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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 25 novembre 2017

Fête du Christ, Roi de l'univers A - 26 novembre 2017

Un dernier dimanche pour nous stimuler !






La parabole des vierges sages et des vierges insensées, la parabole du maître qui part en voyage et qui confie ses biens à ses serviteurs le temps de son absence : nous sentions bien, ces deux derniers dimanches, que notre foi avait un sens et que notre espérance n’était pas vaine : le Christ, qui s’en était retourné chez son Père au moment de l’Ascension ; le Christ, qui avait promis à ses disciples son retour ; le Christ donc reviendrait un jour. Et nous contemplerons sa gloire pour toute éternité… du moins si nous sommes appelés dans son Royaume. Car les deux paraboles citées nous faisaient bien comprendre qu’il y aurait un tri et que tous n’entreront pas dans la salle du banquet, que certains se retrouveraient dehors, dans les ténèbres, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents. L’évangile de la fête du Christ, Roi de l’univers, nous avertit une ultime fois : nous n’irons pas tous au Paradis… 
 
Sans doute aurions-nous aimé un évangile plus conciliant en cette fin d’année liturgique, un évangile plus joyeux, plus dynamique, davantage capable de mobiliser nos énergies. Eh bien, c’est exactement ce que nous avons avec cette parabole que nous devons lire en entier. Il n’est pas laissé la possibilité d’une lecture brève, qui s’arrêterait après la parole du Christ adressée à celles et ceux qui connaîtront le bonheur sans fin. Nous devons entendre, en ce dernier dimanche de l’année liturgique, ce qui adviendra quand le Christ reviendra. Ce qui adviendra, c’est un jugement auquel tous les hommes sont soumis, et pas seulement ceux qui auront cru au Christ. Toutes les nations seront rassemblées devant lui, dit Jésus à ses disciples. Le jugement concerne tous les hommes ; et parce qu’il concerne tous les hommes, il ne peut pas seulement reposer sur la connaissance du petit catéchisme ; parce que le jugement concerne tous les hommes, il ne peut pas reposer seulement sur le nombre de fonds de culotte que nous aurons usé sur les bancs d’une église durant notre vie ici-bas. Le critère du jugement sera le même pour tous ; il mettra à égalité les croyants au Christ et les non-croyants au Christ. Ce critère sera l’amour que nous aurons su vivre et partager avec tous, ou du moins avec tous ceux qui auront croisé notre vie. J’avais faim, j’avais soif, j’étais un étranger, j’étais nu, j’étais malade, j’étais en prison… Voilà les situations que le Christ glorieux mettra en avant. Elles concernent les grandes souffrances des hommes et les besoins les plus vitaux des hommes : la nourriture et la boisson pour vivre, l’accueil de l’autre différent, la protection de celui qui n’a rien, ainsi que l’attention et l’amitié envers ceux qui sont isolés du fait de la maladie ou des circonstances de la vie. Elles nous rappellent ce à quoi chaque homme a droit pour vivre dans la dignité, même s’il est temporairement écarté de la communauté des hommes. Nul ne devrait mourir de faim ou de soif, nul ne devrait mourir de froid ou brûlé par le soleil par manque de vêtement pour se protéger, nul ne devrait mourir dans la rue parce qu’étranger dans le pays où il réside, nul ne devrait mourir seul parce que malade ou en prison. L’homme a une dignité que rien ne saurait lui enlever : la dignité des fils et des filles de Dieu. Comment protégeons-nous cette dignité ? Comment la valorisons-nous pour chacun ? 
 
