, c’est la foi commune au Dieu Père, Fils et Esprit Saint, reconnue dans la communauté des croyants rassemblés. Les différentes Eglises chrétiennes ont des rites différents : mais déjà elles reconnaissent un même baptême, s’appuient sur les mêmes Ecritures, confessent la même foi. Le temps viendra, je le crois, où elles deviendront capable de reconnaître leurs ministres respectifs, permettant ainsi un partage de la Table eucharistique. Le temps viendra où elles sauront reconnaître dans leurs fonctionnements différents, la réalisation de l’unique Eglise du Christ, dans laquelle plusieurs demeures peuvent exister. Paul, en son temps, l’écrivait déjà : il n’y a pas à se réclamer qui de Paul, qui de Pierre : tous, nous appartenons au Christ : c’est lui qui nous obtient la vie par sa mort et sa résurrection. Personnellement, je ne rêve pas d’une Eglise où tous seraient catholiques, ou protestants, ou orthodoxes : je rêve d’une Eglise où, malgré nos différences – et avec elles –  nous puissions nous asseoir à la même table, partager la parole et le pain. Quel témoignage se serait pour le monde ! 
 
Se convertir ; croire que le temps est venu de s’unir autour du seul Christ, à la rencontre du seul Dieu, sous la conduite de l’unique Esprit : voilà le chemin qu’il nous faut résolument emprunter. Ce n’est pas une question de mode : c’est une question de vie. Comment, en effet témoigner d’un Dieu d’amour, d’un Dieu qui pardonne, si entre chrétiens, nous ne sommes pas capables de lever les obstacles à une communion vraie, dans le respect des différences ? Le chemin sera peut-être encore long. Mais il est chemin d’avenir et d’espérance, car Dieu lui-même nous y conduit et nous y attend. Alors, laissons là nos craintes et suivons-le ! AMEN.

vendredi 16 janvier 2015

02ème dimanche ordinaire B - 18 Janvier 2015

Parle, seigneur, ton serviteur écoute !




Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! C’est sans aucun doute la plus belle affirmation que notre foi puisse poser. Elle contient notre volonté de nous mettre à l’écoute de notre Dieu et à son service. A ce titre, elle fait partie des grandes affirmations que l’on peut attribuer à chaque saint. Elle dit aussi la finalité de notre existence de croyant : vivre totalement uni à Dieu, de telle sorte que sa parole soit notre parole, que sa volonté devienne notre volonté. Elle est finalement le programme de toute une vie croyante. Ce n’est pas l’affirmation d’un moment, mais bien le fil rouge de toute une vie. Jamais nous n’aurons fini de nous mettre à l’écoute de Dieu. Jamais nous n’aurons fini de nous mettre à son école. 
 
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! C’est aussi une des affirmations les plus difficiles à tenir. Elle fait partie de ces paroles vite dites, qui engagent une existence et que notre péché vient sans cesse mettre à mal. Parle, Seigneur, ton serviteur voudrait écouter ! Parle, Seigneur, ton serviteur voudrait vivre selon ta parole ! Mais combien cela est parfois difficile ! Il y a tant de choses, d’événements, de circonstances qui nous détournent de cette parole, qui empêchent une écoute attentive, qui reculent sans cesse la réalisation de cette parole dans notre vie. 
 
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! Faudrait-il donc s’abstenir de la prononcer cette parole, pleine de foi, mais souvent assourdie par mon péché, par ma capacité à ne pas écouter Dieu ? C’est peut-être justement parce qu’elle est difficile à vraiment mettre en pratique qu’il faut la redire souvent. Comme une grâce que l’on implore ! Parle-moi encore, Seigneur, ta parole finira par produire son fruit en moi ! Parle-moi encore, Seigneur, tu sais que sans toi, je ne puis rien ! Parle-moi encore, Seigneur, j’ai tant besoin de te sentir à mes côtés ! 
 
