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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 30 août 2013

22ème dimanche ordinaire C - 01er septembre 2013

Quand vous êtes venus vers Dieu...


Frères, quand vous êtes venus vers Dieu… Ainsi commence la seconde lecture que nous avons entendue. Elle est extraite de l’Epître aux Hébreux, une lettre envoyée à des chrétiens qui ont besoin d’être encouragés dans leur foi. Vous le savez sans doute déjà : dans notre vie de foi, il en va comme de bien d’autres engagements : il y a la ferveur des débuts, puis l’installation dans une routine qui conduit souvent à un certain découragement, voire à un abandon. Personne n’est à l’abri de cet enchaînement ; tous, nous avons besoin d’être encouragé dans notre foi pour que nous n’oubliions pas les merveilles que Dieu fait pour nous, par Jésus, son Fils.
 
Quand vous êtes venus vers Dieu, il en a sans doute été pour vous comme pour les destinataires de la lettre : pas de grand miracle, pas de grand signe, pas de buisson ardent… Vous souvenez-vous seulement du jour où vous êtes venus vers Dieu ? Etait-ce au moment du baptême ? Etait-ce déjà avant ? Ou longtemps après ? Pourquoi avons-nous tant de mal à définir le moment où nous sommes venus vers Dieu ? Ces questions nous font bien comprendre pourquoi il est nécessaire d’être encouragé dans notre foi, pourquoi nous devons être responsables les uns des autres, dans la foi. Les destinataires de la Lettre aux Hébreux avaient là un avantage certain sur nous : ils ont choisi un jour d’aller vers Dieu. Ils ont choisi un jour de devenir chrétiens et ils ont fait cette démarche en connaissance de cause, à une époque où être chrétien n’allait pas de soi, et pouvait avoir des conséquences fâcheuses : devenir chrétien aux premiers temps de l’Eglise, c’était accepter le risque d’être découvert, traduit en justice et exécuté ! 
 
Aujourd’hui, alors que nous baptisons encore tant d’enfants qui ne savent même pas parler, le baptême est le sacrement qui marque leur entrée dans la communauté, et leur adoption par Dieu. Mais est-ce vraiment le moment où ils viennent vers Dieu ? Comme je le dis souvent lorsque je baptise un tout petit, il lui faut maintenant grandir, et découvrir par lui-même ce Dieu qui l’appelle à la vie. Il faudra qu’il fasse sien le moment où il viendra vers Dieu. Sinon, il y a fort à parier qu’il n’y reviendra jamais. Nul ne peut vivre toute une vie de foi sur le seul engagement de ses parents et de ses parrains-marraines. Un engagement plus personnel est nécessaire, et il marquera le moment où, en connaissance de cause, le jeune chrétien confirmera le choix qui a été fait pour lui à l’origine de sa vie. Ce moment sera le moment où, jeune adulte, il choisira lui-même d’aller vers Dieu. Plus que le jour même d’une célébration, ce sera le jour où, dans l’intime de sa vie, il aura accepté que Jésus soit son Sauveur, que Dieu soit son Père et que l’Esprit soit celui qui guide et oriente sa vie. 
 
Comment puis-je être encouragé dans ma vie de foi pour aller vers Dieu en vérité ? En participant à la vie de l’Eglise. N’est-elle pas le lieu de rassemblement de tous ceux qui viennent vers Dieu ? A l’époque où la lettre aux Hébreux est écrite, il y a certainement déjà des chrétiens qui ont pris pour habitude de ne plus participer aux rencontres de la communauté. L’auteur de la lettre leur rappelle que quand ils sont venus vers Dieu, ils sont aussi venus vers la Jérusalem céleste, vers l’assemblée des premiers-nés. On ne peut venir vers Dieu et rejeter l’Eglise. On ne peut vouloir s’approcher de Dieu et refuser de rencontrer les frères dans la foi. L’Eglise n’est sans doute pas parfaite, mais elle est composée de ces hommes et de ces femmes, imparfaits comme moi, qui cherchent à vivre humblement avec Dieu. Personne n’y réussira seul. Et choisir d’aller seul vers Dieu, sans les frères, c’est déjà échouer puisque, en Jésus, Dieu a lié sa vie à celle de tous les hommes.
 
