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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 25 février 2023

1er dimanche de Carême A - 26 février 2023

 Revenez à moi, je vous rends libres !





 

 

 

            Mercredi, le prophète Joël nous invitait à revenir au Seigneur. Durant tout le temps du Carême, nous découvrirons chaque dimanche une raison particulière de revenir au Seigneur et nous écrirons ainsi notre Bonne Nouvelle pour aujourd’hui, celle qui fait que nous voulons refaire le choix de Dieu. Car Dieu ne veut pas juste être un « truc en plus » dans notre existence, il veut nous mener à la joie d’être sauvé. Commençons le chemin qui nous fera revenir au Seigneur, dans la joie et les chants. 

            Une des grandes aspirations de l’homme, c’est sa liberté. Notre nation en est bien consciente, elle qui a choisi de faire de ce mot le premier de sa devise. Toute la question est alors de savoir définir cette liberté. Suis-je vraiment libre, au point de faire et dire tout ce que je veux, quand je veux ? Nous savons bien que non. La sagesse populaire nous rappelle ainsi que ma liberté s’arrête là où commence celle des autres. Et nous avons tous fait l’expérience collective d’une privation de liberté d’aller et venir lors de la pandémie liée au COVID. La liberté absolue n’existe pas, sauf à devenir un tyran et à se garantir une liberté absolue personnelle au détriment de celle des autres. Pour que le plus grand nombre puisse connaître un début de liberté, chacun doit renoncer à une part de la sienne. Ainsi, nous avons renoncé à l’esclavage, nous avons renoncé à une liberté d’expression absolue parce que nous estimons que toutes les opinions ne sont pas bonnes à partager. Nous voyons bien que ce qui est mauvais réduit sensiblement notre liberté. Et je ne parle pas des addictions qui peuvent nous donner l’illusion de la liberté alors qu’elles nous enchainent à elles, nous enferment dans un monde imaginaire. Face aux nombreuses tentations, nous ne faisons pas toujours mieux qu’Eve qui se laisse avoir par le discours trompeur du serpent. Et quand elle et son mari ont transgressé la Loi de Dieu, ils se rendirent compte qu’ils étaient nus, c'est-à-dire qu’ils n’ont rien gagné de ce qu’ils avaient espéré, et qu’ils ont perdu beaucoup. La suite du récit nous les montre se cachant de Dieu, remplis qu’ils étaient de peur et sans doute aussi de honte. La liberté serait-elle une conquête vaine ? 

            Regardons alors Jésus qui, lui-aussi, se voit assailli par le tentateur. Le diable sait qui est Jésus (le Fils de Dieu), et donc de quoi il est potentiellement capable. Et c’est d’ailleurs là qu’il appuie pour tenter Jésus : Si tu es Fils de Dieu, fais comme je dis… Il met Jésus en demeure de prouver sa prétention à être envoyé par Dieu. C’est une version primitive du petit jeu : cap’, pas cap’. Un combat de coq que Jésus refuse. Sa liberté, il ne la place pas dans la preuve de celui qu’il est, mais dans l’obéissance à l’Ecriture, dans l’obéissance à la parole de ce Père qui l’a envoyé. Il ne provoque pas le mal, il lui fait obstacle : ce que tu demandes, il n’est pas bon que je le fasse parce que l’Ecriture dit autrement. Là où Eve avait échoué, Jésus réussit : il reste le gardien de la Parole confiée. La liberté de Jésus n’est pas dans ce qu’il serait capable de faire (changer des pierres en pain, obliger Dieu à intervenir en sa faveur et obtenir avant son heure la gloire de tous les royaumes du monde) ; non, sa liberté, il la met en Dieu, en sa Parole, et ce faisant, il nous invite à faire de même. C’est parce qu’il a fait le choix de Dieu qu’il est libre ; c’est parce qu’il a fait le choix de Dieu que le mal n’a pas de prise sur lui et que le diable finit par le quitter. 

