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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 27 novembre 2021

01er dimanche de l'Avent C - 28 novembre 2021

 Faites donc de nouveaux progrès ! 




(Couronne d'Avent, image internet)




Avec l’hiver qui se fait sentir à notre porte, revient aussi le temps de l’Avent, ce temps qui nous prépare aux fêtes de Noël, à la venue du Messie Rédempteur, le Christ notre Seigneur. C’est le temps de l’attente qui nous rappelle que nous vivons dans l’espérance du retour dans la gloire du Christ Sauveur. 

            L’attente, nous mesurons tous depuis presque deux ans ce qu’elle peut avoir d’énervant. Depuis le début de la pandémie, on nous promet un monde d’après, sans cesse repoussé. Nous sommes pris, en ce moment-même, dans une cinquième vague épidémique, incapables de nous défaire de ce virus qui plombe nos vies et nos relations, qui entraine angoisse et violence à force d’attendre quelque chose qui ne semble pas vouloir venir. Ce n'est pas une attente de la sorte qui doit nous animer. L’attente du retour du Christ dans la gloire devrait être une attente joyeuse. Certes, pas plus que pour la fin de la pandémie, nous ne savons quand ce retour aura lieu. Mais ce retour marquera l’avènement d’un monde nouveau, d’où le Mal aura disparu. Et nous pouvons nous préparer à ce retour en commençant dès maintenant à lutter contre le Mal, d’abord dans notre vie, puis autour de nous. Il nous faut entendre le prophète Jérémie parler de ce jour comme de celui de l’accomplissement de la parole de bonheur que [le Seigneur a] adressée à la maison d’Israël. Il nous faut entendre Jésus nous dire comment nous préparer à ce jour : en restant éveillés et en priant en tout temps. A celui qui est un intime du Christ par la prière constante, rien ne peut faire peur. De celui qui est un intime du Christ, la joie sera à son comble quand ce jour viendra. 

De mon enfance, je retiens alors un double sentiment face à ce temps de l’Avent. D’abord un réel sentiment de joie, non pas enseigné par l’Eglise, mais davantage par la famille. Ce temps de l’Avent était marqué par les soirées à faire ensemble les Bredele que nous partagerions durant le temps de Noël. Cette joie est toujours mienne quand je sens l’odeur des épices de Noël dans ma cuisine en pensant déjà à ceux et celles à qui je partagerai dans quelques semaines ma production. Au-delà de la tradition locale et familiale, je ne peux concevoir vivre ce temps de l’Avent sans la joie d’avoir mis la main dans la pâte pour préparer quelques délices. Et je vis déjà dans l’anticipation de la joie du partage, de la joie que procure le visage heureux d’un ami qui goûte avec plaisir ces petits gâteaux.

 Mais je retiens aussi de ce temps de l’Avent une crainte certaine enseignée par l’Eglise, crainte qui se traduisait par la peur de n’avoir pas fait assez d’efforts pour mériter de partager la joie du retour du Christ. L’Avent, comme le Carême, devenait un temps ingrat d’efforts toujours insuffisants à faire. De quoi gâcher par avance la joie de Noël ! A tous les traumatisés de ces discours sur les efforts à faire, je voudrais relire ce que Paul a dit aux chrétiens de Thessalonique dans sa première lettre. Il ne parle pas d’effort à faire, mais de progrès à réaliser. Et cela change tout ! Ecoutons-le une nouvelle fois : après avoir formulé le vœu que le Christ lui-même affermisse [leurs] cœurs, les rendant irréprochables en sainteté, il rappelle à ses lecteurs qu’ils savent déjà comment [ils doivent] se conduire pour plaire à Dieu ; et puisque c’est ainsi [qu’ils se] conduisent déjà, il les invite à [faire] de nouveaux progrès. Il leur dit qu’ils font bien déjà, mais ils peuvent progresser encore. Il ne faut pas se relâcher. Une fois qu’on a compris que le Mal existe et qu’il faut le combattre ; une fois qu’on a commencé, par notre baptême, à prendre notre part dans cette lutte, il nous faut rester forts, vigilants. La lutte contre le Mal ne sera terminée que lorsque le Christ reviendra dans sa gloire. Poursuivre la lutte n’est pas un effort à faire qui conditionnerait le retour du Christ, ce que semblait être les efforts demandés dans mon enfance ; poursuivre la lutte contre le Mal est un art dans lequel il nous faut progresser, parce que les grands maîtres spirituels nous l’ont appris : plus nous luttons contre le Mal, plus le Mal se fait insidieux, cherchant toujours plus comment détruire notre œuvre. Ce n’est pas une question d’effort, donc de sueur ; c’est une question de persévérance et de confiance. De confiance en nous, de confiance en Christ qui se bat avec nous pour nous aider à vaincre le Mal dans notre vie.           