Venir vers Dieu, c’est donc venir vers cette assemblée de frères. C’est aussi venir vers Jésus. Il est celui qui établit dans sa chair la nouvelle alliance qui unit le ciel et la terre, la nouvelle alliance qui redéfinit les liens entre Dieu et les hommes. Ses nombreux appels à vivre selon sa parole sont autant de chemins pour venir vers Dieu sans oublier les frères. Il a rappelé à tous la nécessaire humilité pour s’approcher de Dieu en vérité. Lorsque je viens vers Dieu et que je reconnais Jésus comme celui qui me sauve et me révèle le vrai visage de Dieu, j’entre dans une relation dont je ne suis pas le centre. Dieu peut vraiment prendre la place qui lui revient dans la vie de tout croyant. Et je deviens vraiment son disciple, celui qui marche à sa suite, celui qui écoute et apprend, celui qui reçoit tout de la main de son maître.
 
Venir vers Dieu, c’est toujours venir vers quelqu’un qui nous appelle, vers quelqu’un qui se révèle à nous, vers quelqu’un qui nous encourage et qui veille sur nous. Faire le choix de venir vers Dieu, c’est un choix à refaire quotidiennement, parce que chaque jour il y a tant d’occasion de renoncer, d’abandonner. La prière de l’Eglise l’a bien compris, elle qui nous a fait prier ainsi au début de notre célébration : Dieu tout-puissant, de qui vient tout don parfait, enracine en nos cœurs l’amour de ton nom ; resserre nos liens avec toi, pour développer ce qui est bon en nous ; veille sur nous avec sollicitude, pour protéger ce que tu as fait grandir. Au moment où nous allons reprendre nos activités pastorales, que cette prière devienne nôtre pour faire grandir encore cette communauté de paroisses que Dieu nous appelle à faire vivre. Puissions-nous aller tous ensemble vers Dieu, le Dieu de notre joie et de notre salut. Amen.

jeudi 22 août 2013

21ème imanche ordinaire C - 25 août 2013

Histoire de porte ? Histoire de choix !



La série des textes sévères se poursuit en ce 21ème dimanche ordinaire. Alors que nous étions en droit de penser que nous irions tous au paradis, puisque l’artiste le chantait, voilà que même cette certitude est balayée. Le Dieu de tout amour, le Dieu qui aime l’homme, ne les aimerait-il pas tous ? Le Dieu qui a envoyé son Fils pour sauver les hommes ne les sauverait-il pas tous ? Que faut-il comprendre ? Que pouvons-nous croire ?
 