Dans le droit fil des évangiles des deux derniers dimanches, cette parabole nous redit que le salut, ce n’est pas automatique. Dans le droit fil de la parabole des vierges sages et des vierges insensées, cette parabole du jugement dernier nous rappelle qu’il nous faut nous préparer à ce jour. Dans le droit fil de la parabole du maître qui part en voyage après avoir distribué ses biens, cette parabole entendue aujourd’hui nous redit que l’absence de mal ne fait pas un bien, et que s’abstenir de faire le bien équivaut à faire mal. Il n’était pas méchant, le serviteur qui n’avait rien fait du bien confié et qui l’a rendu en l’état au retour du maître. Ils n’étaient pas forcément méchants ceux qui se sont retrouvés à la gauche du Christ dans la parabole du jugement dernier ; ils n’ont juste pas su voir en chaque homme un frère à aimer, un frère à aider. Ils n’ont juste pas su agir en humains responsables. Le grand péché contre l’Esprit Saint, seul péché non remis, c’est peut-être la cécité spirituelle qui nous empêche de reconnaître le Christ en chaque homme lorsque nous sommes croyants, la cécité du cœur qui nous empêche de reconnaître en chaque homme quelqu’un qui a besoin de nous si nous sommes justes humanistes. Ne t’étonne pas d’être laissé de côté au jour du jugement si toi-même tu laisses de côté ceux qui attendent un geste, un sourire, une attention. Comme nous le disait déjà les paraboles des derniers dimanches, nous sommes responsables de notre jugement, nous sommes les commanditaires de la sentence qui sera prononcée sur nous. Le Christ ne pourra pas rendre lumineuse la charité que nous n’aurons pas fait exister de notre vivant. Brebis ou bouc, c’est nous qui décidons, dès maintenant, dès ici-bas. 
 
Ce dernier dimanche de l’année ne veut pas nous abattre mais nous stimuler spirituellement ; il vient nous mettre en route, en action pour qu’à travers nous, les hommes connaissent une vie meilleure dès cette terre. Un peu d’amitié, un peu de respect, un peu de partage : il n’en faut pas plus pour que les hommes vivent ; il n’en faut pas plus pour que le salut promis nous ouvre les portes du Royaume. Nous ne pouvions finir mieux notre année qu’en nous redisant ce qui nous fera vivre éternellement : l’esprit du Christ largement partagé et vécu avec tous ! Amen.    


(Dessin de M. Leiterer)

samedi 18 novembre 2017

33ème dimanche ordinaire A - 19 novembre 2017

Faisons fructifier la confiance que Dieu nous porte !





Souvenez-vous : dimanche dernier, Jésus commençait un enseignement en parabole sur le retour du Christ dans sa gloire. La parabole des vierges prévoyantes et des vierges insensées nous invitait à nous préparer à la joie des noces de l’homme avec Dieu. Aujourd’hui, Jésus raconte la parabole des serviteurs à qui un maître confie ses biens, à chacun selon ses capacités. Nous aurions tort de l’entendre comme une parabole à contenu moralisateur. Elle ne nous parle d’abord de nous ; elle ne nous parle pas davantage des bons et des méchants ; elle nous parle d’abord de Dieu et de la confiance qu’il nous porte. C’est lui qui est au cœur de la parabole ; lui et son œuvre d’amour pour nous ; lui et sa confiance inébranlable en l’homme. Vous ne me croyez pas ? Relisons-la ensemble alors. 
 
C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. Tout commence là. La première parole sur Dieu se trouve dans cette simple phrase : Dieu confie quelque chose à l’homme. Il ne donne pas, il confie. Il fait confiance à l’homme dans la gestion de ce qu’il partage. Et il ne partage pas à moitié ; il ne confie pas la part qu’il ne peut pas emmener en voyage ; il confie ses biens, entendons tous ses biens. Quel homme, aurais-je envie de dire ! Quelle confiance ! Les hommes ont-ils jamais vu Dieu confier ainsi tous ses biens aux hommes ? Si vous relisez le livre de la Genèse, vous verrez que dès le commencement, dès la création, Dieu confie tout aux hommes. Sa confiance n’est pas d’hier, elle est de toujours et pour toujours. Et malgré le péché qui ronge le cœur de l’homme, malgré les nombreuses infidélités des hommes à la parole de Dieu, Dieu ne reprend pas sa confiance ; toujours et encore, il nous confie ses biens… et il part. Il ne se retire pas pour nous laisser seul ; il ne s’en va pas en nous abandonnant ; les biens qu’il nous confie, c’est un peu de lui qu’il nous laisse. Mais il part pour que nous puissions exercer la confiance qu’il nous fait ; il part pour que nous puissions user de ces biens. Comme il ne nous les donne pas mais nous les confie, nous pouvons bien supposer qu’un jour il faudra rendre, un jour le voyage prendra fin ; un jour, Dieu reviendra.  Mais n’allons pas trop vite ; voyons comment il distribue ses biens. 
 