            Alors qu’avec les efforts demandés dans mon enfance, il me semblait qu’il fallait chaque nouvelle année liturgique tout recommencer à zéro, voici que la parole de Paul sur les progrès à faire encore, nous permet de mesurer le chemin parcouru, de constater combien le Christ, année après année, nous a aidé à vaincre nos démons et à grandir dans l’amour de Dieu. Ces progrès alimentent notre joie de préparer encore le retour du Christ et de célébrer dans la joie la mémoire de sa venue première pour notre salut. Que ce temps de l’Avent nous ouvre à cette joie ; que nous progressions dans la foi et dans l’amour, avec l’aide du Christ dont nous attendons le retour dernier. Amen.

samedi 20 novembre 2021

Christ, Roi de l'univers B - 21 novembre 2021

 Le Christ, Roi de l'univers : prétention ou réalité ?





(Source internet)




            Le prophète Daniel a annoncé la couleur dans le Premier Testament : la gloire sera donnée à un Fils d’homme… Il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent… sa royauté ne passera pas. A la fin du Nouveau Testament, le Livre de l’Apocalypse de Jean chante le Christ à qui appartiennent la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Il n’en faut pas plus pour fonder cette célébration du Christ, Roi de l’univers qui termine notre année liturgique. Une ultime solennité pour nous rappeler que tout ce que nous avons vécu va vers son achèvement. Et cet achèvement, ce n’est pas la gloire de l’Eglise ; elle n’a plus rien de très glorieux depuis le 5 octobre de cette année. Notre histoire est tendue vers la Gloire du Christ, son retour triomphal quand le Mal sera définitivement vaincu. L’horizon de l’histoire des hommes, c’est la souveraineté du Christ reconnue sur tous les peuples de la terre. 

            J’entends la critique : quelle prétention est ainsi exprimée ! Mais ce n’est pas une prétention. Le Dieu qui est à l’origine de toute vie porte le désir que toute vie soit en communion avec lui ; et pour que son dessein de salut se réalise pour tous, il a livré son Fils. Il n’est que justice que la Royauté soit au Christ, qui par amour a livré sa vie sur la croix. Il est préférable pour tous que règne sur le monde, quand l’histoire des hommes sera récapitulée, Celui qui a tant aimé le monde, celui qui a livré sa vie pour la vie du monde. Sa royauté sera une royauté d’amour. Celui qui aime comme le Christ aime, n’abuse jamais de son pouvoir. Celui qui aime comme le Christ aime, ne recherche pas son intérêt, mais le bien, la vie pour tous. Ayant vaincu le Mal et la Mort, il est digne de régner sur les hommes qu’il sauve par son sacrifice. Avec son règne commence une ère nouvelle, un monde enfin libéré de la corruption, où les hommes vivront en paix. Ce n’est pas une utopie, c’est notre espérance. Notre foi ne vaut rien sans cette espérance fondée sur la charité du Christ pour tout homme. Confesser le Christ, Roi de l’univers, c’est reconnaître qu’il est le seul à pouvoir apporter au monde paix et unité. Il n’est pas venu pour lui ; il n’est pas venu pour le pouvoir ; il est venu pour gagner tous les hommes à la vraie vie. 

