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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 27 avril 2013

05ème dimanche de Pâques C - 28 avril 2013

Avec les Apôtres, témoigner de l'oeuvre de Dieu.



Depuis Pâques, en nous mettant à l’école des Apôtres, nous avons suivi un chemin de foi qui nous a conduit à nous ouvrir à la nouveauté, à nous ouvrir aussi à la foi, à obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes et à nous ouvrir au monde. Aujourd’hui, nous sommes invités à faire un pas de plus en apprenant des apôtres à témoigner de l’œuvre de Dieu. Pour témoigner authentiquement de l’œuvre de Dieu dans le monde et en nous, que faut-il ? 
 
Je dirais d’abord qu’il faut éviter deux excès. Le premier, c’est l’excès d’orgueil qui nous fait croire que Dieu n’y est pour rien, et que si, aujourd’hui, l’Evangile se répand et touche les cœurs, c’est d’abord grâce à tous nos projets pastoraux, à nos idées lumineuses pour renouveler l’annonce de la foi. Il faut sans cesse faire de nouvelles choses, inventer de nouvelles manières de célébrer, des nouveaux gestes, des nouveaux textes etc, etc… Comme si notre activisme pouvait quelque chose face aux églises qui se vident, face à la foi qui se perd. Le second excès, c’est paradoxalement l’excès d’humilité : vous savez, je n’y suis pour rien, c’est Dieu qui a tout fait ! Comme si Dieu voulait ne pas avoir besoin de nous ! L’attitude de Paul et Barnabé est tout autre : ni excès d’orgueil, ni excès d’humilité, mais chacun à sa bonne place, Dieu et eux : à leur arrivée, ayant réuni les membres de l’Eglise, ils leur racontaient ce que Dieu avait fait avec eux et comment il avait ouvert aux nations païennes la porte de la foi. Dieu avec eux : voilà le bon tandem. Voilà comment l’Eglise doit agir aujourd’hui ; voilà comment chaque chrétien doit agir aujourd’hui. Avec cette conscience que Dieu est avec lui et que lui marche avec Dieu. Pour témoigner de ce que Dieu fait dans ma vie, j’ai besoin de vivre avec lui, de vivre de lui. Pour que l’œuvre de Dieu soit connu des hommes qui ne le connaissent pas encore, Dieu a choisi d’avoir besoin de nous, les croyants. Par notre vie, nous pouvons être témoignage de Dieu, ou non. 
 
Nous pouvons ainsi comprendre pourquoi la liturgie de ce dimanche nous a fait écouter la page d’évangile qui nous rapporte le commandement de l’amour laissé par Jésus. Quel est ce commandement ? Est-ce Aimez-vous les uns les autres ? C’est souvent ce que nous en retenons. Mais nous aurions tort d’en oublier le commencement : Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. Si Jésus lui-même apporte cette précision, c’est que peut-être, elle est d’importance. Parce que cette précision (comme je vous ai aimés) nous donne le sens de l’amour véritable : l’amour véritable est celui qui va jusqu’à l’extrême, jusqu’au don ultime de la vie pour ceux qu’on aime. Nous n’aimons pas vraiment si nous n’aimons pas jusque-là ! Nous ne témoignons pas vraiment de ce que Dieu réalise pour nous si nous ne mettons pas nos pas dans les pas du Christ, jusque dans sa manière d’aimer. Comment le monde d’aujourd’hui peut-il se convertir,  si les disciples du Christ ne sont pas, d’une certaine manière, exemplaires de ce que Dieu apporte dans une vie d’homme ? A quoi bon croire en Dieu si ce n’est pour aimer mieux et vivre de son amour ? Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. 
 
Témoigner de l’œuvre de Dieu pour les hommes, c’est ce que la liturgie fait de mieux. Elle témoigne de l’œuvre de Dieu dès le rite pénitentiel qui ouvre nos célébrations. En effet, ce rite ne nous oriente pas vers notre péché, mais vers le Christ, et ce qu’il réalise pour nous par amour. Le rite de l’aspersion que nous sommes fortement invités à privilégier durant le temps pascal nous fait justement rendre grâce pour le don de l’eau par lequel Dieu nous unit à son peuple. Et tout à l’heure, au moment d’ouvrir la prière eucharistique, la préface nous redira un des nombreux motifs de rendre grâce à Dieu pour l’œuvre accomplie par son Fils Jésus, mort et ressuscité. Il doit y avoir pas loin de 100 préfaces différentes : autant de raison de témoigner de l’œuvre de Dieu dans le monde, pour tous les hommes. A côté de ces motifs officiels dont nous avons à témoigner, il y a tout ce que Dieu réalise en nous et par nous afin de manifester sa présence et sa tendresse aux hommes de notre temps. Notre manière de vivre, notre art de vivre chrétien sera et restera notre témoignage le plus beau et le plus fort. 
 
