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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 29 juillet 2023

17ème dimanche ordinaire A - 30 juillet 2023

 Tout est don, et nous sommes appelés à témoigner de ces dons.


 

 



 


            Il existe encore un malentendu concernant la foi ; il consiste à croire que, pour être sauvés, il nous faut faire des choses pour Dieu, comprenez : il nous faut être gentil avec lui pour qu’il soit gentil avec nous. Ce malentendu a permis le développement de ce que l’on peut appeler « la théologie de la sueur », comprenez des efforts sans cesse à faire pour plaire à Dieu. Et plus vous fournissez des efforts, plus on vous fera comprendre que ce n’est pas encore assez, et donc plus vous continuerez à faire des efforts, jusqu’au jour où soit vous serez découragés et enverrez tout valser, soit vous aurez compris que Dieu n’agit pas envers nous comme un maître tyrannique, jamais satisfait de nous et qui exige toujours plus de nous. Vous entrerez alors dans une relation renouvelée avec ce Père que Jésus ne cesse d’annoncer et qui nous invite à la joie dans son Royaume. 

            N’est-ce pas ce que Paul nous dit dans la deuxième lecture entendue ? Pour parvenir à la gloire du Royaume, Paul ne nous dit pas ce qu’il nous faut faire ; il nous explique tout ce que Dieu fait pour nous. Ecoutons-le à nouveau : Ceux qu’il a destinés d’avance [à être ses fils], il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire. Le sujet de toutes ces actions, ce n’est pas l’homme, c’est Dieu ! C’est Dieu qui fait de nous ses fils et ses filles en Jésus, le premier-né d’une multitude de frères. Et il le fait d’avance, c'est-à-dire que cela fait partie de son projet depuis toujours. Dieu ne veut pas que l’homme se perde loin de lui ; Dieu ne veut pas la mort de l’homme. Il veut sa vie, et pour lui gagner cette vie, il offre Jésus. Pour que l’homme parvienne au Royaume, Dieu prend les devants, et fait tout ce qui est nécessaire pour que l’homme parvienne là où Dieu l’attend. Il nous appelle à être ses fils (ce que le baptême réalise effectivement), il fait de nous des justes (des hommes et des femmes capables de vivre selon la justice de Dieu), il nous a donné sa gloire (c’est quelque chose que nous possédons déjà). Vivre dans la gloire de Dieu, cela commence dès ici-bas, dès notre baptême. Tout ce que Dieu veut pour nous, il l’a déjà fait pour nous ; il nous a déjà tout donné, en Jésus, son Fils, mort et ressuscité pour notre vie. Il faudra bien un jour que cela rentre dans nos têtes peut-être trop petites pour tout l’amour que Dieu déverse sur nous ! 

            Mais alors, me direz-vous, il n’y a donc pas d’efforts à faire ? Ben non, en fait, non. Ce qu’il convient de faire, c’est de répondre à l’amour que Dieu déverse sur nous. Quand vous êtes tombés amoureux, avez-vous eu des efforts à faire pour dire et vivre votre amour ? Il n’y a pas d’efforts à faire, il y a un amour à accueillir dans un premier temps ; pour être clair, il nous faut reconnaître cet amour de Dieu pour nous et l’en remercier. Et dans un second temps, il faut témoigner de cet amour, c'est-à-dire partager aux autres que nous sommes tous aimés infiniment par Dieu. Et comment fait-on cela ? Pas d’abord par des mots, mais en vivant de manière amoureuse, pas seulement avec Dieu, mais aussi avec tous ceux et celles qu’il met sur notre route. Témoigner de l’amour de Dieu dont nous bénéficions, c’est d’abord répandre cet amour autour de nous par une vie conforme à cet amour. Je redonne plus loin l’amour qui m’est donné ; je le partage largement parce que je l’ai reçu largement ! L’amour de Dieu pour nous ne s’épuise pas, tant qu’il se partage, tant qu’il se répand ; bien au contraire, plus je le partage, plus j’en reçois. Et cela, ce n’est pas un effort à faire, c’est juste une reconnaissance à avoir. Tu m’aimes, Seigneur ; avec ton amour, je peux aimer à mon tour. Et quand nous vivons ainsi, nous ne le faisons pas pour Dieu, nous le faisons pour nous, parce que reconnaissons-le, c’est quand même plus gratifiant, plus équilibrant, plus libérateur que de vivre en aimant les autres grâce à l’amour de Dieu, que de vivre en nous défiant des autres, en les critiquant, en ne les aimant pas. Nos mauvaises humeurs, nos déprimes, nos colères ne viennent jamais d’un excès d’amour, mais d’un manque d’amour. Ces choses qui nous rongent viennent de ce que nous ne reconnaissons pas ou ne reconnaissons plus combien nous sommes aimés pour ce que nous sommes, tels que nous sommes ; ces mauvaises choses viennent de ce que nous ne transmettons plus l’amour dont nous bénéficions. Nous en avons déjà tous fait l’expérience : c’est quand nous n’aimons plus ou que nous ne nous sentons plus aimés, que nous broyons du noir. Quiconque aime, est dans la joie ; quiconque aime, sait ouvrir son cœur aux autres parce que sa joie, il veut la partager. 

