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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 31 janvier 2014

Présentation du Seigneur au Temple - 02 février 2014

Un triple sens pour cette fête.




Que fêtons-nous au juste en cette fête de la Présentation de Jésus au Temple ? Le souvenir d’un rite prévu par la Loi juive qu’il fallait accomplir absolument pour marquer la fidélité de Marie et Joseph à leur foi ? Pourquoi, dans notre liturgie, revenir en arrière, à l’époque où Jésus était petit enfant, alors que depuis deux semaines, nous sommes invités à découvrir Jésus adulte et son enseignement ? 
 
Une première réponse est effectivement de dire que Marie et Joseph, en fidèles de la Loi de Moïse, accomplissent les rites prévus par la Loi. Ce faisant, ils inscrivent bien Jésus dans ce peuple que Dieu s’est choisi. Par la circoncision, le huitième jour après la naissance, Jésus est accueilli formellement dans la communauté des promesses héritées d’Abraham ; à présent, il appartient aussi juridiquement au peuple d’Israël (Benoît XVI, L’enfance de Jésus). Par la présentation au Temple de leur premier-né, Marie et Joseph le consacrent au Seigneur Dieu, selon ce qui est écrit dans la Loi (cf. Ex 13, 2 ; 13,12-15). Personne ne pourra douter que Jésus est bien un membre du peuple élu. Tout ce qui devait être fait l’a été. Dès avant sa naissance, ses parents se sont conformés au projet de Dieu pour eux et pour cet enfant. Il n’était pas question de faire autrement après sa naissance. 
 
Une deuxième réponse pour savoir mieux ce que nous célébrons, serait de  dire que nous célébrons le jour où Jésus rentre chez lui, rentre chez son Père. Sa présentation au Temple correspond à sa remise à Dieu dans le Temple, totalement donné en propriété à Lui (Benoît XVI, L’enfance de Jésus). Jésus est offert publiquement à Dieu dans le Temple, annonçant déjà son offrande à Dieu au terme de sa vie pour racheter l’humanité pécheresse. En s’offrant ainsi à son Père, il s’offre aussi à son peuple, ce peuple que Dieu s’est choisi, et par-delà à tous les hommes. N’est-ce pas ce que la rencontre avec le vieux Siméon et la prophétesse Anne semble suggérer ? En proclamant l’enfant gloire de son peuple et lumière des nations, Siméon dresse le portrait de ce que sera cet enfant quand viendra pour lui le temps d’accomplir la mission pour laquelle Dieu l’a envoyé. 
 
Nous en arrivons ainsi à un troisième motif de célébrer cette présentation au Temple. En se soumettant à la Loi, en rentrant ainsi chez son Père, Jésus rencontre aussi le peuple pour le salut duquel il est entré dans le monde. Si le Temple est le lieu où Dieu réside, il est aussi le lieu où Dieu rencontre son peuple. En étant présenté au Temple, donné en propriété à Dieu, Jésus est établi dans le lieu de la rencontre entre les hommes et Dieu. Où pourrait-il demeurer autrement que là, lui qui est, dans sa propre chair, vrai Dieu et vrai homme ? Ce que Siméon dit de l’enfant et de son avenir (il est la gloire d’Israël son peuple et la lumière des nations) le désigne comme le serviteur de YHWH, celui dont Isaïe disait qu’il ouvrirait un nouvel avenir. Aux hommes qui marchaient dans les ténèbres est donné le signe d’un enfant, né pour attirer à lui la terre entière. Devant cette gloire, devant cette lumière, Siméon peut désormais s’effacer : il attendait la Consolation d’Israël ; il tient en ses mains celui qui l’accomplira sur la croix. Il reconnaît que Jésus est bien celui qui est investi de la puissance divine et qui accomplira toutes les promesses de Dieu formulées par les prophètes. Quand Jésus rentre chez son Père, c’est un nouveau monde qui commence ; l’homme a désormais un avenir puisqu’il a en Jésus un Sauveur. L’homme n’a plus à chercher Dieu puisque Dieu marche sur sa route.  Plus de crainte à avoir. Seule doit rester la confiance en cet enfant, porteur d’avenir, porteur de lumière, porteur de vie pour son peuple et pour tous les peuples qui marcheront à sa rencontre. La prophétesse Anne se charge de propager cette confiance en parlant de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. L’espérance des hommes n’était pas vaine, leur foi en Dieu qui sauve en est renouvelée. 
 