Soyons fiers de ce que nous croyons, vivons ce que nous croyons, et Dieu parviendra aux extrémités du monde. Par une vie unie au Christ, donnons aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, le goût de Dieu et l’envie de vivre selon sa Parole. Ce sera notre plus beau témoignage, à la manière des Apôtres ! Amen.


(Dessin de Sieger KÖDER)

samedi 20 avril 2013

04ème dimanche de Pâques C - 21 avril 2013

Avec les Apôtres, nous ouvrir au monde !



Moi, Jean, j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. C’est ainsi que commençait notre deuxième lecture. A l’heure de la mondialisation, qui est encore étonné de la multitude des peuples rassemblés ? Mais mesurons-nous bien la nouveauté qu’a pu représenter une telle affirmation, sachant que cette foule de toutes origines se tenait debout, devant le Trône et devant l’Agneau, et que Jean nous décrit ainsi une vision de la béatitude éternelle, à la fin des temps ? Pour être bien clair, ce qu’il nous décrit, c’est toute l’humanité appelée à partager les noces de l’Agneau ! Et dire que certains pensent encore qu’il n’y aura qu’un petit nombre de sauvés et qu’ils sont nécessairement blancs et catholiques ! 
 
L’affirmation que pose Jean est devenue possible quand l’Eglise naissante a compris qu’elle devait s’ouvrir au monde. Jésus crucifié et ressuscité était d’abord à annoncer à leurs frères issus du peuple juif, puisque c’était le peuple au sein duquel Jésus a grandi, le peuple au sein duquel Dieu a fait entendre sa promesse d’un Messie Sauveur. Mais que devient cette annonce lorsque l’auditoire ne veut pas entendre ? Les Apôtres doivent-ils rentrer chez eux et attendre ? Faut-il remballer le message sous prétexte qu’il n’intéresse pas ou qu’il dérange ? Faut-il cacher le message parce que sa proclamation peut avoir des conséquences lourdes et fâcheuses pour les annonceurs ? Le livre des Actes ne cache rien des difficultés de la mission : les Juifs entraînèrent les dames influentes converties au judaïsme, ainsi que les notables de la ville ; ils provoquèrent des poursuites contre Paul et Barnabé, et les expulsèrent de leur territoire. Et encore, là ils sont plutôt gentils ! Il suffit de lire les versets 24-26 du chapitre 11 de la 2ème épître aux Corinthiens pour se rendre compte des réels dangers de la mission : cinq fois j’ai reçu les 39 coups, trois fois j’ai été flagellé, une fois lapidé, trois fois j’ai fait naufrage… danger des fleuves, dangers des brigands, dangers de mes frères de race, dangers des païens, dangers dans la ville, dangers dans le désert, dangers sur les mers, dangers des faux frères ! Malgré tout cela, l’Eglise part en mission, les Apôtres se font hérauts de l’Evangile. Pourquoi ? 
 
La réponse vient de Paul, appelé fort justement l’Apôtre des nations. Il dit aux Juifs d’Antioche de Pisidie : C’est à vous, nécessairement, qu’il fallait d’abord adresser la Parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes. Si les premiers destinataires du message n’en veulent pas, il en existe peut-être d’autres qui seront tout content de pouvoir l’entendre. Si l’ouverture aux nations semble s’être faite un peu par défaut, il faut alors réaffirmer ici que cette ouverture est devenue constitutive de l’Eglise. Il n’y a pas d’Eglise sans mission ; il n’y a pas d’Eglise sans ouverture au monde ; il n’y a pas d’Eglise qui puisse vivre repliée sur elle-même, se contentant de croire qu’elle seule sera sauvée, qu’elle seule a la vérité. Si l’Eglise n’évangélise pas, si elle ne porte pas le souci de porter le Christ au monde, elle est morte, vouée à disparaître à jamais. Si l’Eglise n’évangélise plus, elle cesse d’être l’Eglise du Christ. Si la tactique missionnaire de Paul semble un peu improvisée, elle n’en est pas moins fondamentale. L’Eglise doit être cette lumière qui attire à Dieu et au Christ tous les hommes que Dieu aime ! Ce n’est pas aux hommes de venir à l’Eglise pour y découvrir le salut ; c’est à l’Eglise d’aller vers les hommes pour leur proposer le Christ comme chemin de vie et de salut. 
 