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! Cette parole du jeune Samuel annonce déjà la figure du Christ, le Serviteur qui écoutera et qui réalisera entièrement, dans sa vie et dans celle de ses frères, la volonté de salut de Dieu. C’est bien le Christ qui est annoncé dans cette figure du jeune Samuel, couchant dans le Temple en serviteur fidèle, et acceptant de se mettre au service de cet inconnu qui l’appelle. Jésus est le vrai Serviteur qui ira jusqu’au bout de l’écoute, jusqu’au terme de la réalisation de la parole donnée par Dieu. Toute la vie du Christ est une réponse amoureuse à l’appel de Dieu ; toute la vie du Christ est réponse favorable au projet de Dieu quelles qu’en soient les difficultés.  Toute sa vie sera un OUI absolu au Dieu de l’Alliance qui entre en relation avec chacune de ses créatures. 
 
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! Voici donc que cette parole nous est laissée comme un héritage à accepter, comme une route à suivre pour connaître le vrai bonheur que Dieu nous propose de vivre. Alors que nous cherchons souvent ailleurs, voilà que ce bonheur nous est proposé dans cette simple parole : nous mettre (enfin !) totalement au service de la volonté de Dieu pour nous. Cette phrase nous fait accepter que Dieu soit Dieu ; cette phrase nous fait comprendre que nous pouvons, en répondant à son appel, perfectionner en nous cette image et ressemblance de Dieu enfouie au plus profond de nous. 
 
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! C’est tellement simple et à la fois tellement lointain. C’est tellement beau et à la fois tellement terrifiant. Il faut que je laisse un Autre, l’Autre devenir le maître de ma vie pour me trouver vraiment. Il faut que je laisse Dieu grandir en moi pour que je puisse grandir en lui. 
 
N’ayons donc pas peur : puisque le Christ, premier de tous les serviteurs, est sorti vainqueur de la grande épreuve, nous pouvons sans crainte marcher à sa suite et dire en confiance : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! Nous pouvons sans crainte nous abandonner en Dieu : il est source de vie et de joie. Amen.
 
(Dessin de Coolus, Blog du lapin Bleu)

samedi 10 janvier 2015

Le baptême du Seigneur - 11 janvier 2015

Jean le Baptiste, Jésus et nous : le même baptême ?
(Homélie donnée au collège saint Etienne de Strasbourg, à l'occasion du baptême de 4 élèves).




Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça se bouscule aux portes du baptême aujourd’hui. Il y a Jean le Baptiste et les foules qui viennent vers lui ; il y a Jésus qui vient demander un baptême dont il n’a pas vraiment besoin ; et aujourd’hui, il y a Louison, Jules, Raphaël et Hervé qui demandent eux-aussi un baptême. Mais parlons-nous toujours de la même chose ? 
 
Le baptême de Jean, d’abord, ou, pour être plus juste, le baptême que donne Jean. Ce n’est pas un sacrement au sens où nous l’entendons aujourd’hui, c’est-à-dire un signe efficace de la grâce ; ce n’est pas davantage une entrée dans l’Eglise, et pour cause : l’Eglise n’existe pas encore ! Alors qu’est-ce que ce baptême ? Ce baptême est un signe de conversion du cœur et d’humilité. Ceux qui s’approchent de Jean pour recevoir son baptême, viennent dire leur désir de revenir vers Dieu, de changer de vie. Ils croient qu’un autre monde est possible. C’est d’abord une démarche personnelle qui n’engage qu’eux. C’est un signe de changement de vie que les pécheurs se donnent à eux-mêmes et donnent à la société dans laquelle ils vivent. Ils sont si nombreux à venir vers Jean que les autorités religieuses s’inquiètent et envoient des gens à eux se renseigner. Que se passe-t-il là, au bord du Jourdain ? Jean le Baptiste, nous l’avons entendu dans l’Evangile, reconnaît que le baptême qu’il donne n’est pas le signe ultime ; un autre viendra qui baptisera dans l'Esprit Saint. Il a conscience que son geste n’est que transitoire. Il prépare à la venue d’un autre, plus fort que lui. 
 
