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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 23 avril 2011

Pâques - 24 avril 2011

L'Eglise naît du Ressuscité








Au milieu de la nuit, un cri a retenti : Christ est ressuscité, alléluia ! Cette annonce marque non seulement la fin du temps de la passion, mais nous ouvre à une ère nouvelle, radicalement différente des autres ères que l'humanité a pu connaître jusque là.


Christ est ressuscité, alléluia ! Cette nouvelle marque d'abord la fin de l'infâmie. Dieu est intervenu dans l'Histoire pour rendre justice à celui que nous avions trop vite condamné et exécuté. Avec cet acte inouï (rendre à la vie un mort), Dieu vient remettre de l'ordre dans la justice des hommes ; il rend témoignage en faveur de l'Innocent. Celui qui était exposé comme un objet de scandale est élevé dans la gloire de Dieu, comme sujet d'adoration. Rendant la vie au Christ Jésus, Dieu rend espérance à celles et à ceux qui avaient cru en lui, à celles et à ceux qui ont été déroutés par le procès inique qui s'est tenu à Jérusalem. L'histoire au sujet de ce Jésus, rejeté et crucifié, ne s'arrête pas avec sa mort. Tous ceux qui croyaient en finir avec lui en l'exposant sur le gibet doivent se rendre à cette évidence proclamée par Pierre : Voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour.


Christ est ressuscité, alléluia ! Cette Bonne Nouvelle pour les disciples de Jésus, marque le début de leur mission ; ils sont envoyés pour témoigner que Dieu l'a choisi comme Juge des vivants et des morts. La mort est vaincue ; elle n'a pas eu le dernier mot avec Jésus, malgré les apparences. Elle n'aura plus le dernier mot avec les vivants. C'est Jésus qui a été établi Juge de tous les hommes. C'est lui qui siège désormais. Et son règne est marqué du sceau de l'amour et de la miséricorde de Dieu : tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés.



Christ est ressuscité, alléluia ! Marquant le début de la mission des Apôtres, cette nouvelle extraordinaire marque aussi le début de l'Eglise. Comment croire, qu'avec cet acte surprenant, la vie reprendrait comme avant. Désormais, il y aura bien un avant Christ et après Christ. Plus rien n'est pareil. Certes, les hommes sont toujours soumis à la mort ; mais leur mort, en Christ, devient désormais passage vers plus de vie, vers la vie avec Dieu et en Dieu pour toujours. Et l'Eglise devient le lieu qui rassemble celles et ceux qui désormais confessent le Christ, mort et ressuscité pour nous. La résurrection du Christ n'est pas qu'un acte en faveur de Jésus. C'est un acte de Dieu en faveur de tous les hommes, à travers le temps et l'Histoire. Si les hommes pouvaient avoir la certitude que leur vie venait de Dieu, ils peuvent désormais croire que leur vie les mène à Dieu, par le Christ. La foi au Christ devient la clé pour franchir, victorieux, les portes de la mort et parvenir au Père.



Christ est ressuscité, alléluia ! Oui, cette Bonne Nouvelle change tout, désormais. La mort est vaincue, l'homme est libéré, l'homme peut espérer. La communauté des croyants rassemblés au nom du Christ est le must to be pour celles et ceux qui veulent construire un monde plus juste et plus fraternel, un monde fondé sur l'amour de Dieu et des autres, comme Jésus l'avait annoncé et proposé avant sa mort. L'Eglise n'est pas un lieu ringard mais le fer de lance d'une humanité nouvelle, libérée de la mort et du péché ; une humanité qui porte le souci de tous, plus particulièrement du pauvre et du faible.



Christ est ressuscité, alléluia ! Il n'y a pas de nouvelle plus urgente que celle-là ! Il n'y a rien d'autre à annoncer que ce Christ, mort et ressuscité pour nous, mort et ressuscité pour toute l'humanité. Comment garder pour nous une nouvelle qui bouleverse tout et qui transforme la vie de celles et ceux qui la partagent ? Devenons d'authentiques disciples et proclamons à la face du monde : Christ est ressuscité, alléluia ! Amen.




(Photo décor pascal, église de Holtzheim - 67)

jeudi 21 avril 2011

Vendredi Saint : 22 avril 2011

En Jésus crucifié, découvrir Dieu.


Nous avons une Loi, et suivant la Loi, il doit mourir parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu. Je ne suis pas sûr que cela ait été très malin de la part des chefs du peuple d’avancer cet argument à Pilate, représentant l’autorité romaine, polythéiste par nature. Lorsque l’on sait que le panthéon romain comprenait aussi des enfants nés d’union entre les divinités et l’humanité, on comprend mieux la crainte de Pilate. Et si celui-là, qu’on lui amène aujourd’hui, était un de ceux-là ? Ne risque-t-il pas de fâcher les dieux de l’Olympe ? La crainte de Pilate exprime bien le chemin que nous avons tous à faire devant Jésus qui marche vers sa mort.