            Quand nous parlons du Christ, Roi de l’univers, prenons garde à ne pas le comparer aux rois et aux puissants qui dirigent notre monde. En nous faisant entendre l’échange entre Jésus et Pilate au moment de la Passion du Christ, la liturgie nous rappelle fort justement que la royauté du Christ n’est pas de ce monde. Elle ne ressemble en rien à ce que les hommes ont pu connaître par le passé ; elle ne ressemble en rien à ce qu’ils peuvent connaître aujourd’hui. Ce n’est pas un pouvoir qui se défend par les armes ; ce n’est pas une royauté qui fait s’affronter des hommes. Comme le chantera si bien la préface de cette solennité, le règne du Christ est un règne de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix. Qui ne désirerait aujourd’hui vivre sous un tel règne ? Qui pourrait préférer aujourd’hui la mort et le mensonge, la force brutale et la vilénie, l’injustice, la haine et la guerre ? A ceux qui malheureusement pas d’autre choix que de vivre ainsi en ce moment, la solennité du Christ, Roi de l’univers vient rappeler qu’un monde meilleur est possible, que le Mal n’aura jamais le dernier mot. Nous savons que l’entretien entre Jésus et Pilate n’a pas permis le triomphe de la vérité, et que Jésus a dû porter sa croix jusqu’au Calvaire. Mais nous savons aussi, par la foi, que sa mort n’a pas été la fin de son histoire ; nous savons que sa mort n’a pas sonné la fin de l’espérance des hommes en un monde plus juste. Celui qui a aimé le monde jusqu’à donner sa vie pour lui, Dieu lui a rendu la vie, Dieu l’a ressuscité pour qu’il règne sur le monde, pour que le rêve des Béatitudes devienne réalité, pour que les hommes se reconnaissent frères en celui qu’ils ont conduit à la croix. Seule la puissance de l’amour du Christ peut sauver notre monde. Seule la puissance de l’amour du Christ peut nous libérer du Mal qui ronge notre cœur. Seule la puissance de l’amour du Christ peut nous conduire vers Dieu et nous permettre de connaître enfin la joie parfaite.

            Depuis une année, nous avons suivi Jésus grâce à Marc et à Jean qui nous ont fait découvrir Celui qu’ils ont eux-mêmes servi. A notre tour, devenons ses témoins ; racontons au monde les merveilles qu’il a réalisé pour tout homme. Travaillons à l’édification de son règne, dès maintenant, pour que tous les hommes puissent le reconnaître quand il viendra dans sa Gloire. Que ce titre attribué au Christ ne soit plus compris comme une prétention, mais comme la seule réalité possible. Amen.

samedi 13 novembre 2021

33ème dimanche ordinaire B - 14 novembre 2021

 Vivre, en confiance, selon l'Evangile.


(Icône grecque du retour du Christ, vers 1700, source Wikimedia Commons)


Ils ne manquent pas, sur les réseaux sociaux, ceux qui annoncent la fin des temps depuis le début de la pandémie, ceux pour qui l’épisode COVID 19 est le signe avant-coureur du retour du Christ. Faut-il s’en inquiéter ? L’évangile de ce dimanche, pour effrayant qu’il puisse paraître à certains, apporte la seule réponse possible : Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. Cela ne signifie pas que cela n’arrivera pas un jour. C’est même une donnée sûre de notre espérance : l’histoire des hommes connaîtra sa récapitulation, son accomplissement ultime qui est la vie en Dieu et avec Dieu pour toujours. La foi chrétienne nous tend vers ce jour. Mais ce n’est pas une raison pour faire peur à tout le monde en attendant, en insistant particulièrement sur le peu d’élus. Nous n’en savons rien ! Nous ne mesurons que très mal l’immense étendue de l’amour de Dieu pour nous.

Plutôt donc que de calculer ou de spéculer sur la fin des temps, je vous propose d’investir dans le présent. Non pas d’investir de l’argent, mais d’investir notre vie. Vivons pleinement notre existence, vivons pleinement notre foi dans toutes ses dimensions. Comment oublier, aujourd’hui particulièrement, que nous avons une responsabilité dans la bonne marche du monde ? Le pape François, en faisant de cet avant-dernier dimanche de l’année liturgique le dimanche des pauvres, nous rappelle que nous devons constamment avoir une attention pour les plus faibles, les plus petits. L’Evangile, qui est notre guide, rappelle que ce sont les pauvres qui nous accueilleront dans le Royaume. Plutôt que de prévoir des catastrophes, cherchons à endiguer le scandale de la pauvreté, le scandale du rejet des petits, des étrangers, et nous n’aurons pas à craindre une colère de Dieu. Les temps derniers, s’ils sont souvent décrits comme terrifiants, n’en sont pas moins présentés comme le temps du salut pour ceux qui auront vécu selon la Loi de Dieu. Le psaume 15, par lequel nous répondions au Livre de Daniel, est le chant de celui qui reconnaît en Dieu son Sauveur et son soutien. Il est un psaume de confiance et d’allégresse pour celui qui sait que Dieu est avec lui, pour celui qui se laisse enseigner par Dieu : Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! A ta droite, éternité de délices ! 