            C’est une partie de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Notre liberté, nous n’avons pas à la conquérir, notre liberté nous sommes invités à l’accueillir. Elle est un don que Dieu nous fait, en Jésus Christ. Souvenez-vous de ce cantique ancien : Dieu fait de nous en Jésus Christ, des hommes libres. Tout vient de Lui, tout est pour Lui ; qu’Il nous délivre ! Cette liberté offerte nous fait renoncer à nos rêves de grandeur et de puissance. C’est une liberté qui fait de nous des fils et des filles du Dieu Très-Haut, lui qui nous a appelés à la vie et qui nous veut vraiment libres. Il n’y a pas de liberté dans le mal ; il n’y a pas de liberté dans la puissance. Il n’y a de liberté vraie qu’en Dieu parce que lui seul nous donne la force de résister à ce qui détruit l’homme, à ce qui opprime l’homme, à ce qui divise les hommes. Je suis vraiment libre lorsque je renonce à mon désir d’être mon propre Dieu et que j’accepte d’être fils de ce Dieu d’amour, compatissant, miséricordieux, qui ne veut pour moi que le meilleur. Paul nous le fait bien comprendre dans sa lettre aux Romains : de même que par la désobéissance d’un seul être humain (Adam) la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul (le Christ) la multitude sera-t-elle rendue juste. La désobéissance d’Adam ne nous a pas rendus libres, mais esclave du péché. L’obéissance du Christ fait de nous des justes, des êtres souverainement libres parce non soumis au péché qui enchaine l’humanité. Suivre la voix du tentateur ne rend jamais libre ; au contraire, elle nous enferme, nous coupe des autres, toujours. Suivre la voix de Dieu nous libère parce qu’elle nous ouvre aux autres, nous fait veiller sur eux en semant le bien et l’amour. 

Entre une liberté qui mène à la mort, celle proposée par l’adversaire, et une liberté qui conduit à plus de vie, celle proposée par Dieu, j’ai fait mon choix. C’est un choix à refaire chaque jour, tant il est vrai que le diable ne quittera notre vie qu’à la fin des temps. Il est comme un lion qui rugit, il va et vient à la recherche de sa proie. Résistons-lui avec la force de la foi, avec cette liberté que donne notre foi. Amen.

mercredi 22 février 2023

Mercredi des Cendres - 22 février 2023

 Revenez à moi de tout votre coeur !


(Source : Il y a dans le coeur de l’ Homme … | 1001 versets (la-bible.info)


 

 

            Ils étaient les premiers mots prononcés au début de cette liturgie ; ils vont nous accompagner durant tout notre Carême. Ecoutons-les à nouveau : Revenez à moi ! Et l’oracle du Seigneur de préciser : de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! N’est-ce pas paradoxal de formuler cette invitation ainsi ? 

            Dans une société dite de loisirs, une telle invitation risque de faire un flop monumental. Revenir au Seigneur, certes, mais dans le jeûne, les larmes et le deuil : on a vu plus joyeux et plus tentant comme expérience. Il faut le reconnaître : cela n’a rien d’attrayant ! C’est même plutôt rude. Faut-il donc renoncer à toute joie pour revenir au Seigneur ? Dieu serait-il contre la joie ? Beaucoup vous diront que ce n’est pas avec un tel programme que vous remplirez les églises. Et pourtant, il nous faut bien entendre et recevoir cette invitation du Seigneur au début de ce carême. 

            Le Carême est un temps que j’appellerais un temps sec, dur ; et c’est normal parce que c’est un temps de conversion. Le retour vers le Seigneur n’est pas le retour joyeux, mais le retour de celui qui sait qu’il s’est éloigné de Dieu, éloigné de sa Parole de vie, éloigné de l’idéal que Dieu l’invite à vivre, éloigné de l’idéal que Dieu l’invite à être. C’est le retour d’un humain qui sait qu’il s’est perdu lui-même, égaré hors de sa vie. Quelqu’un qui n’est plus que l’ombre de lui-même, spirituellement parlant. Ce n’est pas que nous n’aimons plus Dieu, mais la vie, avec ses grands soucis et ses petits bonheurs, nous a lentement éloignés de Lui, lentement éloignés de la meilleure version de nous. Quelquefois nous ne nous en rendons même pas compte. C’est comme la dérive des continents : cela se fait lentement, c’est à peine perceptible. Un jour, nous constatons que Dieu est devenu lointain, que nous sommes devenus étrangers à Dieu. Nous pensons à lui, comme nous pensons à cette vieille tante ou à ce vieil oncle que nous n’avons pas revu depuis si longtemps. Ils font leur vie, nous faisons la nôtre. La différence entre le vieil oncle et Dieu, c’est que Dieu ne souffre pas d’Alzheimer ; il ne nous oublie pas. Ce temps de Carême qui s’ouvre aujourd’hui, est un de ces temps où Dieu lui-même se rappelle à notre bon souvenir : Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil. 