            Avec Paul, passons d’une « théologie de la sueur pour gagner l’amour de Dieu » à une « théologie de la reconnaissance que Dieu nous aime par grâce ». Accueillons ces dons qu’il a préparé pour nous et répandons-les autour de nous. Dieu aime la multitude des hommes d’un amour égal ; il ne nous aimera pas moins parce qu’il en aimera d’autres. Son amour est pour tous, de la même manière, parce que nous sommes tous appelés à devenir fils et filles de Dieu, dans cet immense amour que Dieu porte aux hommes qu’il a créés. Nous aimons Dieu quand nous reconnaissons l’amour qu’il nous porte ; et quand nous aimons Dieu, lui-même fait tout contribuer à [notre] bien, parce que Dieu ne peut pas ne plus aimer. Que cette bonne nouvelle soit pour nous source d’une vraie joie. Amen.

 

 


samedi 22 juillet 2023

16ème dimanche ordinaire A - 23 juillet 2023

 Le juste doit être humain.




(Tableau d'Arcabas trouvé sur le net)




 

 

            Au début de ce mois, j’ai accompagné un groupe d’élèves de l’Enseignement catholique au Mont Sainte Odile pour une semaine de prière et d’approfondissement de la foi. Les catéchèses que j’ai données avaient toutes comme point de départ un héros de l’univers Marvel : Spider-Man, Thor, Iron Man et Daredevil. J’y ai repensé en préparant cette homélie, parce qu’une phrase de la première lecture faisait écho à l’une des catéchèses : Par ton exemple, dit l’auteur du livre de la Sagesse, tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain. C’est exactement le sujet du film Thor, dans lequel le héros est exilé sur terre pour apprendre à être humain s’il veut un jour être un roi sage.     

            Remarquez la formule employée dans notre première lecture : le juste doit être humain, et non pas l’humain doit être juste, ce à quoi la plupart d’entre nous aurait pensé. N’est-ce pas, quand on regarde notre monde et tout ce qui va de travers, on se dit facilement que l’humanité, pour éviter les tensions et les difficultés, devrait apprendre à être juste. Combien de conflits ont l’injustice comme point de départ ? Combien de fois nous sentons-nous atteints dans notre dignité humaine à cause d’une injustice ? Si l’humain devenait juste, sans doute notre monde irait-il mieux ! Mais voilà, ce n’est pas la formule retenue dans le livre de la Sagesse. Là, c’est le juste qui doit être humain. Autrement dit, il ne suffit pas d’être juste, il faut encore être humain, en plus. Et si je vais au bout de la logique, faudra-t-il affirmer qu’être juste sans être humain, ben, ce n’est pas bien ? La justice serait comme incomplète, inachevée, si elle n’était pas appuyée sur notre humanité ? Comment comprendre la formule ? Si c’est l’humain qui devait être juste – c'est-à-dire pratiquer la justice – alors la justice serait simplement une attitude morale, avec le risque de devenir inatteignable, perpétuellement imparfaite. Par contre, si le juste – c'est-à-dire celui qui pratique la justice – doit être humain, l’humain qualifie alors la pratique même de la justice. L’exercice de la justice doit être humain : une manière de dire que le juste n’est pas au-dessus des autres, meilleur que les autres. Non, le juste doit être humain, il doit rester humain, pour que sa justice puisse éclairer les autres, pour que sa justice donne envie aux autres.  Pour que vivre en juste soit la marque de fabrique de tout humain, il faut que le juste reste humain, qu’il ne se place pas au-dessus de la mêlée. Le juste n’est pas là pour faire remarquer aux autres combien ils sont injustes. 

