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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 24 juin 2023

12ème dimanche ordinaire A - 25 juin 2023

 Un pour tous, tous pour Un ?




 

 

 

 

            Cette semaine, rappelant que le baptême était le premier sacrement de pardon, même pour un nouveau-né, j’ai eu droit, en écho, à la question récurrente : « Mais que fait-il, notre petit, pour qu’il doive déjà être pardonné ? » Je réponds toujours, pour rassurer les anges gardiens de tous les nouveau-nés, que réveiller les parents en pleine nuit parce que la couche est pleine ou le ventre vide, n’est pas de l’ordre du péché. Ce qui est visé, n’est pas un acte particulier, mais plutôt une réalité liée à notre humanité, et que Paul explique bien dans la seconde lecture entendue : le péché originel. 

            Ecoutons bien Paul : nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché. La désobéissance de nos premiers parents nous vaut à tous d’être marqués par cette capacité à nous prendre pour notre propre Dieu. L’homme est le seul animal qui peut décider, en conscience, parce que cela lui plaît et qu’il en a l’occasion, de faire le Mal. Aucun autre animal ne le fait. En-dehors de l’homme, aucun autre animal ne tue par plaisir par exemple ! Mais vous et moi, nous avons en nous, parce que nous sommes humains, la possibilité de faire le choix du Mal. Cela étant dit, nous avons aussi en nous la possibilité de faire le choix du Bien. Quand nous affirmons que le baptême est le premier sacrement du pardon pour qui le reçoit, nous affirmons bien que les parents font le pari que, avec l’aide de Dieu qui leur pardonne par avance ce péché originel, leurs enfants feront le choix du Bien et renonceront au Mal. C’est toujours Paul qu’il nous faut écouter dans la suite de son explication : Il en va du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. Comprenez-vous ? Puisque la faute unique d’Adam nous a valu à tous d’être marqué par le péché, l’obéissance de Jésus qui est allé à la mort nous vaut à tous le salut. Ce qui vaut dans le sens du péché, vaut également dans le sens du salut : c’est Un pour tous ! 

            En affirmant cela, Paul nous redit l’immense amour de Dieu pour nous. En effet, puisque l’homme lui avait désobéi, il aurait pu se détourner de l’humanité. Or, il n’en a rien été. Au contraire, les Ecritures en témoignent, il n’a cessé depuis ce jour funeste, de chercher à gagner à nouveau l’homme. Dieu, pour y parvenir, a même envoyé son propre Fils pour que le cœur des fils revienne vers le Père. Et nous savons que ce Fils est allé à la mort sur la croix, non par plaisir ou par romantisme, mais par souci du salut de tous les hommes. Si cela n’est pas une preuve d’amour, je ne sais pas ce qu’il nous faut ! Mesurons-nous vraiment la puissance de l’amour de Dieu pour nous ? L’évangile nous fait comprendre aussi cet amour immense de Dieu pour nous en nous invitant à la confiance : nous sommes tellement aimés de Dieu que nous n’avons rien à craindre. Nous sommes tellement aimés de Dieu que nous valons plus que tout le reste de la création. Il nous reste alors à entendre Jésus lui-même quand il affirme : Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Pour reprendre Alexandre Dumas, nous pouvons poser ainsi les choses : le Un pour tous de Jésus en matière de salut entraine-t-il en réponse de notre part un : tous pour Un ? Avons-nous de la reconnaissance envers Jésus de nous avoir sauvés tous de la mort et du péché au point de nous engager pour lui et témoigner de lui devant les hommes ? Ou continuons-nous à vivre comme si cela n’était rien, ou ne changeait rien ? Le Un pour tous, Jésus l’a fait, une fois pour toutes ; et les croix dressées dans nos églises et à la croisée de nos chemins, nous le rappellent quotidiennement. Le tous pour Un serait donc à manifester tout aussi quotidiennement par une vie fidèle au Christ, une vie qui ne refait pas le choix du Mal, mais une vie qui se montre solidaire des plus petits, des plus vulnérables, une vie offerte à qui en a besoin. 