Ce chemin est simple à exprimer : il s’agit de passer du Jésus de l’Histoire au Christ, celui que Dieu envoie pour sauver les hommes. Il s’agit de faire ce saut dans la foi et croire que Dieu intervient bien dans l’Histoire de l’humanité pour un mieux, pour un salut unique et définitif. Là où les chefs des prêtres ne voient qu’un imposteur, un gêneur, un falsificateur, nous sommes invités à voir celui que Dieu envoie pour nous sauver ; nous sommes invités à croire que Jésus est bien le Fils unique de Dieu, venu dans le monde pour nous libérer de la mort et du péché.

Certes, on peut comprendre la déception de certains. D’un Fils de Dieu, on attend autre chose que quelqu’un qui se laisse conduire à la mort, comme un agneau à l’abattoir. Un signe de puissance, un signe de majesté, ce n’est quand même pas trop demander ! Mais des signes, il y en a eu, tout au long de la vie de Jésus. Les signes que Dieu intervient dans notre histoire, qu’il a souci du faible et du pauvre, n’ont pas manqué tout au long du ministère de Jésus. Et c’est bien à cause de ces signes, à cause de ses paroles, que Jésus est aujourd’hui jugé et condamné. Quand il donnait des signes, quand il parlait de ce Père qui l’a envoyé, nous n’avons pas voulu l’entendre. Nous avons préféré nos certitudes, notre confort plutôt que de suivre ce Jésus.

Mais voilà, il ne nous sera donné aucun autre signe, sinon celui de cet homme Jésus, rejeté, condamné, élevé de terre sur une croix. Un innocent que même l’autorité politique n’arrive pas à sauver. Pas d’autre signe que celui de cet homme, mis au ban de l’humanité pour avoir dit qu’il était Fils de Dieu. Dieu lui-même est ainsi rejeté ; sa Parole étouffée ; son Fils unique condamné et tué. Quand l’humanité n’est pas contente de l’image que Dieu renvoie de lui, plutôt que de chercher à comprendre Dieu, elle le supprime.

Et pourtant, Jésus est bien Fils de Dieu. Et pourtant, Dieu est bien du côté de cet homme crucifié. Ce n’est pas évident à croire ; ce n’est pas simple à voir : mais Dieu a choisi ce qu’il y a de faible pour confondre les forts, ce qu’il y a de plus fou pour confondre les sages. Comment vaincre le Mal sans l’affronter en ce combat singulier ? Comment libérer les hommes de la Mort sans aller la visiter sur son propre terrain et lui arracher son pouvoir en libérant ceux qu’elle retient déjà dans ses liens ? Dieu n’avait pas d’autre choix que d’assumer notre humanité en Jésus. Dieu n’avait pas d’autre choix que d’affronter le Mal et la Mort pour les vaincre. Dieu n’avait pas d’autre choix que de livrer son Fils pour nous dire son amour infiniment grand, infiniment puissant. Dieu n’avait pas d’autre choix que celui-là : aller à la mort, s’y soumettre pour mieux la vaincre, pour mieux nous en libérer.

En Jésus crucifié, découvrir Dieu, voilà bien le défi de ce jour de la mort de Jésus. Devant sa croix, devant son corps mis au tombeau, nous pouvons dire que tout est fini ; on ne parlera plus de ce Jésus qui s’est prétendu Fils de Dieu. Mais devant sa croix, devant son corps mis au tombeau, nous pouvons aussi encore croire que Dieu ne peut se satisfaire du jugement des hommes sur lui, que Dieu nécessairement prendra parti en faveur du Juste condamné et que ce signe de la croix dressée sera expliqué, lisible par tous ceux et celles qui croient que Dieu guide notre histoire, que Dieu porte un projet d’amour pour chacun de nous. Et que ce projet ne saurait être anéanti par la mort de Jésus. La prophétie d’Isaïe ne peut qu’être vraie, puisque c’est Dieu lui-même qui s’exprimait jadis par son prophète : Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! … Il était méprisé, abandonné de tous, … familier de la souffrance… Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé… Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris… A cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé… Dieu l’a promis, Dieu le fera. En Jésus crucifié. Moi, je le crois. AMEN.






(Photo : détail d'une oeuvre de Richard Holterbach, Oratoire du Séminaire du Prado, Limonest)

mercredi 20 avril 2011

Jeudi Saint - 21 avril 2011

Avec Jésus, prendre la vraie place





Chers enfants, encore quelques semaines et vous vivrez, pour la première fois, cette rencontre unique avec Jésus, qui se donne aux hommes dans le pain de l’Eucharistie. Vous êtes en chemin depuis un moment maintenant, et vous avez eu l’occasion de vous retrouver pour célébrer les secrets que partagent les chrétiens lorsqu’ils célèbrent l’Eucharistie. La messe de ce jeudi saint permet de les célébrer tous ensemble et d’en mieux comprendre encore le sens.

