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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 30 novembre 2019

1er dimanche de l'Avent A - 1er décembre 2019

Utopie ou réalité, la vision d'Isaïe ?






            Utopie ou réalité, la vision du prophète Isaïe entendue en première lecture ? Utopie ou réalité, le désir de paix qui habite de nombreux hommes, femmes et enfants à travers le monde en ce premier jour du mois de décembre ? Il faut relire cette belle page du prophète pour comprendre, qu’avec Dieu, nos utopies peuvent devenir réalité. 

            Ce qu’Isaïe annonce, c’est une vision qu’il a eue. Mais attention, lorsque l’on dit que les prophètes (parce qu’Isaïe n’est pas le seul) ont des visions, nous ne sommes pas chez Madame Irma. Isaïe, pas plus que les autres prophètes d’ailleurs, n’est un devin ; il est un visionnaire. Dieu lui fait entrevoir le monde tel que Lui le voit. En cela, notre lecture du jour est surprenante parce qu’elle montre qu’un jour, le désir de Dieu et le désir des hommes ne feront plus qu’un. Dieu élèvera Jérusalem au plus haut, faisant d’elle la lumière pour les nations. Les nations, pour leur part, iront volontairement et joyeusement à la rencontre du Seigneur sur sa montagne. Le désir de Dieu, qui est de sauver tous les hommes, trouvera un écho favorable dans le désir des hommes d’être sauvés. C’est un monde nouveau qu’il est donné de contempler à Isaïe. Un monde où la paix sera réalité parce que les hommes n’apprendront plus la guerre. Ils transformeront toutes leurs armes de destruction en outils utiles aux hommes : de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Ils n’apprendront plus la guerre. Est-il plus belle manière, et plus forte manière de dire que la guerre n’est pas une nécessité inévitable ? La guerre ne serait donc pas quelque chose qui nous tombe dessus, mais quelque chose que nous avons cherché, que nous avons appris. Pour vivre en paix, il suffirait donc de désapprendre la guerre, de désapprendre les conflits toujours inutiles, basés sur des motifs futiles. Au lieu d’apprendre la guerre, nous pourrions apprendre la paix, la paix que Dieu nous offre, la paix qui rassemble les nations, la paix qui construit un monde plus juste et plus fraternel. Ce qu’Isaïe annonce parce qu’il l’entrevoit de Dieu lui-même, les hommes peuvent le réaliser s’ils [marchent] à la lumière du Seigneur. 

            Nous comprenons alors pourquoi l’Eglise nous fait relire les prophètes, et Isaïe en particulier, durant le temps de l’Avent. Ce qu’ils ont annoncé aux hommes de leurs temps, reste vrai pour nous aujourd’hui. Ce qu’ils ont annoncé aux hommes de leur temps, nous croyons que Dieu l’a réalisé – et le réalise toujours – par le don de son Fils Jésus, venu dans notre monde. Puisque l’Avent que nous inaugurons aujourd’hui, nous prépare aux fêtes de Noël, comprenons que cette fête, ce n’est pas seulement accueillir l’Enfant Dieu, mais accueillir le monde tel que Dieu le voit, tel que Dieu le veut. Si les hommes ne veulent pas du monde tel que Dieu le voit, il pourra bien s’incarner mille fois, s’abaisser à notre taille dix mille fois, nous n’arriverons jamais à sa taille à lui. Si nous ne désapprenons pas la guerre, si nous n’apprenons pas la paix, jamais Dieu, quand bien même il deviendra l’un de nous, ne pourra sauver le monde. Si nous tenons à nos conflits, si nous tenons à nos mesquineries, si nous tenons à nos armes, la terre ne pourra pas être labourée par les socs de la Parole de Dieu. Si nous tenons à nos langues mauvaises, à nos insinuations perfides, à nos jugements péremptoires, jamais la lumière du Seigneur ne pourra nous éclairer et nous attirer. Puisque nous marchons vers Noël, nous devons entrer dans ce mouvement qui transforme tout ce qui détruit en source de construction. Le monde nouveau, le monde de paix ne se fera pas malgré nous ; mais il viendra plus vite grâce à nous. Chacun est important dans cette réalisation. Chaque petit effort individuel vers plus de paix rejoindra le désir de Dieu de sauver les hommes. Chaque petit effort individuel vers la paix aidera Dieu dans la réalisation de son projet d’amour pour tous. Il n’y a pas un peuple qui ne soit pas concerné ; il n’y a pas un homme qui ne soit pas concerné. 