La liturgie a bien fait de nous faire revenir au Jésus enfant, quarante jours après avoir célébré sa naissance. Elle nous permet de comprendre mieux encore et le sens de cette naissance et le sens de la mission de Jésus dont nous sommes les témoins depuis quinze jours. Laissons-nous éclairer par cette lumière nouvelle, suivons-là, et nous pourrons, nous aussi, avec une âme purifiée, nous présenter devant Dieu (oraison de la messe). Amen.

samedi 25 janvier 2014

03ème dimanche ordinaire A - 26 janvier 2014

Le Christ est-il donc partagé ?



La polémique qui éclate à Corinthe, dans la jeune communauté chrétienne, peut nous sembler dépassée. Qui, aujourd'hui, se revendiquerait de celui qui l'a baptisé ? Et pourtant, à l'heure des communautés de paroisses, des regroupements, et donc d'une disparité "du service ecclésiastique" dans certaines communautés jugées trop petites, trop peu ferventes, ou que sais-je encore, n'est-ce pas ce vieux réflexe qui revient ? N'avons-nous pas du mal, quelquefois, à sortir de notre clocher, pour aller voir ce qui se passe ailleurs ? Combien, en Alsace en tous les cas, plutôt que de s'ouvrir à la communauté voisine, se ferment sur la leur : quand je vais à l'église, c'est dans mon village, et pas ailleurs ! ? J'appartiens à Appolos, j'appartiens à Paul, j'appartiens à Pierre ! C'est exactement le même réflexe.
 
Pourtant, l'affirmation de foi que nous prononçons chaque dimanche, nous fait dire haut et fort que nous croyons en l'Eglise UNE. Une Eglise sans division, l'unique Eglise dont le Christ est la tête ! Au terme d'une nouvelle semaine de prière pour l'unité des chrétiens, voilà que la liturgie catholique, en proposant à notre écoute ce passage de la première lettre aux Corinthiens (1, 10-13.17) nous permet de réfléchir à l'unicité de l'Eglise, Eglise certes divisée, mais Eglise UNE quand même.
 
Une, parce qu'il n'y a qu'un Christ. C'est bien le même Christ que nous confessons d'une communauté à l'autre au sein de notre Eglise catholique, et d'une communauté à l'autre dans les différentes confessions qui se réclament de lui. Il n'y a qu'une Eglise parce qu'il n'y a qu'un Christ, venu dans le monde pour sauver l'homme, sauvant l'homme justement dans sa mort en croix et sa résurrection. L'appartenance au Christ n'est-elle pas ce qui nous définit tous ? L'appartenance au Christ ne devrait-elle pas dépasser toutes nos oppositions entre chrétiens de confession différentes, entre communautés d'une même confession ? Le Christ est le même à Strasbourg, à Bruxelles, à Tombouctou.... Etre au Christ est la seule chose qui nous importe.
 
Le catéchisme de l'Eglise catholique affirme (n° 161) : L'Eglise catholique présente dans le monde a une seule foi, une seule vie sacramentelle, une seule succession apostolique, une espérance commune et la même charité. Comme l'affirme le pape François (audience du 25 sept 2013), ce sont des piliers qui soutiennent et maintiennent l'unique et grand édifice de l'Eglise. Partout où nous allons, même dans la paroisse la plus petite, dans l'angle le plus reculé de la terre, il y a l'unique Eglise. Nous sommes chez nous, nous sommes en famille, nous sommes entre frères et soeurs. Et cela est un grand don de Dieu ! L'Eglise est une pour tous. Il n'y a pas une Eglise pour les Africains, une pour les Américains, une pour les Asiatiques, une pour ceux qui vivent en Océanie, non, c'est la même partout.
 
