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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 26 mars 2011

03ème dimanche de Carême A - 27 mars 2011

Célébrer le pardon pour s'ouvrir aux dons de Dieu.




Ce devait être une belle et chaude journée, celle de cette rencontre de Jésus avec la Samaritaine, au bord du puits de Jacob. Personne ne s’étonnera donc que Jésus ait pu avoir soif, aux environs de midi, après un temps de marche. Non, il n’y a là que des choses très normales. La demande de Jésus : Donne-moi à boire, va pourtant bouleverser la vie de cette Samaritaine, la vie des gens de son village, et peut encore aujourd’hui bouleverser la nôtre.

Donne-moi à boire ! Derrière cette soif toute humaine, nous le comprenons vite, se cachait une autre soif de Jésus. C’est comme si Jésus voulait rencontrer cette femme et se révéler à elle. La surprise de la Samaritaine plaide en ce sens. Elle n’est pas étonnée que Jésus puisse avoir soif, mais qu’il s’adresse à elle : Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? L’évangéliste Jean précise le pourquoi de cet étonnement pour ceux qui ne seraient pas au fait des subtilités politico-religieuses de l’endroit : en effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains. Il faut donc que l’heure soit grave pour que, malgré tout, ces deux là se parlent. Et la soif d’eau fraîche se fait vite oublier. Nous comprenons que la soif de Jésus est une soif de rencontre, mais de rencontre en vérité. Petit à petit, il révèle cette femme à elle-même (il m’a dit tout ce que j’ai fait !) et se révèle à elle. D’étranger Juif, Jésus est reconnu par cette femme d’abord comme prophète, puis comme Messie. Une simple demande d’eau peut aboutir à une conversion, et la conversion à une mission : Venez voir, dit-elle aux gens de son village, un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Quiconque a bu à la source des paroles de Jésus en repart, transformé.

Il semblerait que la soif de Jésus cache une autre soif, non exprimée celle-là : la soif de cette femme. Après tout, pourquoi entrer en conversation avec quelqu’un qui appartient à un groupe qui vous ignore et vous déteste ? Pourquoi prolonger la rencontre plus que ce qui est nécessaire ? Il ne faut pas tout un discours théologique pour puiser un verre d’eau ! De la demande de Jésus : Donne-moi à boire, l’évangéliste passe vite à la demande utilitaire de la femme : donne-la moi, cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. Et voilà cette femme, venue au puits de Jacob pour sa corvée d’eau, qui, oserai-je dire, tombe dans le puits de Jésus d’où elle ne ressortira qu’après avoir compris quelle est cette eau que Jésus veut donner. Elle demandait une eau magique ; elle va recevoir l’eau de la foi et avec cette eau, le pardon que Jésus vient offrir à tous. Sa vie en sera transformée.