Quand nous sommes entrés dans l’église, il n’y avait que peu de lumière. La croix attirait vers elle notre regard. C’est le premier secret des chrétiens. Ils se rassemblent autour de la croix parce que là, ils en sont sûrs, il y a le signe que Jésus nous a aimés, plus que tout. Il a donné sa vie pour nous. Et nous savons désormais que rien ne pourra nous séparer de lui. Ce signe est aussi sûr pour nous que pouvait l’être, pour le peuple libéré d’Egypte, le signe de l’Agneau pascal, dont le sang répandu a assuré la vie du peuple que Dieu s’était choisi. Pour nous, Jésus est l’Agneau de Dieu, livré pour notre péché, qui nous assure la vie et le pardon de Dieu. C’est pour cela que nous commençons par dire : Seigneur, prends pitié. Même en ce soir, alors que c’est jour de fête. En disant ces mots, nous disons que nous avons besoin de Jésus, de son amour, au cœur de notre vie. Quand demain, vous vous rassemblerez pour le chemin de croix, souvenez-vous de cela, souvenez-vous que Jésus offre sa vie et meurt pour chacun de nous. Que tu t’appelles Pierre, Paul, Jacques, Nathalie, Sylvie, Karine, Michaël ou que sais-je encore, Jésus t’aime et t’offre sa vie, t’offre son amour, t’offre son pardon pour que tu vives de la vie même de Dieu. Tu peux en être sûr !

Ce qui est intéressant avec Jésus, c’est qu’il s’occupe de tous. Il nous veut heureux. Et Dieu, son Père, fait tout pour nous, pour que notre vie avec lui réussisse. Beaucoup pensent aujourd’hui que c’est difficile d’être chrétien et que surtout, ils ne voient pas trop à quoi cela sert. La première raison d’être un ami de Jésus et d’écouter son Père, c’est parce que Dieu nous veut heureux. Ecouter la Parole de Dieu, la vivre fidèlement jour après jour, permet de trouver le vrai bonheur. Pas pour plus tard, quand Dieu nous aura rappelé à lui, mais pour maintenant. Vous avez découvert, dans la prière de l’Eglise, les multiples raisons pour lesquelles nous pouvons remercier Dieu et qui font que nous louons Dieu et nous le bénissons. La première et principale raison que nous avons de louer Dieu, c’est parce qu’il nous a donné Jésus. Enlevez Jésus, et il ne reste rien de notre foi. Enlevez Jésus, et il ne reste rien de notre espérance. Enlevez Jésus, et il ne reste plus de base solide pour notre charité. Jésus est celui auquel nous croyons (nous sommes sûrs de lui) ; il est celui qui nous donne une espérance (Paul nous a dit dans la deuxième lecture : chaque fois que vous mangez ce pain et que vous vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, dans l’espérance de sa venue). Jésus est aussi celui qui fonde notre charité, notre amour pour les autres. C’est parce que nous sommes aimés infiniment par Jésus que nous devenons capables d’aimer infiniment, comme lui. Et lorsque nous aimons, nous en faisons tous l’expérience, notre vie réussit, nous sommes heureux ! Et pour cela, nous louons Dieu. C’est le deuxième secret que partagent les chrétiens.

Dans l’Evangile de ce soir, nous voyons Jésus poser un geste curieux : il lave les pieds de ses disciples. Dans de nombreuses églises, ce soir, les prêtres, les évêques et même le pape, à Rome, font de même. Peut-être un jour arrivons-nous à le faire ici aussi. C’est un geste qui ne se fait qu’une fois dans l’année, mais il est important. Il nous permet de comprendre le troisième secret que partagent les chrétiens : nous ne venons pas à la messe juste pour nous, mais nous venons aussi pour confier à Dieu notre souci des autres. Quand Jésus lave les pieds de ses disciples, il nous donne un exemple : ce qu’il a fait, nous devons le faire pour les autres. Et c’est Pierre, qui refuse dans un premier temps que Jésus lui lave les pieds, qui permet à Jésus d’expliquer son geste : si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi ! C’est comme si Jésus demandait à Pierre de le laisser s’occuper de lui. Si je ne te lave pas les pieds, tu ne seras pas vraiment avec moi ; je fais ce geste pour toi. Et plus tard Jésus précise : vous devez, vous aussi, vous lavez les pieds les uns des autres. Ce geste (laver les pieds) est un geste que ne faisaient que les esclaves, les serviteurs pour leur Maître. Quand Jésus nous invite à poser ce geste pour les autres, il nous invite à les servir, à avoir souci d’eux ; et lorsque nous pensons que nous ne pouvons plus rien pour les autres, nous pouvons encore les confier à Dieu dans la prière. C’est aussi un service à rendre aux autres ; c’est aussi une manière d’avoir souci d’eux. Frère Christophe vous l’a appris dans vos rencontres de catéchèse ; il l’a appris lui-même de Jésus, peut-être dans cet humble geste du lavement des pieds. Osez parler à Dieu des personnes qui vont sont chères ; osez les confier à Dieu.