            Revenez à moi, parce que je vous attends, parce que votre vie est en moi, parce que votre bonheur est avec moi. Revenez vers moi parce que je fais pour vous des merveilles. Revenez à moi. 

            De tout votre cœur, pas seulement du bout des lèvres, pas seulement parce que vous y avez intérêt, mais parce que c’est  votre désir profond, parce que votre cœur sait où est son vrai repos. Souvenez-vous de ce beau refrain : Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi. Nos soifs les plus profondes, Dieu seul sait les étancher. Revenir vers lui de tout notre cœur, c’est reconnaître cela. 

            Dans le jeûne, les larmes et le deuil, parce qu’ils sont les moyens sûrs et efficaces pour exprimer ce que le fond de notre cœur n’arrive pas toujours à faire parvenir jusqu’à nos lèvres. Le psalmiste a su le faire admirablement dans ce psaume 50 que nous avons antiphoné ensemble : Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. Voilà exprimé avec des mots le jeûne, les larmes et le deuil. Un psaume à prier souvent en ce temps de Carême. 

            Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil. Nous comprenons bien que cela ne peut se faire la bouche en cœur et la fleur au fusil. Nous avons peut-être du mal à nommer clairement notre péché, mais nous avons la conscience claire de nous être éloignés de Dieu, lentement, mais sûrement. Le retour ne peut se faire avec tambours et trompettes parce que nous ne sommes pas fiers de nous. Mais nous sommes heureux de ce Dieu qui est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Qu’est-ce qu’un temps de jeûne, que sont nos larmes, qu’est notre deuil de nous-mêmes, de notre orgueil, face à cet immense amour de Dieu pour nous ? Juste le signe de la sincérité de notre cœur. Nous ne revenons pas à lui parce que le calendrier et la liturgie nous disent de le faire, parce que c’est Carême ; nous revenons à lui parce que nous mesurons pleinement que notre vie loin de Lui n’est que peine et misère, cendres et poussières. 

            Hier, nous portions peut-être un masque de carnaval, jouant à être quelqu’un d’autre. Ne portons pas les cendres que nous allons accueillir comme un masque. Devant Dieu, nous ne pouvons pas jouer à être quelqu’un d’autres. Devant Dieu, nous nous présentons en vérité : et notre vérité, c’est que sans lui, nous ne sommes que cendres et poussières. C’est lui qui, en soufflant sur nous son Esprit, donne vie à nos cendres et poussières. C’est lui, et lui seul, qui nous fait vivre pleinement, réellement. Présentons-nous devant lui, marqués de ces cendres, marqués par les limites de notre existence. Il saura nous transformer, il saura nous fait vivre. Sa Parole nous fait vivre. Quarante jours nous sont donnés pour réapprendre à vivre de Lui. Revenons à lui de tout notre cœur. Amen.

samedi 18 février 2023

7ème dimanche ordinaire A - 19 février 2023

 La perfection dans l'amour, voie de notre sanctification.







            Nous venons d’entendre la fin du discours de Jésus commencé dimanche dernier, discours lors duquel il indiquait comment il entendait accomplir la Loi et les Prophètes, et non pas les abolir. Nous pouvons constater encore aujourd’hui comment le progrès réalisé par la Loi avait permis d’humaniser les hommes, et que le chemin d’accomplissement proposé par Jésus voulait transformer ces hommes humanisés en véritables disciples. Nous pouvons reprendre rapidement le chemin parcouru. Ainsi quand Jésus dit : Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens, il rappelle l’étape d’humanisation que propose la Loi divine en faisant renoncer au meurtre, à l’adultère, aux faux serments (tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur), à la vengeance démesurée (œil pour œil, dent pour dent, sous-entendu pas plus que cela !) et avec la mise en place d’une « préférence nationale » : Tu aimeras ton prochain, tu haïras ton ennemi) … Et quand il dit : eh bien ! moi, je vous dis, il propose une voie supérieure, une étape de sanctification en faisant renoncer à toute forme de colère, à toute forme de convoitise, à tout serment en devenant des hommes et des femmes de parole, et en invitant à donner plus que ce qui est demandé et enfin en invitant à l’amour des ennemis. En faisant ainsi, je le disais déjà dimanche dernier, Jésus nous invite à passer du bien à faire au meilleur à offrir à l’autre. 