Le concile Vatican II nous rappelle dans son décret Ad gentes, l’urgence de la mission. Elle passe d’abord par un art de vivre des chrétiens qui soit conforme à leur foi. La mission ne se fait pas à coup de baïonnette ; elle ne se paie pas de mots ; elle passe par la charité, par le témoignage de vie et par l’annonce de Jésus mort et ressuscité pour tous les hommes. Nous serons missionnaires par toute notre vie ou nous ne le serons pas ! Ce n’est pas d’abord la mission de quelques spécialistes ; c’est l’œuvre de toute l’Eglise, de chaque croyant. Par ma manière de vivre avec mes voisins, par ma manière de conduire ma famille, je peux ou ne peux pas donner envie d’être croyant et de suivre le Christ. 
 
Avec les Apôtres, nous devons nous ouvrir au monde. A la suite des Apôtres, nous devons porter le Christ au monde, et porter les soucis du monde devant Dieu. C’est tout le sens de la prière universelle qui suit notre proclamation de la foi. Elle nous ouvre, et ouvre notre prière, à celles et ceux qui ne sont pas là, à celles et ceux qui ne seront jamais là, à celles et ceux pour qui nous ne pouvons rien, si ce n’est les confier à la tendresse du Christ et à la miséricorde de Dieu. Lui seul saura toucher les cœurs en profondeurs, et agrandir son Eglise jusqu’à ce qu’elle soit ce peuple nombreux et varié devant le Trône et devant l’Agneau. Que cette eucharistie nous ouvre de plus en plus à la dimension missionnaire de l’Eglise et fasse de nous tous de simples ouvriers dans la vigne du Seigneur. Amen.
 
 
(Image de Jean-François KIEFFER, in Mille ilages d'Eglise, éd. Les presses l'Ile de France) 

samedi 13 avril 2013

03ème dimanche de Pâques C - 14 avril 2013

Avec les Apôtres, obéir à Dieu.





Il y a une totale incompréhension entre les Apôtres et ceux qui s’opposent à eux, après s’être opposés, il y a peu de temps encore, à Jésus lui-même. Ils pensaient en finir avec Jésus en le clouant sur une croix ; ils pensaient que le tombeau était le moyen le plus sûr d’enterrer toute cette histoire. Et voilà que ses compagnons, ses disciples, font resurgir son nom. Insupportable ! Tout bonnement insupportable ! Sans doute quelques coups de fouet bien placés vont-ils mettre un terme à ce resurgissement du nom de Jésus. 
 
Faut-il donc qu’ils soient naïfs pour croire qu’ils arrêteront ainsi ceux qui parlent de celui que la mort n’a pu retenir ? Faut-ils qu’ils soient naïfs pour espérer faire taire la voix de Celui qui, à travers ses Apôtres, parle maintenant d’au-delà de la mort ? Les Apôtres ont acquis la certitude que Jésus est bien vivant ; ils ont expérimenté sa présence réelle à leurs côtés : plus rien ne peut leur faire peur, et certainement pas le fouet qui a déchiré le dos de leur Seigneur et Maître. S’il a subi le fouet, ils le subiront eux-aussi, tout heureux de suivre ainsi le chemin de Jésus. 
 
D’où leur vient ce courage ? D’où leur vient cette force de caractère ? La semaine passée, la liturgie nous les montrait  encore tous enfermés à double tour, par crainte des Juifs. Aurions-nous tous sous-estimé la puissance de l’Esprit Saint que Jésus a répandu sur eux ? C’est bien cet Esprit qui est évoqué par Pierre lui-même dans sa réponse au grand-prêtre. Cet Esprit leur donne la force d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes
 
