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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 30 mai 2014

07ème dimanche de Pâques A - 01er juin 2014

Un dimanche pour entrer dans la prière de Jésus.




Coincé entre l’Ascension et la Pentecôte, ce septième dimanche de Pâques peut nous sembler de moindre importance. Il fait le lien entre le départ du Christ et le don de l’Esprit Saint. Pourtant, nous aurions tort de le prendre pour un petit dimanche, existant seulement pour satisfaire une règle mathématique élémentaire : des 40 jours après Pâques marquant l’Ascension aux 50 jours après Pâques de la Pentecôte, il y a dix jours, et donc forcément un dimanche. Ce dimanche nous est donné pour entrer dans la prière de Jésus, pour faire nôtre sa prière au soir de sa mort. 
 
N’est-ce pas là l’attitude des disciples après que Jésus fut enlevé au ciel ? Ils rentrent à Jérusalem, se retrouvent à la maison, et d’un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes, dont Marie… Sans doute est-ce la seule chose qui est nécessaire à ce moment-là ! N’ont-ils pas reçu de Jésus une mission lorsqu’il s’est élevé dans sa gloire ? Celle de faire de tous les hommes des disciples ? Nous pouvons comprendre que ces hommes et ces femmes réunis dans l’attente de l’Esprit Saint, qui sera leur force pour cette mission, n’aient trouvé rien de plus important à faire que de prier, c’est-à-dire se relier à ce ciel vers lequel Jésus est monté. En se mettant en prière, en attendant la venue de l’Esprit Saint, ils manifestent leur désir d’être là où est Jésus, d’être avec Jésus, toujours. N’est-ce pas ce que la liturgie de ce dimanche nous invite à faire aussi dès l’ouverture de la célébration ? Notre première prière en ce dimanche commençait par ces mots : Entends notre prière, Seigneur ! Avant de nous lancer dans une quelconque mission d’Eglise, ce devrait être là notre attitude fondamentale : nous relier au ciel, entrer en relation avec lui pour que le Christ soit avec nous, comme il nous l’a promis. Ce que nous réaliserons sera alors vraiment mission d’Eglise et non activisme débordant. 
 
La prière, n’est-ce pas ce que recommande Pierre, dans sa première lettre au chrétien persécuté à cause de sa foi ? Si c’est comme chrétien [qu’on le fait souffrir], qu’il n’ait pas de honte et qu’il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien. Rendre gloire à Dieu est bien un des buts de la prière. Ce nom de chrétien, que nous devons porter avec fierté, est LE nom qui nous relie au Christ. Ce nom, dans les Actes des Apôtres, n’est pas choisi par les disciples ; il leur est donné par ceux qui ne le sont pas pour les distinguer des autres, pour manifester leur appartenance au Christ, dont les croyants disent à tous qu’il est mort et ressuscité. Ce nom dit notre foi ; ce nom dit la reconnaissance que les non-chrétiens ont de ce que nous sommes en vérité : nous appartenons au Christ et nous portons ainsi son propre nom. Nous sommes identifiés à lui ; nous sommes « Lui » par le baptême ; nous devons en rendre gloire à Dieu ; nous devons lui dire notre reconnaissance. 
 
Jésus, dans sa prière que nous avons entendu dans l’Evangile, vient nous redire pourquoi nous devons rendre gloire à Dieu pour ce nom. Ce nom d’abord nous obtient la vie éternelle puisqu’il est porté par ceux et celles qui ont été donnés par le Père au Christ. La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Mais Jésus va plus loin dans son enseignement sur ce que doit ou peut être notre prière. La prière de Jésus dans laquelle nous devons entrer est cette prière qui nous fait souvenir que nous sommes au Christ, et donc que nous sommes à Dieu comme le Christ est à Dieu. Sa prière pour nous montre son désir de nous voir fidèles à ce qu’il est, fidèles à sa mission, fidèles à sa Parole. Entrer dans la prière du Christ, c’est demander à Dieu pour nous, cette même fidélité dans un monde qui ne nous y encourage pas. Notre salut vient de ce que le nom de Jésus a été prononcé sur nous ; notre salut sera toujours dans notre fidélité à ce nom. 
 
