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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







lundi 26 novembre 2018

Christ, Roide l'univers B - 25 novembre 2018

C'est toi-même qui dis que je suis roi.





Notre année liturgique se termine comme chaque année par la solennité du Christ, Roi de l’univers. Et nous venons d’entendre, dans l’évangile, cet échange entre Jésus et Pilate au sujet même de la royauté de Jésus après que Pilate aie justement questionné Jésus ainsi : Es-tu le roi des Juifs ? 

Nous ne savons pas ce qui a poussé Pilate à interroger Jésus en ce sens. Jésus essaie bien de comprendre, mais Pilate ne répond vraiment à sa question : Dis-tu cela de toi-même ou parce que d’autres te l’ont dit ? Pourtant, n’est-ce pas la vraie question à nous poser aujourd’hui ? N’est-ce pas notre réponse à cette question qui devrait nous préoccuper ? Pour cela, il nous faut d’abord définir quelle est cette royauté de Jésus. Car, reconnaissons-le, au moment où nous assistons à cet échange, la royauté de Jésus n’est pas vraiment ce qui frappe l’auditeur ou le spectateur de la scène. La rencontre à laquelle nous assistons n’est pas une rencontre diplomatique entre deux grands de ce monde ; ce que nous voyons, c’est la rencontre entre un prisonnier et son geôlier, entre un accusé et son juge qui a pouvoir de vie et de mort. Difficile donc de confondre Jésus, Christ, Roi de l’univers, avec les rois dont l’histoire de France nous relate l’existence. Ne cherchez pas de couronne d’or et de joyaux ; il n’y aura qu’une couronne d’épines. Ne cherchez pas de pourpre ni d’hermine ; il n’y a que le manteau rouge dont les soldats ont affublé Jésus. Ne cherchez pas d’escorte militaire, ni de garde prétorienne pour protéger Jésus ; il n’y a que les soldats romains venus l’arrêter et le ligoter. Aucun des signes donc dont nos rois aimaient s’entourer ; juste une caricature de roi, un théâtre de marionnettes dont Jésus sera la victime, mais la victime consentante. Car ce moment-là, dont la rencontre avec Pilate n’est qu’un détail, est le moment de Jésus. Et il va culminer dans la croix dressée, portant le corps souffrant du Christ, révélant dans cette extrême faiblesse, la vraie royauté Jésus : celle de l’amour offert jusqu’au don de la vie afin que les hommes puissent vivre. Rien d’autre n’importe à Jésus que d’accomplir la volonté de salut de Dieu pour les hommes. 

Nous pourrons alors interroger longtemps comme Pilate : Es-tu le roi des Juifs ? Nous n’aurons, pour seule réponse, que la croix dressée et cette affirmation de Jésus : Ma royauté n’est pas de ce monde. Ne cherchons donc pas à comprendre avec nos réalités terrestres, mais entrons plus avant dans la connaissance de la volonté de Dieu pour les hommes, et de ce que l’accomplissement de cette volonté suppose. Nous comprendrons vite que nous n’échapperons pas au passage de Jésus par la croix. Sa gloire vient de son obéissance au Père. Sa vie de ressuscité, il la doit à son obéissance au Père. Notre vie, il la doit (et nous la devons) à son obéissance au Père. Non pas que le Père se délectât de voir son Fils mourir en croix ; mais il fallait que le Fils s’offrît, il fallait qu’il vive la vie humaine jusque dans la mort pour que nous en soyons libérés. N’est-ce pas le premier rôle d’un roi que celui de protéger et de faire vivre son peuple ? Avec Pilate, nous pouvons interroger : Alors tu es roi ? Parce que cette découverte ne vient pas tant de l’enseignement que de l’expérience. Il faut avoir fait l’expérience de ce salut offert, par grâce, pour désirer que le Christ règne dans nos cœurs et gouverne notre vie. Il faut avoir fait l’expérience de cet amour sans limite pour confesser le Christ comme le roi de l’univers, roi non à la manière des hommes, mais à la manière de Dieu.