C’est ainsi que Jésus vient vers Jean. Il vient lui aussi recevoir ce baptême. Ce baptême que Jésus reçoit est donc d’abord le baptême que donne Jean. J’avoue que j’aurais aimé voir la tête de Jean, en voyant Jésus venir vers lui. D’autres évangélistes soulignent cette surprise. Jean sait bien que Jésus n’a pas besoin de conversion. Et pourtant, il demande ce baptême. Il signifie ainsi publiquement que Dieu se fait vraiment homme, passant par les mêmes chemins que lui, l’accompagnant sur la route de sa misère pour le conduire à la conversion vraie. D’ailleurs, même si c’est bien le baptême donné par Jean que Jésus reçoit, on peut s’interroger : est-ce bien le même baptême que les autres ? Parce que, pour Jésus, il se passe quelque chose d’unique quand il remonte de l’eau. Là où les autres étaient simplement mouillés et avaient peut-être le cœur en paix, quand Jésus remonte de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. Voilà qui donne un surcroit de sens au baptême que reçoit Jésus. Ce n’est plus seulement un signe de conversion, mais le signe que Dieu est bien avec cet homme particulier ; mieux encore, le signe que cet homme particulier est Dieu ! Au moment de son baptême, Jésus est révélé à lui-même après avoir été révélé aux pauvres à travers les bergers, et au monde à travers les mages, au moment de sa naissance. Une manière de dire que, si en grandissant Jésus s’était imaginé se faire un film en pensant que Dieu l’envoyait vers les hommes pour les sauver, désormais, il pouvait avoir la certitude d’être dans le vrai. Dieu trouve sa joie en Jésus ; il trouve en ce Fils engendré il y a quelques années maintenant, celui qui lui correspond et lui répond totalement. Dès le début de sa vie publique, rien ne sépare le Fils du Père. On peut même dire, en lisant les évangiles, que plus Jésus se révèle Dieu, plus Dieu se révèle homme. La prière de l’Eglise dit : il a vécu notre condition d’homme en toute chose, excepté le péché. En Jésus, Dieu traverse nos vies, leur ouvrant un avenir. Rien ne sera plus comme avant. Il y a bien un avant Jésus et un après Jésus. Jamais plus le monde ne sera pareil. 
 
Et nous voici donc aujourd’hui à répondre à la demande de Louison, Jules, Raphaël et Hervé. Ils demandent à leur tour le baptême, comme Jésus demandait jadis le baptême à Jean. Demandent-ils la même chose ? Si le monde, après Jésus, n’est plus tout-à-fait pareil à avant, le baptême n’est plus, lui aussi, tout-à-fait pareil. Nous prenons toujours de l’eau, comme Jean le Baptiste ; il dit toujours notre conversion, comme du temps de Jean le Baptiste. Mais il dit plus que cela. Le baptême que nous recevons dit aussi notre attachement à Jésus. Nous recevons ce baptême conformément à l’ordre de Jésus ressuscité à ses disciples : Allez dans le monde entier, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. En répondant à la demande de Jésus, nous faisons entrer vos camarades dans une grande famille, celle que Jésus a libéré une fois pour toutes du Mal et de la Mort. Louison, Jules, Raphaël et Hervé, comme nous-mêmes au jour de notre baptême, deviendront dans un instant des disciples de Jésus Christ, témoins de sa résurrection, témoins de sa puissance de vie répandue par toute la terre. Avec saint Jean, le disciple que Jésus aimait, le disciple qui nous a laissé un évangile et des lettres, nous pouvons même affirmer que le baptême nous rend identique à Jésus puisqu’il fait de nous des enfants de Dieu. Nous ne le verrons pas et nous ne l’entendrons pas comme Jésus l’a vu et entendu sur les bords du Jourdain, mais aujourd’hui, je puis vous l’assurer, l’Esprit va descendre sur vos camarades et le Père va reconnaître en eux ceux en qui il trouve sa joie. Parce qu’il y a de la joie chez Dieu quand des garçons et des filles demandent à faire partie de sa famille. Le baptême que vous allez recevoir marquera bien votre adoption par Dieu. Désormais, vous serez frères et sœurs de Jésus ; vous deviendrez aussi nos frères et sœurs. Votre vie ne sera plus tout-à-fait la même après que vous serez passés par les eaux du baptême. Oh, vous serez encore vous ; vous aurez les mêmes qualités et sans doute les mêmes défauts. Mais quelque chose aura quand même changé. Vous-mêmes et ceux qui vous connaissent ne le remarquerez peut-être pas tout de suite, mais … vous aurez changé et vous serez appelés à toujours changer. 
 