            Notre baptême a été pour nous tous, et restera pour les générations à venir, le premier sacrement du pardon, puisqu’il nous fait fils et filles de Dieu, libérés du péché et de la mort. Notre baptême donne ainsi un grand souffle à notre existence ! Vivons-nous toujours dans ce souffle qui nous vient de Dieu, ou laissons-nous, comme Adam, le vent de la révolte souffler en nous ? L’eucharistie qui nous rassemble ce matin, est le repas qui vient refaire nos forces dans cette lutte constante contre le Mal, et en faveur du Bien. Elle est un signe supplémentaire que Dieu nous aime, puisqu’il nous donne lui-même la nourriture nécessaire pour mener à bien notre combat. Que le Pain partagé, Corps livré du Christ, nous redonne le courage de mener en nous d’abord, autour de nous ensuite, cette lutte pour un monde meilleur, débarrassé du Mal. Que le Pain partagé, Corps livré du Christ, nous donne d’être toujours plus acquis pleinement à Dieu et à son Christ, source de notre salut, source de notre vie. Puisque le Christ est pour toujours Un pour tous, soyons tous pour Lui, tous pour cet Un qui nous a aimés à en mourir. Amen.

samedi 17 juin 2023

11ème dimanche du temps ordinaire A - 18 juin 2023

 La moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux. 




 

 

 

La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Cette invitation de Jésus, au début de son ministère, ne cesse de me surprendre et provoque en moi trois questions que je vous livre ce matin. 

Première question : Qui a semé ? Car enfin, avant que des gens ne cherchent à moissonner, il faut que quelqu’un ait semé ! Cette évidence n’aura échappé à personne ! Or Jésus n’a jamais envoyé quelqu’un semer ! Si l’on replace ce passage d’évangile dans son contexte, nous assistons à son baptême, puis à sa retraite de 40 jours au désert. Sortant de là, il appelle quatre premiers disciples, donne le sermon sur la montagne, et guérit un certain nombre de malades. Mais jamais il n’a envoyé quiconque semer. N’est-ce pas étrange de vouloir moissonner là où personne n’a semé ? A moins que la semaille ne relève pas du travail des hommes. A moins que les hommes n’aient qu’à moissonner ce qu’un autre, le Tout-Autre, a semé. Il y aurait donc deux temps : le temps de l’Autre, où Dieu fait son œuvre, mystérieusement, dans le cœur des hommes, et le temps de la moisson, le temps du Christ et notre temps, où nous constatons l’œuvre de Dieu en chacun de nous. 

Ce qui amène ma deuxième question : moissonner, oui, mais quoi ? Qu’est-ce qui urge ainsi pour que même le Christ se plaigne du peu de moissonneur ? Quelle est cette œuvre qui a grandi et qu’il faut maintenant récolter ? Si notre première hypothèse (à savoir, le semeur c’est Dieu) est bonne, alors la moisson concerne bien son œuvre et il nous en faut recueillir les fruits. Nous avons donc la certitude d’en trouver, des fruits ! Dieu travaille depuis longtemps le cœur des hommes pour en espérer maintenant quelque chose de bon. Le rôle des moissonneurs est donc de savoir discerner les signes de Dieu, les traces de son passage au cœur même de la vie des hommes. Il s’agit donc, pour l’humanité, d’achever l’œuvre de Dieu, de tenir sa part dans l’Alliance jadis conclue entre Dieu et les hommes. Et si le temps de la moisson est venu, cela signifie aussi ce que Jésus ne cesse de proclamer : le Royaume est proche ! Ces temps sont les derniers. Le sens de l’histoire va bientôt être révélé. Le temps de la moisson est le temps de vérification du travail de la terre. Certes, quelqu’un a semé, mais vous  savez bien, qu’une fois que vous avez semé, le temps qui suit ne dépend pas de vous. Il ne suffit même pas d’arroser et de désherber pour être sûr que quelque chose va lever. Il y a le travail mystérieux de la terre. Le temps de la moisson que le Christ ouvre par son appel, devient le temps de vérification de la qualité de notre terre, de la qualité de notre vie. Qu’avons-nous fait de ce que Dieu a semé en nous ? Quel accueil avons-nous réservé à sa Parole ? 