En attendant que souffle sur nous le grand vent de l’Esprit qui nous communiquera la force du Christ, restons dans cette prière de Jésus ; ce qu’il demande pour lui (que le Père le glorifie), nous pouvons le demander pour nous. La prière liturgique de ce dimanche n’hésite pas d’ailleurs. Dans la prière sur les offrandes, nous demanderons que cette liturgie, célébrée avec amour, nous fasse passer à la gloire du ciel. Et après la communion, nous insisterons encore davantage en priant Dieu ainsi : que notre communion au mystère du salut nous confirme dans cette assurance que tu glorifieras tout le corps de l’Eglise comme tu as glorifié son chef, Jésus Christ. Notre prière rejoint bien la prière du Christ avant sa mort, et sa promesse que nous serons là où il sera, pour toujours unis à lui, en lui, par lui. 
 
Ce dimanche n’est donc pas un petit dimanche. Il n’existe pas de petit dimanche d’ailleurs. Il n’existe que des dimanches vécus petitement s’ils ne sont pas vécus en communion avec Jésus, dans une reprise inlassable de sa prière pour ses disciples. N’ayons pas honte de ce que nous sommes ; n’ayons pas honte de ce qui nous est demandé en ce premier jour de la semaine. Et toujours nous resterons fidèles à la prière commune, comme les premiers disciples, attendant que l’Esprit Saint nous renouvelle pour la mission. Amen.

 (Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

mercredi 28 mai 2014

Ascension A - 29 mai 2014

Un jour pour entrer dans une espérance !



Cela devait bien arriver ; c’était dans la logique de Pâques et pourtant, ce jour a un je-ne-sais-quoi de paradoxal. Jésus s’en va, nous ne le verrons plus comme les disciples l’ont vu ; c’est désormais une certitude. Nous pouvons légitimement en ressentir quelque tristesse. Mais en même temps, comment ne pas nous réjouir de ce départ, puisqu’il marque le retour vers le Père de ce Fils qui a accompli en tout sa parole et son dessein d’amour ? Avec ce retour, c’est notre chemin vers Dieu qui s’ouvre. Ce jour de l’Ascension nous est donné pour que nous entrions dans une espérance. Une triple espérance même. 
 
Première espérance : le Christ ne nous abandonne pas ! Il s’en va vers son Père, mais il reste avec nous : je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. C’est bien la promesse qu’il fait à ses disciples dans l’évangile de cette fête. Il part, mais il est en chacun de nous. Ce Dieu qui s’est incarné reste présent au cœur de ces amis qu’il envoie faire des disciples : baptisez-les, apprenez-leur à garder mes commandements. Dans la prolongation de son œuvre de salut par les disciples, c’est bien Jésus qui continuera d’être à l’œuvre. C’est bien sa parole qui doit être enseignée, ses commandements qui doivent être gardés. Rien n’est fini de l’histoire de Jésus : tout commence, au contraire ! Et avec quelle puissance ! Jésus n’est plus seul à enseigner, Jésus n’est plus seul à parcourir les routes humaines pour inviter à la conversion : ces disciples vont prendre le relais, portant chacun en lui la présence du Ressuscité. Avec cet envoi en mission, c’est le Christ qui est démultiplié, c’est son œuvre qui se répand plus vite, plus loin. Tous les hommes pourront avoir accès à sa Parole, tant que les disciples resteront fidèles à la mission reçue au moment même où Jésus s’en va vers son Père ! 
 
Deuxième espérance : Jésus non seulement ne nous abandonne pas, mais en plus il nous envoie quelqu’un, à sa place : l’Esprit Saint ! C’est lui qui donnera aux disciples, à travers le temps et l’espace, la force d’accomplir en tout la mission reçue de Jésus : vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. Ce don de l’Esprit Saint est un cadeau de Dieu à accueillir. Selon l’enseignement de Jésus lui-même, cet Esprit nous enseignera tout, nous permettra de mieux comprendre la vie et l’œuvre de Jésus ; il nous donnera la force de témoigner et sera notre Défenseur dans les épreuves. Nous pouvons nous appuyer sur cet Esprit  pour grandir dans la foi, affermir notre espérance et rendre active notre charité. Cette promesse  n’est pas vaine ; elle n’est pas une simple consolation au moment du départ. Elle est la garantie de la présence de Jésus au milieu de nous en tout temps et pour tous les temps. 
 
