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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 22 février 2013

02ème dimanche de Carême C - 24 février 2013

Croire avec Abraham, c'est faire confiance à une Parole.


Poursuivant notre marche vers Pâques, le chemin du Carême nous permet de croiser la route des grands croyants de notre histoire, qu’ils soient des repères éminents de la Première Alliance ou de la Nouvelle Alliance, signée en Jésus Christ. Ainsi, en ce deuxième dimanche de Carême, c’est la figure d’Abraham qui est donnée à notre méditation. A sa suite, nous croyons en Dieu.

Parmi tous les personnages de la Première Alliance, Abraham reste l’un des plus connus. D’abord à cause de son statut : il est reconnu comme le Père des croyants, puisque tant les Juifs, que les Musulmans et les Chrétiens, reconnaissent en lui le premier qui a cru en Dieu. Les grandes religions monothéistes parlent de lui et l’honorent. Il est déjà âgé lorsqu’il prend la route à la demande de Dieu, sans rechigner, sans chercher à comprendre. Yahvé dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction… Abram partit, comme lui avait dit Yahvé (Gn 12, 1.2.4a). Cette obéissance à une parole est sans doute la grande caractéristique de la foi d’Abraham. Dieu parle, lui écoute et fait. Cela peut sembler simpliste, mais c’est ainsi. Nous retrouvons cela dans le texte entendu en première lecture : le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir au-dehors et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux… » Et il déclara : « Telle sera ta descendance. » Abraham eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur le déclara juste (Gn 15, 5-6). Avec Abraham, nous pouvons parler d’une évidence de la foi. A 75 ans passés, il ne s’interroge pas sur le pourquoi du comment ; Dieu lui dit quelque chose et Abraham croit. Comme j’aimerais que nous ayons quelquefois cette évidence de la foi, cette simplicité de croire en réponse à la parole de Dieu entendue.

Parce que tout est là : dans la parole que Dieu lui adresse à chaque instant. C’est plus qu’une parole même, c’est une promesse que Dieu lui fait. Dieu ouvre un avenir à un homme âgé qui n’en a plus, à vue humaine, et pourtant cet homme y croit. Jamais il ne mettra en doute la parole du Seigneur. Dieu lui demande de tout quitter : il se met en route. Dieu lui promet une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel : il y croit. Dieu lui demande le sacrifice de son fils, son héritier : il prend ce qu’il faut, se met en route et dresse l’autel du sacrifice. Sans cesse, la parole de Dieu lui est adressée, exigeante, quelquefois rugueuse ; sans cesse Abraham donne suite, avec foi : Dieu pourvoira, dit-il à Isaac qui s’inquiète de ne pas voir d’agneau pour le sacrifice ! Abraham aura une terre, il aura un fils, il aura une grande descendance : nous en sommes les témoins. Nous sommes les héritiers de la promesse faite par Dieu à Abraham. Nous sommes les descendants d’Abraham.

Des siècles plus tard, après bien des promesses, après bien des rejets de Dieu par les hommes à qui il ne cesse de s’adresser, une nouvelle parole est donnée : Jésus, le Fils unique de Dieu, entré dans le monde pour le salut des hommes. A travers lui, Dieu parle encore aux hommes comme il avait jadis parlé à Abraham. Dieu lui-même en atteste quand il invite les disciples de son Fils à l’écouter, au moment de sa transfiguration : Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! (Lc 9, 35b). Ils sont invités par Dieu lui-même à entrer dans cette attitude fondamentale de la foi, l’attitude d’Abraham : écouter et croire. Il n’y pas de foi possible sans écoute de la parole ; il n’y a pas de foi possible sans obéissance à cette parole. Il n’y a pas de foi possible sans cette confiance primordiale. Jésus lui-même, à la suite d’Abraham, partage cette écoute de Dieu et cette obéissance à la parole de Dieu ; il le fera au degré le plus haut possible, puisqu’il ira, par obéissance, jusqu’à la croix, jusqu’au don ultime de sa vie. D’Abraham à Jésus, le sens de la foi n’a pas changé : écouter Dieu, vivre de ce qu’il nous dit, vivre comme il nous le dit. Là se trouve le bonheur, là se trouve la vraie vie, là se trouve le salut !