Enfin, troisième question : qui sont les moissonneurs que le Christ appelle de ses vœux aujourd’hui ? Sont-ce uniquement les prêtres (ou pour faire bref, la hiérarchie de l’Eglise), successeurs, par leur ministère, des Apôtres que Jésus appelle pour la moisson ? Le passage de l’évangile de Matthieu semble lier les deux : appel à moissonner et appel des Douze ! Les prêtres et les évêques seraient donc établis pour guider le peuple, lui rappeler sans cesse la Parole de Dieu à l’œuvre et l’inviter sans délai à se convertir pour qu’il puisse produire les bons fruits attendus ! Leur ministère serait donc un ministère d’accompagnement et de discernement. Mais cela signifierait aussi qu’il n’y aurait pas de moisson possible là où il n’y a pas ou plus de prêtre ! D’où la demande de Jésus concernant la prière pour que Dieu envoie des moissonneurs. Est-ce bien raisonnable d’énoncer les choses ainsi ? N’est-ce pas oublier un peu vite que nous sommes tous, par notre baptême, prêtre, prophète et roi ? En clair que chaque baptisé, pour la part qui est la sienne, peut participer à la moisson. Chaque baptisé est invité à se convertir, à discerner en lui l’œuvre de Dieu pour mieux y répondre. Chaque baptisé, par le témoignage qu’il donne, peut entraîner à sa suite des hommes et des femmes qui auront soif du Christ et qui voudront vivre eux-aussi, selon l’Evangile. Chaque baptisé porte, pour une part, le souci de la récolte. Il nous faut donc prier d’abord pour que jamais ne manquent ces chrétiens qui prennent au sérieux, dans le quotidien de leur vie, les exigences de l’Evangile et qui essaient d’en vivre. A quoi serviraient les pasteurs s’il n’y avait pas de peuple à guider ? 

En invitant à la moisson, le Christ appelle chaque baptisé à prendre au sérieux l’œuvre de Dieu en lui. La page d’évangile entendue est, pour moi, une invitation à ne pas tout reporter sur les seuls ministres ordonnés, mais à nous souvenir chacun, que nous partageons tous un sacerdoce baptismal à vivre effectivement. A cause de notre baptême, nous avons à discerner Dieu à l’œuvre dans notre vie. A cause de notre baptême, nous sommes invités à être ce peuple de prêtres dont parlait le livre de l’Exode. A cause de notre baptême, nous sommes appelés à être ce peuple particulier que Dieu se donne pour témoigner de son amour à toute créature. A cause de notre baptême, nous avons tous, chacun à sa place et selon son état de vie, à participer à cette moisson qui deviendra gerbe de vie éternelle pour tous les hommes que Dieu aime. Ouvrons-nous à l’œuvre de Dieu en notre vie, et nous participerons à une riche moisson de vie éternelle. Amen.

samedi 10 juin 2023

Fête du Corps et du Sang du Christ A - 11 juin 2023

 Quand Dieu nourrit son peuple...




(Source : Jésus est le Pain de vie | 1001 versets (la-bible.info)

 

 

 

            Il n’y a pas plus catholique comme fête que cette fête du Corps et du Sang du Christ, qui nous fait célébrer le don renouvelé chaque dimanche, pour ne pas dire chaque jour, de l’Eucharistie, ce sacrement par lequel le Christ nous est rendu présent, totalement, réellement, réalisant ainsi sa promesse d’être avec nous, chaque jour, jusqu’à la fin des temps. Cette promesse n’était pas une promesse intellectuelle : quand vous penserez à moi, je serai avec vous. Mais c’est bien la promesse de sa présence réelle à notre vie, en notre vie, par la manducation de ce morceau de pain devenu son Corps livré et son Sang versé pour notre vie. 