            L’utopie d’Isaïe, l’utopie de tant d’hommes et de femmes qui désirent ardemment vivre en paix, deviendra réalité, si nous commençons, ici et maintenant à la construire. Peut-être faut-il commencer par rêver davantage cette paix possible entre tous les peuples du monde. Peut-être faut-il rêver davantage ce monde nouveau pour désirer le réaliser et s’y mettre concrètement. Comme le dit si souvent le pape François, en cette matière aussi, la politique des petits pas est efficace. Un pas l’un après l’autre, un nouveau petit pas chaque jour, et notre utopie sera notre réalité, parce que nous l’aurons construite, pas à pas. Marchons à la lumière du Seigneur, contemplons le monde qu’il voit et désire, pour le désirer à notre tour et déjà le construire. Amen.





(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année A, Les Presses d'Ile de France) 

samedi 23 novembre 2019

Christ Roi de l'univers - 24 novembre 2019

Roi sur la croix, Roi pour la Vie.






En ce dernier dimanche de l’année liturgique, l’Eglise récapitule toute l’histoire de Jésus dans cette belle solennité du Christ Roi de l’univers. Elle nous permet de reprendre tout ce que nous avons vécu durant cette année de compagnonnage avec Jésus. Des quatre textes entendus, deux sont particulièrement significatifs de cette récapitulation de l’histoire : la deuxième lecture et l’Evangile. En cette année, nous clôturons ainsi les dimanches avec la relecture d’un extrait de la Passion selon Luc (Jésus en croix entouré des deux larrons) et ce bel hymne de l’épître aux Colossiens. 

Il peut sembler surprenant de finir l’année liturgique par un épisode de la Passion. Certains peuvent penser que, célébrant le Christ Roi, la puissance de la résurrection eut mieux convenu. Un roi ne se doit-il pas d’être puissant, majestueux, imposant respect et crainte à ses sujets ? Jésus en croix n’est ni majestueux, ni puissant (il va mourir), ni sujet d’un grand respect de la part de ceux qui sont au Calvaire, à regarder l’événement. Cloué en croix, Jésus ne fait plus peur à personne ; il suffit d’observer les réactions de tous ceux qui ont contribué à ce moment de l’histoire de Jésus : Les chefs tournaient Jésus en dérision… les soldats aussi se moquaient de lui… un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le respect dû à un roi en prend un coup ! Et j’ose à peine mentionner le fait que Jésus est suspendu en croix, nu comme un ver ! Le déshonneur est total, l’abaissement à son comble ! En matière d’irrespect, l’homme ne peut tomber plus bas. Pourtant, nous dit la liturgie, c’est là sur la croix, que Jésus se révèle le mieux le roi de l’univers. Si pour ces adversaires, sur la croix, Jésus meurt, pour nous qui avons une vue plus globale de l’histoire, sur la croix, Jésus combat le Mal ; sur la croix, Jésus se bat pour les hommes ; sur la croix, se dessine déjà le royaume à venir. Le second larron semble l’avoir saisi mystérieusement, lui qui reprend son complice dans le crime : Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste ; après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. Et s’adressant à Jésus, il ajoute : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. Ça ne s’invente pas ! Soit vous avez la révélation de Dieu du mystère qui se joue, et avec celui que la tradition appelle désormais le bon larron, vous reconnaissez sur la croix déjà la gloire à venir de Jésus ; soit vous n’avez pas de révélation, et avec les chefs, les soldats et l’autre larron, vous vous moquez de Jésus. Il n’y a pas d’autre voie possible. 

