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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 25 septembre 2010

26ème dimanche ordinaire C - 26 septembre 2010

De quoi nous parle-t-on dans cette parabole ?


Mais de quoi nous parle-t-on au juste dans cette parabole ? A lire trop vite, à croire que nous avons déjà entendu, nous risquons fort de passer à côté du message de la parabole de Jésus et surtout, plus grave, de croire qu’elle n’est pas pour nous.

Alors de quoi nous parle-t-on au juste ? Est-ce une parabole contre les riches qui profitent pleinement de leur argent, même honnêtement gagné, et qui font la fête alors que d’autres souffrent ? Elles ne seraient donc pas pour nous : nous ne sommes pas franchement riches, enfin toujours un peu plus pauvre que le voisin que nous envions tant. Et puis, nous ne faisons pas la fête tous les jours ; nous sommes des gens sérieux, nous !

La parabole de Jésus ne nous parle pas du riche pour condamner sa conduite, ni sa richesse. Jésus ne dit pas que les fêtes qu’il organise, c’est mal. Il n’est même pas dit que cet homme est malhonnête. Tout ce qu’on sait de lui, tient en deux phrases : il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Le riche mourut et on l’enterra. C’est peu de choses, reconnaissons-le ; nous ne connaissons même pas son nom. Une manière subtile de nous dire, qu’il peut avoir notre nom. Cet homme-là, ce pourrait être toi !

Par contre, si nous ne savons pas grand-chose de lui de son vivant, nous découvrons pleins de détails après sa mort : au séjour des morts, il était en proie à la torture… il a cinq frères qu’il voudrait bien protéger de pareille souffrance. Et nous découvrons qu’il est croyant : il reconnaît Abraham comme son père dans la foi ; mais non pratiquant, dirions-nous aujourd’hui : il n’a pas écouté les avertissements de Moïse et des prophètes, pas plus que ses frères, apparemment.
Voilà planté le premier personnage, mais nous ne savons toujours pas de quoi parle cette parabole puisqu’elle n’est pas une parabole contre les riches.

Serait-ce alors une parabole en faveur des pauvres ? Une parabole qui, bien avant l’heure, donnerait raison à Karl Marx, quand il dira que la religion est l’opium du peuple ? Souffrez maintenant, et en silence s’il vous plaît, et vous serez heureux plus tard ? Est-ce là l’enseignement de la parabole ? Oh que non ! Certes il y a ce pauvre Lazare (tiens ! on connaît son nom, à lui !), ce pauvre Lazare qui a souffert et qui se retrouve, après sa mort, emporté par les anges auprès d’Abraham. Une belle fin pour quelqu’un qui le mérite sans doute. Mais la parabole n’est pas pour lui, ni pour ceux qui partagent sa condition. Elle n’est pas un enseignement à la patience pour celles et ceux qui souffriraient, ni un appel à la résignation : votre tour viendra ! Elle n’est pas une parabole pour plus tard, quand nous serons morts ; elle est un enseignement pour aujourd’hui, et pour nous, même si nous ne sommes pas vraiment riches, même si nous ne sommes pas dramatiquement pauvres.

Cette parabole nous parle de notre vie aujourd’hui, et de la manière dont nous la vivons, maintenant. C’est une parabole sur le regard que nous portons sur le monde et sur les hommes et les femmes que nous croisons. C’est une parabole qui veut nous ouvrir les yeux. Le riche n’est pas méchant, il est juste aveugle, aveuglé par sa richesse et les amis qu’elle lui procure au point de ne pas voir le pauvre Lazare devant sa porte. Que voulez-vous, ils ne sont pas du même monde ! L’un est fabuleusement riche alors que l’autre est affreusement pauvre ! Et si le riche n’a pas de nom, encore une fois, c’est parce qu’il peut avoir notre nom. Mais nous ne prendrons pas, dans cette parabole, la place du pauvre : le pauvre, c’est Lazare, il nous est connu, comme nous sont connus les pauvres de notre vie. N’avons-nous pas tous un Lazare que nous préférons ignorer, ne pas voir ? Ce n’est pas forcément quelqu’un qui est économiquement pauvre, juste quelqu’un qui est pauvre de notre manque de relation, de notre manque d’attention. Et nous savons que les pauvres de toutes sortes sont les préférés de Dieu, parce que Dieu porte attention à chacun et particulièrement à ceux dont personne ne se soucie. Il est donc juste que Lazare se retrouve auprès d’Abraham, non pas parce qu’il a souffert, mais parce que tous l’ignoraient, à commencer par le riche. Il ne comptait pour personne, sauf pour Dieu. N’est-ce pas ce que nous rappelle le psaume de ce dimanche ? Le Seigneur fait justice aux opprimés, il donne du pain aux affamés, il protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin…