La première chose que nous pouvons préciser, c’est qu’il n’est pas question de chiffre et que nous ne devons pas être obnubilés par cette question. Le salut vient de Dieu ; c’est lui qui rassemblera les hommes de toute nation et de toute langue. Le prophète Isaïe en donne l’assurance. Certains courants religieux fondamentalistes sont focalisés sur le nombre de sauvés. Et quelquefois même les chrétiens de nos paroisses sont obsédés par les chiffres : on compte les baptisés, les premiers communiants, les confirmands, les mariés religieusement, les participants à la messe du dimanche et même les décédés ! Bien comptés, bien recensés et surtout bien comparés avec autrefois, quand tout était si bien et si beau dans le monde et dans l’Eglise. Nostalgie, quand tu nous tiens ! Mais à la question de l’importance du nombre des sauvés, Jésus ne répond pas par un chiffre. Il ne donne pas la quantité. Il dit simplement, et pour finir : Il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. Mais il ne dit pas combien ! Parce que cela ne dépend pas de lui ; parce que cela n’est pas inscrit dans les cieux. Cela dépend de nous, de notre liberté, de notre manière de vivre. A défaut de parler chiffre, Jésus parle conditions. Là où l’homme parle quantité, Dieu répond par qualité ! Deux critères semblent dès lors déterminants.
Le premier critère : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Cette porte étroite n’est pas un lieu ; elle est une attitude. Elle est en fait l’attitude du Christ lui-même qui arrivera à la gloire en passant par la souffrance et la mort. Jésus nous invite à la simplicité et à l’humilité. Relisez le Magnificat, et verset par verset vous découvrirez quels sont ceux qui passent le mieux par la porte étroite. Relisez aussi les Béatitudes, et vous aurez une liste complémentaire de ceux qui franchissent cette porte, sans difficulté. Relisez encore le chapitre 25 de l’Evangile de saint Matthieu, et vous comprendrez mieux encore.
Le deuxième critère : ne pas faire le mal. A certains de ceux qui crient vers lui, et qui étaient sûrs d’être sauvés parce que familiers de sa table, le Maître de maison répond : Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. Je ne sais pas d’où vous êtes ! L’art de vivre qui nous permettra d’entrer par la porte étroite résulte donc d’un choix plus fondamental : le choix du Bien et du Mal. Nous pourrions relire ici l’histoire de Moïse qui sans cesse invite son peuple à ce choix initial : choisis aujourd’hui la vie ou la mort ; choisis aujourd’hui Dieu ou pas Dieu ; choisis aujourd’hui de vivre selon son Alliance ou contre son Alliance ; mais choisis !
C’est donc bien la liberté de l’homme qui est en jeu et la manière qu’il a de l’exercer. Est-ce que j’ai Dieu à la bouche et le Mal dans le cœur ? Jésus lui-même nous avertissait il y a quinze jours, que là où est ton trésor, là aussi est ton cœur. Dieu est-il le trésor de notre vie, de toute notre vie, et pas seulement du dimanche matin ? Le Mal reste-t-il pour nous l’ennemi à combattre et à abattre ? Et pas seulement autour de nous, mais aussi et peut-être d’abord en nous ?
Cette question de la liberté de l’homme se conjugue avec la possibilité offerte à l’homme de sans cesse revenir à Dieu ; à celui qui s’égare sur les routes du mal, Dieu donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils. Si l’homme quelquefois désespère de Dieu, Dieu ne désespère jamais de l’homme. Il le reprend comme un père reprend ses enfants, par amour, non pour les humilier mais pour mieux les sauver. Seul celui qui s’accroche au mal, celui qui refuse Dieu et son amour, bref celui qui se gonfle tellement d’orgueil qu’aucune porte ne sera assez large pour lui offrir un passage, seul celui-là, enfoncé dans son mal, sera définitivement et pour toute éternité au rang des derniers.
Ces textes sévères que nous entendons ne veulent pas nous effrayer mais nous encourager à une conversion vraie et sincère. Il est encore temps de prendre la route qui conduit à la porte étroite ; il est encore temps d’accepter les leçons du Seigneur ; il est encore temps de répondre à l’appel de Dieu à faire partie de son peuple, le peuple de ceux qui adoreront le Père en esprit et en vérité. C’est une certitude qui dont toujours nous habiter : il est toujours temps de choisir Dieu et la vie qu’il nous offre. Mais pourquoi remettre à demain ce que nous pourrions faire, ici et maintenant ? Quel signe puissant cela serait pour notre monde ! Quel beau témoignage d’évangélisation ! Fasse Dieu qu’il puisse en être ainsi. Amen.
 
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

mercredi 14 août 2013

20ème dimanche ordinaire C - 18 août 2013

Quand Jésus précise sa mission...



Qui a dit que le Christ était mièvre ? Qui croit encore que l’Evangile est romantique ? En quelques mots bien frappés, Jésus vient redire aujourd’hui le but de sa mission, et force est de constater que c’est tout, sauf romantique : je suis venu apporter un feu sur la terre ; je dois recevoir un baptême et il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! Je suis venu mettre la division dans le monde. Quand j’étais enfant, j’avais tellement entendu parler de Jésus comme d’une espèce de chevelu parlant sans cesse d’amour, que ces paroles-là passaient mal. En trois phrases, Jésus détruisait lui-même la belle image que j’avais de lui. Avec le recul, je m’aperçois que c’était une opération salutaire. Nous pouvons si facilement nous tromper sur le Christ et ne retenir de lui que ce qui nous arrange. 
 
Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Avec ces mots, Jésus rappelle à ces disciples le but de sa venue. Donner au monde l’Esprit Saint, ce feu qui vient du cœur de Dieu. Et l’on comprend qu’il ait hâte que cela se réalise puisque ce feu refait toutes choses nouvelles. Notre liturgie nous fait dire la même chose lorsque nous chantons par exemple : 0 Seigneur, envoie ton Esprit, qu’il renouvelle la face de la terre. L’Esprit est comme un feu qui brûle en nous la trace du mal jusque dans ces germes. Si nous accueillons véritablement l’Esprit Saint, don de Dieu, nous devenons capables de lutter contre l’esprit du mal qui ronge tant d’hommes et détruit tant de vie. Nous comprenons mieux alors l’appel pressant de l’auteur de la lettre aux Hébreux : Débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d’abord du péché qui nous entrave si bien. Il a bien conscience que, sans l’aide de Dieu, sans l’exemple de ceux qui nous ont précédés et qui sont maintenant dans la gloire de Dieu, cela est difficile. Nous avons besoin de ce feu, de cet Esprit que Jésus appelle de ses vœux. En détruisant par le feu le mal qui ronge nos cœurs, l’Esprit Saint ne laisse pas de vide derrière lui. Il remplit nos cœurs de ce feu de Dieu, feu qui nous consume d’amour pour Dieu et pour nos frères. En réduisant à néant l’emprise du mal sur nos vies, l’Esprit Saint vient remplir nos cœurs d’amour. Nous comprenons alors mieux pourquoi Jésus s’impatiente de voir ce feu allumé. Il annonce le commencement d’un règne de paix, de justice et de liberté ! Et il en connaît le prix. 
 
Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! Le baptême dont parle Jésus, c’est sa mort sur la croix. Il faut que Jésus passe par la croix pour que l’Esprit Saint soit donné au monde. Et nous comprenons alors pourquoi Jésus a hâte d’accomplir sa mission. Seule sa mort en croix pourra offrir aux hommes la libération définitive du pouvoir de la mort. Seule sa mort en croix, mort d’un innocent au milieu des coupables, pourra racheter les péchés de l’humanité. Ceux qui avaient imaginé qu’une autre fin serait possible se trompent. Les paroles curieuses de Jésus sur la paix et la division prennent sens ainsi au pied de la croix. Face à l’homme crucifié, chacun doit se prononcer : est-il celui qui vient donner la paix véritable au monde ? Est-il le sauveur que Dieu nous a promis ? Personne ne peut répondre à la place d’un autre ; nous pouvons simplement témoigner de ce que nous vivons à la suite du Crucifié Ressuscité. Lorsque nous sommes affaiblis par le péché, assaillis par les épreuves, nous pouvons, comme le suggère si bien la lettre aux Hébreux, méditer l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et nous ne serons pas accablés par le découragement. La méditation de la passion doit nous faire comprendre l’immense amour de Dieu pour nous qui va jusqu’à la mort pour nous offrir sa vie, la vie qui ne finit jamais. 
 
Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! A bien y réfléchir, ces paroles devraient être lues à chaque célébration de baptême. Nous serions ainsi remis face à l’essentiel de la mission du Christ qui devient, par ce sacrement, la mission de tout baptisé : lutter contre le mal et demander à Dieu que l’Esprit Saint change le cœur des hommes, change notre cœur, en profondeur. La vie de baptisé est tout, sauf paisible et tranquille. Marcher à la suite du Christ est tout, sauf reposant. Nous n’aurons jamais fini de lutter contre le mal ; nous ne devons jamais cesser de demander l’Esprit Saint. Identifiés au Christ par le baptême, nous sommes morts au péché. Dieu nous a offert son Esprit pour que nous devenions capables de vivre selon l’Evangile. Que cette eucharistie ravive notre baptême et nous permette de vivre davantage de l’Esprit que nous avons reçu ! AMEN.
 
(Image de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année C, éd. Les Presses d'Ile de France)

mardi 13 août 2013

Assomption - 15 août 2013

Quand se réalise le projet de Dieu pour l'humanité !




Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.  Ce cri d’Elisabeth, rencontrant sa cousine, résume bien le cri qui a pu, qui a dû accueillir Marie au moment de son Assomption. Ce cri traduit bien que toute la vie de Marie n’a été qu’un OUI à Dieu, un Oui à sa Parole, un Oui à son projet d’amour. Et c’est ce Oui perpétuel et permanent de Marie qui lui vaut la gloire de la résurrection sans avoir connu la dégradation du tombeau. Il aura fallu 20 siècles à l’Eglise pour reconnaître ce que la sagesse populaire avait compris depuis longtemps : celle qui a été préservé à sa naissance, celle qui a dit Oui à Dieu à l’annonciation, comment Dieu ne pourrait-il pas lui accorder d’emblée la gloire du Ressuscité ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit : reconnaître en cette femme simple et humble, celle qui a donné au monde le Fils de Dieu, celle qui l’a laissé aller sur les routes de Palestine, celle qui l’a accompagné à la croix, celle qui a toujours été du côté de Dieu, parfaitement. Puisque, de son vivant, elle a mis la Parole de Dieu au cœur de sa vie, cette Parole lui rend la vie, lui ouvre la vie, au moment où elle s’endort dans la mort. Heureuse est Marie parce qu’elle partage la destinée de celui qu’elle a accueilli ; heureuse est Marie, parce qu’à la suite de son Fils, elle entre dans la gloire promise à celles et à ceux qui ont cru en Lui. 
 
Pour mieux comprendre encore cette fête, il nous faut sans doute, comme nous le faisons à l’occasion d’obsèques, relire toute la vie de Marie et plus particulièrement sa naissance, puisqu’un autre dogme nous enseigne à ce sujet ce qui  est notre foi. Si la vie terrestre de Marie s’achève sur l’Assomption, comment ne pas nous souvenir aujourd’hui que sa vie terrestre commence par l’Immaculée Conception. Ces deux dogmes nous rappellent que, de son origine à sa fin, la vie de Marie est marquée par Dieu et par son amour. L’Immaculée Conception nous dit en effet que Marie a été préservée de la dégradation du péché pour accueillir en son sein celui qui allait donner le salut au monde. En fait, elle a été sauvée par avance par celui qui donnerait le salut au monde, et qui grandit en son sein. Son Assomption que nous célébrons aujourd’hui n’est donc que la reconnaissance de ce salut, son officialisation en quelque sorte. Puisqu’elle n’a pas connu la dégradation du péché, elle ne peut pas connaître la dégradation du tombeau. Marie annonce ainsi à toute l’humanité ce qui l’attend si elle se libère, si elle se laisse libérer par le Christ de ce qui l’empêche de vivre. Marie annonce par sa naissance, par sa vie et par son Assomption, que l’humanité tout entière est appelée à se laisser libérer par Dieu, lui qui élève les humbles, lui qui comble les affamés, lui qui se souvient de la promesse de vie et de bonheur faite jadis aux Pères dans la foi. Si nous acceptons que le Christ réalise en nous son œuvre de salut, nous serons comme Marie, un Oui permanent à la volonté de Dieu, transparents à la grâce, ouverts à l’amour et à la vie que Dieu nous offre. Et nous connaîtrons sa gloire, celle qu’elle tient aujourd’hui de la mort et de la résurrection de son Fils. 
 
Nous comprenons alors mieux ce que Paul affirme dans sa première lettre aux Corinthiens, dont nous avons entendu un extrait en seconde lecture : Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. … c’est dans le Christ que tous revivront.  C’est ainsi que se réalisera la promesse faite aux Père ; c’est à cette gloire que nous sommes invités par notre baptême. Nous savons que cette promesse se réalisera puisque Marie en a été la première bénéficiaire. Sa Pâque, au cœur de l’été, nous ouvre à l’essentiel alors que nos vacances nous font souvent rechercher le superficiel. L’essentiel, c’est le Christ, mort et ressuscité. L’essentiel, c’est notre participation à son combat contre les forces de mort qui envahissent notre monde. L’essentiel, c’est que nous avons déjà, en espérance, notre part à la victoire du Christ. L’essentiel, c’est d’entrer finalement dans ce projet de salut, librement, joyeusement, comme Marie. Lorsque l’ange lui a annoncé qu’elle serait la Mère du Sauveur, elle ne s’est pas gonflée d’orgueil ; elle est allée se mettre au service de sa cousine, la vieille Elisabeth, qui enfantait, elle aussi, par grâce de Dieu. 
 