            S’il ne nous change pas la religion, puisque son projet c’est de l’accomplir, il nous change cependant les règles morales qui définissaient le vivre ensemble pour les pousser à l’extrême. Et l’extrême des règles morales, ce qui accomplit toute la morale, c’est un amour de l’autre à l’image de l’amour que Dieu nous porte. La conclusion du discours de Jésus : Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait s’entend en amour. Parce que la perfection de l’homme, son humanisation parfaite, sa sanctification, réside dans un amour à la hauteur de l’amour de Dieu pour tout homme. Tout ce que Jésus nous invite à vivre dans ce long discours, ce n’est rien d’autre qu’un amour digne de Dieu, un amour digne de tous ces enfants. En Dieu, il n’y a pas d’ennemis, il n’y a que des frères et des sœurs à aimer. Et personne ne saurait être exclu de cet amour. L’accomplissement parfait de la Loi et des Prophètes, c’est un amour à l’image de l’amour de Dieu. Tout ce qui est moins que cela, n’est pas accomplissement ; tout ce qui est moins que cela n’est pas suffisant. Cela peut-être bien ; mais ce n’est pas le bien que Dieu attend de nous ; c’est le meilleur. Dieu attend de nous que soyons à sa hauteur, et il a donné son Fils pour nous mettre à sa hauteur, en toute chose. Il nous faut l’avoir clairement à l’esprit : si Jésus est allé à la croix, ce n’est pas parce qu’il n’avait pas mieux à faire ce fameux vendredi ; il est allé à la croix parce qu’il nous a aimés jusqu’au bout, jusqu’au don de sa vie. Il nous a montré ainsi que l’amour de Dieu pour l’humanité ne disparaissait pas quand bien même cette humanité faisait disparaître son Fils de la surface de la terre. Il nous a manifesté ainsi un amour à la hauteur de l’amour de Dieu pour toute l’humanité. 

            Il n’y a de perfection que dans l’amour. Nous devons sans cesse revenir à cet amour premier de Dieu pour nous. Le Carême qui va commencer durant cette semaine nous ramènera sans cesse à la source de cet amour. Il nous permettra, je l’espère, de découvrir à frais nouveaux combien nous sommes aimés et combien nous devons aimer en retour. Vous donc serez parfaits comme votre Père céleste est parfait peut devenir un : Vous donc, vous aimerez comme votre Père céleste vous aime. C’est notre sanctification qui se joue là. C’est le chemin à prendre pour être véritablement fils et filles du Très-Haut. Il n’y a pas d’autre voie possible. Les bras ouverts de Jésus en croix nous gardent le chemin de l’amour parfait ouvert ; marchons humblement mais sûrement à sa suite. Amen.   

samedi 11 février 2023

6ème dimanche ordinaire A - 12 février 2023

 Il nous change la religion, vraiment ?




(Le Christ enseignant, Source : Christ enseignant (peintre-icones.fr)


 

 

Il nous change la religion ! Avec ses Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… eh bien ! moi, je vous dis… comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? Non vraiment, il nous change la religion ! Est-ce si sûr ? Jésus est-il venu créer une nouvelle religion ? Proposer une nouvelle foi ? Non, il le dit lui-même dans l’introduction de ce long discours : Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Quelle différence cela fait-il ?

Abolir, nous comprenons bien ce que cela signifie ; c’est supprimer quelque chose dont on ne veut plus. Nous avons ainsi aboli l’esclavage et la peine de mort, parce que nous pensons que ce sont de mauvaises choses, de mauvaises manières d’envisager une société moderne. Accomplir, les gens de ma génération et des générations précédentes en auront gardé une notion proche de « remplir son devoir » ; nous avions, en notre jeunesse, accompli notre service national, qui comme militaire, qui comme coopérant, qui comme objecteur de conscience. Quand quelqu’un nous disait : j’ai accompli mon service, nous comprenions tous que c’était fait ; il avait passé un temps certain au service de la nation, maintenant, sa vraie vie allait commencer. Comme disait un confrère, c’était un mauvais moment à passer, mais nous n’en gardions que de bons souvenirs. Quand Jésus dit qu’il va accomplir la Loi et les Prophètes, est-ce aussi, pour lui, juste un mauvais moment à passer dont il ne gardera que des bons souvenirs ? Je n’en suis pas certain, bien que la croix fût assurément un mauvais moment. Alors que nous dit-il quand il développe ce long discours dont je ne vous ai livré que la version brève, long discours donc de choses qui furent à juste titre interdites jadis et qui maintenant doivent être dépassées par une rigueur plus grande encore ?  