A l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. J’entends déjà les esprits grincheux qui diront que Dieu ne respecte pas la sacro-sainte égalité républicaine. Je vois déjà les syndicalistes se lever et protester : le Dieu des riches, cela suffit ! Comme ils se trompent ceux qui penseraient ainsi ! Dieu ne fait pas des riches et des pauvres lorsqu’il confie ses biens ; au contraire, Dieu respecte chacun dans ce qu’il est, il respecte chacun dans ce qu’il est capable de faire. Il confie ses biens selon les capacités de chacun. Autrement dit, il ne nous demande rien d’impossible ; il nous connaît, il sait ce qu’il peut nous demander, il sait nos capacités et nos limites. Ce qu’il nous demande, il sait que nous pourrons l’accomplir. Dieu ne veut pas le malheur de l’homme, mais son bonheur. Dieu ne veut pas que l’homme échoue, mais qu’il réussisse ! Il est l’ami parfait. Sa confiance en nous est réelle ; pas de piège dans ses actes ! Il nous fait confiance au moment de son départ en connaissant bien nos capacités ; nous pourrons lui faire confiance au retour, connaissant désormais sa justice. La fin de l’histoire ne peut dès lors pas être une surprise, à moins de ne rien comprendre à Dieu. 
 
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Il fallait s’y attendre, nous l’avons déjà évoqué. Le maître n’était parti que pour un voyage. Quand il revient, c’est aux serviteurs de rendre les biens, c’est aux serviteurs de rendre le fruit de la confiance qui leur a été faite. L’histoire est bien connue : ceux qui ont reçu cinq et deux talents en rendent autant qu’il leur a été confié. Le choix du maître se révèle judicieux ; ce n’est pas tant ses talents qu’il a bien placés, mais sa confiance. Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup : entre dans la joie de ton seigneur. Quand la confiance est réciproque, les fruits sont nombreux ; ils se multiplient. Car c’est bien de confiance dont il s’agit. Voyez et surtout entendez bien le dernier serviteur : Seigneur, je savais que tu es un homme dur… j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient. Cet homme n’a eu confiance ni en son maître, ni en lui. Il a eu peur. La peur n’apporte rien de bon, elle ne fait rien fructifier si ce n’est elle-même. La peur engendre plus de peur. La peur engendre la défiance. La peur engendre la paresse. La peur engendre le mal. Ce n’est pas le maître qui juge le dernier serviteur puisqu’il s’est déjà jugé lui-même. Le maître reprend le raisonnement de ce serviteur et en applique toutes les conséquences, aussi rudes soient-elles. Personne ne peut avoir peur de Dieu, se faire de lui un portait sévère et attendre en retour sa miséricorde. Il est jugé par le maître tel qu’il se le représentait ; il ne peut pas être surpris de ce jugement. Il n’y aura pas de surprise au jour du jugement. Ecoutons encore le maître. A celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quand le Christ reviendra, il constatera ce qui a toujours été. Il constatera la confiance que nous aurons eu ou pas ; il ne l’inventera pas au dernier moment. Tu as eu confiance en moi pendant ton passage sur terre ; tu auras ma confiance pour toute éternité. Tu n’as pas eu confiance en moi durant ton passage sur terre ; tu ne pourras pas avoir ma confiance pour l’éternité.  Nous sommes donc les artisans du jugement qui sera prononcé sur nous ; nous sommes les artisans de notre sentence. 
 