En cette fête de l’Assomption, que Marie nous guide sur le chemin véritable qui mène au Christ. Elle a su faire de sa vie une offrande agréable aux yeux de Dieu. Elle saura toucher nos cœurs et nous orienter vers l’unique nécessaire : son Fils, Jésus le Sauveur. Amen.
 
(Photo de la Dormition de Marie, Fresque de l'église orthodoxe de Zagreb)

samedi 10 août 2013

19ème dimanche ordinaire C - 11 août 2013

Restez en tenue de service !



Pendant longtemps, et cela reste quelquefois vrai aujourd’hui encore, nous avions les vêtements pour la semaine et le vêtement du dimanche. Et l’on ne confondait pas les deux. D’ailleurs, quand quelqu’un se faisait particulièrement beau, on disait qu’il s’était endimanché. C’était une manière de marquer la particularité de ce jour, sa prééminence sur les autres jours. C’était une manière de rappeler aussi que ce jour-là, on ne travaillait pas. Il y avait assez des autres jours pour porter la tenue de service ; le dimanche, c’était un autre jour, un autre rythme, et le vêtement le démontrait. Or voilà que nous venons d’entendre le Christ lui-même dire à ses disciples : restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Nous aurait-on menti ? Avons-nous eu tort de nous endimancher, de laisser là notre tenue de travail ? Sommes-nous bien habillés ce matin ? Je vous propose une réflexion en  deux temps pour essayer d’y voir plus clair. 
 
Premier temps : pourquoi nos ancêtres se sont-ils endimanchés ? Parce que pour eux, ce jour était un jour particulier. C’est encore vrai pour les chrétiens aujourd’hui, même si tous ceux qui portent ce nom n’en ont plus vraiment conscience. Mais ce jour-là, c’est le jour du Seigneur, le jour où nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Chaque dimanche, nous revivons le mystère de Pâques ; chaque dimanche, c’est comme à Pâques. Nous faisons mémoire de toutes les merveilles que Dieu fait pour nous et nous lui rendons grâce pour le don de son Fils sur la croix, don qui nous vaut notre vie et notre salut. C’est un acte tellement fort qu’il vaut bien que l’homme s’arrête, rompe avec le rythme quotidien, pour s’en souvenir et le célébrer. La tenue du dimanche, c’était aussi une manière de dire que l’homme sortait de son ordinaire, de son quotidien pour vivre un autre rythme, le rythme de Dieu. Puisque Dieu avait fait quelque chose d’incroyable pour l’homme, l’homme ferait quelque chose de pas ordinaire pour Dieu. Ce jour-là serait différent ; ce jour-là, l’homme lui-même sera différent, l’homme lui-même vivra différemment. Il vivra ce jour pour et avec Dieu. Jusque-là, ce n’est pas trop compliqué à comprendre. 
 
C’est le deuxième temps de ma réflexion qui vient compliquer les choses ! Car enfin, Jésus dit bien dans l’Evangile : restez en tenue de service ! Aurait-il quelque chose contre le vêtement du dimanche ? Il faut alors nous interroger sur la nature de ce vêtement de service. Qu’est-il donc ? Est-il vraiment le vêtement de travail que nous ne devons jamais quitter ? Mais pourquoi alors nous battre pour les 35 heures ou pour le maintien du repos dominical ? Il nous faudrait donc travailler toujours ? Quel est donc ce vêtement de service ? Et mieux encore, quel est ce service que nous ne devons jamais cesser d’exercer ? 
 