L’eau jaillissante pour vie éternelle que Jésus annonce est bien d’abord l’eau du baptême par lequel nous parvenons à la foi. Cela suppose de savoir exprimer qui est Jésus pour nous et de vouloir faire la vérité sur notre vie. Je n’ai d’intérêt à suivre Jésus que si je veux vivre autrement, vivre mieux, vivre en paix avec mon histoire. Lorsque coule l’eau du baptême, nous sommes lavés de notre péché et introduit dans la vie de Dieu. L’eau du baptême est bien, en nous, source jaillissante pour la vie éternelle. Toutefois, et nous en faisons tous l’expérience dans notre vie, il ne suffit pas toujours d’accueillir ce don pour vivre toute notre vie comme Jésus nous le demande ; nous faisons l’expérience du péché, et cette source jaillissante peut alors devenir eau stagnante. La vie ne jaillit plus en nous lorsque nous laissons le Mal s’installer ; la source est comme tarie. Heureusement, les dons de Dieu ne tarissent jamais et il nous est encore possible de rendre cette eau à nouveau jaillissante : il nous faut, comme la Samaritaine, demander à Jésus cette eau que nous avions accueilli au moment de notre baptême ; lui demander de la faire jaillir à nouveau en nous en accordant le pardon de Dieu, en enlevant de notre vie la boue du péché qui écrase la source et l’empêche d’irriguer notre vie. Ayant fait un jour le choix de Dieu, nous pouvons retrouver en nous la source de notre vie dont le péché nous avait éloigné, en célébrant le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Nous retrouvons ainsi la présence de Dieu au cœur de notre vie. Pour célébrer ce pardon, il nous faut le vouloir, il nous faut reconnaître que Jésus peut quelque chose pour nous, et désirer redevenir ce que nous sommes par notre baptême : fils et fille de Dieu, appelés à la vie éternelle. Il nous faut poser le risque de la vérité. La Samaritaine ne s’est pas offusquée lorsque Jésus lui a dit la vérité sur sa vie ; elle s’est sentie libérée et elle a partagé cette libération avec les siens pour qu’ils puissent vivre la même expérience, la même rencontre, le même retour à une vie apaisée. Ne vous étonnez donc pas que vos prêtres vous invitent sans cesse à célébrer ce sacrement si précieux, si beau, du pardon : faisant la vérité sur votre vie, il vous rendra la liberté des fils de Dieu. Une rencontre avec Jésus est toujours exigeante parce qu’elle ne nous fera jamais l’économie de cette vérité sur notre vie : notre liberté est à ce prix.

Osons demander à Jésus que jaillisse à nouveau en nous la source vive de notre baptême. Profitons de ce carême pour faire la vérité en notre vie. Parvenus au seuil de Pâques après avoir célébré le pardon de Dieu, nous pourrons accueillir le don de l’eau au cours de la nuit pascale et nous abreuver sans cesse à cette source jaillissante pour la vie éternelle. Nous aurons passé la mort avec le Christ, et il pourra demeurer chez nous, comme il a demeuré chez les Samaritains. Pour notre plus grande joie. Amen.






(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu, voir mes liens)

vendredi 18 mars 2011

02ème dimanche de Carême A - 20 mars 2011

Célébrer la réconciliation pour entrer dans le projet de Dieu.




Il n’avait sans doute plus grand chose à prouver, Abraham, lorsque le Seigneur s’est adressé à lui pour la première fois. Il a bien mené sa vie, il est parvenu à un âge vénérable. Et pourtant, à l’appel du Seigneur, autant dire pour lui à l’appel d’un inconnu, voilà Abraham qui laisse tout pour se mettre en route, partir à l’aventure pour aller Dieu seul sait où. Un appel, une décision radicale, et voilà notre Abraham devenu à jamais le Père de tous les croyants. La suite de l’histoire, nous la connaissons : la promesse d’un fils, la naissance de ce fils, le sacrifice demandé… Aussi intéressons-nous donc encore un peu à ce début.

Car ce début tient à la fois du fantastique et du roman d’aventure. Du fantastique, parce que quelqu’un parle à Abraham d’un pays lointain dans lequel il trouverait, non pas amour, gloire et beauté, mais bénédiction : Je te bénirai et tu deviendras une bénédiction. Voilà qui est bien mystérieux : nous partirions volontiers pour des choses futiles et matérielles ; Abraham part pour une promesse de bénédiction : Je ferai de toi une grande nation, je rendrai grand ton nom. Ce début tient aussi du roman d’aventure, car il ne sait même pas comment cette bénédiction sera réalisée ; il ne sait même pas quand elle sera réalisée ; il ne sait même pas s’il arrivera au bout du chemin (à son âge et en ces temps farouches, un accident est vite arrivé) ; mais il part. Il entre dans un projet qui n’est pas le sien, mais qui est pour lui. Il part et fait sien ce projet du Seigneur. Il entre dans une obéissance à ce Seigneur qui l’appelle. Peut-être accueille-t-il déjà comme une bénédiction cet appel à se mettre en route ! Suivre Dieu, entrer dans le projet qu’il porte pour nous, relève bien de l’aventure.