            C’est la que le personnage de Thor nous aide à comprendre. Celui qui était vaniteux, sûr de sa force, sûr de son droit à succéder à son père et à être roi, perd tout parce qu’il manque d’humilité, d’humanité. Il va perdre tous ses pouvoirs jusqu’à ce qu’il comprenne son rôle, sa vie, de manière différente. Sur terre, il ne sera qu’un humain parmi d’autres, sans autre pouvoir que d’être vraiment lui, sans autre pouvoir qu’une conscience qui s’éclaire et qui le poussera à agir de manière juste, de manière ajustée à sa nouvelle vie. Et c’est là, après avoir offert sa vie pour sauver celle des autres, qu’il retrouve tous ses pouvoirs pour achever de détruire l’adversaire. C’est un héros Marvel, son histoire doit bien finir. Mais il nous aura enseigné au passage ce qu’est un humain, celui qui vient de la terre. 

            Nous pouvons alors entendre l’enseignement de Jésus qui va dans le même sens. Les paraboles qu’il nous laisse peuvent être lues comme une leçon d’humanité de la part du seul Juste. Est vraiment humain, non pas celui qui est meilleur que les autres, mais celui qui laisse grandir en lui le bon grain et l’ivraie, sachant que c’est un autre, le Tout-Autre, qui portera le jugement final et définira l’ivraie à brûler et le bon grain à recueillir dans les greniers. Cela évite que chacun ne se fasse une justice et une morale à sa mesure. Nous serons jugés par le Juste par excellence qui s’est aussi montré l’humain par excellence ! Est humain aussi celui qui reconnaît qu’un plus petit peut de grandes choses, et qui donc ne se met pas toujours en avant au risque d’écraser les autres. La plus petite des graines, la plus insignifiante devient l’arbre le plus grand. Belle leçon d’humanité, non ? Est humain, celui qui sait entraîner les autres pour faire avec eux de grandes choses, comme le levain dans la pâte. Mais est vraiment humain celui qui marche à la suite de Jésus et qui essaie de vivre de son enseignement. Parce que Jésus, vrai Dieu, s’est fait vrai homme, Il peut nous apprendre l’humanité véritable qu’il a vécue jusqu’au bout, jusqu’à la croix. C’est ce qu’apprend Thor également : fils d’Odin, roi des dieux, il devient pleinement lui quand il a appris à être humain. Plus il devient humain, plus il retrouve ce qu’il est en vérité : fils de Dieu. Il en va de même pour nous : plus nous devenons humains, plus nous serons saints. Pour le dire autrement, notre degré de sainteté dépend de notre degré d’humanité. 

            Fils et filles de Dieu, saints, ce n’est pas ce que nous avons à devenir, c’est ce que nous sommes, par notre baptême. Nous le serons véritablement quand nous serons véritablement humains. Le fils de Dieu ou le saint, comme le juste, doit être humain, puisque c’est le chemin pris par le Fils unique Jésus Christ, pour nous ouvrir le salut. Ne rêvons pas du jour où nous serons parfaitement saints ; rêvons du jour où nous serons parfaitement humains ; nous aurons accompli alors le chemin du fils unique Jésus Christ, lui qui n’a pas jalousement retenu le rang qui l’égalait à Dieu, mais qui s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. Soyons humains, comme le Christ, et nous serons les fils et les filles aimés de Dieu le Père, sauvés par le Fils unique, vivants dans l’Esprit Saint. Rien d’autre ne compte ; rien d’autre que notre humanité ne mène au salut que le Christ nous offre. Amen.

dimanche 16 juillet 2023

15ème dimanche ordinaire A - 16 juillet 2023

 Un échec de Jésus ou la simple réalité de la vie ?




 (Source : La parabole du semeur (Lc 8,4-15) | Au Large Biblique)

 




            Je reconnais humblement que j’ai eu quelques difficultés avec l’homélie de ce dimanche liée au texte évangélique lui-même. Fallait-il vraiment prendre la parole après que le Christ lui-même eut expliqué à ses seuls disciples – donc ceux qui croient en lui – la parabole qu’il avait adressée à la foule – donc ceux qui étaient appelés à croire à lui mais qui ne le feront pas tous finalement ? Que pourrais-je dire de plus qu’il n’a pas dit ? Ma seconde difficulté vint ensuite du rapprochement que notre Eglise fait de ce passage d’évangile avec le passage entendu du prophète Isaïe qui affirme : Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. N’y a-t-il pas une contradiction entre le prophète et Jésus ? 