La parabole de l’intendant fidèle et sensé nous apporte, me semble-t-il, un éclairage sur cette question. Ce ne sont pas les serviteurs, que l’intendant doit gérer, qui doivent garder la tenue de service, mais bien l’intendant. La parabole ne nous parle des domestiques que pour mieux souligner le rôle de l’intendant placé à leur tête. Et quel est son rôle ? Selon la parabole, il ne doit pas veiller à ce que les domestiques fassent bien leur travail ; il doit s’assurer que les domestiques aient leur part de blé, au temps voulu. La tenue de service n’est pas tant un vêtement de travail qu’un état d’esprit. Le service permanent dans lequel nous devons rester, c’est d’abord le service de la charité, le service d’autrui. Si l’intendant  maltraite la domesticité au retour inopiné du maître, il sera condamné. Son rôle est bien de veiller au bien-être des autres serviteurs du maître. Chrétiens, n’avons-nous pas à veiller les uns sur les autres ? N’avons-nous pas, au cœur de nos valeurs, au cœur de notre foi, le souci de la charité envers tous ? Il n’y a pas de jours pour être charitable ; il n’y a pas de jours pour s’abstenir de la charité. Voilà un service que nous ne pouvons abandonner. La tenue du service de la charité doit être pour nous comme une seconde peau. 
 
Le vêtement de service peut encore avoir un second sens, complémentaire du premier : c’est aussi, me semble-t-il, le vêtement du service de la prière, et plus particulièrement du service de la louange. C’est le verset suivant qui m’y fait penser : Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Vraiment, je vous le dis : il (le maître) prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. Deux paraboles que Matthieu nous rapporte de l’enseignement de Jésus sur son retour, à la fin des temps, me reviennent ici en mémoire : la parabole des talents et la parabole du jugement dernier. Dans la parabole des talents, le maître, à son retour, chante la louange des serviteurs qui ont fait fructifier leurs talents : serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de chose, je t’en confierai beaucoup : entre dans la joie de ton maître. Dans la parabole du jugement dernier, cela est plus évident encore lorsque le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Oui, le Christ lui-même, établi roi du monde, chante la louange de ses serviteurs. Et il le fait, dans la parabole du jugement dernier, parce que ces serviteurs n’ont jamais quitté le service de la charité : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! Nous retrouvons quelque chose de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie. Le vêtement du service de la charité et le vêtement du service de la prière ne sont qu’un seul et même vêtement : il nous faut connaître la volonté de Dieu en chaque instant pour l’accomplir toujours, au bon moment. 
 
Pour revenir au vêtement du dimanche de nos ancêtres, j’en conclus que nous n’avons pas tort de nous endimancher pour marquer le jour du Seigneur. Nous aurions juste tort de nous « désendimancher » pour ce qui concerne la prière et  la charité. Car chaque jour que Dieu fait pour nous, nous avons à porter le vêtement du service de la charité et de la prière ; chaque jour, nous avons à porter le souci du frère et le souci de Dieu. Si le dimanche est davantage réservé à Dieu, il n’est pas dit que ce jour-là nous sommes autorisés à nous désintéresser des frères ; et il n’est pas interdit, les jours de semaine, de s’occuper aussi et de Dieu, et des frères. Que ceux qui vivent un temps de vacances soient bien convaincus que la prière et la charité n’en prennent jamais, de vacances. Et que ceux qui sont au temps béni de la retraite, soient pareillement convaincus que charité et prière ne seront jamais retraité. 
 
Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Vraiment, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. Je prie Dieu qu’il en soit ainsi pour chacun de nous. Amen.

(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'Evangile, éd. Presses d'Ile de France)

vendredi 2 août 2013

18ème dimanche ordinaire C - 04 août 2013

Quand tout n'est que vanité, que reste-t-il ?