Tout est question de regard, semble nous dire cette parabole. Si le riche avait vu Lazare, peut-être aurait-il eu un geste de compassion envers lui et désormais, après sa mort, Lazare pourrait en avoir un envers lui : envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue ! Mais il n’a rien vu, le riche, et donc rien fait ; et maintenant, c’est trop tard ! La sagesse populaire le dit : un bien fait n’est jamais perdu ! Il ne suffit pas que nous menions notre vie sans faire de mal aux autres ; il ne suffit pas de vouloir être bien avec tous. Paul le rappelle à Timothée : et maintenant, voici ce que je t’ordonne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant irréprochable et droit jusqu’au moment où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ. Le commandement du Seigneur, c’est bien d’aimer les autres ! C’est son unique commandement ! Pas seulement nous abstenir de leur faire du mal, non, mais les aimer comme Dieu les aime, gratuitement, portant leur souci, intervenant en leur faveur. Vivre selon Dieu et aimer comme Dieu : c’est tout ce qui nous est demandé ; mais ce sont deux choses qu’il nous faut partager. Je ne vis pas seul ; je n’aime pas seul.

Si seulement le riche avait ouvert les yeux sur celui qui était à sa porte ! Pour lui, c’est trop tard, mais pour nous, nous qui avons Moïse et les prophètes, nous qui avons même mieux en Jésus, mort et ressuscité, souvenons-nous à temps de son enseignement et nous pourrons être sauvés. N’est-il pas celui qui a dit : Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ? Ou pas. Amen.


(Dessin : Editions CRER, 2005 - B. Debelle)

lundi 20 septembre 2010

25ème dimanche ordinaire C - 19 septembre 2010

Qu'est-ce qui est important pour toi ?



Rien ne nous sera épargné ! Cela fait quelques dimanches maintenant que nous avons droit aux paroles dures, difficiles de l’Evangile. Et ce n’est pas fini ! Le Christ nous rappelle avec ces paroles combien il est exigeant d’être disciple, combien il faut savoir à l’homme faire des choix, et surtout le bon choix.

Reprenons cette parabole que Jésus raconte aujourd’hui : voilà un homme qui gérait les biens d’un autre, le maître. Et le maître se rend compte qu’il y a gaspillage, mauvaise gestion. Le résultat ne se fait pas attendre : licenciement sec, sans indemnité ! Qui de nous n’aurait pas fait pareil ! Et pourtant, après que son gérant ait utilisé ses derniers instants de pouvoir pour trafiquer les livres de compte, voilà que ce même maître fait l’éloge de ce gérant ! Comment comprendre son attitude ?

A y regarder de près, c’est une attitude logique. Il va se débarrasser de ce malhonnête ; c’est une chose acquise ! Mais il reconnaît, dans son éloge, que son ancien gérant a su se montrer habile au moment important. Que serait-il advenu de cet homme après son renvoi ? Le gérant lui-même s’interroge : va-t-il travailler la terre ? Il n’en a pas la force. Mendier ? Il aurait honte. C’est un homme qui connaît ses limites, un homme qui sait, dans l’urgence, ce qui est important pour lui. Visiblement, il aime la vie facile ; visiblement, il est attaché à son image, à ce que les autres pensent de lui. D’où son idée, durant ses derniers instants de pouvoir, de réduire la dette de quelques uns pour trouver des amis, pour trouver un toit. Les remises consenties ne sont pas de celles que nous connaissons au moment des soldes : ce sont de vraies fortunes qu’il remet ainsi. L’éloge du maître vient logiquement reconnaître qu’à l’instant crucial de sa vie cet homme a su faire le bon choix, a su comprendre ce qui était important pour lui, et il a tout fait pour réussir à s’assurer un avenir.