            Je m’explique : Isaïe a la certitude, que je partage, que la parole de Dieu est performative, c'est-à-dire qu’elle réalise bien ce qu’elle dit. Nous pouvons dire de Dieu, sans nous tromper, que ce qu’il dit, c’est ce qu’il fait. Nous le voyons dès les premières pages de la Bible. Quand Dieu dit : Que la lumière soit ! la lumière se fait. Pour le dire plus simplement encore : Dieu ne parle pas en vain, il ne parle pas pour ne rien dire. C’est plutôt rassurant de savoir cela, me semble-t-il ! Là où les choses se corsent pour moi, c’est quand je mets cette affirmation de Dieu au prophète Isaïe, en lien avec cette parabole du semeur que Jésus raconte. Dans l’explication qu’il donne, nous comprenons que la semence semée largement, pour ne pas dire n’importe comment, c’est la Parole de Dieu. Voyez-vous mon problème venir ? Non ? Il me semble pourtant évident !  Si la Parole de Dieu accomplit toujours sa mission, pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas toujours ? Parce que la parabole que Jésus raconte, c’est quand même d’abord une histoire qui échoue trois fois sur quatre ! La parole semée ne donne rien, ni sur le bord du chemin, ni sur le sol pierreux, ni dans les ronces. Il n’y a que dans la bonne terre que le grain germe et grandit. Je pourrais m’en sortir en allant vite à la conclusion de la parabole, à savoir le rapport du grain semé en bonne terre, à savoir cent, soixante ou trente pour un, ce qui n’est pas rien d’une part, et qui permet de dire que le risque vaut la peine ! Connaissez-vous beaucoup de placement qui rapporte cent pour un (pour un euro placé vaut en recevez cent) ? soixante pour un ? trente pour un ? Si oui, partagez l’information pour que nous en profitions tous en ces temps de crise ! 

            Nous précipiter ainsi vers la conclusion nous fait ignorer la partie la plus longue, et de la parabole, et de l’explication que Jésus en donne. Si elle était sans importance, pourquoi insister autant, puisque Dieu ne parle pas pour ne rien dire ? Et qu’est-ce que cela peut bien dire pour nous aujourd’hui ? Cet échec apparent de la Parole de Dieu nous concerne tous. Il nous rappelle que l’important, ce n’est pas uniquement la qualité du grain semé, qualité qui n’est pas à remettre en cause. Ce qui compte aussi, c’est le terrain où le grain est semé ; ce qui compte aussi, ce sont les conditions extérieures : les oiseaux qui viennent tout manger, le sol pierreux sans beaucoup de terre, donc pas d’enracinement possible, trop de soleil, et n’oublions pas les ronces qui étouffent le grain semé. Nous ne pouvons pas ignorer les obstacles au grain semé, obstacles qui sont naturels, nous dit Jésus. Ce n’est pas la main de l’homme qui empêche le grain de pousser, mais bien la réalité du terrain dans lequel tombe le grain. Ceci nous ouvre alors des perspectives qui nous permettent de ne pas nous décourager quand nous participons à l’œuvre des semailles. Qui, travaillant honnêtement à répandre la parole de Dieu ne s’est jamais interrogé sur l’absence de rapport ? Nous faisons des choses d’ordre pastorale et nous avons l’impression que cela ne donne rien, en tout cas, cela ne donne pas ce que nous espérions. Nous enterrons plus que nous ne baptisons ; des couples que nous avons sérieusement préparé au mariage relieuse finissent par se séparer quand même ; du peu que nous baptisons encore, peu poursuivront avec la première communion ; et de ceux-là, encore moins iront jusqu’à la confirmation ! Et je pourrais continuer la liste des efforts consentis par les prêtres et les laïcs, en paroisse, dans les mouvements ou en famille tout simplement, qui ne donnent rien. Pas le moindre bout d’herbe à l’horizon malgré tout ce qui est semé ! Alors qu’est-ce qu’on fait ? On arrête tout ? On s’asseoit et on pleure ? 