Après avoir entendu comme vous les lectures de ce dimanche, je ne sais trop si c’est un vent de pessimisme ou un vent de réalisme qui souffle sur notre liturgie ! Est-ce qu’effectivement, tout ce que nous faisons, tout ce que nous vivons est vain ? N’y a-t-il donc rien qui donne sens à notre vie ? A quoi bon vivre alors ? Comment vivre ?
Pour l’auteur du livre de l’ecclésiaste, tout est vanité ! C’est un sage qui réfléchit au sens de la vie et des actes que posent les hommes. Et il est plutôt sévère dans son analyse : Vanité des vanités, tout est vanité. Quand on se réfère au texte hébreu, on peut aussi traduire ainsi : De la fumée, dit le Sage, tout n’est que fumée, tout part en fumée. Cela ajoute encore au caractère dramatique de la situation et au fait que la vie de l’homme, c’est du vent… du vent quand elle repose sur les biens à acquérir, sur ce que l’on peut posséder, toujours mieux, toujours davantage. Il ne fait que rappeler ce que nous ne savons que trop bien : nous n’emmenons rien dans la tombe : alors pourquoi se fatiguer ?
Jésus va dans le même sens, dans l’évangile, lorsqu’il avertit : gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme ne dépend pas de ses richesses. Et la parabole qu’il raconte enfonce le clou : à celui qui a amassé tant de blé qu’il ne savait qu’en faire, il est rappelé qu’il n’est qu’un fou et que cette nuit même, on lui redemandera sa vie. Tout est parti d’une question d’héritage soumise à Jésus. C’est une habitude de demander à des sages d’intervenir et d’oser une parole dans des situations que nous savons par expérience difficiles. Jésus refuse d’entrer dans le jeu qui lui est proposé. Il rappelle, comme l’Ecclésiaste la vanité d’une vie fondée sur les seuls biens. Mais il dépasse l’Ecclésiaste en ce qu’il propose une autre voie, une autre manière de vivre. Il invite les hommes à être riche en vue de Dieu. Lui seul peut donner sens à notre existence, lui seul nous évite de n’être que fumée, vanité.
Nous sommes alors heureux d’avoir entendu saint Paul, dans sa lettre aux Colossiens : vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en-haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Le but de votre vie est en haut, et non sur la terre. Et voici que notre horizon s’ouvre, que notre vie prend sens : nous sommes destinés à être avec Dieu, toujours. Mais pas seulement plus tard ; non, c’est dès maintenant que nous sommes au Christ et que le Christ est à Dieu. Dès maintenant, nous sommes ressuscités ; dès maintenant, nous avons à vivre selon la loi du Christ : Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre… débarrassez-vous des agissements de l’homme ancien qui est en vous, et revêtez l’homme nouveau.
Si vous avez suivi un peu les JMJ de Rio, vous aurez compris que c’est la ligne de conduite que le pape François nous invite à suivre. Il a dit, entre autre, aux jeunes rassemblés sur la plage de Rio : Je voudrais que tous, nous nous demandions avec sincérité : en qui mettons-nous notre confiance ? En nous-mêmes, dans les choses, ou bien en Jésus ? Nous sommes tentés de nous mettre au centre, de croire que nous sommes seuls, nous, à construire notre vie, ou que celle-ci est rendue heureuse par la possession, par l’argent, par le pouvoir. Mais il n’en est pas ainsi ! Certes, l’avoir, l’argent, le pouvoir peuvent donner un moment d’ébriété, l’illusion d’être heureux ; mais, à la fin, ce sont eux qui nous possèdent et nous poussent à avoir toujours plus, à ne jamais être rassasiés. Mets le Christ dans ta vie, mets en lui ta confiance et tu ne seras jamais déçu ! Voyez, chers amis, la foi accomplit dans notre vie une révolution que nous pourrions appeler copernicienne, parce qu’elle nous enlève du centre et le rend à Dieu… La foi est révolutionnaire !
Si l’Ecclésiaste peut dire avec raison, que tout n’est que vanité, tout part en fumée, c’est parce qu’il a vu ce que produisait une vie sans Dieu : du vent, du vide, du creux. Si le Christ, et Paul et le pape François trouvent que la vie vaut la peine, qu’elle est porteuse de sens, porteuse d’avenir, s’ils trouvent que la vie, ce n’est pas du vent, ce n’est pas du creux, ce n’est pas de la fumée, c’est parce qu’ils ont en commun d’être tournés vers Dieu, le seul qui donne sens à notre vie, le seul qui tient la route face aux vanités du monde. Entrons dans cette révolution de la foi ; laissons Dieu devenir (ou redevenir) le centre de notre vie. Laissons le Christ devenir notre tout, et nous sortirons du pessimisme ambiant qui ne fait que nous replier sur nous-mêmes ; laissons le Christ devenir notre tout, et nous nous ouvrirons les uns aux autres et nous deviendrons, selon le mot du pape François les constructeurs d’une Eglise plus belle et d’un monde meilleur. Amen.
 
(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)