En ce temps de Carême, puisse Abraham, Père de tous les croyants, nous aider à entrer dans cette attitude fondamentale. Puisse-t-il nous aider à écouter mieux ce que Dieu nous dit. Toute sa vie nous enseigne la puissance de l’écoute et de l’obéissance. Toute sa vie nous dit la fidélité de Dieu à sa parole et la réalisation de ses promesses. C’était vrai du temps d’Abraham, c’est vrai encore aujourd’hui, par Jésus, le Sauveur. Puissions-nous le découvrir et en vivre vraiment. Amen.
 

(Image tirée de Traversées, Dites-le avec des bulles, Centre National de l'Enseignement Religieux)

vendredi 15 février 2013

01er dimanche de Carême C - 17 février 2013

Croire avec Jésus, c'est choisir Dieu seul.


Depuis mercredi, nous voici donc engagé en carême, un temps pour revenir vers Dieu comme nous le rappelait le prophète Joël lors de la célébration des Cendres. Ce carême 2013 n’est pas n’importe quel carême, il n’est pas et ne sera pas comme le carême 2012. En effet, Benoît XVI nous a engagés dans une année de la foi, une année pour revenir au cœur de ce qui nous fait vivre, au cœur de ce que nous croyons. Cette proposition, si nous la prenons au sérieux, donne nécessairement une couleur particulière à toute notre année. Et le temps du carême devient alors un temps favorable pour essayer de comprendre mieux ce qu’est l’acte de croire, de comprendre mieux ce Dieu auquel nous croyons. En ce premier dimanche de carême, je vous propose d’aborder cette question de la foi en compagnie de celui qui l’objet de notre foi : Jésus. Qu’est-ce que croire à la manière de Jésus ?

L’Evangile de ce dimanche nous répond : croire comme Jésus, c’est choisir Dieu. Nous pouvons remarquer que les tentations auxquelles Jésus est soumis, sont nos tentations : la tentation d’être celui qui peut tout, même changer les pierres en pain ; la tentation du pouvoir et de la richesse, qui nous fait désirer posséder tout ; la tentation d’éprouver Dieu, pour vérifier s’il intervient bien en ma faveur, si je compte bien pour lui. Qui n’a jamais rêvé d’être un super héros, un super riche, un super-Dieu, en toute modestie. Si nous retenons volontiers que Jésus a été soumis à la tentation, retenons-nous aussi facilement qu’il en a triomphé ? Et surtout comment il en a triomphé ? Il n’a pas répondu au tentateur par un miracle, ni par un tour de passe-passe, ni par quelque action éclatante. Il a répondu par la Parole de Dieu lui-même. En entrant dans la vie, il a fait le choix de Dieu et maintient ce choix envers et contre tout. Il aurait pu être un grand magicien, un grand politique ou un nouveau Dieu ; il a choisi humblement de n’être qu’un Fils, mais quel Fils, le Fils de Dieu. Il met ses pas dans les pas de son Père avant même de commencer sa mission, et jamais ne s’en écartera. Il ne cite pas la Parole de Dieu pour faire de belles phrases, mais parce que cette parole donne sens à sa vie, donne aux hommes le sens de sa vie. Une vie offerte à Dieu pour le salut des hommes. Jésus ne veut rien d’autre qu’être le Fils de ce Dieu qui veut la vie de l’homme. Il n’a pas besoin de miracle, pas besoin de richesse, pas besoin de prendre la place de Dieu. Il a tout cela et plus encore ; il a Dieu, au cœur de sa vie, au cœur de son cœur. Lui et Dieu ne font qu’un.