Il nous dit que les progrès fait en humanité peuvent aller plus loin encore. Il nous faut bien comprendre que Jésus ne nous fait pas la morale, mais nous indique une voie supérieure. Il nous invite à passer de ce qui est bien à ce qui est meilleur. Ainsi, ne pas tuer, c’est bien ; ne pas même se mettre en colère, c’est mieux, parce que ta colère pourrait t’entraîner plus loin, sans que tu ne t’en rendes compte. De même, ne pas commettre d’adultère, c’est bien ; ne pas même regarder quelqu’un avec convoitise, c’est mieux, parce que ton désir de posséder l’autre pourrait te pousser à l’adultère sans que tu ne t’en rendes compte. Enfin, respecter un serment fait envers le Seigneur, c’est bien ; mais dire quelque chose et s’y tenir, sans avoir à jurer, c’est mieux : que votre parole soit ‘oui’ si c’est ‘oui’, ‘non’ si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. Ne rajoutez rien, tenez parole sans faire de grandes déclarations ou de grands serments. Soyez des hommes et des femmes de parole. Tout ce que Jésus nous dit, c’est que, en faisant ce qui a été dit aux Anciens, tu fais bien déjà ; mais en faisant ce que Jésus te dit, tu fais mieux parce que tu fais finalement ce que Dieu fait avec toi. Il ne se met pas en colère contre toi, mais t’invite sans cesse à la conversion (le carême qui approche nous le redira avec force). En toute chose, envers quiconque rencontre ta route, agis pour lui comme Dieu agit pour toi. Sois dans ta manière d’être et ta manière de faire, ce que tu es déjà : à l’image de Dieu. Que les sentiments et l’agir de Dieu pour toi soient la norme avec laquelle tu agis pour les autres.  Jésus nous rappelle ainsi que la sainteté se joue dans l’humanité. Plus tu deviens saint, plus tu deviens humain ; plus tu grandis en humanité, plus tu grandis en sainteté. Tout est lié ! Ne renonce pas seulement au mal, renonce aussi à tout ce qui peut t’entrainer vers le mal, parce qu’il n’y a pas de grand mal et de moindre mal. Et une fois que tu as renoncé au mal, ne te contente pas de faire le bien, mais choisis de faire le meilleur pour les autres et pour toi. Car Dieu ne veut pas seulement ton bien – à savoir que tu vives –  ; il veut le meilleur pour toi – à savoir que tu vives pour toute éternité avec Lui – . 

Ce qui pouvait ressembler à une leçon de morale devient une invitation à voir plus grand. Ce qui pouvait ressembler à un changement de religion est en fait une invitation à prendre Dieu et son Alliance au sérieux, en vivant une radicalité tout évangélique en ne cherchant pour nous et pour les autres, que ce qui est meilleur, ce qui élève vraiment, ce qui fait vivre absolument. Tout ce qui est moins que cela est peut-être bien, mais n’est pas forcément bon ; ce qui n’est pas bon finalement est mal ; et le mal vient du Mauvais. Tu te dis de Dieu ? Alors vis comme Dieu. En Jésus, il s’est abaissé pour te faire grandir à sa taille. Donc vis en grand ; vis en meilleur ! Dieu lui-même t’a rendu capable de Lui. Amen.

samedi 4 février 2023

5ème dimanche ordinaire A - 05 février 2023

 Être sel de la terre & lumière du monde, est-ce vraiment une bonne nouvelle ?



(Image trouvée sur le site : htpps://jardinierdedieu.fr) 


 


          Il ne m’est pas toujours facile de préparer l’homélie du dimanche. Il arrive que je sèche complètement devant les textes de la liturgie. Et ne croyez pas que l’expérience et l’âge simplifient les choses, bien au contraire. Les textes de ce dimanche, bien que faciles à comprendre, m’ont donné bien du fil à retordre, au point que j’ai fini par donner comme titre à mon homélie la question qui m’empêchait d’avancer : Être sel de la terre & lumière du monde, est-ce vraiment une bonne nouvelle pour nous ? Ecoutons bien Jésus. 