Ce chemin d’Abraham sera désormais le chemin de tout croyant. Ce sera notre chemin. Comme Abraham, nous sommes appelés. Comme Abraham, il nous faut répondre. Notre baptême est un début de réponse à Dieu. Les sacrements que nous célébrons dans la foi sont une suite à cette réponse initiale. Nous disons à Dieu que nous voulons bien marcher avec lui ; nous disons à Dieu que nous lui faisons confiance et que nous voulons bien nous laisser guider par lui. Entrer dans le projet de Dieu, ce n’est pas la décision d’un instant, c’est la décision de toute une vie ; un « oui » à Dieu à redire chaque jour. Comme Abraham, nous ne comprenons peut-être pas toujours ce que Dieu attend, ni pourquoi il nous demande ceci ou cela ; mais comme Abraham, nous pouvons avoir la certitude que Dieu sera toujours avec nous et qu’il veut notre bonheur : c’est peut-être cela la plus grande bénédiction de Dieu. Il nous appelle pour nous rendre heureux ; il nous appelle et nous bénit pour que nous réussissions notre vie avec lui et avec les autres.

Il suffit de relire la vie d’Abraham pour se rendre compte de sa foi en ce Seigneur qui l’a appelé, même au temps difficile où ce même Seigneur qui lui avait donné Isaac, l’enfant de la promesse, lui demande de rendre l’enfant dans un sacrifice. Il ne comprend sans doute pas grand-chose, mais il y va, sûr que le Seigneur pourvoira à tout. Nous savons ce qui advint et combien Abraham a eu raison de faire confiance encore, de consentir encore à ce Dieu qui l’a sorti de la terre de ses ancêtres. Petit à petit, Dieu se révèle à Abraham et la confiance de celui-ci grandit.

Appelés par Dieu, désireux de marcher à sa suite, nous faisons l’expérience de choses difficiles dans notre vie. Nous faisons même l’expérience du Mal au cœur de notre vie. Nous avons beau aspirer au bien, quelquefois le Mal survient. Avec Abraham, nous pouvons continuer à croire en la bénédiction de Dieu sur nous. Lorsque nous cédons au Mal, nous pouvons choisir de revenir vers Dieu ; nous pouvons choisir à nouveau le projet d’amour de Dieu pour nous. Lorsque nous célébrons la réconciliation, c’est bien d’abord une bénédiction que Dieu nous donne avant de nous offrir l’absolution de nos péchés. Il vient nous redire, malgré le mal que nous avons fait, combien il nous aime, combien il veut encore que nous marchions à sa suite. Lorsque le prêtre prononce ces paroles : Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : par le ministère de l’Eglise, qu’il vous donne le pardon et la paix, c’est bien une bénédiction qu’il nous adresse de la part de Dieu. Il nous dit tout le bien que Dieu veut et réalise pour nous, en Jésus, mort et ressuscité. Et nous découvrons, à chaque pardon, le véritable visage de Dieu : il est miséricordieux, il veut nous pardonner nos errements loin de lui, il nous veut dans sa paix. Il nous encourage par sa bénédiction sans cesse renouvelée.

Découvrant le véritable visage de Dieu pour nous, nous redécouvrons que son projet pour nous est bien un projet d’amour, un projet qui nous mènera au bonheur sans fin, un projet de salut. Comment refuser cette grâce que Dieu nous fait dans ce sacrement si précieux ? Comment ne pas courir vers Dieu pour être réconcilié avec lui et retrouver notre dignité de fils que le péché avait étouffé ? En nous préparant à reconnaître l’amour de Dieu pour nous et à confesser en même temps notre péché au terme de notre Carême, nous réaffirmons notre désir de vivre avec Dieu et pour Dieu. Au seuil de la Semaine Sainte, nous pourrons lui redire avec confiance : non pas ma volonté, mais la tienne. Amen.