Quand nous relisons le Concile Vatican II (constitution Lumen gentium n° 4), nous découvrons que l'Eglise universelle apparaît comme 'un peuple qui tire son unité de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint'. Il nous faudrait relire le chapitre 17 de l'Evangile de Jean, la grande prière de Jésus au soir de sa mort en faveur de l'unité de ses disciples, pour bien comprendre l'importance de cette unité. L'unité de l'Eglise est le signe de l'unité du Père et du Fils. Ainsi l'Eglise est sacrement de l'unité, signe et moyen pour y parvenir. L'Eglise est un peuple uni par des liens de charité, en communion avec le Père et le Fils dans l'Esprit Saint et en communion avec chacun des disciples qui la compose. Comment notre Eglise pourrait-elle rester UNE si nous cherchons à opposer les divers membres qui la composent ?
 
Paul a raison d'interroger les Corinthiens sur leurs affirmations et de les remettre sur le chemin de l'unité en Christ. Et nous aurions tout aussi raison de nous interroger sur nos pratiques actuelles en matière de participation à la vie de l 'Eglise. Faisons-nous tout pour maintenir l'unité de nos communautés, à l'intérieur de nos propres paroisses ? Faisons-nous ce qui est nécessaire pour créer les chemins favorables à une unité retrouvée entre chrétiens de confessions diverses ?  Ce ne sont pas des questions accessoires, il en va de notre crédibilité et de notre vie ! S'il nous semble que nous ne pouvons pas grand chose pour hâter l'unité de tous les chrétiens, nous pouvons déjà faire beaucoup pour qu'à l'intérieur de notre Eglise catholique, les communautés ne s'éloignent pas les unes des autres. Puissions-nous toujours avoir conscience d'appartenir à cette Eglise Une pour laquelle le Christ a priée au soir de sa mort. Amen.
 
 
 
 





samedi 18 janvier 2014

02ème dimanche ordinaire A - 19 janvier 2014

Quand une simple salutation nous redit ce que nous sommes !



Avez-vous fait attention à notre deuxième lecture ? Elle est courte, c’est vrai ! Elle peut aussi nous sembler sans intérêt. Pensez donc : ce n’est qu’une salutation de Paul à la communauté des chrétiens de Corinthe. Un peu comme si, en guise de lecture, on entendait simplement : Bonjour à vous de la part de… Pourtant, ces quelques lignes sont loin d’être aussi anodines qu’on pourrait le croire à première écoute. En effet, en quelques mots, Paul rappelle des choses essentielles pour les croyants, pour nous rassemblés en cette basilique, tant il est vrai que cette salutation garde toute sa saveur, toute son importance aujourd’hui. 
 
Vous qui êtes l’Eglise de Dieu à Corinthe. Sans doute le mot Eglise a-t-il été trop galvaudé pour que nous saisissions le sens de cette affirmation. Mais pour la jeune communauté, quelle espérance, quelle force en ces mots. Les croyants rassemblés forment l’Eglise de Dieu dans le lieu où ils vivent. Elle n’existe pas encore la confusion entre l’Eglise et sa hiérarchie. Elle n’aurait jamais dû exister ! Qui a encore cette certitude chevillée au cœur d’être l’Eglise, d’être de l’Eglise ! Nous avons tellement pris l’habitude de critiquer cette Eglise que nous n’avons aucune envie d’en être le représentant, que nous  n’avons aucune envie de lever l’ambiguïté. Pourtant, tout croyant qui critique l’Eglise devrait savoir qu’il se critique d’abord lui-même, lui qui est une partie de cette Eglise. S’il la trouve imparfaite, qu’il se regarde d’abord lui-même : est-il vraiment si parfait qu’il peut attendre des autres dès maintenant la perfection ? 
 
Vous qui êtes appelés à devenir saints. La belle affaire que voilà ! Appelés à devenir Saint. C’est notre vocation. C’est notre but. Devenir saint parce que Dieu est saint ! Notre baptême nous a engagés sur la route de la sainteté à la suite de Jésus Christ. Nous sommes engagés sur ce chemin parce que nous avons du prix aux yeux de Dieu. Parce qu’il nous aime, parce qu’il désire vivre pour et avec l’homme, Dieu nous réserve un destin merveilleux : partager sa propre condition. Il ne s’agit pas d’astiquer jour après jour notre auréole et espérer la voir grandir : il s’agit avant tout de vivre à l’image et à la ressemblance de Dieu. Et pour ceux qui voudraient objecter que nous ne savons pas comment Dieu vit, voilà rappelé, s’il en était besoin, que Jésus est celui qui nous montre l’exemple d’une vie sainte, à l’image et à la ressemblance de Dieu, puisqu’il est lui-même Dieu ! Jean Baptiste lui a rendu ce témoignage : celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint. Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu !  
 