Cette profonde union entre Jésus et Dieu, nous n’avons pas besoin d’attendre le discours de Jésus au soir de sa mort pour l’affirmer. Elle est évidente dès cette scène des tentations. Le tentateur commence deux de ses propositions malhonnêtes en cherchant à insinuer le doute en Jésus : Si tu es le Fils de Dieu… Autrement dit, prouve-moi que tu l’es en faisant ce que je te demande. A aucun moment, Jésus ne cherche à justifier qui il est. Il ne dit pas : tu as tort de mettre en doute le fait que je sois le Fils de Dieu. Il ne s’interroge pas davantage sur qui il est : pouce, laisse-moi réfléchir un instant : qui suis-je ? Il redit simplement ce qu’il a entendu de Dieu : il est écrit… Citant la Parole de Dieu, il nous montre la connaissance qu’il en a, et l’intimité qu’il entretient ainsi avec la source de cette parole. Ayant épuisé toutes les tentations, le diable s’éloigne et l’auditeur ne peut que comprendre que Jésus l’a vaincu comme Dieu seul peut le vaincre. Il n’y a qu’à attendre le moment fixé où sa victoire sera totale et où sa seigneurie sera révélée à tous. Pour l’heure, il ne reste que Jésus et sa certitude d’être du côté de Dieu, d’être dans la main de Dieu, son Père.

Croire avec Jésus, c’est aujourd’hui encore faire ce choix de Dieu, ce choix de vivre conformément à sa Parole. En toutes circonstances, nous pouvons la mettre au cœur de notre vie, au cœur de notre action. Dans les moments les plus difficiles comme dans les moments les plus joyeux, elle fonde notre vie et nous garde dans l’intimité de celui qui nous a tout donné. Croire avec Jésus, c’est ne pas douter de notre filiation divine : nous sommes fils et filles de Dieu par notre baptême, et rien ne pourra changer cela : pas besoin de miracle pour y croire. Croire avec Jésus, c’est être en mesure de repousser le Mal de notre vie et de choisir le bien, en toute chose ; puisque Jésus a vaincu le Mal, nous pouvons, à sa suite, faire de même, puisqu’il nous a déjà obtenu la victoire. Croire avec Jésus, c’est faire nôtre cette affirmation de Paul : Tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur seront sauvés. La mort et la résurrection de Jésus en attestent ; si Dieu a sauvé ainsi son Fils unique, comment ne pourrait-il pas faire de même pour cette multitude de fils et de filles, que Jésus lui a acquis par son sang ? Avec Jésus, osons le choix de Dieu ; osons nous redire enfant de Dieu, aujourd’hui et toujours. Amen.



 
(Icône d'Hélène IANKOFF, Les tentations de Jésus, église de Holtzheim - 67)

mercredi 13 février 2013

Mercredi des Cendres - 13 février 2013

Croire, avec Joël, c'est revenir vers Dieu.



Voilà un carême qui aura un goût étrange. Il sera un temps de transition à plus d’un titre. Temps de transition parce qu’il nous mène du temps ordinaire que nous laissons ce soir au temps de Pâques que nous inaugurerons à la fin du mois prochain. Temps de transition encore puisqu’il nous permettra d’accueillir un nouveau successeur sur le siège de Pierre alors même que notre pape actuel est encore vivant. De quoi y perdre son latin. Il sera temps de transition aussi pour notre vie spirituelle si nous le vivons dans l’esprit annoncé par le prophète Joël : l’esprit de conversion, l’esprit d’un retour vers Dieu. En cette année de la foi, année qui veut nous faire redécouvrir ce qui fait notre foi, nous voici donc invités à revenir vers Dieu pour mieux croire.

Pourquoi revenir vers Dieu ? L’aurions-nous quitté ? Et quand ? Si l’appel du prophète Joël nous surprend, peut-être nous sommes-nous habitués à la présence de Dieu, habitués au point de ne plus le voir, de ne plus sentir le besoin de venir le voir, pour le rencontrer, lui parler, l’écouter. Nous comprenons alors le texte de Raymond DEVOS qui a ouvert notre célébration : l’homme existe, je l’ai rencontré. Quand l’homme s’habitue trop à Dieu au point de l’oublier, Dieu peut-il semblablement oublier l’homme qui ne le visite plus, qui ne lui parle plus, qui ne l’écoute plus ? Pouvons-nous perdre le goût de Dieu ? Dieu peut-il perdre le goût de l’homme ?