            Jésus nous dit, avec cette parabole que c’est normal. Dieu lui-même n’y peut rien ! Personne ne naît croyant ! Personne ne naît pratiquant ! Personne ne naît avec une foi préinscrite dans le cœur ! Il y a ce que je suis, il y a les circonstances, l’entourage, pleins de choses extérieures qui vont jouer. Trois choses doivent nous rassurer cependant : d’abord que Dieu sème sa parole toujours et encore, sans regarder où ; la parole n’est pas réservée à une élite en mesure de l’entendre et de la mettre en pratique. Ensuite, c’est qu’elle rapporte beaucoup quand elle tombe dans une bonne terre ; le temps passé à semer, le grain qui ne donne rien dans des terres non préparées, ce n’est pas du temps et du grain perdu. Enfin, puisque la parole ne donne rien à cause de circonstances extérieures, n'oublions pas que celles-ci ne sont pas toujours éternelles, et que semer toujours et encore a du sens. Il suffit d’un changement dans la terre qui reçoit pour que tout change. Dégagez les pierres, ajoutez un peu de terreau et déjà quelque chose peut prendre racine et grandir ! Et ce changement nous devons y croire ! Si nous désespérions, alors ce sont les cailloux, les ronces qui envahiraient la bonne terre. Croire le changement de circonstances possible, c’est croire que le Christ, par sa mort et sa résurrection, a bien vaincu le mal, la mort et le péché, et que ces trois-là peuvent reculer dans la vie des hommes. Il suffit d’un grain germé et levé pour en obtenir trente, soixante ou cent autres ! 

            Ce qui semblait un échec apparent n’est rien d’autre que la réalité de la vie des hommes, la réalité de notre vie. Quelquefois, ce n’est juste pas le bon moment. Quand après des vacances bien méritées, nous reprendrons notre travail missionnaire, faisons-le avec la certitude affirmée par le prophète que la parole de Dieu accomplit bien sa mission, au rythme de Dieu. Ne soyons pas impatients ! Ne soyons pas défaitistes ! Tout se fait selon le plan Dieu. Un petit peu à chaque fois, pour un résultat qui mènera à l’établissement du Royaume de Dieu. Le temps n’appartient qu’à Dieu. Travaillons sur ce qui est de notre ressort : l’espace où le grain est planté. Ne renonçons pas à travailler la terre, notre terre d’abord, pour que le grain semé puisse germer et rapporter toujours plus : trente, soixante et pourquoi pas cent pour un. Amen.

dimanche 9 juillet 2023

14ème dimanche du temps ordinaire A - 09 juillet 2023

 L'amour, toujours l'amour, seulement l'amour !




        Dimanche dernier, Paul expliquait aux chrétiens de Rome les effets immédiats du baptême, à savoir qu’il nous unit à la mort et à la résurrection de Jésus et que ce plongeon dans la mort et la résurrection du Christ nous amenait à vivre une vie nouvelle. Il poursuit aujourd’hui en insistant sur cette opposition entre la chair et l’Esprit Saint. 

            Ces catégories peuvent aujourd’hui nous échapper. Nous pourrions dire que Paul se situe dans la veine de l’enseignement de Jésus quand il disait à ses disciples qu’ils n’étaient pas du monde, le monde étant entendu comme cet espace où l’homme vit sans Dieu. Les disciples, qui ont fait le choix de suivre Jésus et de vivre selon son enseignement, n’appartiennent plus à ce monde sans Dieu, puisque Jésus est l’envoyé de Dieu sur terre pour ouvrir aux hommes le chemin du salut. Ils sont dès lors invités à vivre conformément à ce monde de Dieu que Jésus inaugure et qu’il rendrait accessible à tous par son sacrifice sur la croix. De même pour Paul, celui qui vit selon la chair, vit selon les passions humaines, alors que celui qui vit selon l’Esprit, vit selon l’Evangile du Christ. Vivre de l’Esprit, c’est donc vivre de cet Esprit qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. C’est vivre de la puissance de la résurrection. Pour être bien clair, être baptisé devient ainsi plus qu’un moment de notre vie, et même plus qu’un état. Être baptisé, c’est un art de vivre qu’il nous faut déployer ! C’est cet art de vivre qui traduira notre foi ; c’est cet art de vivre qui montrera aux hommes ce qui fait notre particularité, notre originalité. Paul l’affirme sans détours : par l’Esprit, tuez les agissements de l’homme pécheur. Cela peut sembler violent, mais y a-t-il une autre solution pour le croyant au Christ que de vivre selon l’Esprit du Christ ? 