(Image de Jean-Yves Decottignies, in Mille dimanches et fêtes, Année A, éd. Les Presses d'Ile de France)

vendredi 11 mars 2011

01er dimanche de Carême A - 13 mars 2011

Célébrer le pardon pour résister au Mal !



Les enfants qui préparent leur première confession le savent bien ; ils l’apprennent dès les premières rencontres de catéchisme : dans la vie, quelquefois c’est comme ça ; dans la vie, quelquefois c’est pas facile ; dans la vie, quelquefois, ça ne va plus. Et ce n’est même pas toujours de notre faute. Le Mal est présent au cœur de notre vie ; nous en faisons tous l’expérience. La question, c’est qu’est-ce qu’on fait, une fois qu’on le sait ? Peut-on s’en sortir ? Les textes bibliques que nous avons entendus nous disent que oui, et nous donnent même un chemin pour nous en sortir. Ce chemin est double : conformer notre vie à la parole de Dieu et nous placer à la suite du Christ.

Conformer notre vie à la parole de Dieu. C’est bien la leçon que nous pouvons tirer de l’histoire de nos premiers parents. Créés par Dieu, ayant reçu de lui le souffle de vie, l’homme et la femme sont à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ils ont tout reçu de lui. La seule chose qu’ils doivent respecter, c’est un interdit : ne pas toucher à l’arbre qui est au milieu du jardin. Pas vraiment mission impossible, me direz-vous, d’autant qu’ils ont tous les autres arbres à disposition. Dans leur jardin, ils ne manquent de rien. Et pourtant, comme le rappelle Paul aux chrétiens de Rome, un jour, par Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort. Le ver est dans le fruit, le mal est fait. Pourquoi ? Parce que quelqu’un, le Serpent, a travesti la Parole de Dieu, donnant du même coup de Dieu une image fausse et pervertie. Adam et Eve se sont laissés avoir et ne s’en rendent compte que trop tard, une fois que le Mal est fait : leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus ! Nus parce qu’éloignés soudainement de Dieu. Nus, parce qu’ils ne leur restent que leurs yeux pour pleurer. L’écrivain biblique nous indique même que désormais, ils se cachent devant Dieu. Ils ont honte. C’est comme ça ; c’est pas facile ; ça ne va plus ! Une parole comprise de travers, une image de Dieu pervertie, et le Mal est là.

Dans l’Evangile, lorsque Jésus est soumis à la tentation, le Mauvais utilise toujours et encore la même arme : il joue avec la Parole de Dieu. Mais Jésus, à la différence d’Adam, rectifie la parole ; il ne se laisse pas avoir. Il est le Fils que Dieu a envoyé ; il est le Fils qui est fidèle à son Père, qui écoute son Père et agit comme son Père attend. La Parole de Dieu est sa seule ligne de conduite, sa seule arme contre la tentation du pouvoir, de la possession et de la toute-puissance. Ecoutant la Parole de Dieu et la méditant dans notre cœur, nous pouvons user de cette même arme pour lutter contre le Mal.

Imitant ainsi le Christ, nous comprenons le deuxième chemin proposé pour résister au Mal : suivre le Christ en tout. C’est Paul qui nous y encourage lorsqu’il nous affirme que si à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul homme, la mort a régné, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en plénitude le don de la grâce qui les rend justes. Pour être tout à fait clair, si par Adam le péché est entré dans le monde, par Jésus, c’est le salut qui nous est obtenu. Suivre le Christ, c’est recevoir de lui le don de la vie en plénitude, le don du salut. Lui seul, Jésus, peut nous sauver ; lui seul peut définitivement vaincre le Mal et la Mort. Son obéissance à Dieu, en toute chose, nous vaut le pardon et la vie.