Car là est bien la leçon de ce dimanche : avec les Apôtres, nous devons obéir à Dieu. Obéir, non pas de manière servile, comme des esclaves, mais comme un ami peut obéir à un ami en entrant dans le projet qu’il porte ; obéir comme un ami qui fait tout ce qu’il faut, tout ce qu’il doit, pour que l’œuvre de son ami, qui a besoin de lui, réussisse.  Jésus ne leur a-t-il pas dit, ne nous a-t-il pas dit, que désormais, il ne nous appelait plus serviteur mais ami, parce que le serviteur ignore ce que veut faire son maître ?  Disciples de Jésus, connaissant son œuvre de salut pour tous les hommes, nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, refusant les modes passagères, choisissant toujours la vérité et la justice, même si ce chemin est exigeant. Connaissant l’œuvre de Dieu, connaissant surtout l’immense amour qu’il a déployé pour nous, comment ne pas entrer avec lui en résistance ? Comment ne pas obéir à son Esprit Saint, qui veut le meilleur pour nous, le meilleur pour chaque homme ? Et si cela passe par des moqueries, qu’importe au fond : l’amour de Dieu est plus fort que les moqueries. L’amour de Dieu est plus fort que tous les coups que nous pouvons prendre, au propre comme au figuré. 
 
Apprendre à obéir à Dieu, comme les disciples qui étaient partis à la pêche et qui n’avaient rien pris, mais qui, sur l’ordre de Jésus, relancent les filets et les tirent à terre remplis comme jamais. Obéir à Dieu, comme Pierre devra apprendre à le faire, en réaffirmant son amour sincère pour l’ami qu’il avait trahi et qui se voit confier la charge de tout le peuple que Dieu se choisit et appelle à vivre avec lui. Obéir à Dieu, en ayant conscience que ce n’est pas toujours nous qui mettrons notre ceinture et qu’un autre nous emmènera là où nous ne voudrions pas aller. L’obéissance à Dieu devient ainsi l’expression de notre attachement à la mission qu’il nous confie, l’expression de notre reconnaissance pour l’amour qu’il déploie pour nous, jour après jour, l’expression de notre indéfectible attachement à la personne du Christ, mort et ressuscité pour nous. 

Obéir à Dieu n’est-ce pas finalement simplement aimer Dieu et son Christ plus que tout ? L’obéissance, ainsi comprise, ne nous déresponsabilise pas ; au contraire, elle nous fait grandir et aimer mieux celui qui a tout donné par amour pour nous. En obéissant à sa parole, en laissant son Esprit nous guider, nous répondons à cet amour et nous le répandons autour de nous. N’est-ce pas ce qui est demandé à tout disciple ? En toute simplicité ! Amen.
 
 
(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)

dimanche 7 avril 2013

02ème dimanche de Pâques C - 07 avril 2013

Avec les Apôtres, s'ouvrir à la foi.


Il y a un monde entre les Apôtres que nous croisons au soir de Pâques et même encore huit jours après, et les Apôtres que nous croisons dans le livre des Actes, et pourtant, ce sont bien les mêmes. De la peur, ils sont passés à l’annonce ; de l’incrédulité, ils sont passés à la foi. Avec eux, nous pouvons faire un bout de chemin pour nous ouvrir à la foi. 
 
Une question vient alors à mon esprit : qui, des dix Apôtres qui ont vu Jésus au soir de Pâques et de Thomas qui était absent à ce moment-là, montre le plus de foi lorsqu’ils se retrouvent tous ensemble ? Trop longtemps, les prédicateurs ont présenté Thomas comme celui qui a du mal à croire, celui qui a besoin de signes. J’entends bien, et l’évangile que je viens de proclamer leur donne raison. Jésus ressuscité lui-même leur donne raison : cesse d’être incrédule, sois croyant ! Mais permettez-moi quand même d’objecter et de prendre la défense de Thomas. Car enfin, que demande-t-il, Thomas, lorsqu’il exprime ses réticences ? Rien d’autre que de faire la même expérience que les autres : voir Jésus ressuscité et recevoir son Esprit Saint ! C’est facile de charger le pauvre Thomas, absent le premier soir , alors que les autres ont vu celui qui était mort et qui maintenant est vivant pour les siècles. Vous me direz : il aurait pu faire confiance à ses amis ! Certes, mais sont-ils eux-mêmes tellement convaincu de ce qu’ils ont vu qu’ils en deviennent convaincants ? Je n’en suis pas certain du tout ; car enfin, lorsque nous les retrouvons, huit jours après, avec Thomas cette fois, ils sont à nouveau enfermés, les portes sont toujours verrouillées ! S’ils étaient vraiment convaincus, n’auraient-ils pas déjà dû abandonner leur crainte ? La rencontre avec le Ressuscité ne les a pas changés tant que cela ; leur foi est encore bien timide ; leur crainte semble encore bien réelle. A quoi leur a servi le don de l’Esprit Saint ? Et on va me dire que c’est Thomas qui doute ? Si j’admets qu’il doute, admettez que les autres aussi, encore, au moins un peu ! Les portes verrouillées en sont, pour moi, le signe évident. Thomas me semble même être celui qui progresse le plus, le plus vite. Il voit et il croit, et il exprime sa foi en des mots sans appel : Mon Seigneur  et mon Dieu ! Il est bien le seul à formuler ainsi ce qu’il porte en son cœur. 
 