Avec ces paraboles sur le royaume de Dieu, Jésus nous enseigne et nous avertit. Nous ne pourrons pas dire : ah, si j’avais su… Apprenons de Jésus qui est Dieu. Apprenons de Jésus la confiance que Dieu a placé en nous. Apprenons de Jésus à placer notre confiance en Dieu, pas pour plus tard, mais dès maintenant, dans l’ordinaire de notre vie, dans ses difficultés comme dans ses joies. Ainsi nous aussi nous entendrons le Christ nous dire au moment de son retour : Entre dans la joie de ton Seigneur. Amen.









dimanche 12 novembre 2017

32ème dimanche ordinaire A - 12 novembre 2017

Le retour du Christ dans la gloire.





Il flotte comme une odeur de fin d’année liturgique avec ce premier dimanche d’une série de trois nous parlant de la fin des temps et du retour du Christ dans sa gloire. Et avec elle, la nécessite pour nous d’approfondir notre foi en la matière. Le retour du Christ n’est pas qu’une belle idée, une revanche sur l’histoire qui a bien malmenée les chrétiens ces derniers temps. Le retour du Christ dans la gloire fait partie de notre foi, donne sens à notre espérance et du contenu à notre charité. Tout doit nous orienter vers cette évidence : le Christ va revenir, l’histoire des hommes est orientée vers sa fin, vers sa récapitulation en Jésus Christ. 
 
Pour raffermir notre foi en la matière, l’Eglise nous donne à entendre un extrait de la première lettre de Paul aux Thessaloniciens. Il rappelle à ses frères dans la foi ce qu’il en est de notre espérance. Sans doute une question lui est-elle parvenue sur ce qu’il en sera de ceux qui meurent avant le retour victorieux du Christ. La réponse de Paul est intéressante parce qu’elle développe deux points liés entre eux. D’abord il rappelle que, face à la mort, les disciples du Christ ont une espérance : il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres (ceux qui ne croient pas comme nous) qui n’ont pas d’espérance. Il y a bien deux manières de concevoir la vie. Il y a celles des autres, pour qui l’homme naît, vit et meurt. Point final. Il y aurait finalement une absurdité à vivre, puisque la vie ne mène à rien, si ce n’est la mort, et avec la mort, l’oubli. Quoi que fasse l’homme, c’est voué à disparaître. Et il y a le point de vue chrétien : une espérance traverse la vie de l’homme. Il n’y aurait donc pas de fin à la vie ; il y aurait un sens à la vie ; il y aurait des raisons de vivre, parce que l’homme ne va pas vers sa fin, mais vers son accomplissement, vers quelque chose qui le dépasse. Face à la mort, l’homme n’a plus à désespérer, il n’a plus à se laisser abattre. Cette espérance s’appuie sur la foi (c’est le deuxième point du développement de Paul) : Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis (comprenons bien ceux qui sont morts), Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui… ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. La mort et la résurrection de Jésus n’ont pas été à son seul bénéfice ; Jésus est mort et ressuscité pour nous, pour que nous ayons la vie, pour que nous vivions, par lui et avec lui, en Dieu, pour toujours. Voilà le sens de notre vie ! Voilà qui donne force à notre espérance : nous n’espérons pas en vain. Ce que nous croyons de Jésus, nous le croyons aussi de nous.
 