C’est toi-même qui dis que je suis roi. Le mot de la fin reviendra à Jésus ; il reconnaîtra le chemin que nous avons parcouru. Il acceptera de devenir notre roi pour que vive son amour à travers nous. Car cet événement de Pâques est pour tous les hommes, à travers tous les temps. Il nous revient d’en témoigner pour que tous les hommes, habitant le même univers, puissent reconnaître en Jésus ce roi qui nous offre sa vie, ce roi qui nous libère du péché et de la mort, ce roi qui nous gouverne pour nous mener à la vie en plénitude, avec lui, auprès du Père. Amen.

dimanche 11 novembre 2018

32ème dimanche ordinaire B - 11 novembre 2018

Ne retenons pas les trésors de Dieu !






De quoi nous parle-t-on au juste dans les lectures de ce dimanche ? L’histoire d’Elie et de la veuve de Sarepta, doublée de celle de la veuve qui est remarquée par Jésus pour ses deux petites pièces de monnaie déposées au Trésor du Temple, nous inciterait à répondre que la liturgie nous parle de partage. Pourtant, il y a un autre texte que nous oublions trop souvent quand, en certains lieux, il n’est pas remplacé par un chant ; c’est le psaume qui donne une indication complémentaire sur la teneur des textes. Et le psaume de ce dimanche, le psaume 145, nous parle de Dieu et de son œuvre de salut. Car, ne l’oublions jamais, c’est de Dieu que Jésus est d’abord venu parler aux hommes ; c’est au sujet de Dieu qu’il nous enseigne. Et que nous dit-on alors de Dieu aujourd’hui ? 

Eh bien d’abord que Dieu se soucie de nous, et en particulier du pauvre et du fidèle. Voyez Elie et la veuve de Sarepta. Ils sont dans la main de Dieu, même si la veuve semble l’avoir oubliée. Le prophète Elie, dont la vie est toute tournée vers le service du Seigneur en une époque difficile, l’expérimente régulièrement. Sa demande à la veuve, - le faire manger avant qu’elle ne mange elle-même avec son fils - , semble déplacée et égoïste. Mais elle manifeste surtout sa confiance en Dieu qui ne tardera pas à se manifester : Ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. Il annonce ainsi la proximité de Dieu aux hommes dans leurs épreuves et la récompense qu’il accorde à ceux qui lui sont fidèles. Le salut n’est pas une idée en l’air ; la providence n’est pas une vue de l’esprit. La certitude que Dieu nous accompagne doit être une constante de notre foi, profondément ancrée en nous. Ce qui se passe pour Elie et la veuve de Sarepta, Dieu le renouvelle pour nous. Relisez le psaume pour vous en convaincre : Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain. Nous pouvons certes considérer que ce ne sont là que des mots pour la prière ; mais nous pouvons aussi considérer que ce sont là les mots de l’alliance de Dieu avec les hommes, des mots qui engagent Dieu (nous le voyons avec Elie), mais des mots qui engagent aussi les hommes. 

C’est la veuve de l’Evangile qui nous le rappelle discrètement. Elle est certes remarquée par Jésus, mais c’est sans doute le seul qui aura noté son offrande. Qui prête attention à une pauvre veuve alors que tant d’autres (les scribes dénoncés par Jésus en particulier) tiennent à se montrer, à se faire saluer, à être honorés publiquement ? Non, personne n’aura vraiment prêté attention à cette femme, si ce n’est Jésus, si ce n’est Dieu ! Non seulement, il aura vu, mais il aura estimé à sa juste valeur cette pauvre offrande. Elle a mis plus que les autres… Elle a pris sur son indigence, elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. N’est-ce pas là, la part d’alliance qui relève des hommes ? Si Dieu est attentif, miséricordieux, providentiel pour les hommes, les hommes ne doivent-ils pas être à la hauteur de Dieu ? Quand Dieu s’intéresse à nous, ce n’est pas pour nous rabaisser ; il n’intervient pas pour nous humilier. Non, quand Dieu intervient dans la vie des hommes, c’est pour les élever, les faire grandir, les sauver. L’homme ne saurait alors rester sur la touche ; il ne saurait sous-estimer l’œuvre de Dieu. Il cherchera à faire pour d’autres, ce que Dieu a fait pour lui. C’est cela le geste de la veuve. Elle n’a rien fait pour être remarquée des hommes ; elle fait ce qui lui semble juste : donner parce qu’elle a tant reçu de l’amour de Dieu ; donner, alors même qu’elle n’a que très peu. Avec ses deux petites pièces, c’est toute sa foi qu’elle offre à Dieu, sûre que lui peut quelque chose avec ce petit rien. Dans sa pauvreté, elle refuse qu’on puisse dire qu’elle est trop pauvre pour changer les choses ; elle refuse qu’on lui enlève cette dignité fondamentale de l’être humain qui le rend plein de compassion pour autrui. Puisque Dieu ne détourne pas son regard des hommes, comment pourrait-elle détourner le sien ? La pauvreté n’empêche pas de voir le monde tel qu’il est ; elle rend peut-être le regard de l’homme encore plus perçant, et le cœur de l’homme plus attentif à autrui. En faisant remarquer aux autres cette veuve, Jésus nous rappelle que Dieu voit ces petits gestes et leur donne leur juste grandeur. Aucun acte de charité, si petit et si discret soit-il, ne sera perdu ou inaperçu aux yeux de Dieu. C’est même l’amour qui est le critère principal pour Dieu. N’est-ce pas ce que nous rappelait Jésus dimanche dernier lorsqu’il nous invitait à aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes ? 