Enfin, le Jeudi Saint est un soir important parce que, pour la première fois, Jésus a posé un geste que nous faisons chaque dimanche en communauté nombreuses, voire chaque jour en plus petit comité : il a rompu le pain pour ses disciples en disant : Ceci est mon corps livré pour vous. De même, il leur a partagé la coupe de vin en disant : Cette coupe est la nouvelle Alliance établie par mon sang. Faites cela en mémoire de moi. C’est ce geste qui nous rassemble encore et toujours ; c’est pour que ce geste ne soit pas perdu que des hommes s’engagent à devenir prêtres, serviteurs de Dieu et serviteurs du peuple de Dieu. Dans ce geste, Jésus se donne totalement à nous et il nous fait une promesse : ce qu’il fait, il le fait pour nous et pour la multitude. Pour les hommes et les femmes de son époque, mais aussi pour nous qui vivons 2000 ans après lui et qui nous souvenons de ce cadeau de Dieu. Puisque nous sommes sûrs de lui, puisque nous savons qu’il veut notre bonheur, puisque nous pouvons passer par lui pour confier à Dieu celles et ceux que nous aimons, nous pouvons le croire, nous pouvons l’accueillir dans ce pain dont il nous dit que c’est sa vie et nous pouvons entrer en communion avec lui, pour toujours. C’est le dernier secret que partagent les chrétiens.

Ce geste du pain rompu, Jésus le fait le soir avant sa mort : il nous rend ainsi plus forts pour affronter l’heure du procès, de la passion et de la mort de Jésus. Quand nous serons devant la croix à contempler Jésus qui a offert sa vie, nous nous souviendrons que c’est par amour, pour notre bonheur, que Jésus est allé jusque là. Nous nous souviendrons aussi de la promesse qu’il nous a faite : il sera avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps. La communion que vous préparez encore, la communion que nous autres, plus âgés, recevrons tout à l’heure, nous permettra de l’accompagner, de veiller avec lui et de passer la mort avec lui. La communion que nous recevrons nous permettra de prendre, à la suite de Jésus, la vraie place : celle du serviteur qui reconnaît en Dieu son Sauveur, celle du serviteur qui porte le souci des autres, celle du serviteur qui suit Jésus et vit de lui. Maintenant et toujours. Amen.




(Dessin de Sieger Köder, in Kinderbibel mit Bildern von Sieger Köder, éd. Verlag Katholisches Bibelwerk)

samedi 16 avril 2011

Dimanche des Rameaux - 17 avril 2011

Avec Jésus, prendre la route qui mène au Père !






Avec ce dimanche des Rameaux, nous inaugurons une semaine unique dans notre parcours liturgique : la Semaine Sainte. Une semaine que nous voulons vivre avec le Christ, l’accompagnant jour après jour, presque heure par heure, sur ce chemin commencé dans les acclamations, et qui s’achèvera dans le silence du tombeau, après les cris de haines de la foule. Une semaine étrange ; une semaine cruciale qui nous permet de prendre avec Jésus, la route qui mène vers le Père. Au long de ce chemin, nous serons invités à entrer dans une intimité plus grande avec le Christ, afin de ne pas nous tromper sur lui, afin de mieux comprendre encore pourquoi il est venu, pourquoi il a pris ce chemin de souffrance et de mort. Pour entrer dans cette connaissance approfondie de Jésus, je vous propose de relire les oraisons de ce dimanche des Rameaux.



La première prière de ce dimanche n’est pas l’oraison d’ouverture, mais bien la bénédiction des Rameaux. En quelques lignes, la prière de l’Eglise nous permet de comprendre le vrai sens de ces palmes que nous tenons à la main. Non pas gris-gris nous protégeant de quelques catastrophes, mais manifestation de notre joie d’acclamer le Christ comme notre roi, expression de la victoire de la vie sur la mort et enfin signe de notre espérance chrétienne et de la confiance que nous mettons en Christ. Voilà tout ce qu’exprime ce petit bout de nature.


Manifestation de notre joie d’acclamer le Christ comme notre roi. En venant ce matin, rameaux à la main, nous nous situons effectivement dans cette foule dont nous parlait l’évangile proclamé sur le parvis de l’église. La liturgie a cette force de nous rendre participants, aujourd’hui, à ce que le Christ a vécu pour nous hier, et qui se renouvelle dans chaque Eucharistie. Nous ne célébrons pas l’anniversaire de l’entrée à Jérusalem, regardant de l’extérieur les foules qui jadis acclamaient Jésus comme roi. Nous participons à cette entrée triomphale. Grâce à la liturgie, nous pouvons dire : aujourd’hui, le Christ entre à Jérusalem ; aujourd’hui, nous allons à sa rencontre, rameaux à la main, pour l’acclamer avec toutes celles et tous ceux qui attendent un libérateur et le reconnaissent en Jésus : aujourd’hui, nous reconnaissons Jésus comme notre roi. C’est une vraie et profonde joie qui doit nous animer en ce jour, même si nous venons d’entendre le récit de la Passion. L’Evangile de la fête, ce n’est pas la passion, mais bien l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem. Même si la liturgie nous fait faire un raccourci saisissant des derniers jours de la vie terrestre de Jésus, c’est la joie qui doit dominer en nous aujourd’hui. Les deux autres significations des rameaux appuient d’ailleurs cette affirmation.