Si vous appartenez à ceux qui reconnaissent déjà la gloire du Christ lorsqu’il est en croix, alors vous rejoignez tous ceux qui, depuis Paul, chantent l’hymne de l’épître aux Colossiens. Elle récapitule la foi chrétienne qui est louange au Père et au Fils sous la conduite de l’Esprit Saint qui a fait comprendre à Paul le mystère de la rédemption. Paul reconnaît l’œuvre du Père, qui par son Fils, offre le salut à tous les hommes. Notre rédemption renvoie à la coutume du rachat qui, dans la tradition juive, oblige un homme, au nom des liens du sang, à se porter garant de la liberté d’un membre de sa famille, qui se trouve dans une situation d’endettement ou d’esclavage. C’est bien la situation des hommes lorsqu’ils vivent sans Dieu. Ils sont endettés par le péché, réduit par lui en un esclavage dont ils ne peuvent se sortir eux-mêmes. Jésus, par sa croix, nous rachète à grand prix. Il se porte garant de nous, affirmant ainsi que nous sommes de son sang, de sa famille. Il se fait notre frère en humanité, lui qui est l’image du Dieu invisible. L’hymne s’achève par le rappel de la grandeur de Jésus, sa royauté, puisque toute la création trouve en lui son origine : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre… en lui tout est réconcilié… en lui, par le sang de sa croix, la paix est faite, sur la terre et dans le ciel. N’est-ce pas là ce que devrait être l’œuvre d’un roi : assurer la vie et la paix de ses sujets ? Tout cela Jésus le fait par l’offrande de sa vie. La préface de ce jour le chante admirablement : Tu as consacré Prêtre éternel et Roi de l’univers ton Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur, afin qu’il s’offre lui-même sur l’autel de la croix en victime pure et pacifique pour accomplir les mystères de notre rédemption. Il n’y a pas, pour Jésus, d’autre manière d’être roi que de se faire le serviteur du salut de tous par la croix. Celui qui, avant sa mort, invitait ses disciples au service par le signe du lavement des pieds, leur donne, sur la croix, l’exemple du service parfait, le service qui sauve le monde, l’amour donné jusqu’au bout. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Là est la vraie royauté, la vraie dignité d’un homme. 

Toute notre année liturgique nous aura conduit là, à la découverte que Jésus veut régner sur nos vies, non à la manière d’un tyran, mais à la manière d’un serviteur qui veut le meilleur pour nous : il devient ainsi notre vie, notre sainteté, notre paix, et nous pouvons vivre dans sa grâce, dans sa vérité, dans sa justice et dans son amour largement répandu. Après tant d’amour manifesté pour nous, nous aurions mauvaise grâce à ne pas le célébrer aujourd’hui comme Roi de l’univers. Réjouissons-nous d’être de la famille d’un tel roi et proclamons au monde les merveilles qu’il a faites pour le salut de tous les hommes. Amen.




samedi 16 novembre 2019

33ème dimanche ordinaire C - 17 novembre 2019

Ah ! La fin des temps ! 






Ah, la fin des temps ! Voilà une question ancienne, toujours actuelle, qui inquiète quelquefois, interroge souvent. Quand aura-t-elle lieu ? Qui sera sauvé ? Comment cela se passera-t-il ? Quels signes que c’est le moment ? J’en passe et des meilleurs ! Même la fin du siècle dernier, pour déchristianisée que fut notre société, n’a pas échappé à ses prédictions, à ses prophètes de malheurs… Il ne suffit pas de ne plus croire en Dieu pour ne pas être affecté par la question. Est-ce qu’être croyant alors apporte un plus quant à cette question ? J’aime à le croire ! 