Certes, le mal que nous commettons nous éloigne de Dieu ; nous l’avons tous appris au catéchisme. Cela nous inquiète-t-il ? Cela nous dérange-t-il ? Ou est-ce simplement devenu quelque chose de normal ? Pire, quelque chose que nous ne croyons plus ? Il y aurait Dieu d’un côté, notre vie de l’autre, et entre les deux, un gouffre que rien ne peut combler ! Le temps du Carême que nous inaugurons ce soir vient nous redire que ce fossé peut être comblé, que Dieu nous attend toujours et qu’il jette sur les décombres de notre péché le pont de sa miséricorde : alors ce fossé qui nous tenait éloigné de lui devient pont de l’alliance, pont de la miséricorde, pont du retour vers Dieu. Le début de notre foi !

N’est-pas là, en effet, que commence la foi ? Lorsque, regardant ma vie et tout ce qui l’encombre, je fais le choix radical de me retourner vers celui qui ne me quitte jamais, m’attend toujours et espère le meilleur pour moi ? L’acte de croire commence par ce choix premier de remettre Dieu au cœur de ma vie. Aucune distance ne sera trop longue, aucun fossé trop profond, aucun péché trop grand au point de m’empêcher de revenir vers celui qui attend mon cœur contrit, mon désir sincère de vivre avec lui et pour lui. La conversion est toujours possible et ce temps du Carême se veut un temps privilégié pour effectuer ce retour, pour reprendre contact avec celui qui est la source de notre vie. Oui, Dieu nous attend, Dieu croit en l’homme qui croit en lui. Dieu espère l’homme qui espère en lui. Dieu accueille l’homme qui retourne vers lui. Rien ne pourra empêcher cette rencontre, si l’homme la désire.

Pour favoriser ce retour, trois chemins nous sont proposés par Jésus dans l’évangile : la prière, le jeûne et le partage. Non pas trois efforts à faire, mais trois moyens puissants pour combattre ce qui résiste en nous à l’amour de Dieu, ce qui résiste en nous aux appels de Dieu. La prière, conversation amoureuse avec la source de tout amour ; le jeûne, privation volontaire pour purifier notre corps et notre cœur et les rendre aptes à la rencontre avec Dieu ; le partage avec ceux qui ont moins de chance que moi pour retisser les liens d’une humanité créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dieu nous offre ces moyens pour manifester notre désir de Lui, notre désir de rétablir des relations filiales vraies et sincères. Dieu nous donne tout quand il se donne à nous ; à nous de lui donner notre cœur et notre vie.

Dire : « Je crois », c’est donc accepter ce retour vers Dieu annoncé par le prophète Joël. Sans crainte, nous pouvons répondre à son appel, Dieu ne nous attendant pas pour nous juger, mais pour nous pardonner : il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour. Posons ce soir le premier pas d’une foi renouvelée en revenant vers Dieu et nous pourrons témoigner que Dieu existe, puisque nous l’aurons rencontré, et nous nous serons laissé aimer de lui. Joyeux retour vers Dieu à toutes et à tous. Amen.


(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'évangile, Presse d'Ile de France)

vendredi 8 février 2013

05ème dimanche ordinaire C - 10 février 2013

Qui se laissera envoyer ?


Isaïe, Paul et Pierre. Trois personnages hors du commun que l’Eglise présente à notre méditation aujourd’hui. Trois personnages illustres, issus de milieu différents, mais qui ont en commun d’avoir été appelés par Dieu et d’avoir répondu positivement à cet appel. Trois personnages qui nous permettent d’entrer dans une attitude d’ouverture aux appels de Dieu.

Isaïe, d’abord. C’est un aristocrate juif qui a vécu dans les années 700 avant Jésus Christ. Son message est clair : devant les hésitations politiques des rois d’Israël, il annonce que seule l’Alliance avec YHWH peut sauver Israël du désastre. Face à l’orgueil de son peuple, Isaïe prêche vigoureusement la foi. Pourtant, ce n’était pas évident. Lorsqu’il reçoit la révélation de sa mission, il cherche à se dérober : mes lèvres sont impures. Il ne s’estime pas digne de la mission que Dieu veut lui confier. Devant la grandeur de Dieu dont il fait l’expérience dans un songe, Isaïe reconnaît son péché, sa petitesse : pour lui, l’honneur de parler au nom de Dieu est trop grand. Pourtant, il va accepter. Quand Dieu appelle quelqu’un, il lui donne aussi les moyens de sa mission. Isaïe est purifié par l’envoyé de Dieu. Désormais, il se laisse envoyer auprès de son peuple.