Ils expriment la victoire de la vie sur la mort et sont le signe de notre espérance chrétienne et de la confiance totale que nous mettons en Christ. Avant même de proclamer la passion de Jésus, nous tenons en main la certitude que ces événements douloureux ne seront pas la fin de l’histoire. La partie de la liturgie de ce dimanche qui se tient sur le parvis est fondamentale puisqu’elle nous permettra de ne pas nous enfermer dans la tristesse et le découragement lorsque, ayant franchi le seuil de l’église, nous entendons le récit pénible de l’arrestation, du procès, de la condamnation et de la mort de Jésus. Comme le dit la prière de bénédiction, rameaux à la main, nous pouvons avoir confiance en Jésus, nous pouvons espérer en la victoire de la vie sur la mort, malgré les apparences. Pour Jésus, comme pour nous, la route vers le Père passe par la croix, mais la croix n’en est pas le dernier mot.


Lorsque tout ceci est bien ancré en nous, lorsque nous sommes forts de ces certitudes, nous pouvons alors entrer dans l’église et progresser dans la liturgie de ce dimanche pour écouter la passion du Fils unique, car il s’agit avant tout, malgré l’euphorie du moment, de ne pas nous tromper sur le Messie, ou plus exactement sur la manière dont Jésus entend être le Messie et sur la manière dont il entend porter le salut au monde. La prière d’ouverture nous remet alors pleinement face au Messie véritable qui ne vient pas régner en Maître et Seigneur, mais servir notre salut et qui nous invite à l’imiter en tout. Dieu éternel et tout puissant, pour montrer au genre humain quel abaissement il doit imiter, tu as voulu que notre Sauveur, dans un corps semblable au nôtre, subisse la mort de la croix. C’est bien pour nous, pour notre salut, pour notre bonne compréhension des rapports humains, que le Christ offre sa vie. Il va jusqu’à l’extrême pour que nous comprenions bien que nous aussi nous devons servir, toujours ; que nous aussi, nous devons éviter de nous gonfler d’orgueil pour rester humbles, c’est-à-dire ne pas nous estimer supérieur aux autres ! Ce que le Christ fait pour nous, nous devons le faire les uns pour les autres, acceptant des petites morts quotidiennes pour le bien de tous. C’est ce que nous demandons dans la prière.



Lorsque le pain et le vin de l’Eucharistie auront été portés à l’autel, nous poursuivrons alors notre prière en demandant à Dieu que le sacrifice du Christ ait quelque utilité pour nous. Souviens-toi, Seigneur de la passion de ton Fils, ne tarde pas à nous réconcilier avec toi. Voilà pourquoi le Christ devait mourir : pour que nous soyons pleinement à nouveau en alliance avec Dieu, nous que le péché avait éloigné de lui. En effet, poursuit la prière de l’Eglise, nous n’avons pas mérité ton pardon, mais nous comptons sur ta miséricorde et sur la grâce du sacrifice de Jésus. Nous reconnaissons que c’est bien là, sur la croix, que se trouve celui qui porte notre salut. Nous reconnaissons bien que, de nous-mêmes, nous ne saurions nous sauver. Nous reconnaissons bien que c’est à Dieu et à sa miséricorde que nous devons notre vie. La préface achèvera de préciser ce que cette prière sur les offrandes sous-entendait : alors qu’il était innocent, il a voulu souffrir pour les coupables et sans avoir commis le mal, il s’est laissé juger comme un criminel ; en mourant, il détruit notre péché ; en ressuscitant, il nous fait vivre et nous sanctifie. La prière de l’Eglise ne saurait être plus claire !



A la fin de l’Eucharistie, après la communion, l’Eglise nous invitera à prier ainsi : tu nous as fortifiés dans cette communion à tes saints mystères et nous te supplions encore : toi qui nous as donné, dans la mort de ton Fils, l’espérance des biens auxquels nous croyons, donne-nous, dans sa résurrection glorieuse, de parvenir au Royaume que nous attendons. Y a-t-il plus belle conclusion à la liturgie de ce jour que de professer déjà notre espérance d’avoir part pleinement un jour à la joie du Royaume, nous qui exprimions au début de cette liturgie notre joie d’avoir le Christ comme roi ? A quoi cela aurait-il servi de venir rameaux à la main si nous n’avions pas en nous l’espérance de vivre un jour pleinement sous la royauté du Christ que nous acclamions ? Nous allons revivre cette semaine les grands moments de l’œuvre du salut accompli en Jésus Christ, dans la certitude que cette œuvre s’accomplit dès maintenant pour nous, en même temps que dans l’espérance d’y avoir part en plénitude à la fin de notre existence terrestre. C’est aussi ce que nous rappellera la bénédiction solennelle : après l’avoir suivi dans les épreuves, puissiez-vous entrer avec lui dans sa gloire de Ressuscité !