N'oublions pas la lettre aux Hébreux qui nous rappelle aujourd’hui le sacrifice du Christ que nous célébrons en chaque eucharistie. Jésus Christ, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Faut-il rappeler que les ennemis du Christ, ce ne sont pas les humains ? Il est venu les sauver, tous. Les ennemis, c’est la Mort, le Péché, tout ce qui s’oppose au projet de Dieu, qui est, rappelons-le, projet de vie et de salut pour tous. L’auteur de la Lettre aux Hébreux poursuit : Par son unique offrande, il a mené pour toujours à sa perfection ceux qu’il sanctifie. C’est de nous qu’il parle. Nous avons été menés à notre perfection par l’offrande du Christ sur la croix. L’humanité est entré dans une Nouvelle Alliance scellée dans le sang versé du Christ. Pour reprendre encore les mots de l’auteur de cette lettre, le pardon nous a été accordé, non pas parce que nous l’aurions mérité, mais parce que Jésus a livré sa vie sur la Croix. Il est celui qui nous sauve ; il est celui qui nous a gagnés à la Vie éternelle. Il s’agit donc bien d’investir notre vie dans ce pardon accordé, en refusant le Mal, en ne participant pas à des œuvres de Mort, mais au contraire en veillant à toujours faire triompher la Vie, à toujours faire triompher le Bien. Là doit être notre investissement, car là est la garantie de notre Salut. 

Quand viendra le jour définitif de notre Salut, le vieux monde encore dominé par le Mal et le Péché disparaîtra. Pour ceux qui se complaisent dans des œuvres de mort, ce sera une catastrophe, sans doute. Mais pour ceux qui auront fait le choix de la Vie, ce sera le Jour glorieux où leur investissement en faveur de la Vie sera reconnu et grandement récompensé. Un bienfait n’est jamais perdu devant Dieu. Maintenant que la liturgie elle-même nous rappelle ces évidences, il nous reste à faire notre choix. Voulons-nous capitaliser sur le Bien, pour nous et pour tout homme ? Si vous hésitez encore, je vous laisse pour conclure les mots du prophète Daniel : Ceux qui ont l’intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais. Amen.

samedi 6 novembre 2021

32ème dimanche ordinaire B - 07 novembre 2021

 Leçon de morale ou leçon de vie ?


(Icône de l'obole de la veuve, source internet, Site http://dominicainsmontpellier.fr/)


            Grâce à Jésus, l’histoire de cette femme, veuve, qui mit deux petites pièces de monnaie dans la salle du trésor du Temple, est connue de tous. Elle tranche radicalement avec celle du jeune homme riche, entendue il y a quatre semaines. Souvenez-vous : il était venu vers Jésus pour savoir ce qu’il lui faudrait faire pour être sûr d’avoir en héritage la vie éternelle. Jésus l’avait invité à vendre ce qu’il avait et à le donner aux pauvres, puis à le suivre. Mais il n’a pas pu ; au contraire, il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Cette pauvre veuve ne vend rien, elle ne veut s’assurer de rien, elle ne suit pas davantage Jésus, mais elle donne tout, tout ce qu’elle avait pour vivre. Est-ce une leçon de morale grandeur nature donnée à tous ? Je ne le crois pas, parce que Jésus a mieux à faire que de nous donner des leçons de morale. Jésus est venu nous parler de Dieu ; Jésus est venu nous parler de notre salut.