Paul poursuit immédiatement sa méditation sur la sainteté en précisant que nous sommes appelés à la sainteté avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre. Fini le temps des exclusions, des anathèmes, des excommunications. Tous ceux qui invoquent le Christ, même s’ils ne sont pas de notre chapelle, sont appelés à la même sainteté, font donc partie de la même Eglise : l’unique Eglise de Jésus Christ ! L’assemblée des hommes et des femmes qui se mettent à sa suite, qui veulent construire avec lui un monde de justice, un monde de liberté, un monde de fraternité ! En cette  semaine de prière pour l’unité des chrétiens, il est bon de réentendre cette affirmation de Paul. 
 
Comment avons-nous pu oublier la richesse de cette salutation ? Comment avons-nous pu nous couper d’une partie de l’Eglise ? Comment, croyants, pouvons-nous vivre sans mettre en avant cet appel à la sainteté, ce désir de vivre comme Jésus nous le demande ? Puissent la Parole de Dieu proclamée et le pain de l’Eucharistie partagé, raviver en nous ce don que Dieu nous fait. Puissions-nous chaque jour devenir davantage ce que nous recevons, ce que nous formons : le Corps unique du Christ ! AMEN.
 
 
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

vendredi 10 janvier 2014

Baptême du Seigneur A - 12 Janvier 2014

Jésus a-t-il besoin du baptême ?



Jésus a-t-il besoin du baptême ? Question curieuse sans nulle doute, mais  question qui mérite d’être posée puisque Jean le Baptiste lui-même réagit négativement lorsque Jésus s’approche pour être baptisé. Comment celui qui est plus grand que Jean peut-il s'abaisser à recevoir le baptême ? Comment celui qui est sans péché peut-il s'abaisser à recevoir un baptême de conversion ? 
 
Jésus a-t-il besoin du baptême ? Il est clair, me semble-t-il, que Jésus, Fils de Dieu, venu dans le monde pour sauver l’homme de la mort et du péché, n’a pas « besoin » du baptême comme ont pu en avoir besoin ses contemporains. La réaction de Jean, pour humaine qu’elle soit, n’en est pas moins légitime : c’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi !  C’est bien Jésus qui vient apporter quelque chose aux hommes ; c’est bien Jésus qui est l’espérance de tout un peuple ; c’est bien Jésus qui peut quelque chose pour cette humanité désemparée, en panne de repères, en attente de Sauveur ! 
 
Alors, Jésus a-t-il besoin du baptême ? Pour marquer sa volonté de vivre selon le dessein de Dieu, non ! Il est le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu, celui sans qui rien de ce qui existe ne s’est fait. Il n’a pas besoin de montrer à Dieu qu’il veut vivre avec lui, puisqu’il lui est intimement uni, puisqu'il est Dieu.
 
Mais insistons encore : Jésus a-t-il besoin du baptême ? Pour lui, non ; mais pour les hommes, oui. Car depuis que Dieu a exprimé son désir de vivre avec l’homme, depuis qu’il s’est fait l’un de nous en Jésus, le temps a passé. Ce ne sont pas quelques semaines qui se sont écoulées, comme dans notre temps liturgique, mais dans la vie réelle de Jésus, ce sont  presque trente ans. Trente années pendant lesquelles le désir de l’homme de vivre selon le dessein de Dieu a pu s’émousser, comme a dû s’émousser le souvenir de cette naissance merveilleuse, de cette rencontre avec les faibles et les exclus du pays, de cette visite des mages étrangers. Le temps est l’ennemi de l’homme quand il est synonyme d’oubli. Il fallait que Dieu ravive ce désir lorsque son Fils était en âge de mener à bien sa mission de salut. Et c’est pour cela que Jésus a besoin du baptême : pas d’abord pour lui, mais pour les hommes. Pour qu’ils se souviennent, pour qu’ils croient que ce Jésus, qui désormais va parcourir le pays, est bien envoyé de Dieu, est bien Dieu : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j’ai mis tout mon amour, proclame la voix du Père quand Jésus sort de l’eau. 
 