Précisons tout de suite que cela n’apporte pas quelques connaissances secrètes qui nous prémuniraient contre l’événement ; avoir foi en Dieu ne vaccine pas contre la fin des temps. Mais peut-être contre les angoisses liées à ce moment de l’Histoire des hommes. Car la première chose que notre foi nous apprend sur le sujet, c’est que ce moment aura lieu. Quand ? Il n’appartient à personne de le dire ou de le savoir avant les autres, si ce n’est à Dieu. Mais notre foi nous indique que ce moment n’est pas si catastrophique que cela, au sens où il n’est pas une malédiction. Bien au contraire, notre foi nous apprend que toute l’Histoire des hommes est une histoire orientée vers ce moment qui, loin d’être la fin de l’Histoire, est plutôt à comprendre comme l’accomplissement de l’Histoire des hommes ; cette histoire qui, selon notre foi, est d’abord une histoire d’amour entre Dieu, le Créateur, et les Hommes, sa création. Ce que certains appellent la fin des temps n’est autre que le jour tant attendu du retour définitif du Christ dans sa gloire. Pourquoi le craindrions-nous ? 

Parce que nous aurions beaucoup péché avant ? Mais, si nous savons que ce jour doit arriver sans en connaître l’échéance, si nous savons que le péché déplait fortement à Dieu, pourquoi ne pas nous convertir alors ? La conversion n’est-elle pas le meilleur moyen d’entrer dans la grâce de Dieu ? Si la prophétie entendue du prophète Malachie nous inquiète et noue effraie, convertissons-nous ! Toute la Bible nous apprend que cela est toujours possible, que Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion et sa vie ! Serait-ce que nous aimions le péché plus que Dieu en attendant ce jour glorieux du retour de son Christ ? Serions-nous comme ces enfants qui, les parents s’étant absentés pendant quelques jours, font une grande fête à la maison, ne respectant plus rien, et se disant qu’il sera bien temps de tout remettre en ordre quand ils entendront le bruit de la voiture parentale ? Imaginons-nous toujours Dieu comme l’éternel rabat-joie qui nous empêcherait de vivre, et qui serait terrible au moment de son retour ? 

Ce même Dieu pourtant, par sa Parole incarnée en Jésus, ne cesse de nous dire qu’il nous aime, qu’il veut notre bonheur et notre vie, ici-bas comme au-delà ! Pourquoi avons-nous tant de mal à le croire ? Pourquoi avoir tant de peur en nous encore ? Ce à quoi la liturgie de ce dimanche nous invite, c’est à la persévérance dans la foi, vécue non comme un étouffoir, mais comme une libération réelle de toutes les forces qui nous empêchent justement de vivre libres et heureux. Ne vous précipitez pas derrière le premier venu qui criera : c’est moi le Messie ; ou c’est maintenant le jour du salut. Pour le croyant, chaque jour n’est-il pas un jour de salut ? Il n’y a pas à redouter davantage le dernier jour que le jour présent ou le jour suivant ce jour. Nous n’avons pas à vivre dans la crainte de ce qui pourrait arriver, quand bien même des événements terribles auraient lieu. Des guerres, des tremblements de terre, des famines, des épidémies, des phénomènes inquiétants, l’humanité en a connu et en connaîtra sans doute encore. Ce ne sont là que des résultats de phénomènes naturels pour les uns ou de la méchanceté des hommes pour les autres. Qu’ils nous inquiètent ou nous effraient est une chose ; mais ils ne sauraient nous détourner de Dieu. Dans tout cela, nous avons la certitude que Dieu est avec nous, qu’il nous accompagne et même qu’il nous inspirera un langage et une sagesse à laquelle tous [nos] adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Qu’en tant que croyants nous puissions être poursuivis, persécutés ne doit pas davantage nous effrayer ; même si la perspective ne semble guère réjouissante, nous avons cette assurance : pas un cheveu de [notre] tête ne sera perdu ; c’est par notre persévérance que [nous gagnerons] notre vie. 