Lorsque nous retrouvons ces mêmes Apôtres dans le Livre des Actes, nous les voyons à l’œuvre. Leur crainte n’est plus qu’un lointain souvenir ; leur enfermement, un passé lointain. Désormais, ils se mêlent à la foule, sortent au grand jour, posent des signes, opèrent des miracles. On ne les montre plus du doigt pour les condamner comme c’était le cas pour Pierre au moment de la passion de Jésus : certainement, toi aussi tu es de ses disciples ! Aujourd’hui, tout le peuple faisait leur éloge, et des hommes et des femmes, de plus en plus nombreux, adhéraient au Seigneur par la foi. Le rêve de tout curé ou de tout ADP. Que les personnes à qui il s’adresse et qui le voient vivre, deviennent des disciples authentiques du Christ !
 
La juxtaposition de ces deux textes nous montre alors deux éléments incontournables dans le domaine de la foi : d’abord que la foi naît de la rencontre avec le Ressuscité et ensuite que la communauté a un rôle à jouer dans l’éveil et la transmission de la foi. Que ce soit pour les dix rassemblés au soir de Pâques ou pour Thomas, c’est la rencontre avec le Ressuscité qui déclenche l’acte de croire. Si nos catéchèses ne tendent pas à permettre cette rencontre, la foi devient difficile, voire impossible. Il n’y a que peu d’Obélix de la foi, des gens qui sont tombés dedans quand ils étaient petits. Même l’enfant élevé en famille très catho, devra un jour ou l’autre, pour faire grandir réellement sa foi, faire cette expérience personnelle, presque intime, du Christ présent dans sa vie concrète. Et c’est là qu’intervient le deuxième terme : la communauté. Elle est et reste le lieu où la foi devient possible ou impossible. Une communauté qui ne vit rien, une communauté qui se déchire, une communauté qui ne vit pas concrètement de l’Esprit Saint, ne peut éveiller à la foi. Nous sommes donc tous responsables de la foi des autres. Par ma manière de vivre ma foi ou de ne pas la vivre, je peux faciliter ou rendre difficile, voire impossible, la rencontre avec le Ressuscité. Il faut nous rappeler alors la parole du Christ au soir de sa mort : c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que le monde saura que vous êtes mes disciples. Et nous pouvons alors la traduire ainsi : c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que vous serez signes de ma présence au monde ; c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que vous pourrez toucher le cœur des hommes et les ouvrir à ma présence ; c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que vous éveillerez la foi en vous et autour de vous. La communauté, c’est la famille d’abord, premier lieu de la catéchèse et de l’éveil à la foi ; mais la communauté, ce sont aussi nos lieux de vie, nos écoles, nos paroisses. Partout, si nous sommes disciples du Christ, nous avons à vivre cet amour qui n’est jamais exclusif. Partout, nous pouvons manifester la tendresse d’un Dieu amour qui vient à la rencontre des hommes pour les sauver et les faire vivre. En méditant les Actes des Apôtres, nous comprenons bien que leur art de vivre suscite autant de disciples que leur discours. 
 
Aujourd’hui, le temps des témoins immédiat du Christ est révolu : Thomas et les autres sont nos ancêtres dans la foi ; mais leur exemple reste vivant et parlant. Nous pouvons nous appuyer sur leur vie et leur témoignage pour grandir dans la foi ; nous pouvons, comme eux, par notre art de vivre et notre annonce claire du Ressuscité, ouvrir à la foi ceux qui ne le connaissent pas encore. En toute humilité et dans la confiance que le Seigneur travaille avec nous, pour sa gloire et le salut du monde. Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du Lapin Bleu)