            Combien de personnes ont vu cette femme, ce jour-là ? Combien ont remarqué son geste ? A part Jésus, sans doute personne. Elle n’a rien fait non plus pour être remarquée. Elle n’a pas de vêtements d’apparat, elle n’a pas droit aux salutations sur les places publiques, ni aux sièges d’honneur dans les synagogues, ni aux places d’honneur dans les dîners. Elle est pauvre, veuve, et n’a que deux petites pièces de monnaie. Elle n’est rien aux yeux de beaucoup parce qu’elle n’a rien. Elle n’a même pas de nom qui permettrait de perpétuer sa mémoire dans l’histoire. Existe-t-elle seulement ? Jusqu’à ce que Jésus en parle et la cite en exemple, sans doute personne n’avait-il vraiment fait attention à elle. Et sans doute aurait-elle été gênée si elle avait entendu Jésus parler d’elle et de son offrande ! Elle ne demande rien, ne cherche rien, si ce n’est à vivre sa vie, simplement, selon la Loi du Dieu auquel elle croit. Cela lui suffit ! 

            Cette histoire pourtant, nous enseigne beaucoup, et beaucoup plus que ce que Jésus lui-même tire de ce qu’il a observé. Ce que dit Jésus de cette femme et de son offrande est important ; cela nous rappelle que nous ne serons jamais assez pauvre pour nous dispenser d’aider les autres à notre mesure. Si nous avons quelquefois l’impression de n’avoir pas assez, d’être le pauvre de ceux à qui nous nous comparons, Jésus vient nous dire que nous sommes aussi le riche d’un autre, qui a encore moins que nous. La charité n’est pas une question de moyens, c’est une question de cœur. Et cette femme, dans sa pauvreté, a un grand cœur au point que Dieu la voit. Si les hommes ignorent cette femme qui n’a rien pour se faire remarquer, Dieu la voit. Avec Dieu, un bienfait ne passe jamais inaperçu, même si ce bienfait est invisible aux yeux des hommes. C’est cela aussi l’enseignement de cette rencontre. Nous devons apprendre à voir comme Dieu voit, à accorder de l’importance à ce qui est essentiel. Le partage, la solidarité, ce ne sont pas des trucs en plus pour les gens qui en ont les moyens ; le partage et la solidarité sont des marqueurs d’humanité, et pour le croyant que je suis, des marqueurs de cette sainteté de Dieu que je me dois d’accueillir dans ma vie. Il y a quelque chose de l’esprit des béatitudes dans l’attitude de cette pauvre veuve. 

            Ce n’est pas une leçon de morale que nous livre Jésus en nous rendant attentifs au geste de cette femme. Il ne dit pas que ce qu’elle fait est bien et qu’est mal ce que font les autres. Non, mais il nous dit de bien regarder et d’estimer à sa juste valeur chaque acte, même le plus petit, même le plus insignifiant. En fait, c’est une leçon de vie divine qu’il nous donne en nous invitant à voir comme lui voit. Car au terme de notre vie, seul comptera le regard de Dieu sur notre vie. Ne négligeons pas les petites choses que nous pouvons faire pour le bien de tous ; ce n’est pas parce que personne ne les voit qu’elles ne valent rien. Ce sont peut-être elles qui nous vaudront notre salut. Amen.


lundi 1 novembre 2021

TOUSSAINT - 01er novembre 2021

 Parler de sainteté après le rapport Sauvé ?





(Source internet : sagesse-orthodoxe.fr)




            N’aurions-nous pas dû annuler la fête de la Toussaint en France cette année ? Comment croire en une quelconque sainteté chez les hommes, chez les catholiques, après la publication du rapport Sauvé ? Ces questions me semblent légitimes et pourtant, quand nous sommes confrontés au mystère du Mal dans toute son horreur, sans doute est-ce là l’unique porte de sortie pour l’Eglise : réaffirmer avec force à tous ses membres à quoi nous sommes appelés. Pour combattre le Mal absolu, il faut une sainteté absolue. 

            Cette sainteté absolue ne se trouve pas naturellement chez les hommes. Nous pouvons le regretter, nous pouvons estimer que le meilleur devrait toujours ressortir chez l’homme, et particulièrement chez celui qui se dit croyant en Dieu. Mais nous savons tous, par expérience personnelle, que cela n’est pas vrai. Même saint Paul a écrit dans sa lettre aux Romains (7, 19) : Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. Le Mal est tapi dans notre cœur, et nous cédons, avec plus ou moins de gravité, à sa présence. Mais le Mal reste le Mal, qu’il soit grand ou petit ; le péché reste le péché, qu’il soit mignon ou mortel. Nous avons redécouvert, avec horreur, cette réalité ! Le Mal existe, même en ceux qui sont censés le combattre avec le plus de fougue, avec le plus de zèle : les personnes engagées en Eglise. 