Paul, ensuite. Il est citoyen romain, issu d’une grande famille juive. C’est d’abord l’anti-chrétien fanatique qui, sur la route de Damas, rencontre le Christ. Une rencontre qui va bouleverser sa vie. Paul deviendra le modèle de tout missionnaire. Lui aussi aurait pu se dérober ; il avait de bonnes raisons pour cela. Je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Eglise du Christ. Mais, lui aussi va accepter : ce que je suis devenu, je le suis par la grâce de Dieu. Il reconnaît ce qu’il doit au Christ Sauveur qui s’est révélé à lui. Désormais, il n’y a rien de plus urgent que d’annoncer la résurrection de celui qui a offert sa vie par amour pour les hommes. Comment pourrait-il se taire, lui qui a bénéficié de ce salut ? Comment ne pourrait-il pas en faire profiter d’autres ? Malheur à moi, dira-t-il, si je n’évangélise pas !

Pierre, enfin. Celui que nous connaissons le mieux. Le professionnel de la pêche. Quand Jésus lui propose un stage de reconversion, il prend peur : éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur ! Il reconnaît ainsi et la distance qui le sépare de Jésus et sa peur, ses doutes quant à son efficacité. Pierre, c’est aussi celui qui croyait tout savoir sur la pêche et qui reçoit une leçon d’un terrien qui n’y connaît rien : jette le filet, et tu verras ! Pierre, c’est celui qui croit et qui écoute cet inconnu. Pierre, c’est aussi celui qui trahira son ami par peur de la mort. Sois sans crainte ! N’aie pas peur ! Trois mots pour commencer ses années de compagnonnage, ses années de formation à l’école du Christ, pour lui permettre de devenir le prédicateur que l’on connaît !

Isaïe, Paul et Pierre. Trois modèles pour ceux qui sont invités à suivre le Christ d’une manière particulière pour annoncer sa Parole. Trois modèles pour rappeler que le travail est immense, souvent difficile, mais plein de joie et d’espoir parce que c’est Dieu qui mène la barque ! Trois vies d’hommes pour nous redire que nos petitesses, nos erreurs, notre péché ne sont pas un obstacle à la grâce de Dieu. Si c’est Dieu qui appelle, je ne peux que répondre dans la confiance : il me donnera la capacité à le suivre ; il mettra sur mes lèvres sa parole de vie ; il saura pénétrer mon cœur pour le rendre meilleur ! Saint Augustin déjà disait : Si Judas baptise, c’est le Christ qui baptise ! Comment dire mieux que l’envoyeur compte plus que l’envoyé ? Le Christ choisit qui il veut pour transmettre son Evangile aux hommes : il ne regarde pas la dignité de celui qu’il envoie, mais sa capacité à se laisser saisir par sa Parole, et à la laisser agir en lui.

Isaïe, Paul et Pierre. Trois hommes saisis par Dieu pour porter au monde l’annonce de sa Parole. Aujourd’hui encore, il y a des Isaïe, des Paul, des Pierre, appelés pour annoncer aux hommes l’unique évangile : Jésus, mort et ressuscité pour notre vie ! Sachons les accompagner et les encourager sur le chemin exigeant du OUI à Dieu. L’Eglise a plus que besoin que des jeunes s’engagent à être apôtre pour jeter sur le monde les filets de l’amour de Dieu. Le monde a plus que besoin d’entendre qu’il est sauvé et appelé à une vie plus grande et plus fraternelle. Plus que jamais, le Seigneur interroge : Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ? Plus que jamais, nous sommes invités à répondre aux appels de Dieu. Il a besoin de chacun de nous. L’Eglise a besoin de chacun de nous. Et particulièrement de prêtres pour que toujours soient manifesté la bonté, la patience et l’amour de Dieu. Qui se laissera envoyer ?