Pour nous aider à suivre ainsi le Christ sur le chemin de l'obéissance parfaite et conformer notre vie à la Parole de Dieu, l'Eglise nous propose un sacrement ; celui qui, malgré notre péché, nous dit l'amour de Dieu pour nous : le sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation. Si l’Eglise nous invite à célébrer le pardon, de manière régulière, c’est bien parce que, dans ce sacrement, s’approfondit notre désir de résister toujours davantage, toujours mieux au Mal. Certains disent : ce n’est pas la peine de se confesser puisque nous retombons toujours à cause des mêmes choses. Sans doute, mais si nous prenons au sérieux la grâce de ce sacrement, nous nous rendrons compte que petit à petit, de péchés commis en pardons reçus, nous progressons à la suite du Christ, nous devenons plus résistants au Mal. La première des choses à faire est de regarder honnêtement notre vie, non pas pour nous en désoler, mais pour porter sur notre vie le regard même de Dieu, qui est toujours et déjà un regard de pardon, un regard d’amour. Quelquefois, dans notre vie, ça va mal ; mais toujours, dans notre vie, même et surtout quand ça va mal, Dieu veut nous rejoindre et nous libérer de ce qui nous retient loin de lui, de ce qui nous éloigne de lui. Célébrer le pardon, rencontrer un prêtre pour se confesser devant Dieu, c’est exprimer notre désir de la présence de Dieu au cœur de notre vie ; c’est exprimer notre désir de revenir vers ce Dieu, même si nous nous sentons nus devant lui. Par son pardon, il nous revêtira de l’habit de fils. Célébrer le pardon, c’est demander à Dieu son aide pour que nous puissions mieux entrer en résistance contre le Mal et le péché. Ça ne se fait pas en un jour ; c’est l’œuvre d’une vie spirituelle, menée en fidélité à la Parole de Dieu, à la suite du Christ qui nous redit toujours que Dieu nous aime, même lorsque nous sommes pécheurs.

Permettez que je termine par une histoire qu’un vieux rabbin racontait. Il disait : chacun de nous est relié à Dieu par un fil. Et lorsqu’on commet une faute (un péché), le fil est cassé. Mais lorsqu’on regrette sa faute, Dieu fait un nœud au fil. Du coup, le fil est plus court qu’avant. Et le pécheur est un peu plus près de Dieu ! Ainsi, de faute en repentir, de péché en pardon célébré, de nœud en nœud, nous nous rapprochons de Dieu. Finalement, chacun de nos péchés est l’occasion de raccourcir d’un cran la corde à nœuds et d’arriver plus vite près du cœur de Dieu. Tout est grâce ! Mêmes les péchés... Si nous entrons dans une démarche de pardon et de réconciliation. Amen.




(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'Evangile, éd. Les presses d'Ile de France)

(Histoire reprise par Jean VERNETTE, in Paraboles pour aujourd'hui, éd. Droguet & Ardant)

mercredi 9 mars 2011

Mercredi des Cendres - 09 mars 2011

Célébrer le pardon pour faire le choix de Dieu.



Un jour qu’un archéologue fouillait les décombres d’une cité ancienne, il découvrit – enfouie dans la terre – une vieille pièce de monnaie. Elle avait triste mine : couverte de vert-de-gris, maculée par la glaise, rongée par l’humidité, abîmée par le temps ! Pas brillante ! Elle n’avait ni relief, ni figure présentable. Il la prend alors dans ses mains, avec infiniment de délicatesse, la polit et la repolit doucement. Et, miracle ! Voici qu’apparaît peu à peu à nouveau le visage effacé du Roi à l’effigie duquel elle a été frappée. Ainsi, par son pardon Dieu peut-il remettre à neuf en nous, son Visage maculé par nos péchés. Si nous le voulons (in Jean Vernette, Paraboles pour aujourd’hui, éd. Droguet & Ardant, p. 115).