            L’Esprit du Christ selon lequel il nous faut vivre ne nous est pas inconnu. Il y a bien sûr la charité envers tous, l’attention aux plus petits, le respect de toute vie, le combat de ce qui est mal et qui entraîne au mal. Nous pouvons alors relire l’évangile du jugement dernier du même évangéliste Matthieu qui nous fait bien entendre le Christ ressuscité revenant dans la gloire nous interroger : j’avais faim, j’avais soif, j’étais nu, j’étais un étranger, j’étais malade, j’étais en prison : qu’as-tu fais pour moi, ou que n’as-tu pas fait pour moi ? Remarquons bien qu’il n’est pas ici question de prière, de messe du dimanche, de pèlerinage ou d’acte principalement religieux, mais uniquement d’actes humanitaires. Nous pourrions résumer toutes ces questions par cette unique question : as-tu aimé toutes les personnes que j’ai mises sur ton chemin et qui venaient vers toi en mon nom ? As-tu su me reconnaître en eux, moi qui suis devenu humain pour que tu puisses devenir Dieu ? 

            Nous pouvons maintenant entendre à nouveau Jésus parler du joug qu’il nous propose de porter, son joug. Ceux qui ont pu visiter l’écomusée par exemple, ou un corps de ferme qui a conservé les outils anciens, savent qu’un joug n’est jamais léger. Et pourtant dit Jésus, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. Comment peut-il affirmer cela ? Il le peut parce qu’il porte ce joug lui-même : c’est le joug de l’immense amour Dieu pour son peuple, amour que nous sommes invités à vivre et à partager en retour. L’amour n’est un fardeau trop lourd que pour les personnes qui se referment sur elles et qui refusent de voir en chacun quelqu’un à aimer. L’amour n’est lourd à porter qu’à ceux qui refusent d’aimer et de se laisser aimer. On pourrait en conclure que l’amour n’est lourd à porter que par ceux qui refusent d’accueillir l’Amour qui vient de Dieu. 

            L’enseignement du Christ et des plus grands saints de l’histoire de l’Eglise est constant et clair à ce sujet : un disciple du Christ ne saurait ne pas aimer, ne saurait ne pas aimer tous et chacun de ceux qui croisent sa vie. Il ne s’agit pas de les aimer tous d’un amour charnel, mais bien de cet amour qui nous vient de Dieu et qui ne fait pas de différence entre les personnes. Je ne peux donc me contenter de n’aimer que ceux qui m’aiment ; je ne peux me contenter de n’aimer que ceux que je choisis d’aimer. Être baptisé, être disciple du Christ, vivant sous l’emprise de l’Esprit Saint, entraine pour nous un art de vivre qui nous oblige à la charité envers tous. Et l’Esprit Saint nous est donné pour nous y aider et nous y entraîner. Accueillons cet Esprit Saint et laissons-le agir en nous pour que notre vie et notre amour soient à la hauteur de la vie et de l’amour du Christ pour nous. N’attendons pas d’être aimés par les autres pour les aimer en retour. En matière d’amour, nous devrions être les champions ! En matière d’amour, nous devrions être les premiers à aimer toujours, à cause de Jésus qui nous a tant aimés. Baptisés, ayons conscience qu’avec Jésus, c’est l’amour, toujours l’amour, seulement l’amour. Tout le reste n’est que de la littérature. Amen.

samedi 1 juillet 2023

13ème dimanche ordinaire A - 02 juillet 2023

 Les effets du baptême.


           

            






            Je vous propose ce matin une méditation de l’extrait de la lettre de Paul aux Romains. Il nous parle du baptême et de ses effets. Parce que le baptême, contrairement à ce que beaucoup pensent aujourd’hui, n’est pas d’abord un acte social ou familial, mais bien un acte profondément personnel qui engage une vie, notre vie. Et ce n’est pas parce que, comme bon nombre d’entre vous, j’ai été baptisé à un âge où je n’étais pas conscient de cela, que le baptême que j’ai reçu n’affecte pas ma vie aujourd’hui, bien au contraire. N’ayant pas choisi en pleine conscience le baptême, je me dois de me réapproprier son sens véritable. Ainsi seulement, ce choix qui fut celui de mes parents, parce qu’ils voulaient le meilleur pour moi, peut devenir mon choix, pleinement assumé. 