Nous pouvons alors comprendre mieux l’évangile. Ce retour du Christ se fera en son temps, un temps qui n’est pas déterminé, un temps qui, en attendant, laisse du temps à l’homme. L’époux tarde à venir ! Mais le fait que l’époux tarde ne signifie pas qu’il ne viendra plus. Il nous faut donc enter dans une veille permanente et active. Il nous faut sans cesse creuser notre foi en ce retour et creuser notre désir de le voir arrivé. Si nous cessons d’y croire, nous sommes comme ces cinq insouciantes qui n’avaient pas imaginé que l’époux tarderait à venir à sa propre noce. Si nous gardons au cœur le désir de Dieu, le désir de le voir, le désir de vivre un jour avec lui, nous sommes comme ces cinq prévoyantes qui savent que tout ne se déroule pas toujours selon nos plans et qu’il nous faut être toujours prêts. De vrais scouts en somme ! Toujours parés à l’imprévu, l’abordant toujours avec foi et espérance. L’appel du Christ est sans ambiguïté : Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure. Mais ce n’est pas parce que nous ne savons rien à ce sujet, que cela n’arrivera pas. L’homme ne peut pas tout savoir ; il ne peut pas tout prévoir. Il y a, dans sa vie, une part non négligeable de foi nécessaire, pour qu’il ne désespère ni de lui, ni des autres, ni de Dieu. Il a cette chance inestimable de pouvoir toujours changer d’options, de pouvoir toujours se convertir pour avoir part à la joie du royaume. Car le Christ nous le dit : son retour sera marqué par un jour de noces, un jour de joie. C’est cela la fin de notre vie ici-bas : non pas l’oubli, mais une joie sans fin de pouvoir vivre en présence de Dieu, source de vie, source de bonheur, source d’éternité. 
 
Voilà l’enseignement de ce premier dimanche consacré à la fin des temps et au retour du Christ. C’est plutôt encourageant ; cela donne envie, dès maintenant, de hâter la venue de ce temps, par une vie conforme à l’Evangile du Christ, faite d’attention à soi, aux autres et à Dieu. Ce ne doit pas être pour nous une corvée, mais une anticipation de cette joie que nous connaîtrons alors. Dans l’attente de cette grande joie, soyons déjà joyeux d’être croyants ; soyons joyeux d’avoir été appelés à la vie pour faire connaître et partager, dès ici-bas, cette vie et ce bonheur à venir. Amen.

 (Dessin de M. Leiterer)

 

 

samedi 4 novembre 2017

31ème dimanche ordinaire A - 05 novembre 2017

Vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.





Lorsque nous rencontrons Jésus à ce moment de l’évangile de Matthieu, il sort d’une longue polémique avec les scribes et les pharisiens qui voulaient le prendre au piège. Que ce soit sur la Loi ou les impôts, ils n’ont pas réussi, eux, les maîtres de la Loi, à coincer le petit rabbi qu’ils méprisent. Toujours, il les a ramenés à l’essentiel : notre rapport à Dieu. Maintenant qu’ils n’ont plus de questions, maintenant qu’ils ont épuisé leurs pièges, c’est à Jésus de prendre les choses en main ; c’est à lui d’enseigner. Et son enseignement ne vise pas à détruire les scribes et les pharisiens - puisqu’il conseille de faire ce qu’ils disent - mais à nous montrer le vrai chemin d’une vie selon l’Esprit de Dieu. Ce chemin, il le résume dans cette phrase : Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. 
 
C’est d’abord une invitation à vivre une fraternité vraie, comme le rappelait déjà le prophète Malachie dans la première lecture quand il interroge : Pourquoi nous trahir les uns les autres, profanant ainsi l’Alliance de nos pères ? En effet, si nous n’avons qu’un seul Père, nous sommes tous frères, appartenant à la même famille. Nous devrions donc vivre selon le même esprit de famille. Nous devrions avoir le même souci : suivre les chemins du Seigneur. Il n’y a pas lieu de faire des différences, de montrer du doigt, d’opposer ; il ne faut surtout pas, par nos manigances et nos comportements entraîner la chute de quiconque : il faut, au contraire, en toute chose rechercher l’unité. Ce n’est pas facile, j’en conviens. Aucun n’a de leçon à donner aux autres, mais tous, il nous faut avancer, ensemble, sur le chemin exigeant du pardon et de l’acceptation de l’autre tel qu’il est, pour parvenir à cette fraternité qui est d’abord un don de Dieu. Car c’est dans la mesure où nous accepterons que Dieu soit véritablement notre Père, que nous vivrons de son Esprit qui fait de nous des frères. 
 
Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. C’est aussi un appel à une plus grande humilité. Saint Paul l’écrit : ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. En agissant ainsi, nul risque de se prendre pour un petit chef qui sait tout, comprend tout, et qu’il faut suivre à la lettre. Vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ. Voici donc celui qu’il nous faut suivre. Sa Parole est une parole autorisée, une parole qui fait référence, une parole qui fait loi : car elle est la parole même de Dieu, le Père de tendresse, le Père qui aime, le Père qui sauve, le Père qui relève et qui pardonne. Chacune de nos paroles devrait se faire l’écho de ses paroles d’amour et de pardon. Chacune de nos paroles devrait ouvrir à son destinataire un espace de liberté et d’amour où il puisse se reconnaître comme mon frère, comme le fils de ce Père qui nous appelle. 
 
Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. A chacune de nos liturgies, nous invoquons Dieu comme notre Père. Nous le faisons à la suite de la prière eucharistique, avant de nous approcher de l’autel pour recevoir le pain de la vie, avant même encore d’échanger un geste de paix avec nos voisins. Comme si toute la suite de notre célébration dépendait de notre capacité à reconnaître Dieu comme Père. Comment, en effet, échanger la paix qui vient de Dieu si je ne reconnais pas en l’autre, celui qui est juste à côté de moi, un frère à aimer ? Comment accueillir le pain de l’eucharistie qui m’agrège au Corps unique du Christ, si je refuse à mon voisin cette qualité de fils qu’il partage avec moi depuis son baptême ? A chacune de nos liturgies, le Père nous invite à le reconnaître comme tel. Avons-nous bien conscience que nous venons ici pour le retrouver, pour vivre une véritable rencontre avec tous nos frères autour de notre Père ? Le pardon qui est annoncé est son pardon offert. La parole qui est proclamée est sa Parole de vie. Le pain qui est partagé est la nourriture qu’Il nous donne. Les personnes que nous rencontrons sont bien les frères et les sœurs qu’il nous confie pour parvenir avec eux au Royaume promis. 
 
Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Puisse Dieu nous accorder de le découvrir ainsi chaque jour davantage. Puissions-nous avoir l’esprit et le cœur suffisamment ouverts à cette révélation pour qu’elle transforme notre regard et notre agir. Alors nous commencerons la construction de ce monde plus juste et plus fraternel où nous serons tous UN, frères et sœurs dans le Christ, rassemblés dans la louange du Dieu Unique et Vrai, vivant de l’Esprit qui fait de nous des fils. AMEN.









mercredi 1 novembre 2017

Toussaint - 01er novembre 2017

La sainteté ou l'art de voir Dieu.






Heureux ceux qui ! Ainsi s’entend le refrain des béatitudes que la Toussaint nous donne à méditer tous les ans. Heureux ! C’est donc bien à une fête que nous convoqués. Heureux ! C’est donc bien le bonheur que Dieu veut pour l’homme, pour nous, pour chacun de nous ! Essayons de mieux comprendre ce bonheur. 
 