La prière de l’Eglise, en ce premier jour de la Semaine Sainte, nous dit admirablement qui est ce Jésus que nous acclamons comme Roi, comment il entend être Messie et Sauveur pour tous les hommes. Elle nous rappelle que la croix n’est pas un accident, mais un impératif : il faut que le Christ passe par la mort, rejeté de tous, pour ouvrir tous les hommes à la gloire qu’il tient de son Père et partage avec lui, dans l’unité de l’Esprit Saint. Si nous choisissons de suivre le Christ, si notre désir est d’aller vers le Père, il nous faudra passer par cette croix. Nous n’avons pas d’autre alternative ; mais nous n’affronterons pas cette croix en étant seul ; nous le ferons avec le Christ ; il nous mènera vers son Père et notre Père. Amen.




(Photo : église de Holtzheim, Bas-Rhin)

samedi 9 avril 2011

05ème dimanche de Carême A - 10 avril 2011

Célébrer le pardon pour nous ouvrir à la vie même de Dieu.






Un homme était tombé malade. C’était Lazare, de Béthanie. Voilà donc planté le tableau de ce cinquième dimanche de Carême. Dès les premiers mots de cette page d’évangile, nous sentons qu’il va se passer des choses pas ordinaires autour de ce malade. Car ce malade n’est pas n’importe qui : il est le frère de Marthe et de Marie, des amies de Jésus. Dès lors, quelques questions se posent et je voudrais essayer d’y répondre.



Une première question se pose : Que va faire Jésus, lorsqu’il apprend la nouvelle au sujet de son ami ? La réponse est surprenante : il ne fait d’abord rien. Il ne se précipite même pas au chevet du malade. Il demeura pourtant deux jours à l’endroit où il se trouvait, nous dit simplement saint Jean. Et pendant ce temps, Lazare meurt ! Pourquoi cette attente ? Pourquoi ne pas se précipiter auprès de son ami ? A cause de nous. A cause de notre foi. Il laisse les choses arriver ; il interviendra à son heure, et notre foi s’en trouvera grandie. Il faut donc lui faire confiance.



La deuxième question qui se pose vient alors de l’affirmation de Jésus : Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Jésus prend-t-il plaisir à la mort de son ami ? Bien sûr que non. Mais cet événement, pour tragique qu’il soit, lui donne l’occasion de faire quelque chose pour nous : il peut désormais nous ouvrir à une foi plus profonde. Ce qu’il va faire, maintenant que Lazare est mort, aura plus d’impact en ce qui concerne notre foi que ce qu’il aurait pu faire s’il s’était précipité. Des malades, il en a guéri beaucoup. Est-ce que cela a fait grandir la foi de celles et ceux qui l’ont vu faire ? Sans doute pas pour tous.



La troisième question vient de l’affirmation de Marthe et de Marie : Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Jésus a-t-il vraiment ce pouvoir d’empêcher la mort d’agir ? Est-il venu pour repousser la mort et prolonger la vie ? Pour que nous ne nous trompions pas sur le projet de Dieu, il fallait sans doute que Lazare meurt. L’ecclésiaste disait déjà dans l’Ancien Testament qu’il y a un temps pour tout : un temps pour naître et un temps pour mourir. Jésus ne vient pas changer cela ; il vient pour donner sens, pour nous rendre une espérance : ton frère ressuscitera. Il y a donc encore un temps après la mort, et c’est ce temps que Jésus vient inaugurer. Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Il y a encore la vie par-delà la mort pour celles et ceux qui accordent foi à Jésus. La mort ne sera pas le dernier mot de leur existence. Et il va le démontrer avec son ami Lazare. Au tombeau depuis quatre jours déjà, ce qui veut dire que la décomposition du corps a commencé, Jésus va poser un acte inouï pour que nous croyions qu’il est bien ce qu’il affirme : la résurrection et la vie.