            Si la sainteté absolue n’existe pas en l’homme, serait-elle alors un mythe ? Non, la sainteté absolue existe bien, en Dieu. Dieu est saint, Dieu est bon, Dieu est toujours du côté de la vie, Dieu est toujours du côté du faible à protéger. Les Béatitudes que nous lisons chaque année en cette solennité de la Toussaint sont peut-être d’abord le rappel de la manière d’être de Dieu avec nous ; et puisque Dieu est ainsi avec nous, nous pouvons, avec sa grâce, avec son aide, vivre cela avec les autres. Il est le premier qui pleure avec ceux qui pleurent ; il est le premier parmi les doux ; il est le premier assoiffé et affamé de justice ; il est le Miséricordieux ; il est le premier cœur pur parce qu’il n’y a pas même l’ombre du Mal en lui ; il est l’artisan de paix par excellence invitant sans cesse l’homme à vivre en alliance avec lui et avec les autres ; il est le premier persécuté à cause de la justice, à cause de sa justice au sens où l’homme le supprime facilement dès lors que l’art de vivre voulu par Dieu dérange les hommes ; il est le premier insulté chaque fois qu’un humain est insulté, persécuté à cause de sa foi. 

            Si la sainteté absolue n’existe qu’en Dieu, pouvons-nous seulement espérer l’approcher puisqu’elle ne nous est pas naturelle ? La réponse nous a été donnée par Jean, dans sa première lettre : Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Notre sainteté est un don que Dieu nous fait. Par le baptême, nous accueillons cette sainteté de Dieu en nous. Le premier nom que se donnaient les chrétiens, au commencement de l’Eglise, c’était ‘les Saints’. Et c’est peut-être justement parce que la sainteté est un cadeau de Dieu pour nous que nous pouvons comprendre pourquoi nous ne l’utilisons pas en permanence, pourquoi nous n’en vivons pas tout le temps. Réfléchissez un instant : combien de cadeaux avez-vous reçu durant votre vie ? Les avez-vous tous conservés ? Les utilisez-vous tous encore quotidiennement ? Je crains qu’il en soit de même pour les dons que Dieu nous fait. Il nous arrive de les oublier ; il nous arrive de les rejeter plus ou moins intentionnellement. Quand je cède au Mal, j’étouffe cette sainteté, je l’ignore, me rendant moi-même impuissant à lutter contre le Mal. Pour sortir de la crise que traverse l’Eglise de France, il nous faut à tous, retrouver cette sainteté que Dieu nous donne ; il nous faut retrouver cette amitié fondamentale avec Dieu pour faire triompher le bien en nous d’abord pour qu’il puisse triompher enfin dans le monde. Ce n’est pas parce que nous avons approché le Mal absolu que tout est fini de l’homme. La miséricorde de Dieu est plus grande que le Mal le plus grand. Dieu ne cesse pas de nous aimer parce que nous avons cédé au Mal ; il déploie davantage d’amour pour nous, pour que nous ressentions les bienfaits de cet amour et que nous renoncions au Mal, définitivement. 

            Il nous faut donc, plus que jamais, célébrer cette Toussaint. Il nous faut, plus que jamais, retrouver le projet d’amour de Dieu pour chacun. Ce projet, c’est que nous soyons vraiment des hommes et des femmes libérés du Mal. C’est le Christ qui nous obtient cette libération par le don de sa vie sur la croix et par sa Résurrection. Parce qu’il nous aime, parce qu’il nous veut libre, il a affronté le Mal absolu ; en lui, nous avons la certitude de notre victoire sur le Mal, si nous nous attachons à lui d’un cœur résolu. Ils sont nombreux, depuis ce jour, les hommes, les femmes et les enfants qui ont démontré la beauté d’une vie entièrement donnée au Christ et aux hommes : ils sont les saints que nous célébrons aujourd’hui. Ils sont nombreux, les chemins qu’ils nous indiquent pour vivre libres de tout Mal. Relire leur vie nous donnera le courage d’ajuster la nôtre à la Parole du Dieu saint ; ainsi nous vivrons toujours plus cette sainteté qu’il nous offre. Ainsi nous combattrons le Mal avec efficacité. C’est une certitude. Amen.