          Il nous dit d’abord, à nous, ses disciples : Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. En quoi est-ce une bonne nouvelle ? Ce qui me dérange, c’est que nous n’avons pas le choix. Jésus ne nous dit pas : si vous voulez, vous pouvez être sel de la terre, mais bien vous êtes le sel de la terre. Pardon, mais je n’ai rien demandé de semblable ; je voulais juste être disciple de Jésus, vous savez, l’écouter parce qu’il parle quand même bien de Dieu, le suivre de temps en temps parce que cela fait du bien d’être avec lui. Je voulais Jésus pour moi, avec moi parce qu’il donne du goût à ma vie. Mais voilà qu’il nous dit que c’est à nous de donner du goût à la vie des autres ? Je veux bien, mais je crains d’être plus fade que goûteux. Et je n’ai pas vraiment envie de me faire piétiner par les autres ; je suis sensible, je suis fragile. La suite de l’enseignement de Jésus n’est pas plus rassurant, bien au contraire. Ecoutons à nouveau. 

          Il nous dit encore : vous êtes la lumière du monde… on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes. Oui, mais pardon, encore une fois, je n’ai rien demandé ; et je suis plutôt timide. Alors m’exposer devant les autres, très peu pour moi ! Mais voilà, une fois encore, Jésus ne nous laisse pas le choix. Il ne dit pas plus qu’avant, tu es lumière si tu le veux. Nous n’avons pas d’autre choix que d’être lumière, comme nous n’avons pas d’autre choix que d’être sel, malgré les risques que cela comporte. A chacun sa route, à chacun son destin, chantait l’autre. Notre destin, c’est d’être, dès maintenant sel de la terre et lumière du monde. Cela fait partie de l’être chrétien. C’est assurément une bonne nouvelle pour les autres, pour ceux qui ne sont pas chrétiens, parce qu’ils ont quelqu’un (nous), pour donner du goût à leur vie ; ils ont quelqu’un (nous), pour éclairer leur vie d’une lumière nouvelle. Mais pour nous, c’est un fardeau, une responsabilité. Et pourtant, si Jésus s’adresse ainsi à nous, c’est que cela doit aussi être une bonne nouvelle pour nous. Comment ? 

          Peut-être nous faut-il réentendre alors le verset de l’alléluia, tel qu’il est prévu au Missel de ce dimanche. Je le cite : Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur. Celui qui me suit aura la lumière de la vie. C’est une citation de l’Evangile de Jean (8, 12). Là est la clé qui fait de l’Evangile de ce dimanche une bonne nouvelle pour nous. Nous sommes appelés à être lumière du monde à la suite de Jésus, à l’exemple de Jésus. Pour le dire encore autrement, il faut que la lumière qu’est Jésus, rayonne en nous, à travers nous. En nous faisant lumière du monde, Jésus nous fait porteur de sa lumière qui brille toujours. Ce n’est donc pas à nous de nous de nous mettre en avant ; nous avons à mettre en avant le Christ, et ce qu’il réalise dans notre vie. Et cela est une bonne nouvelle pour nous. D’abord parce que Jésus nous assure d’être avec nous, puisqu’il est, le premier à être lumière du monde. Ensuite, elle est bonne nouvelle parce que nous savons que cette lumière du Christ, dont nous devons resplendir, ne s’éteindra jamais puisque Jésus nous a assurés d’être avec nous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps. Vous aurez remarqué par ailleurs que Jésus, s’il dit bien que le sel peut perdre de son goût, ne dit pas que la lumière peut s’éteindre. En effet, puisque Jésus est ressuscité, c’est notre foi, nous savons qu’il ne meurt plus, il brille à jamais en nous et pour le monde ; c’est encore notre foi. En cela, cette parole est une bonne nouvelle pour nous. 

          Tant que nous serons fidèles au Christ, c'est-à-dire tant que nous serons ses disciples, sa lumière en nous ne s’éteindra pas. De même, tant que nous serons fidèles à sa Parole et que nous nous nourrirons d’elle, notre sel gardera sa saveur. Ne cachons pas qui nous sommes, des disciples du Christ ; ne taisons pas sa Parole pour les hommes et les femmes de notre temps. Puisque le Christ donne du goût à notre vie, nous saurons donner du goût aux autres. Et puisque le Christ resplendit en nous, nous pouvons le faire resplendir devant les hommes par nos actes de justice et de miséricorde, par une vie semblable à la sienne. Soyons des christophores, et le monde pourra connaître le Christ et sa Parole. Soyons des christophores, et les hommes rendront gloire à notre Père qui est aux cieux. Amen.