Si j’ai commencé par cette parabole, c’est bien parce que notre Carême, que nous inaugurons solennellement ce soir, à quelque chose à voir avec Dieu, avec son image qui a été gravée en nous au jour de notre baptême, avec le pardon qu’il veut nous offrir. Je m’explique.

Le carême a quelque chose à voir avec Dieu, parce que c’est lui qui nous offre ce temps, parce qu’il se languit de nous. Revenez à moi de tout votre cœur… C’est bien Dieu qui parle ainsi par son prophète ; c’est bien Dieu qui nous appelle ainsi à la conversion. Le carême est ce temps favorable qui peut nous permettre d’effectuer ce retour vers le Père. Dieu n’a pas besoin du carême pour nous parler, ni nous appeler ; il nous offre ce temps pour que nous puissions choisir de lui répondre. A nous qui sommes souvent pris par le temps, à nous qui courrons toujours après le temps, Dieu vient nous offrir quarante jours pour souffler, quarante jours pour faire le point, quarante jours pour refaire le choix de Dieu, le choix de vivre selon sa Parole. Le carême est une chance pour notre vie spirituelle ; saisissons-la !

Le carême a quelque chose à voir avec l’image de Dieu gravée en nous au jour de notre baptême. Oui, nous sommes comme cette pièce trouvée par l’archéologue. Le mal que nous faisons, le péché auquel nous nous soumettons, salissent l’image de Dieu que nous sommes. Quand il y a trop de saletés, trop de boues, trop de vert-de-gris, celui qui regarde ne voit rien d’autre que cette saleté. Il faut le regard aimant de Dieu, et toute la patience de Dieu pour que revienne à la pleine lumière ce que nous sommes vraiment : des fils et des filles de Dieu. Prenant le temps de la prière, nous entendrons à nouveau Dieu nous parler et nous inviter à vivre selon sa parole. Prenant le temps du jeûne, nous nous recentrerons sur ce qui est essentiel, laissant de côté le superflu. Prenant le temps de la charité, nous vivrons l’expérience de la solidarité avec les plus pauvres, avec celles et ceux qui ont encore moins de chance que nous et qui sont aussi fils et filles de Dieu, et donc aussi nos frères et nos sœurs. Prière, jeûne et charité nous permettront de manifester clairement notre désir de vivre comme Dieu. Prière, jeûne et charité nous laverons déjà de cette boue qui nous salit.

Le carême a quelque chose à voir avec le pardon que Dieu ne cesse de nous offrir. L’appel de Paul aux chrétiens de Corinthe est pour nous, ce soir et tout au long de ce carême : Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Laissez Dieu être Dieu. Un proverbe berbère affirme que si Dieu ne pardonnait pas, son paradis resterait vide. C’est dans la nature de Dieu de pardonner, quel que soit le mal commis. Encore faut-il accepter d’être pardonné, accepter d’aller à la rencontre de Dieu pour recevoir de lui ce don. Comme l’archéologue pour sa pièce, Dieu nous polit, nous lave avec patience et douceur, et nous retrouvons notre splendeur. Ce carême 2011, nous voulons le consacrer à approfondir notre connaissance du sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Chaque dimanche, nous pourrons découvrir un aspect de ce sacrement à travers les lectures bibliques proposées et nous pourrons ainsi prendre la route qui nous mènera à un pardon vécu en vérité. Nos actes de charité et de piété nous permettront d’être dans des dispositions favorables pour accueillir ce pardon que Dieu veut nous donner. Par notre prière plus soutenue, nos oreilles s’ouvriront pour entendre Dieu ; par notre jeûne et nos abstinences, notre corps se libèrera de ses esclavages ; par notre charité renouvelée, notre cœur se dilatera et nos mains s’ouvriront. Plus attentifs, plus libres, plus ouverts, nous pourrons alors accueillir le don du pardon de Dieu.