Dieu veille sur ceux qui le craignent. Dieu est bon pour tous les hommes, et veut leur salut. Comment dès lors ne pourrions-nous pas aider à répandre ce salut, nous à qui il a été révélé en Jésus ? Comment pourrions-nous vivre comme si de rien n’était, alors que nous connaissons la bonté de notre Dieu ? Dieu déverse des trésors d’amour sur nous ; ne les retenons pas, mais déversons-les à notre tour, à l’image de ces deux veuves, confiants que ces trésors ne s’épuiseront que si nous refusons de les partager. Amen.

 

 

samedi 3 novembre 2018

31ème dimanche ordinaire B - 04 novembre 2018

De Jésus, apprenons ce qu'aimer veut dire.







J’aime beaucoup la langue française, sa musicalité, la richesse de ses nuances ; mais je dois bien reconnaître qu’en matière d’amour, elle manque de vocabulaire. Ainsi, le français aime-t-il la glace à la vanille comme il aime une personne. Un même mot pour exprimer des réalités pourtant différentes. Il y a alors un risque réel de ne plus vraiment savoir ce que signifie ce mot, à force de l’utiliser à tort et à travers. Et je me mets à rêver que la langue française déploie ses trésors d’inventivité pour décliner ces réalités diverses avec des mots divers pour garder au verbe Aimer toute la richesse que le Christ lui donne dans l’évangile de ce dimanche. 

Remarquez bien l’habileté de Jésus : pour ne pas gâter ce beau mot, il le décline sous trois modes inséparables. Il ne crée rien de neuf : vous trouverez déjà ces trois modes dans des textes du Premier Testament. Nous en avons eu un exemple dans la première lecture, quand Moïse exhorte le peuple : Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ce qui peut être nouveau, c’est la manière dont Jésus lie tout cela. A la question du scribe, Jésus répond ainsi : Voici le premier, et il cite la parole de Moïse à son peuple que je viens de rappeler. Puis il ajoute : Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (une reprise de Lévitique 19, 18). Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. Les trois modes de l’Amour sont donnés en deux versets : aimer Dieu, aimer l’autre, s’aimer soi. Ces trois modes ne sont pas à vivre dans une succession à définir, mais ensemble. Jésus nous dit qu’on ne peut approcher le véritable amour qu’en aimant et Dieu et l’autre et soi, dans un même mouvement. Prenons le temps de bien comprendre cette articulation donnée par Jésus. 

Aimer Dieu, voilà qui semble à beaucoup de nos contemporains comme une curiosité de l’histoire. A force de reléguer Dieu aux oubliettes de l’histoire, pourrait-il en être autrement ? Pourtant, toute la révélation biblique s’accorde sur ce point. Il n’y a pas de véritable amour possible sans cette découverte fondamentale : je suis aimé de Dieu et je suis appelé à l’aimer en retour. Ce que saint Jean traduit ainsi : Dieu EST amour. Autrement dit, c’est parce qu’il se sait aimé de Dieu que le croyant se découvre capable de l’aimer en retour. C’est parce qu’il est aimé de Dieu que le croyant devient capable d’amour. Pour aimer, il faut avoir fait l’expérience de l’Amour total que Dieu porte à tous les hommes. Aimer Dieu, c’est comprendre que l’amour est plus grand que tous les sentiments humains ; que l’amour est plus fort que tout ce que l’homme peut imaginer. Se pose alors une question d’importance : celui qui ne connaît pas Dieu, est-il capable d’aimer ? Bien sûr. Mais il aimera d’un amour humain, d’un amour marqué par les limites de notre commune humanité. Ne pas connaître Dieu, ou refuser l’idée d’un dieu, n’empêche pas d’aimer, heureusement ! Mais je crois que cela limite notre manière d’aimer. En effet, c’est en Jésus que Dieu a montré à l’humanité jusqu’où pouvait, jusqu’où devait aller l’amour. En Jésus, Dieu nous apprend qu’il est la source de l’amour ultime. Aimer Dieu, c’est découvrir au fond de soi la capacité d’aimer comme lui puisque nous sommes faits à son image et à sa ressemblance. 