Troisième espérance : Jésus non seulement ne nous abandonne pas et nous donne son Esprit, mais il nous assure en plus de son retour. Il l’avait déjà dit à ses Apôtres avant sa mort : Je pars vous préparer une place et je reviendrai vous prendre avec moi. Cette promesse est faite à nouveau par ces hommes en blanc qui apparaissent aux disciples après le départ de Jésus : Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. C’est sans doute la plus grande espérance que nous avons à vivre. Elle tend notre foi vers l’accomplissement des temps, vers ce jour où Dieu sera tout en tous. Elle nous maintient en éveil permanent dans la foi : qui voudrait s’endormir au risque de rater ce retour promis et attendu ? Elle rend active notre charité puisque servir le frère, c’est servir le Christ et le rendre ainsi présent un peu plus à notre monde. 
 
Heureux sommes-nous de vivre ce jour ! Heureux sommes-nous d’entrer dans cette espérance que le Christ reviendra. Il ne nous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine. Mais il nous appartient de vivre cette espérance, de la transmettre autour de nous, avec la force de l'Esprit Saint, afin que le monde lui-même prépare et hâte ce retour. C’est quand l’humanité sera prête à le reconnaître qu’il reviendra dans sa gloire. Puisse toute notre vie être tendue vers ce jour béni. Amen.
 
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

dimanche 25 mai 2014

06ème dimanche de Pâques - 25 mai 2014

Un dimanche pour nous ouvrir aux autres.




Les croyants doivent-ils rester entre eux ? La Bonne Nouvelle est-elle réservée à la caste des amis de Jésus ? Qu’en est-il des autres, de ceux qui n’ont pas connu Jésus, ne l’ont pas entendu, ne l’ont pas suivi ? A ces questions, la jeune communauté apporte une réponse claire, que nous avons encore à mettre en pratique aujourd’hui. Ce dimanche nous est donné pour que nous nous ouvrions aux autres. 
 
A une époque où les religions sont remises en cause, où l’idée même de Dieu est renvoyée aux sphères de la vie privée, cette ouverture peut faire craindre. Elle peut faire craindre les opposants à la religion, car l’ouverture pratiquée par les croyants pourrait attirer et séduire du monde. Elle peut faire craindre les croyants eux-mêmes, car ils seraient dépossédés d’une espèce d’exclusivité sur la personne et le message de Jésus. Rien n’est jamais simple quand il s’agit d’aller vers l’autre. Pourtant, Jésus y invite ses amis et disciples ; et aujourd’hui, le pape François nous invite sans cesse à aller aux périphéries pour y annoncer le Christ, pour partager une Bonne Nouvelle qui se veut pour tous les hommes. A qui veut entendre le message de Jésus, on ne demande pas s’il a été baptisé, s’il s’est d’abord confessé… Le message de Jésus est pour tous ; l’appartenance à la communauté suivra puisque c’est la Parole de Jésus qui doit toucher les cœurs pour les convertir. Il nous faut garder les choses dans le bon ordre. 
 
Le pape François décline à l’envie ce qu’il entend par « aller aux périphéries ». Il ne s’agit pas de se perdre, mais de rendre Jésus présent là où les hommes ne l’attendent pas, ne l’attendent plus. Il s’agit bien de porter le souci de tous, qu’ils soient de notre clan ou pas. La famille des enfants de Dieu ne connaît pas de limite. L’ouverture aux autres suppose donc de bien connaître sa foi pour pouvoir la présenter, avec respect et douceur : il nous faut rendre compte de l’espérance qui est en nous, et non nous comporter en douanier de la foi pour qui les autres ne sont jamais assez en règle, à qui il manque toujours quelque chose : un papier, une attitude, une célébration, une réunion, et que sais-je encore ?
 
Regardez dans les Actes des Apôtres. Le diacre Philippe, arrivant en Samarie, touche les gens : les foules, d’un seul cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe. Des guérisons sont réalisées, les démons sont chassés… et les Apôtres viennent comme confirmer l’œuvre de Philippe, en transmettant le don de l’Esprit Saint à ceux qui ont reçu le baptême au nom de Jésus seulement. La communauté, par l’intermédiaire de Pierre et Jean, accueillent ceux qui ont fait le choix du Christ. Comment ne pas penser à l’œuvre d’un Paul, qui ne tardera pas à aller à la rencontre des peuples pour leur parler de Jésus, fonder des communautés aux limites de l’empire romain. Quand Dieu révèle sa Parole, de grandes choses sont possibles. 
 