Durant ces quarante jours qui nous préparent aux fêtes pascales, laissons-nous trouver par Dieu ; laissons-nous purifier par lui et nous parviendrons à Pâques, resplendissants de la lumière du Ressuscité. Heureux celles et ceux qui se laisseront réconcilier avec Dieu et avec leurs frères : ils auront fait le choix de Dieu et passeront la mort avec le Christ pour vivre avec lui, maintenant et toujours. Amen.




(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu, voir mes liens)

samedi 5 mars 2011

09ème dimanche ordinaire A - 06 mars 2011

Il ne suffit pas de dire... Il ne suffit pas de bien vivre !


Des paroles, des paroles, des paroles… encore et toujours des paroles… Qui ne connaît pas ce refrain chanté jadis par Dalida ? Elle se moquait d’un homme qui n’avait que de belles phrases à la bouche, mais dont elle attendait autre chose. L’Evangile de ce dimanche semble nous dire que Jésus pourrait chanter la même chanson à ces hommes et ces femmes qui n’ont que son nom à la bouche, mais pas dans le cœur et encore moins dans les actes.

Depuis quelques dimanches, nous lisons le discours sur la montagne, inauguré par les béatitudes, et qui s’est poursuit par la relecture, par Jésus, de la Loi. Aujourd’hui, nous terminons la lecture de ce discours par cet appel de Jésus à faire la volonté de son Père. Connaître la volonté de Dieu telle qu’elle expliquée par Jésus sans que cette volonté change notre vie, revient à construire une maison sur du sable. C’est fragile et ça risque la chute à la première difficulté. S’appuyer sur Jésus, ce n’est pas seulement prononcer son nom, crier vers lui quand tout va mal ; s’appuyer sur Jésus est l’affaire de toute une vie, l’affaire de chaque instant de notre vie.

Ce débat n’est pas nouveau avec Jésus. Relisez la première lecture de ce dimanche et vous comprendrez. Déjà à l’époque de Moïse, Dieu invitait son peuple à s’orner des commandements de Dieu : attachez-les à votre poignet comme un signe, fixez-les comme une marque sur votre front. Et déjà Dieu donnait un avertissement semblable à celui du Christ dans l’Evangile : bénédiction si vous écoutez les commandements du Seigneur votre Dieu, malédiction si vous n’écoutez pas les commandements du Seigneur votre Dieu.

Alors, j’entends bien certains qui vont citer la finale de la deuxième lecture de ce jour pour s’affranchir d’agir, quand Paul nous dit : En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse. Mais il conviendrait alors de lire toute l’œuvre de Paul pour comprendre d’une part qu’il vise d’abord la circoncision dans un débat qui oppose les chrétiens venus du judaïsme et les chrétiens venus du paganisme. Pour Paul, il n’est pas nécessaire d’être circoncis (donc Juif) pour devenir chrétien ; la seule foi à Jésus, le seul attachement au Christ suffit. Paul a largement montré, à travers sa propre manière de vivre que l’attachement au Christ entraîne un style de vie différent de celui des autres hommes. Pour Paul, croire au Christ, et vivre comme le Christ nous le demande, c’est une seule et même chose. La foi, ce n’est pas que des mots ; la foi, ce n’est pas que des actes. La foi, c’est confesser le Christ comme Sauveur et vivre en sauvé.

Par notre prière adressée à Dieu par le Christ, par notre méditation de la Parole de Dieu, nous découvrons ce que Dieu attend de nous et nous recevons de lui l’Esprit Saint qui nous rend capables de vivre selon ce que nous aurons compris. Les deux moments (prière et action) sont importants ; ils sont mêmes intimement liés comme nous le rappellera le Carême qui commence cette semaine. Il ne suffit pas de dire : Seigneur, Seigneur ; il ne suffit pas de bien vivre. Il faut découvrir la volonté de Dieu pour soi et la mettre en pratique. Ainsi seulement, nous réussirons notre vie ; ainsi seulement, nous serons accueillis par le Christ dans le Royaume. Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du Lapin Bleu, voir dans mes liens)