Si notre Histoire a un sens (elle est orientée vers le retour du Christ), les événements qui la composent peuvent ne pas en avoir, de sens, et nous dérouter. Mais notre foi nous offre une espérance plus grande et plus forte que toutes ces tribulations. Vivons notre vie, vivons notre foi avec la certitude de n’être pas seuls, avec la certitude d’être accompagnés par Dieu lui-même. Nous lui avons confié notre vie ; il nous a confié le secret pour la vivre réellement, sans crainte des hommes, sans crainte du jugement. Ce secret, c’est le Christ Sauveur. Vivons de lui, sereinement ici-bas ; et nous vivrons avec lui sereinement ce moment heureux de son retour. Tout le reste n’est que littérature. Pourquoi nous effrayer de ce que nous espérons ? Aurions-nous si peu confiance en l’amour de Dieu pour sa création ? Devant l’adversité, reprenons courage et, avec le psalmiste, [acclamons] le Seigneur, car il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture. Il n’y a rien à craindre du seul Juste qui s’est livré pour notre salut, si ce n’est qu’il réalise vraiment ce pourquoi il s’est livré. Partager sa vie pour toute éternité est une chose à laquelle je survivrai ! Amen.



(Tableau En route vers l'union de Yvette METZ, Série Les enfants d'Abraham)




samedi 9 novembre 2019

32ème dimanche ordinaire C - 10 novembre 2019

Je crois à la vie éternelle. 





Que nous proclamions notre foi avec le texte de Nicée-Constantinople ou avec le symbole des Apôtres, nous terminerons toujours par la même affirmation : nous attendons la vie du monde à venir pour le premier texte ; nous croyons à la vie éternelle pour le second.  Des mots différents, mais une même réalité qui est proclamée : nous sommes faits pour vivre avec Dieu et en Dieu pour toute éternité. 

La foi de l’Eglise s’appuie ainsi sur l’expérience faite par les premiers Apôtres au matin de Pâques. Celui qu’ils ont vu en croix, celui qu’ils ont mis au tombeau, celui-là, trois jours après, se montre vivant. Que la foi en la résurrection de Jésus ait été instantanée, et qu’elle ait transformée immédiatement la vie des Apôtres, serait difficile à soutenir. La multiplicité des récits d’apparition nous le prouve, si besoin était. La peur qui retient ces mêmes Apôtres enfermés jusqu’au jour de la Pentecôte dit bien leur difficulté à saisir les implications pour tous les hommes de cette résurrection de Jésus, bien que cette espérance en la vie après la mort ne fût pas neuve pour autant. Nous l’avons entendu dans la première lecture, tirée du deuxième livre des Martyrs d’Israël. Au long des siècles, à force de réfléchir et d’approfondir la foi en Dieu, se fait jour, au sein du peuple de Dieu, que la mort ne saurait être le dernier mot de l’histoire humaine ; que l’alliance conclue entre Dieu et les hommes ne s’entendait pas seulement pour la vie terrestre, mais qu’elle était une alliance pour toute la vie. Rappelons ici que ce n’est pas la vie qui s’oppose à la mort, mais bien la naissance. C’est par la naissance que je viens sur terre ; c’est par la mort que je quitte cette terre. La vie, c’est ce qui existe dès lors que je suis façonné dans le sein de ma mère ; la vie, c’est mon quotidien sur cette terre ; la vie, c’est ce qui se poursuit au-delà de ma présence sur terre. Nous faisons nôtre l’espérance manifestée dans les textes les plus récents de la Première Alliance et qui s’exprime ainsi dans la première lecture : le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. 