C’est une nouvelle épiphanie au moment où le Christ va inaugurer sa mission ; une épiphanie pour faire comprendre aux hommes l’immense amour de Dieu qui va jusqu’à prendre figure humaine pour sortir enfin les hommes de leurs étroitesses, de leurs manques, de leur péché. Une épiphanie à l’âge adulte pour marquer la réconciliation entre Dieu et son peuple. Désormais, l’homme de bonne volonté peut découvrir un chemin vers Dieu, dans la mesure où Dieu ne se cache plus, mais se montre et vagabonde sur les chemins de l’humanité. Le désir de Dieu est exprimé clairement par le signe de la colombe : lorsque Jésus sort de l’eau après que la colombe ait plané au-dessus de lui, comme jadis au temps de Noé elle planait au-dessus de la terre renouvelée, lorsque Jésus sort de l’eau donc, c’est toute l’humanité qui revit, qui est régénérée. 
 
Alors, Jésus a-t-il besoin du baptême ? Pour lui-même non, mais pour les hommes. Et les hommes ont toujours besoin de ce baptême, ce baptême donné non plus par Jean, mais donné au nom de Jésus Christ. C’est toujours par le signe de l’eau que l’humanité est régénérée, délivrée de la puissance de mort qui la tient captive. C’est toujours par le baptême que l’homme redit son désir de vivre pour Dieu, de vivre avec Dieu. C’est toujours par le baptême que Dieu réalise son désir de vivre au cœur de la vie des hommes puisqu’il reconnaît celui qui est baptisé comme étant l’un des siens, Fils de Dieu, Frère de Jésus Christ, animé du souffle de son Esprit. 
 
En méditant la question de savoir si Jésus avait besoin du baptême, nous voici renvoyés à notre propre baptême, à notre volonté d’être avec ce Dieu qui nous donne sa vie. Que faisons-nous du baptême reçu ? Comment l’actualisons-nous dans notre quotidien ? Avons-nous bien compris que c’est à nous qu’est redit aujourd’hui : tu es mon fils, mon bien-aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour ? Sûrs de cet amour, avançons dans la vie avec la certitude que Dieu est avec nous, toujours, comme il a été avec Jésus depuis le commencement et jusqu’à la fin des temps. Amen.
 
(Photo de l'auteur, Baptistère d'une église de Vila Viçosa, Portugal)

dimanche 5 janvier 2014

Epiphanie du Seigneur - 05 janvier 2014

Une histoire de désir !




Mine de rien, il s’en passe des choses durant ce temps de Noël. Et des choses plus extraordinaires les unes que les autres. Ne revenons pas sur la plus extraordinaire de toutes : la naissance d’un enfant, vrai Dieu et vrai homme, qui va pouvoir réconcilier le monde avec Dieu. Attardons-nous plutôt sur cette fête de l’Epiphanie que nous célébrons aujourd’hui en nous concentrant sur les personnages qui se bousculent encore autour de cette naissance.  Nous parlerons ainsi de Dieu, d’un roi, d’un enfant, et de mages. Allons, sans plus tarder, à leur rencontre. 
 
Commençons par Dieu et l'enfant, Dieu, c’est-à-dire Celui qui porte un désir et l’Enfant, celui qui le réalise. Deux personnages sur la même longueur d'onde. Deux personnages qui ont une même volonté : sauver l'homme. C’est tout le sens de cette Nativité, de cette incarnation. La fête de Noël nous a permis de méditer ce mystère. Nous n'y reviendrons pas. 
 