Là se trouve la pointe de la parabole : qu’est-ce qui est important pour toi ? Qu’es-tu prêt à faire pour gagner cet important ? Quel sens finalement donnes-tu à ta vie ? Est-ce aujourd’hui qui compte ? As-tu une vue plus large de ta vie et de ta destinée ? Le disciple du Christ ne saurait simplement s’attacher aux biens qui passent puisqu’il a conscience d’appartenir à un monde plus grand que ce monde humain. Paul dit dans ses lettres que nous « sommes citoyens des cieux ». Qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui ? Est-ce important ? Ou est-ce une question à remettre à plus tard, quand nous serons plus proche de la tombe ?

La parabole de Jésus nous rappelle que nous construisons notre avenir aujourd’hui, dans notre manière de vivre, dans notre rapport aux autres, dans notre rapport aux choses, dans notre rapport à l’argent. Il nous redit que c’est un bon serviteur et un mauvais maître. Bon serviteur, car utilisé selon le dessein de Dieu, l’argent peut permettre de nourrir, d’éduquer, de soigner, de venir en aide, faire naître la vie. Bref, il permet de réaliser la volonté de Dieu exprimée par le Christ dans le commandement de l’amour. Mal utilisé, il érige des barrières, provoque l’envie, déclenche des conflits et sème la mort. Bref, il se met au service de l’Adversaire, le Trompeur des origines.

Nous en revenons finalement toujours à la même question : celle de l’importance de notre attachement au Christ, celle de notre relation avec lui. Si Jésus est bien le maître de notre vie, s’il est bien notre avenir, alors il nous faut créer ici bas des liens vrais, des relations fraternelles qui nous ouvriront les portes du Royaume. C’est une autre manière de nous dire que nous ne nous sauverons pas tout seul ! Nous avons besoin les uns des autres pour vivre l’Evangile ! Nous avons besoin les uns des autres pour construire un monde plus juste et fraternel ! Nous avons besoin les uns des autres pour parvenir au Royaume promis ! Si le but de notre vie est bien le Royaume et sa justice, il nous faut en prendre le chemin, dès aujourd’hui, sans tarder. Nul ne peut savoir si cet instant n’est pas le dernier. Mais dès à présent nous pouvons faire le choix de Dieu : pour aujourd’hui, pour demain, pour toujours. Amen.


(Dessin de Coolus, blog du Lapin bleu, voir les liens)

dimanche 12 septembre 2010

24ème dimanche ordinaire C - 12 septembre 2010

De quel Dieu parlons-nous ?
Est-ce bien le même Dieu qui nous est présenté au fil des lectures de ce dimanche ? A entendre Dieu dans le passage du livre de l’Exode (Je vois que ce peuple a la tête dure. Maintenant, laisse-moi faire ; ma colère va s’enflammer contre eux et je vais les engloutir !) et Jésus nous parler de Dieu dans l’Evangile (celui qui va à la recherche de la brebis égarée ; celui qui range soigneusement sa maison pour retrouver la pièce perdue ; celui qui guette, jour et nuit, le retour de son fils parti dilapider sa fortune et qui lui fait fête à son retour !), on peut s’interroger. Et Paul n’arrange pas l’histoire, lui qui nous rappelle que Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.

Laisse-moi faire ; ma colère va s’enflammer contre eux et je vais les engloutir. Il y a quelque chose de terrible dans la figure de Dieu telle qu’elle apparaît dans ce passage du livre de l’Exode. Comment, après la libération d’Egypte, où Dieu avait manifesté son amour et sa grandeur en faveur de ce peuple, comment donc en sommes-nous arrivés là ? Entre ces deux moments, il y a eu la longue marche à travers le désert, les révoltes incessantes contre Dieu et, pour couronner le tout, l’édification du veau d’or ! Le peuple a rejeté Dieu, une fois de plus, une fois de trop. S’en est finie de la patience de Dieu ; et je peux le comprendre. Mais Moïse refuse que Dieu s’abaisse à un tel comportement humain. Il sait que ce Dieu pour qui il a tout donné, est un Dieu patient, lent à la colère, tendre et miséricordieux. Il connaît aussi la fatigue de ce peuple, son impatience à parvenir à la terre promise, et ses faiblesses propre à la nature humaine. Il intercède en faveur de son peuple et convainc Dieu de renoncer à son projet. Son Dieu ne peut être ami du mal. Ce passage nous apprend que Dieu se laisse fléchir par la prière du juste, qu’il est un Dieu qui nous aime malgré notre péché.