A y regarder de près, le bonheur proposé demande un minimum d’engagement de notre part. Il n’a jamais été écrit ou dit que le bonheur serait chose facile. Ce qui caractérise le chemin de bonheur proposé par le Christ, c’est qu’il passe sans cesse par les autres. Heureux les doux (ceux qui se montrent doux avec les autres), heureux ceux qui pleurent (ceux qui savent pleurer avec les autres, compatir à leur malheur), heureux ceux qui ont faim et soif de justice (pour eux et pour les autres), heureux les miséricordieux (ceux qui savent pardonner aux autres), heureux les cœurs purs (ceux qui regardent le monde et les autres avec un cœur d’enfant), heureux les artisans de paix (forcément avec les autres, pour les autres) : sans cesse, nous sommes donc renvoyés à notre attitude envers ceux et celles qui croisent notre route. Sans cesse, nous sommes invités à remettre l’Autre, les autres, au cœur de notre chemin vers le bonheur. Je ne saurais être heureux tout seul. Je ne saurais gagner mon paradis tout seul, sans les autres. 
 
Ceci dit, parmi tous ces chemins de bonheur qui mènent à Dieu, Jésus en présente un qui y mène de manière directe. Il nous dit : Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ! Saint Augustin déjà faisait remarquer que c’est la seule béatitude qui conduit ainsi directement à voir Dieu face à face, la seule qui nous mette de manière immédiate en présence de Dieu. Elle est celle qui assure le bonheur absolu du croyant, puisqu’elle lui permet de vivre en présence de son Seigneur ! Les saints que nous célébrons aujourd’hui ont tous eu, à leur manière, un cœur pur, c’est à dire un cœur capable de porter sur le monde le regard même de Dieu, un cœur totalement ouvert à sa volonté, à son projet d’amour pour nous. Le cœur pur peut voir Dieu face à face parce que son cœur ne fait qu’un avec le cœur de Dieu ; son cœur bat au rythme du cœur de Dieu ; son cœur est totalement ouvert, totalement transparent à la grâce de Dieu. La vraie sainteté, celle que nous célébrons aujourd’hui, se résume bien dans cette attitude d’ouverture totale et constante à la volonté de Dieu. Le saint n’est pas celui qui fait des choses de plus en plus difficiles, mais celui qui fait les choses – et quelquefois les mêmes choses – avec de plus en plus d’amour, parce que son cœur est réglé sur le cœur de Dieu, parce que son cœur bat de l’amour même de Dieu. le vrai saint est celui qui voit Dieu en toute chose et en chacun. 
 
En célébrant nos amis les saints, nous sommes remis face à notre condition, face à notre destin : nous sommes appelés à être saints à notre tour. Pas plus tard, quand nous serons morts, mais dès maintenant. Notre baptême nous a placés sur cette route exigeante mais belle que le Christ nous a ouverte par sa mort et sa résurrection. Notre baptême exige que nous vivions chaque jour plus unis au Christ, plus aimant de l’amour même de Dieu. Notre baptême fait de nous des saints en devenir. Nous sommes saints (enfants de Dieu), dit Saint Paul, et nous le devenons toujours plus en calquant notre vie sur celle du Christ. Nous sommes saints par le baptême, et nous confirmons notre volonté d’être saints, à l’image et à la ressemblance de Dieu, lorsque nous vivons au quotidien le chemin des béatitudes. La sainteté ne se gagne pas ; elle se reçoit dans l’acceptation de la volonté de Dieu pour nous. La sainteté ne se gagne pas ; elle s’exerce sur le chemin des béatitudes. La sainteté ne se gagne pas, mais elle peut se perdre lorsque je m’éloigne de Dieu. La sainteté ne se gagne pas, mais elle grandit à travers ma participation au sacrement du pardon et de l’eucharistie, où déjà je rencontre Dieu dans un face à face salutaire. La sainteté ne se gagne pas ; elle est un don fait par Dieu à celles et à ceux qui marchent loyalement sur le chemin du Ressuscité. Que la célébration de notre eucharistie nous redonne courage et espérance sur notre chemin ! Qu’elle purifie nos cœurs pour que nous puissions, nous aussi, voir Dieu, aujourd’hui en chacun, demain en face à face, dans un bonheur sans fin ! Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)