Me vient alors une quatrième question : S’il a conscience d’être la résurrection et la vie, pourquoi pleure-t-il devant le tombeau de son ami ? Parce que l’espérance qui est devenue la nôtre n’enlève rien à notre humanité, ni aux sentiments qui peuvent être les nôtres. Nous avons le droit d’être tristes quand l’un des nôtres meurt, car c’est une page de notre histoire qui se tourne. Mais la tristesse n’est pas la désespérance : même tristes, même affectés par la mort des autres, nous pouvons croire et espérer que la vie reste la plus forte, en Jésus. Jésus appelle Lazare, ordonne aux gens présents de le délier et de le laisser aller. Pris dans les filets de la mort, Lazare, à l’appel de Jésus, retrouve la vie ; et nous pouvons croire que Jésus a toute autorité sur la mort ; nous pouvons croire que, désormais, nous n’affronterons plus la mort seuls, si nous croyons en Jésus, si nous affirmons qu’il est la résurrection et la vie. Ce qu’il fait aujourd’hui pour Lazare doit nous permettre aussi de vivre les événements de la passion avec cette même confiance. Malgré la tristesse qui pourra être nôtre devant sa mort en croix, nous devons garder cette espérance qu’il est la résurrection et la vie. En Jésus, Dieu nous veut vivant. En Jésus, Dieu nous ouvre à sa vie.



Depuis le Mercredi des Cendres, je relis avec vous les textes du dimanche en cherchant à comprendre comment ils éclairent le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. L’Evangile du retour à la vie de Lazare nous permet de comprendre le but ultime de ce sacrement un peu abandonné : nous faire vivre de la vie même de Dieu. Certes, le baptême est le sacrement qui nous introduit dans cette vie : c’est bien lorsque l’eau coule sur nous que nous participons à la mort et à la résurrection de Jésus et que nous devenons ce que nous sommes : fils et filles de Dieu. Mais le péché agit pour nous comme la mort : il nous coupe des autres, il nous coupe de Dieu. Il nous enferme dans une tombe dont nous ne pourrons sortir qu’à l’appel de Jésus. Jésus n’est pas venu pour nous empêcher de faire le Mal, mais pour nous en délivrer, une fois pour toutes. Faire le Mal ou le Bien, c’est notre choix. Mais lorsque nous faisons le mauvais choix, lorsque nous nous rendons compte que nous sommes pris dans ses liens comme un mort dans sa tombe, nous pouvons encore compter sur Jésus. Nous pouvons encore nous adresser à lui, comme Marthe et Marie l’ont fait pour Lazare. Nous pouvons encore entendre sa voix qui nous appelle ; nous pouvons laisser les prêtres nous délier et nous laisser aller en paix, sur l’ordre de Jésus. Même pris dans les liens du péché, nous pouvons espérer vivre à nouveau libres, si nous croyons que Jésus est plus fort que le Mal que nous avons pu faire. Le pardon devient alors le sacrement de notre résurrection, de notre retour à la vie de Dieu que nous avions abandonnée en nous laissant aller à faire le Mal.



Il reste à Jésus à affronter la Mort et le Mal sur leur terrain ; il reste à Jésus à descendre aux enfers pour en ramener ceux que la Mort retient captifs. Il nous reste à l’accompagner dans la foi et à croire qu’il est bien celui que Dieu envoie pour nous faire vivre, même lorsque le péché nous fait sentir la Mort. En célébrant le pardon avant Pâques, nous serons mieux armés pour accompagner le Christ dans ses heures douloureuses : ce qu’il fait pour nous (nous rendre à la vie de Dieu), il peut le faire parce qu’il a affronté le Mal et la Mort, et qu’il en est sorti vainqueur. Déjà Pâques se profile à l’horizon. Mais n’allons pas trop vite. Il nous reste encore un peu de temps pour nous préparer à vivre la Grande Semaine avec Jésus, cette semaine qui nous permettra de l’accompagner dans son combat contre la Mort, son combat qui nous vaudra la vie. En plénitude. Amen.




(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu, voir mes liens)

vendredi 1 avril 2011

04ème dimanche de Carême A - 03 avril 2011

Célébrer le pardon pour nous laisser éclairer par Dieu








Heureuse cécité que celle de cet homme qui croise aujourd’hui la route de Jésus ! Elle lui permet de venir à la lumière et d’être un signe pour celles et ceux qui veulent marcher à la suite de Jésus. Heureuse cécité car elle permet à l’action de Dieu de se manifester en cet homme. Oui, heureuse cécité : nous pouvons le dire aujourd’hui, mais pour cet homme, jusqu’à cette rencontre, elle était un fardeau.



Pensez donc : on imaginait qu’il était aveugle à cause d’un grand péché, de lui ou d’un de ses parents ! Dieu l’aurait ainsi puni. Et la punition est lourde : non seulement il ne voit pas, mais en plus il n’a pas de place dans la société (il est obligé de mendier), pas de place dans sa communauté religieuse (Tu es tout entier plongé dans le péché). Les pécheurs sont exclus, infréquentables ! Leur péché pourrait être contagieux ! Puni par Dieu, il est doublement puni par les hommes. Jusqu’à sa rencontre avec Jésus.



Heureuse cécité de cet homme, car elle permet d’abord à Jésus de séparer souffrance physique et péché. Ce qui arrive à cet homme depuis sa naissance n’a rien à voir avec le péché. Il y a des hommes et des femmes qui naissent avec un handicap : et ce n’est pas une punition de Dieu pour un péché jamais avoué. Ce n’est donc pas une raison de les exclure davantage. Et Jésus va profiter de ce handicap pour poser un geste de salut et nous donner un enseignement.