En effet, devenir chrétien ce n’est pas l’œuvre d’un jour, c’est l’œuvre d’une vie. D’une vie placée sous le regard de Dieu ; d’une vie ouverte au désir de Dieu de vivre pour toujours avec vous. Devenir chrétien, c’est accepter de devenir toujours plus comme Dieu : saint parce qu’il est saint. Cela ne s’apprend pas en un jour ; cela se travaille toute une vie. Etre chrétien, c’est un art de vivre. La longue liste de celles et de ceux que l’Eglise reconnaît officiellement saints vous montre que les chemins de sainteté sont nombreux et variés. Mais tous ont un point commun : la vie à la suite du Christ. En suivant Jésus, vous ne vous tromperez jamais. En suivant Jésus, vous apprendrez les subtilités de cet art de vivre. En suivant Jésus, vous réussirez votre vie. 
 
Aujourd’hui, certains veulent nous faire croire que tout cela (le baptême et tout le reste), c’est une perte de temps, une survivance du passé appelée à disparaître. Ils ont le droit de le croire. Mais nous avons le droit de leur montrer qu’ils se trompent. On ne perd pas son temps à développer ses qualités ; on ne perd pas son temps à cultiver une véritable relation avec Jésus qui veut notre bonheur ; on ne perd pas son temps à essayer de nous rendre meilleur ; on ne perd pas son temps à essayer de rendre le monde meilleur ; on ne perd jamais son temps à aimer comme Jésus aime. On ne perd jamais son temps quand on a fait le bon choix. Et quel meilleur choix l’homme peut-il faire, si ce n’est le choix de la vie plus forte que la mort ? Quel meilleur choix l’homme peut-il faire, si ce n’est le choix de l’amour plus fort que la haine ? Quel meilleur choix l’homme peut-il faire, si ce n’est le choix du pardon plus fort que la vengeance ? 
 
On a vu, ces derniers jours et de manière dramatique, ce que cela donne quand l’homme vit avec une image déformée de Dieu. La fête du baptême de Jésus, marquée par l’attestation du Père que Jésus est bien le sujet de sa joie, nous redit que nous avons fait le bon choix, et que le chemin que nous suivons est le chemin véritable qui mène à Dieu, à la suite de Jésus son Fils. Louison, Jules, Raphaël et Hervé, soyez toujours fiers du choix que vous faites aujourd’hui. Soyez toujours sûrs que Dieu marche avec vous. Soyez toujours certains de n’être jamais seuls puisque l’Eglise vous accueille aujourd’hui. Soyez toujours fidèles à Dieu qui vous reconnaît comme ses enfants. Et vous qui les entourez aujourd’hui, soyez toujours à leur côté : notre foi construit la leur ; leur foi naissante rend plus sûre la nôtre. Puissions-nous ensemble donner de l’Eglise et du Christ un visage toujours plus vrai. Alors le monde saura combien il est aimé de Dieu. Dieu trouvera en lui sa joie ; et le monde trouvera en Dieu sa vie et son avenir. Amen.

(Tableau du Baptême de Jésus peint par Sieger KÖDER)

samedi 3 janvier 2015

Epiphanie - 04 janvier 2015

A chacun sa route, chacun son destin...



Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Ainsi parlait Jean dans le prologue de son évangile entendu le jour de Noël. Il nous rappelait ainsi qu’il ne suffit pas que Dieu lui-même vienne dans le monde pour que tous accourent. Seuls quelques bergers se sont dérangés, nous disent les autres évangélistes. Des bergers et des étrangers. C’est tout le sens de cette fête de l’Epiphanie que nous célébrons aujourd’hui. 
 