Nous comprenons, de la proclamation de l’Evangile, que cette foi en une vie éternelle n’a jamais été simple. A l’époque de Jésus lui-même, les pharisiens y croient, sur le mode de la reprise de la vie telle que nous l’avons connue sur terre, alors que les sadducéens n’y croient absolument pas. C’est pour cela qu’ils attaquent Jésus avec cette histoire qui confine à l’absurde : une femme a épousé un homme qui avait six frères. Celui-ci étant mort sans laisser d’enfant, elle épouse, par respect pour la loi, le suivant, qui meurt à son tour sans descendance… et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle ait épousé les sept. La ficelle est grosse, la question à peine téléguidée : de qui sera-t-elle la femme à la résurrection ? Jésus répond, sans toucher à la question initiale. Car ce qui importe pour lui, ce qui devrait importer pour nous tous, ce n’est pas tant comment cela se passera, mais plutôt que cette résurrection soit bien notre réalité future. Ce qui importe, c’est que nous soyons convaincus que l’amour que Dieu nous porte ne saurait nous laisser aller à la mort sans intervenir encore en notre faveur. Ce qui compte, c’est que nous croyions au vrai Dieu, au Dieu des vivants, au Dieu qui fait jaillir la vie malgré la pierre fermant l’entrée du tombeau. Ce que nous croyons de Jésus (Dieu l’a ressuscité des morts), nous pouvons le croire pour nous (Dieu nous ressuscitera) à cause de Jésus. Jésus ne s’est pas livré à la mort pour le plaisir de monter sur une croix. Il s’est livré à la mort pour que nous partagions sa victoire, pour que nous partagions sa vie. 

Si c’est bien l’amour de Dieu offert en Jésus Christ qui nous vaut la vie éternelle, nous comprenons que cet amour ne fondra pas sur nous magiquement à la fin de notre vie, si nous nous obstinons à le refuser. Il nous faut croire que Dieu nous aime, dès ici-bas ; il nous faut croire que Dieu veut notre vie, qu’il en est la source depuis le premier jour de notre conception, qu’il en est la permanence au-delà de notre vie sur terre. L’alliance que Dieu contracte avec nous par notre baptême est une alliance pour la vie, une alliance pour plus de vie, une alliance pour la vie éternelle. Il nous faut vivre dès maintenant comme des ressuscités, pour que notre foi en Jésus mort et ressuscité, et notre art de vivre, conforme à son enseignement, nous fassent passer la mort pour nous conduire à la joie éternelle. A ceux qui comme les sadducéens s’interrogent sur le comment, il n’est laissé que le choix de croire. A ceux qui croient est donnée l’espérance de cette vie éternelle, espérance fondée sur l’amour inextinguible de Dieu pour chacune de ces créatures. Croyons en cet amour de Dieu pour nous ; vivons de cet amour dès maintenant, et toute notre vie sera plongée dans cet amour divin, dès maintenant et pour toujours. Amen.






dimanche 3 novembre 2019

31ème dimanche ordinaire C - 03 novembre 2019

Zachée, Jésus et les autres ! 






Il a un côté attachant, Zachée, à vouloir faire à tout prix ce que les autres lui refusent, voir Jésus. On ne sait rien de sa motivation profonde ; est-ce juste un peu de curiosité ? L’envie de ne pas être, encore une fois, à l’écart des autres au moment où est annoncée la venue de Jésus ? La réputation de ce prédicateur de Galilée le précède, si bien que, ne pas être sur le bord du chemin qu’il doit emprunter, ce serait être has been ! C’est l’événement mondain qu’on ne saurait manquer, Zachée encore moins que les autres. Après tout, il n’est pas n’importe qui ; il est le chef des collecteurs d’impôts, pas très aimé, pas fréquentable mais important !  S’il lui faut faire l’enfant et grimper dans un arbre, qu’à cela ne tienne. Il verra Jésus, et mieux que les autres ! 