            La première chose que nous dit Paul, c’est que le baptême nous unis à la mort du Christ Jésus : Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Quand je prépare un baptême avec des parents, je constate souvent que cet aspect fondamental du sacrement est le moins connu. Proposez une liste de mots divers contenant mort et résurrection à des parents, et demandez-leur d’enlever de cette liste les mots qui ne parlent pas du baptême, et dans 99,9% des cas, mort et résurrection disparaissent. Peu de chrétiens comprennent spontanément que le baptême a quelque chose à voir avec l’événement pascal. Ils vous parleront plutôt de commencement de la vie avec Dieu, d’entrée dans la famille des chrétiens, mais très rarement de cette participation à la mort et à la résurrection de Jésus. Les sens secondaires ont pris le dessus sur le sens premier. Enlever pourtant l’événement pascal, et le baptême perd sa valeur première qui est de nous rendre participants du salut donné par… la mort et la résurrection de Jésus. Vous voyez : difficile d’y échapper ! Ce n’est pas le fait de faire partie de la famille des enfants de Dieu qui nous sauve, mais bien Jésus mort et ressuscité ! Quand l’eau coule sur notre tête, nous sommes plongés dans la mort de Jésus pour revivre avec lui. C’est le premier effet très concret du baptême. 

            Paul nous dit ensuite pourquoi nous sommes plongés dans la mort et la résurrection du Christ : c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui est ressuscité d’entre les morts. Unis à la mort de Jésus, nous sommes unis à sa résurrection. Le baptême nous ouvre à la vie nouvelle qui est celle du Ressuscité lui-même. Nous sommes totalement sauvés, et nous participons à sa victoire sur le péché et la mort. C’est cela, être sauvé par le baptême : ne plus être soumis à la loi du péché et de la mort. Le péché, même s’il nous arrive d’y succomber, ne nous submerge plus ; et la mort terrestre n’est plus le dernier mot de notre histoire puisque notre nom est inscrit dans les cieux, dans le cœur de Dieu, qui nous appellera à vivre avec lui. Paul insiste : Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. La vie nouvelle qui nous est offerte au baptême et dont nous devons vivre, c’est, selon le mot de Paul toujours, penser que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. Nous pouvons alors relire la vie de Jésus, et comprendre toujours mieux ce que signifie être vivants pour Dieu en Jésus Christ. Toute sa vie, Jésus a été vivant pour Dieu. Toute sa vie, il nous a montré et enseigné comment vivre pour Dieu. Cela passe par l’amour de tous, y compris des ennemis, un amour agissant pas un amour du bout des lèvres ; cela passe par une attention aux plus petits, aux plus faibles ; cela passe par une charité active et inventive ; cela passe par le don de sa vie à ceux qu’on aime. 

Certains voudraient alors des recettes toutes faites, à appliquer simplement. Mais cela n’existe pas, ou alors je serais obligé de faire de la morale. Or la foi n’est pas de la morale. La foi doit conduire à une vie morale ; et ce n’est pas la même chose. Il n’existe pas de recettes toutes prêtes à utiliser, parce que chacun de nous est différent, nos vies sont différentes, nos tempéraments sont différents. Si je vous disais : dans telle situation, faites ceci mais pas cela, je nierai votre différence, ce qui reviendrait à nier votre existence. Je dois me tenir à indiquer la voie à suivre (regardez et vivez comme le Christ nous l’a appris) et vous laisser choisir dans la vie qui est la vôtre, comment vous ferez concrètement. Faire autrement, c'est-à-dire indiquer clairement la seule manière de faire dans telle situation, ce n’est plus vivre en Eglise en respectant la liberté des enfants de Dieu, mais ce serait construire une secte, dans laquelle tout le monde obéirait au grand gourou. Je ne suis pas devenu prêtre pour cela. Notre liberté, acquise à grand prix par le Christ sur la croix, nous oblige chacun à discerner comment vivre pour Dieu dans ce qui fait la vie propre de chacun. Chaque fois que l’Eglise ou l’un de ses membres a cru bon de faire autrement, cela a conduit à des abus dont nous payons le prix aujourd’hui. 

Il revient à chacun de s’approprier la grâce de son baptême ; il revient à chacun d’écouter l’Esprit qui parle à son cœur ; il revient à chacun, après avoir écouté et prié, de faire le choix de sa vie et de ses œuvres. Tout a été donné par le baptême : la grâce de Dieu, la vie du Christ, la force de l’Esprit, la victoire sur le mal et la mort et la liberté qui en résulte. A chacun de conjuguer tout cela pour être chaque jour vivant pour Dieu. Amen.