  (Image de Coolus, Blog du Lapin bleu)

samedi 2 février 2013

04ème dimanche ordinaire C - 03 février 2013

Bla, bla, bla ou Parole de Vie ?



Bla, bla, bla ! Tout ce que nous lisons ici, tout ce que nous avons appris ou apprenons encore au catéchisme, tout cela ne serait-il que du bla, bla, bla ? En préparant cette eucharistie, en mesurant pleinement ce qui se vit ou ne se vit pas justement dans l’Eglise, en relisant les paroles prononcées par les uns et les autres au sujet du mariage pour tous, je me dis quelquefois : bla, bla, bla ! A quoi bon prêcher encore puisque tout cela semble si difficile à vivre ?

Bla, bla, bla ! L’annonce de la Parole de Dieu ne serait-elle que du bla, bla, bla ? Jérémie aurait pu le croire, lui qui n’a jamais été écouté, lui qui devait toujours dire les choses désagréables que personne ne voulait entendre. Il ne faisait rien de mal, Jérémie, mais il ne plaisait pas. Aujourd’hui, on dirait qu’il a un problème de communication. On n’a rien contre lui, mais avec lui, on ne peut pas travailler ! On ne peut pas et on ne veut pas écouter ce qu’il a à dire. Et pourtant, Jérémie ne fait et ne dit que ce que Dieu lui demande : J’ai fait de toi un prophète pour les peuples ! Ne tremble pas devant eux. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi car je suis avec toi pour te délivrer. Si cette promesse de Dieu était du bla, bla, bla, jamais Jérémie n’aurait prophétisé. L’appel de Dieu, il l’a pris au sérieux quel qu’en soit le prix à payer.

Bla, bla, bla ! La Bonne Nouvelle annoncée par le Christ lui-même, ne serait-elle que du bla, bla, bla ? A regarder la réaction de certains de ses auditeurs, on pourrait le croire. Ce qu’il dit est tellement dérangeant, qu’on veut le supprimer, de manière radicale. On ne peut pas l’écouter, on ne peut pas travailler avec lui. Voici qu’il nous met devant nos contradictions, nos limites et qu’il nous demande de les dépasser, de progresser. Pour qui se prend-t-il ? Pourtant on le connaît bien ! Pourquoi veut-il être plus que nous, mieux que nous ? Un jour, c’est sûr, ils auront sa peau. Trop dérangeant, trop différent. Quant à se dire Dieu, on attend autre chose de Dieu que ça !

Bla, bla, bla ! L’appel à la charité, que Paul adresse à la communauté qu’il a fondée, ne serait-ce que du bla, bla, bla ? Peut-on vivre seulement un tel amour ? Peut-on seulement vivre un amour qui supporte tout, endure tout, espère tout, fait confiance en tout et qui ne dit ni ne fait rien de mal ? Avec Paul, je veux continuer à croire que l’amour n’est pas une option ; je veux continuer à croire que, dans nos relations humaines, professionnelles ou paroissiales, c’est bien à quelque chose de cet amour-là que nous sommes appelés. La charité ne peut simplement devenir du bla, bla, bla. Je ne peux m’y résoudre, Paul lui-même rappelant que la charité ne passera jamais. Quand rien ne va comme nous le voudrions, n’oublions pas que la charité est aussi à vivre, est d’abord à vivre. Et en premier lieu avec celui que je trouve si différent, si dérangeant !

Célébrant l’eucharistie ce matin, voyons de quel amour nous sommes aimés. Voyons de quel amour nous devrions aimer ! Là devant la croix, devant l’autel où Dieu lui-même s’offre par amour de nous, nous trouverons la force d’aimer et de marcher malgré tout, ensemble, vers ce que Dieu nous promet. Devant la croix, devant l’autel, osons dire que tout cela, ce n’est pas du bla, bla, bla. Puisse Dieu renouveler en chacun de nous la puissance de son amour pour qu’autour de nous la charité ne passe jamais. Que toujours, il y ait suffisamment d’amour pour considérer les différences de l’autre comme une richesse et comme chance. Sinon toutes nos paroles ne seront vraiment que du bla, bla, bla. Amen.


(Photo : Christ Pantocrator, Plafond de l'église de Baia Sprie, Roumanie)