Il a un côté surprenant Jésus, à être toujours là où on ne l’attend pas, à faire ce que les autres jugent scandaleux et à enrober le tout d’une leçon théologique pour débutants. Il est celui que Zachée voulait voir ; il est celui qui voit Zachée. Personne ne lui demandait rien, à Jésus ; il devait juste passer là, et voilà qu’il s’arrête et parle à un arbre ! Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. On dirait qu’il s’adresse à un vieux copain qu’il n’a pas vu depuis longtemps et avec qui il a hâte de prendre un repas. Comme des retrouvailles après une trop longue absence. On dirait que Jésus avait prévu tout cela : aujourd’hui il faut que… Rien d’autre à l’agenda que cette rencontre. C’est dire l’urgence et l’importance de la rencontre ; si Zachée, perché dans son sycomore, n’était pas invité à en descendre, on aurait pu parler de rencontre au sommet. Descends vite marque bien l’urgence qui est celle de Jésus. C’est l’urgence du salut de Zachée qui est ainsi exprimée par Jésus. Un peu comme s’il disait : c’est aujourd’hui ou jamais ! Quand Dieu passe dans ta vie, tu ne peux pas toujours te cacher comme jadis Adam et Eve au Paradis, après avoir transgressé l’ordre de Dieu ! Ce qui se joue ici avec Zachée, c’est le grand drame de Dieu qui passe dans la vie des hommes, et qui quelquefois échoue à les rencontrer, à les approcher, parce qu’ils sont trop bien cachés, parce qu’ils sont trop sourds à ses appels. Notre salut passera par nos oreilles et notre capacité à entendre la voix du Seigneur. Zachée en est la preuve ! 

Ils ont un côté énervant, ces éternels râleurs, jamais satisfaits de ce que fait Jésus. Voyant ce qui se joue sous leurs yeux ébahis, tous récriminaient. Pas quelques-uns, pas uniquement des scribes et des pharisiens, ses éternels contradicteurs ; non, souligne Luc : tous. Tout une ville contre un seul homme ! Et on mesure soudain la solitude qui doit être celle de Zachée à Jéricho. Pas un pour se réjouir de ce qui se passe pour lui ! Pas un pour se réjouir de voir Zachée appelé à faire partie à nouveau de la communauté humaine, de la communauté croyante. Pas un pour se dire : il en a de la chance, Zachée. Non, tous récriminent ! L’homme sait le faire, et bien le faire. C’est toujours l’autre qui a de la chance ; c’est toujours l’autre qui profite de tout ; c’est toujours l’autre qui … Ils ne se rendent même plus compte qu’ils sont avec Jésus, eux-aussi. Ils ne se rendent pas compte de ce que cela signifie pour eux le fait que Zachée, sans doute le plus grand pécheur reconnu de Jéricho, s’entende ainsi appelé par Jésus. Si Jésus appelle le plus grand des pécheurs et se réjouit d’être avec lui, ne se réjouit-il pas aussi de la présence de tous les autres ? Ils ne veulent voir que le scandale là où il n’y a que grâce ! Ils ne veulent voir que le scandale là où il n’y a qu’amour gratuit. C’est sûr, ce n’est pas la charité qui les étouffe ! 

Elle a un côté rassurant, cette rencontre entre le pécheur Zachée et le Juste Jésus. Elle nous redit que nous pouvons compter toujours sur la miséricorde de Dieu. Elle nous dit que le désir de voir Jésus qui nous anime rencontrera toujours le désir de nous sauver qui anime Jésus. Là, sur un chemin poussiéreux, sous un arbre, se joue la rencontre entre l’humanité en manque d’amour et Jésus, signe de l’immense amour de Dieu pour nous. Cette rencontre a lieu alors que Jésus se rend à Jérusalem pour y être livré, condamné et crucifié. Jéricho ne serait donc pas qu’une étape sur la route, mais un signe donné aux hommes qu’ils peuvent toujours et encore se convertir ; ils peuvent toujours et encore se réjouir avec Jésus. Le temps approche où il sera enlevé ; le temps approche où il sera trop tard. Zachée l’a compris ; les autres récriminent encore ! Pourtant, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Réjouissons-nous pour Zachée, réjouissons-nous pour nous. Ce qui est advenu pour lui peut devenir notre réalité si nous savons entendre la voix de Jésus qui nous appelle : eh toi, descends vite ; aujourd’hui, il me faut demeurer chez toi ! Amen.