Quand, des siècles plus tard, Jésus présentera ses trois paraboles sur le pardon de Dieu et sur la joie que Dieu a de voir un pécheur se convertir, c’est bien de ce même Dieu qu’il nous parle. Oui, Dieu a en horreur notre péché ; mais Dieu se réjouit quand un pécheur revient vers lui pour accueillir son pardon. Ces trois paraboles nous montrent l’ardeur de Dieu à retrouver ce qui était perdu : une brebis, une pièce, un fils. Dieu ne se résout pas à la mort du pécheur ; Dieu ne peut pas voir l’homme s’éloigner de lui sans en être affecté. Il va partir à la recherche, ranger et nettoyer, guetter au loin chaque jour jusqu’à s’en user les yeux. Ce que nous ferions tous pour quelque chose que nous estimons et que nous aurions perdus, Dieu le fait pareillement pour nous. Il nous offre la possibilité d’un pardon, d’un retour en grâce, d’un accueil sans condition. Il suffit, comme le fils prodigue, de rentrer en nous-mêmes, reconnaître notre péché et nous tourner vers Dieu. Il suffit d’un pas, d’un cri, d’un geste, pour que Dieu se réjouisse déjà et fasse partager sa joie à ceux qui le servent jour et nuit.

Ce Dieu miséricordieux, Paul l’a découvert et expérimenté, lui qui ne savait que blasphémer, persécuter et insulter. Il a expérimenté dans sa propre vie ce que signifie « être pardonné par Dieu ». De persécuteur, il devient prédicateur de l’Evangile. Et son Evangile tient en ces mots, en ce dimanche : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. N’est-ce pas une grande nouvelle pour tous ? La grâce de notre Seigneur est plus forte que notre mal. Désormais, plus rien ne peut nous retenir loin de Dieu, plus rien ne peut nous couper de Dieu, sauf nous-mêmes. Nous devons en effet accepter, comme le fils prodigue, de nous reconnaître pécheur ; nous devons accepter d’être revêtu à nouveau du vêtement des fils de Dieu. Nous devons accepter ce pardon sans condition. Si non, nous nous coupons nous-mêmes de la grâce de Dieu ; si oui, nous goûterons nous-aussi la joie de Dieu.

Parlons-nous du même Dieu d’une lecture à l’autre ? C’est évident ! Avec la venue du Christ, le dernier obstacle qui pouvait nous retenir loin de Dieu est vaincu : la mort elle-même n’a plus de prise sur nous. Offrons-nous alors la chance de pouvoir être pardonné par un Dieu qui nous aime inconditionnellement ; saisissons la chance de pouvoir entrer en nous et de nous présenter devant Dieu, tels que nous sommes, avec nos faiblesses, nos limites ; et Dieu pourra nous combler de sa grâce ; et le salut de Dieu pourra changer nos vies. Avec le psalmiste, osons prier ainsi : Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. C’est bien de ce Dieu-là que nous voulons parler. C’est bien chez ce Dieu-là que nous espérons vivre de toute éternité. Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu, voir dans les liens)

mercredi 8 septembre 2010

23ème dimanche ordinaire C - 05 septembre 2010

Suis-je capable de suivre le Christ ?


Suivre le Christ, est-ce que j’en suis capable ?
Voilà une question que l’on ne pose jamais ainsi ! Régulièrement, depuis notre baptême, nous sommes invités à nous souvenir que nous marchons à la suite de ce Dieu sauveur, révélé en Jésus Christ. Mais nous sommes-nous déjà demandés si nous en étions capables ? Et si oui, qu’est-ce qui nous rendrait capable de suivre ce Christ sur le chemin qu’il nous ouvre ?