            Nous pouvons, comme ses contemporains, être surpris par la prétention de Jésus à être le pain vivant qui est descendu du ciel. Nous pouvons être surpris par sa prétention à être l’aliment de la vie éternelle : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Et pourtant, n’est-ce pas ce qu’il a réalisé pour nous en s’offrant en sacrifice sur le bois de la croix ? Ne nous dit-il pas, là sur la croix, de quel amour il nous aime et que cet amour est un amour sauveur ? Son offrande sur la croix prolonge et achève l’offrande qu’il avait déjà faite de sa vie lorsque, au cours du dernier repas partagé avec ses Apôtres, il leur a laissé l’eucharistie en mémorial. Faites ceci en mémoire de moi s’entend bien de cette union profonde au Christ dans notre participation au sacrement de sa présence réelle. Nous rendons le Christ réellement présent au monde par la célébration de l’Eucharistie. Nous rendons le Christ réellement présent à notre vie par notre participation à ce repas qu’il nous offre. Dans le pain partagé, c’est toute la vie de Jésus qui nous est offerte. Dans le pain partagé, c’est toute la vie de Jésus qui passe en notre vie. Dans le pain partagé, nous recevons la nourriture nécessaire pour parvenir au Royaume où Dieu nous attend. Il n’y a rien de plus grand, il n’y a rien de plus beau que l’Eucharistie, offerte en mémoire du geste de salut accompli par Jésus pour notre vie. Nous avons besoin de l’Eucharistie pour grandir dans la foi au Ressuscité de la même manière dont nous avons besoin de l’eau pour vivre. Il nous faut comprendre que nous ne pouvons pas davantage nous passer de l’eucharistie pour faire vivre notre foi que nous ne pouvons nous passer de boire pour survivre.

            L’eucharistie, mieux que la manne que nos Pères ont reçu jadis au désert, est le signe que Dieu prend soin de nous en nous donnant la nourriture au temps voulu. Le signe de la manne a été donné au peuple en exode parce qu’il récriminait contre Dieu qui l’a fait sortir d’Egypte et semble vouloir le laisser mourir au désert : Ah que les marmites étaient bonnes en Egypte ! L’Eucharistie nous est donnée pour que nous n’oubliions pas le geste de salut du Christ envers toute l’humanité. Le signe de l’Eucharistie surpasse celui de la manne, car ceux qui ont mangé la manne sont morts. Ceux qui partageront le pain de l’eucharistie ne mourront jamais, parce que ce don les unit au Christ, mort et ressuscité. C’est lui que nous accueillons dans le pain consacré et partagé. Il n’est pas une récompense pour enfant sage ou croyant particulièrement saint. Il est Jésus qui se rend présent ; il est Jésus qui nous redit son amour et nous le partage largement. Comme l’affirme Paul aux chrétiens de Corinthe, ce pain rompu et ce sang versé sont le sacrement de notre unité. De même qu’il n’y a qu’un Pain rompu, le Christ livré pour notre vie, de même il n’y a qu’une humanité pour laquelle ce pain est rompu ; c’est l’humanité dans sa totalité, à travers le temps et l’histoire, qui est sauvée par le Christ. Le sacrifice du Christ, par la célébration de son mémorial qu’est l’eucharistie, s’étend à tous les hommes à travers le temps et l’histoire. De ce fait, nous qui n’avons pas connu Jésus de son vivant, nous sommes associés à son sacrifice et nous profitons du salut offert. Quand Dieu nourrit son peuple, il le nourrit entièrement et lui donne la vie. Quand Dieu nourrit son peuple, il nourrit chacun, gratuitement, qu’il l’ait mérité ou non. Dieu prend soin de chacun et de tous en invitant au repas de l’eucharistie. N’en faisons pas un obstacle ; n’en faisons pas une médaille ; n’en faisons pas non plus un repas sans conséquence. Là encore il nous faut bien entendre Paul quand il nous rappelle que, communiant au même pain, nous formons un seul corps. Nul ne peut s’approcher de l’eucharistie et avoir du mépris pour son prochain. Nul ne peut s’approcher de l’Eucharistie et ne pas porter le souci des autres membres de ce corps unique. L’eucharistie construit l’Eglise qui célèbre l’eucharistie. S’approcher de l’eucharistie, c’est donc se reconnaître en fraternité avec tous ceux qui s’approchent pareillement de ce même repas. Si l’eucharistie rend le Christ présent à notre monde et à notre vie, notre participation à ce mystère rend le frère présent à notre vie. Hors de question de l’ignorer ! Hors de question de le tenir éloigné de moi alors que le Christ se rend également présent à lui et à moi. 

            Quand Dieu nourrit son peuple, non seulement il prend soin de lui, mais il le constitue comme peuple de frères appelés ensemble à rendre grâce à Dieu pour les merveilles qu’il réalise pour tous. Accueillons ce Pain rompu et partagé et remercions Dieu et de sa présence et des frères et sœurs qu’il met sur notre route. Ils le rendent présent à notre vie, de la même manière que le Pain rompu et partagé. Faisons corps pour être digne d’accueillir le Corps livré de celui qui est notre salut. Amen.