Mais voilà que s’ajoute un autre personnage : le roi Hérode. Il n’était pas vraiment prévu ; il n’était pas particulièrement invité ; mais le hasard a fait qu’il est consulté. Et voilà que les choses se compliquent, car le désir de Dieu et le désir du roi ne coïncident pas. Le premier  veut sauver les hommes, le second préfère tuer les hommes pour se sauver lui-même. Une lutte va commencer. Et même si, pour l'heure, elle semble évitée, cette lutte ne s'arrêtera qu'avec la mort de l'enfant.  Parce que cet enfant doit mourir. Ainsi en a décidé le roi. Trop dangereux pour qu’il reste en vie ! Trop encombrant, même si, pour l’heure, il est encore tout petit !  Un seul roi suffit et Hérode ne voit pas pourquoi il céderait sa place. Il préfère étouffer la nouvelle vie  plutôt que d'imaginer  ce que serait sa vie s'il laissait cet enfant grandir, s'il laissait Dieu conduire sa vie. Comme il nous ressemble, ce roi jaloux de ses privilèges, incapable de s'ouvrir à la nouveauté,  à l’inattendu. C'est tellement plus simple de supprimer ce qui dérange, de faire ce que l'on a toujours fait. Pourquoi Dieu vient-il tout changer ? Pourquoi lui ferais-je une place dans ma vie ? Et pourquoi lui laisserais-je la première place ? Furieux d’avoir été dérangé par des visiteurs inconnus au sujet de la naissance d’un roi tout aussi inconnu, Hérode ne change rien à sa routine ; il ne se joint pas à eux pour aller rencontrer celui qu’il ne connaît pas. Il les renvoie et leur laisse le soin de le renseigner quand ils auront vu et qu’ils sauront. 
 
Enfin, il y a Dieu, l'enfant et les mages.  Il ne manquait plus que ceux-là. Après les pauvres et les rejetés  du soir de Noël, voilà les étrangers. Remarquez : ils manquaient dans le tableau. Comme si on avait besoin d'eux. Et en plus, ils  nous font  la leçon ! Faut-il donc être étranger pour s'ouvrir au désir de Dieu ? A relire la Bible, on pourrait presque le croire. C'est quand le peuple juif est esclave en Égypte, qu'il répond le mieux à ce que Dieu attend de lui ; c'est quand il déporté à Babylone, qu'il comprend le mieux que Dieu veut sa fidélité en contrepartie de sa liberté et de son bonheur. Les mages ne sont pas juifs. Ils ne sont pas de ce peuple choisi pour réaliser le projet de Dieu. Et pourtant, ils comprennent mieux le désir de Dieu qu’Hérode et  tous ses savants. Loin de tout ce qui leur est familier, ils se laissent remplir par Dieu de ce qu’il veut leur donner ! Ils ont laissé  leur vie tranquille, leur savoir et leur pouvoir pour approcher de l'enfant, Verbe de Dieu fait chair. À travers eux, c'est toute l'humanité, dans sa diversité de cultures et dans sa richesse, qui est appelée à se prosterner devant Dieu, à entendre son désir de la sauver, de la voir heureuse. La prophétie d'Isaïe se réalise : Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent. Paul le proclame à sa manière : Grâce à l'Evangile, les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. L'humanité tout entière est appelée à s'unir autour de son Christ. Le monde nouveau, le monde de paix et de fraternité qu'Isaïe annonçait peut devenir réalité. Dieu le réalise déjà en Christ. 
 
Aujourd’hui, l’unique désir de Dieu est toujours et encore annoncé ; l’unique désir de Dieu est toujours de nous sauver. Avec les mages, nous pouvons aller à sa rencontre ; avec Hérode, nous pouvons le rejeter ; avec l’Enfant, nous pouvons le vivre. Un seul désir provoquant des réactions différentes ; un même désir mais des conséquences différentes dans nos vies selon que nous suivions l’un ou les autres. Dieu a clairement exprimé son désir ; il lui a donné chair. Mais nous, que désirons-nous ? Que voulons-nous pour nous, pour les autres, pour le monde ? A nous maintenant de préciser notre désir. Nous pouvons repartir dans l’ordinaire de nos vies comme nous sommes venus ; nous pouvons choisir, avec les mages, un autre chemin, tout rempli du désir de Dieu, joyeux de la vie nouvelle qu’il nous offre en Jésus. Nous seul pouvons décider de la route à suivre ; nous seuls pouvons faire du désir de Dieu notre propre désir. Amen.
 
(Photo de l'auteur, crèche à Evora, Portugal)