Le geste de salut, c’est de faire voir cet homme. Un peu de salive, un peu de terre, et Jésus obtient de la boue qu’il applique sur les yeux du mendiant ; ajoutez-y un ordre de Jésus à l’aveugle : va te laver à la piscine de Siloé !, et un bain plus tard, notre homme voit ! Et c’est là que tout s’emballe ! Ceux qui l’ont ignoré jusqu’à présent, ceux qui l’avaient exclu, l’obligeant à mendier, vont réagir, s’interroger et se révéler plus aveugle que notre aveugle guéri. Voilà notre aveugle sans doute bien embarrassé. Il est sommé de s’expliquer, d’expliquer l’inexplicable : comment se fait-il que tu voies ? Et il a beau expliquer, personne ne l’écoute vraiment, personne ne veut vraiment croire au miracle ! On interroge père et mère, on réinterroge l’aveugle guéri, mais personne ne veut voir que Dieu a peut-être parlé, que Dieu est peut-être intervenu en faveur de cet homme. Et le voilà expulsé encore ! Comprend-t-il ce qui se passe ? Il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. Pas besoin de discours théologique sur qui est celui qui lui a rendu la vue ; pas besoin de grande explication sur le péché. Il y avait avant : il était aveugle ; il y a un après : il voit. Entre ces deux moments, une rencontre : celle de Jésus, et un geste. L’homme n’a besoin de rien de plus pour croire et se prosterner devant Jésus. Jésus est venu à lui, notre homme l’a laissé faire, il lui a obéit et maintenant, il est guéri. Il n’a besoin de rien de plus pour son bonheur.



L’enseignement que Jésus donne, c’est qu’il est la lumière du monde, il est celui qui permet aux hommes d’y voir clair. Celui qui vient à Jésus devient capable de vivre en fils de lumière : il ne craint plus la nuit. Paul, dans la deuxième lecture précisait les fruits de la lumière : bonté, justice et vérité, ce qui est capable de plaire au Seigneur. Pour faire bref, celui qui vient à Jésus refuse le Mal, sous toutes ses formes. C’est bien le sens de la profession de foi baptismale, reprise heureusement au cœur de la nuit pascale. Avec Jésus, mort et ressuscité pour nous, nous voulons (et nous pouvons) rejeter le péché, rejeter ce qui conduit au Mal, rejeter Satan qui est l’auteur du péché. Nous pouvons choisir celui qui éclaire nos ténèbres et nous fait venir à sa lumière, non pour nous condamner, mais pour nous sauver, nous partager sa vie.



Ce que vit cet homme, nous pouvons le vivre à notre tour. Nous y voyons peut-être plus ou moins clair dans notre vie, mais nous pouvons tous être aveuglés, plongés dans les ténèbres du péché au point de ne plus rien voir, même avec les yeux grands ouverts. Lorsque le péché nous coupe de Dieu, lorsque le péché nous éloigne des autres, nous pouvons toujours encore compter sur la présence de Jésus. Il aura un geste, il aura une parole pour nous et nous y verrons clair à nouveau. Ce geste, cette parole, sont le geste et la parole du pardon. Lorsque nous rencontrons un prêtre pour célébrer la réconciliation et la pénitence, nous venons vers Jésus pour qu’il fasse la lumière sur notre existence. Nous redisons ainsi notre désir de vivre dans la lumière de Dieu, en fils de lumière, selon le mot de Paul. Cela suppose de regarder notre vie honnêtement, de la confronter à la parole de ce Dieu qui nous sauve et laisser Dieu agir en nous. Comme le dit encore Paul aux chrétiens d’Ephèse : démasquez les activités des ténèbres ! C’est bien ce que nous faisons lorsque nous faisons notre examen de conscience, qui est aussi examen de confiance en Dieu. Ayant fait la vérité sur notre vie, nous pourrons revenir à Dieu pour lui demander son pardon. Pour choisir à nouveau le Christ, pour avancer et progresser dans notre vie avec lui, nous avons besoin d’entendre Dieu nous dire : Je te pardonne. Refuser cette démarche, croire que nous pouvons nous en dispenser, revient à nous enfoncer encore davantage dans nos ténèbres : du moment que vous dites : nous voyons !, votre péché demeure, avertit Jésus.



Il nous reste encore un peu de temps avant les fêtes de Pâques pour laisser le Christ et sa Parole éclairer notre vie. Il nous reste encore un peu de temps pour venir vers Dieu et reconnaître que nous sommes pécheurs et que nous avons besoin de son pardon. L’Eglise nous demande de le faire personnellement, dans une rencontre avec un prêtre, au moins une fois par an. Laissez-vous donc illuminer par le Christ, laissez-vous pardonner par Dieu, laissez-vous aimer. Tout simplement. Amen.




(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille Dimanches et fêtes, Année A, éditions Les presses d'Ile de France)