Nous pouvons alors aborder le deuxième terme de l’enseignement de Jésus : aimer son prochain. Voilà qui semble acquis à beaucoup. L’homme comprend très vite qu’il ne peut pas vivre en faisant constamment la guerre aux autres. Vient toujours le moment où il doit surmonter sa rage, sa méfiance, pour dire à l’autre, qu’à défaut d’avoir du prix pour lui, il peut vivre en bonne intelligence avec lui. Finalement, aimer l’autre, c’est peut-être reconnaître qu’il st comme moi : aimable, capable d’aimer, capable d’être aimé, malgré ses défauts et avec ses qualités. Aimer l’autre, c’est donc l’accepter tel qu’il est, c’est-à-dire forcément différent de moi, forcément différent de ce que j’en attends. Lorsque Jésus nous presse d’aimer l’autre, il lie cet amour de l’autre à l’amour de Dieu. Là encore, l’Apôtre Jean a bien saisi l’enseignement du Christ. Dans sa première lettre, il nous dit que celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas son frère qu’il voit, celui-là est un menteur. L’amour de l’autre devient, pour Jésus, la marque de l’amour de Dieu. L’autre devient le sacrement de l’amour de Dieu, c’est-à-dire le signe visible de l’amour invisible que je porte à Dieu. Voilà Dieu et l’homme unis de manière absolue. Il ne nous est plus possible de dissocier ce que le Christ a si fortement uni. 

Reste alors le troisième terme de l’enseignement de Jésus : s’aimer soi. Voilà qui peut s’entendre comme quelque chose de nouveau. Nous avons tous été marqués par une sorte de maladie qui nous faisait refuser l’amour de soi. Personne n’aurait l’idée de dire : je m’aime ! Cela paraîtrait pour le moins curieux. Pourtant Jésus nous dit : aime Dieu et aime ton prochain comme toi-même, c’est-à-dire comme tu t’aimes. Comment, en effet, puis-je manifester de l’amour à quiconque si je ne me supporte pas. Il ne s’agit pas de devenir narcissique, mais de se reconnaître capable d’aimer, de se reconnaître tel que Dieu nous a fait, à son image et ressemblance. Comment puis-je accepter que l’autre ait des limites et ne soit pas parfait, si je ne découvre pas d’abord mes propres limites, ma propre imperfection ? Comment croire que l’autre est capable d’amour envers moi, si je ne suis pas capable d’accepter l’image que me renvoie mon miroir ? A moins que Jésus ne veuille dire : aime Dieu et aime ton prochain comme toi-même tu es aimé. Ceci peut s’entendre si le « comme tu es aimé » sous-entend bien « par Dieu ». Jésus nous dirait donc : aime Dieu et ton prochain de l’amour que Dieu lui-même te porte. 

Aimer Dieu, aimer son prochain et s’aimer soi : trois pendants d’une même réalité donc. Supprimer une seule forme d’amour, et vous amputez l’homme dans sa capacité à aimer. Si je ne m’aime pas, je ne suis pas capable de croire que quelqu’un puisse m’aimer vraiment. Si je n’aime pas les autres, je ne suis qu’un égoïste. Si je n’aime pas Dieu, mon amour sera toujours limité par mon humanité. Croyants, nous avons la chance de découvrir dans l’enseignement et dans la vie de Jésus le sens profond et véritable de ce mot : Aimer. Puissions-nous toujours fréquenter ce maître et apprendre de lui à aimer davantage, à aimer toujours mieux. Car seul l’amour nous sauvera ; seul l’amour nous fera entrer totalement dans le monde de Dieu. AMEN.