Suivre le Christ est bien une question de condition. Il ne s’agit pas là de condition physique : nul besoin d’être un dieu du stade pour marcher à la suite de Jésus ! Mais il y a des conditions à respecter pour bien marcher derrière lui. L’évangile nous en rappelle deux. Il faut savoir quitter, préférer le Christ à tout le reste, y compris sa famille. Il faut prendre le temps de la réflexion.

Savoir tout quitter. Voilà bien un engagement radical, nécessaire pour n’écouter que le Christ. Il ne s’agit pas d’ignorer les autres, de se couper du monde. Tout quitter pour le Christ, c’est ne rien lui préférer. Le mettre en priorité, en premier. Dans chacune de nos activités, dans chacune de nos paroles, dans chacune de nos rencontres, découvrir et faire découvrir aux autres ce Christ auquel nous consacrons notre vie. Et cela ne concerne pas seulement les prêtres ou les religieux et religieuses. Chaque croyant, par son baptême, doit témoigner de ce que le Christ est et fait pour lui. Chaque croyant doit mettre au cœur de sa vie le Christ. Même dans un couple, c’est l’amour du Christ qui rend capable d’aimer une vie entière le même conjoint, malgré le temps qui passe, malgré les défauts qui se font jour. Le Christ est le but de notre vie ; le Christ est le sommet de notre vie ; le Christ est le moteur de notre vie. Quelle que soit cette vie !

C’est pour cela que la deuxième condition à respecter pour bien suivre le Christ est la nécessité de réfléchir, de s’asseoir. Jésus raconte deux paraboles qui nous permettent de bien comprendre l’enjeu de cette réflexion. Il s’agit d’éviter de commencer quelque chose sans avoir les moyens de la finir. Quiconque a bâti un jour sa maison, aura pris le temps de la réflexion : ce projet n’est-il pas trop ambitieux ? Pourrai-je le mener à son terme ? Cela vaut-il le coup de le réaliser ? La même chose est nécessaire lorsque l’on se met à la suite du Christ. Il faut bien cerner l’enjeu, mesurer les risques. Le Christ lui-même en rappelle un : pour marcher à sa suite, il faut accepter de prendre sa croix et de le suivre.

Ainsi présenté, le discours n’est pas très réjouissant. Nous n’abandonnons jamais tout. Il y a toujours des choses que l’on préfère à Jésus. Alors cela vaut-il la peine de commencer à marcher derrière lui ? Serons-nous à la hauteur ? A vue d’homme, il faut bien reconnaître que nous ne serons jamais à la hauteur. Nous sommes très attachés à ce que nous avons ; le Christ n’est pas tous les jours le centre de notre vie. Mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas commencer. Celui qui décide véritablement de se placer à la suite du Christ, parce qu’il l’a rencontré, celui-là sait que le Christ marche avec lui, celui-là sait que le Christ porte sa croix avec lui. Celui-là sait surtout que le Père lui donnera l’Esprit Saint qui lui permettra petit à petit, à son rythme, d’avancer toujours mieux à la rencontre du Père, à la suite du Christ. Les exigences rappelées dans l’Evangile de ce jour ne doivent pas nous décourager. Elles doivent provoquer en nous un sursaut de foi pour que nous avancions mieux avec le Christ. Elles nous rappellent que la perfection ne sera atteinte que lorsque nous rencontrerons Dieu face à face et que personne ne peut se prévaloir de sa propre sainteté pour dire à un autre : tu as encore de gros efforts à faire pour parvenir où je suis rendu. La vie de foi est personnelle certes, mais elle comporte une dimension communautaire qui nous rend tous responsables de la foi des autres, de leur avancée.

A vue humaine, personne n’est capable de suivre le Christ sur le chemin qu’il a emprunté. Mais, avec l’aide de l’Esprit Saint, chacun devient capable de prendre sa croix, sachant que le Christ le premier l’a portée et vaincue. En lui, nous avons notre victoire ; à son appel, nous pourrons le suivre sur le chemin qu’il nous propose. Sachons, au cours de cette eucharistie, demander à Dieu son Esprit Saint, pour marcher mieux vers la joie du Royaume. AMEN.


(Dessin : Editions CRER, 2005- B.Debelle)