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. On pourrait un peu vite dire que c’est bien le cas d’Hérode. Mais ne lui jetons pas trop vite la pierre en ce jour. Mettez-vous à sa place : des étrangers débarquent chez lui, au palais, cherchant le roi des Juifs qui vient de naître ! Enfin, il sait bien qu’il est le roi : il sait bien aussi que sa femme n’est pas enceinte ; comment un nouveau roi des Juifs aurait-il pu naître sans qu’il en soit informé le premier, et pour cause ? Sa surprise n’a rien de déplacé. Vous l’auriez été tout autant à sa place. Elle n’est même pas condamnable. Il cherche même à comprendre et réunit tout ce que Jérusalem compte d’intellectuels et de savants. Ils apportent des réponses à ses questions. Mais il en reste une qui n’est peut-être pas posée : comment n’ont-ils pas pu voir ce qu’ont vu ces étrangers ? Comment ont-ils pu seulement permettre une telle surprise ? Il ne suffit donc pas d’être intelligent pour découvrir le Christ et aller à sa rencontre. 
 
Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ce qu’affirme Jean ainsi dans son prologue, nul doute que ces étrangers le vivent. On ne sait pas trop quelle mouche les a piqués pour qu’ils laissent ainsi tout ce qui faisait leur vie jusqu’à maintenant, pour se risquer dans un voyage hasardeux et risqué. Ils ont vu une étoile et ils se sont mis en route. C’est peu de chose, une étoile ! Le ciel en est plein ! Pourquoi, en voyant celle-là justement, changer sa vie ? Nous ne le saurons jamais ; mais cela nous apprend que les grandes révélations se font quelquefois par des petits signes. Nul besoin d’un nouveau big-bang pour que Dieu se révèle à l’homme. Nul besoin de manifestation extraordinaire pour faire bouger les hommes. Une étoile dans le ciel a suffi. Une simple lumière nouvelle, et ces hommes se sont mis en route. Cela en dit long sur cet enfant nouveau-né. Sa venue vient éclairer nos vies d’une manière particulière ; sa naissance nous remue et nous fait bouger, si nous savons le reconnaître et l’accueillir. En trois cadeaux, ils disent qui est l’enfant et son avenir : l’or des rois, l’encens des dieux et la myrrhe pour l’embaumement des morts. Cet enfant est roi, cet enfant est Dieu, cet enfant offrira sa vie. Quelle révélation ! Quelle sagesse surtout pour la saisir ainsi, dès le commencement d’une vie. Assurément c’est un don que Dieu leur a fait de saisir ainsi ce qu’il a caché aux sages et aux savants de son peuple. Assurément ils avaient le cœur et l’esprit ouvert à l’irruption de Dieu dans la vie des hommes, dans leur vie. En venant se prosterner devant lui, ils disent aussi que cet enfant, bien que né dans un peuple particulier, est venu pour tous les hommes, pour éclairer tout homme, quelle que soit son origine. Les frontières du peuple de Dieu explosent et s’élargissent dès ce jour. On comprend mieux que le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il n’y a plus de privilège de caste ou de naissance. Désormais, tout homme a accès au Dieu unique et vrai s’il désire l’accueillir. Désormais, toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile.
 
Ces mages et les cadeaux qu’ils offrent nous renvoient à notre propre expérience. Qu’avons-nous vu en venant à la crèche ? Qu’avons-nous reconnu dans l’enfant qui y est couché ? Est-il juste pour nous un mignon petit garçon, nouvellement né ? Ou bien est-il notre roi, notre Dieu, celui qui offrira sa vie pour nous ? Nous fait-il bouger et nous émerveiller comme ces mages ? Ou nous fait-il trembler et craindre comme Hérode ? La crèche est-elle un décor joli pour un mois dans l’année ou est-elle le début d’une aventure qui nous ramènera chez nous par un autre chemin ? 
 
Au-delà du côté un peu merveilleux de cette visite des mages, il y a de vraies questions qui se posent à nous. Nos réponses traduiront notre foi. Si nous suivons les mages, l’enfant grandira et se fortifiera ; notre vie en sera changée. Si nous suivons Hérode, l’enfant mourra. Nous le rangerons dans son carton jusqu’au Noël prochain, mais rien n’aura changé dans notre vie. Avec Noël, nous nous sommes émerveillés ; avec l’Epiphanie, il faut nous décider. Quel sera ton choix ? Quelle sera ta voie ? Comme le dit la chanson : A chacun sa route, chacun son destin, passe le message à ton voisin. Amen.

(Gustave DORE, Les mages guidés par l'étoile)