Nous voyons, dans le livre des Actes, que Pierre et Jean ne se contentent pas de vérifier la rectitude de la foi des Samaritains : ils viennent transmettre le don de l’Esprit Saint. Dieu lui-même semble confirmer ce que croient les Samaritains.  Et voilà introduit le troisième de la Trinité, celui dont souvent nous ne savons que faire et qui pourtant a toute son importance : l’Esprit Saint. Il est celui qui est pour toujours avec les croyants. Il est celui qui nous instruit de la vérité tout entière, puisqu’il est Esprit de vérité. Il ne faut jamais oublier, ni sous-estimer la force de l’Esprit Saint. Il rend possible le passage du disciple qui s’enferme, par peur des autres, au disciple qui se met en route, témoigne et convertit les cœurs. Il est celui qui nous permet de tenir dans la fidélité au Christ.  
 
Puisse Dieu nous accorder en ce dimanche la grâce de cette ouverture nécessaire à celui qui est différent de moi, qui croit peut-être autrement que moi, mais qui, comme moi, cherche la lumière de la vérité. Que son Esprit Saint nous pousse aux périphéries de notre monde afin que tous puissent véritablement entendre parler de Dieu, de son œuvre d’amour pour chaque homme, en particulier ceux qui ne se croient pas dignes de lui, dignes de son amour, dignes de son pardon. Que notre seul souci soit de porter au monde les merveilles de l’amour du Christ pour les hommes. Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

dimanche 18 mai 2014

05ème dimanche de Pâques A - 18 mai 2014

Un dimanche pour trouver notre place dans l'Eglise.




Des prêtres qui se suicident parce qu’ils n’en peuvent plus, surchargés qu’ils sont de travail… c’est une réalité dans l’Eglise de France, et une grande souffrance. Certes, il y a bien des laïcs qui s’engagent à leurs côtés. Et c’est bien. Mais il n’en reste pas moins vrai que l’immense majorité des baptisés ne fait rien, si ce n’est consommer sa foi selon son appétit. Et, en la matière, l’appétit n’est pas bien grand : un baptême par-ci, un mariage par-là, des funérailles aussi ; pour beaucoup, c’est déjà pas mal, voire trop ! Sommes-nous fidèles à l’Eglise ? Sommes-nous fidèles à notre baptême ? 
 
Observons les premières communautés. Elles sont structurées et organisées autour des Douze. Mais bien vite, à mesure que la communauté des croyants s’agrandit et s’ouvre à d’autres, des difficultés apparaissent. Elles sont aussi d’ordre organisationnel. Les Douze ont conscience qu’ils ne peuvent tout faire, tout gérer, tout surveiller. Ils ont conscience surtout que, s’ils faisaient tout et se mêlaient de tout, l’essentiel pouvait en pâtir. Ils vont recentrer leur ministère sur la Parole de Dieu, et confier une partie de l’organisation aux diacres. Et voilà que la communauté s’organise : d’autres trouvent une place, leur place, celle à laquelle Dieu les appelle.
 
L’Apôtre Pierre va plus loin encore dans sa première lettre. Il rappelle à chaque croyant qu’il est une pierre vivante qui sert à construire le Temple spirituel. S’appuyant sur le Christ, la pierre vivante, la pierre angulaire, chaque croyant peut, et doit, construire l’Eglise. Un croyant qui manque, c’est un trou dans l’Eglise ; un croyant qui s’abstient, et c’est un projet qu’on ne peut plus réaliser. Si pour chaque baptisé absent un dimanche nous retirions une pierre de l’église bâtiment, combien d’églises pourraient encore tenir debout ? 
 
Nous sommes donc tous, prêtres et laïcs, les pierres vivantes de notre Eglise. Nous avons chacun à trouver notre place, notre place à tenir, faisant seulement mais totalement ce qui nous revient. Plutôt que d’avoir des communautés dans lesquelles peu font tout, nous pourrions avoir des communautés dans lesquelles tous feraient un peu. Les ministres de l’Eglise se recentraient sur l’essentiel : la Parole de Dieu serait ainsi mieux annoncée, la charité mieux servie. L’Eglise en sortirait grandie. Et tous les hommes verraient les merveilles de celui qui nous appelle à passer des ténèbres à son admirable lumière !  Il suffirait que chacun  prenne ce dimanche pour trouver sa place dans l’Eglise. Nous  pourrions essayer. Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

samedi 10 mai 2014

04ème dimanche de Pâques A - 11 mai 2014

Un dimanche pour accepter l'appel de Dieu.





Il les appelle chacune par son nom. C’est par ce détail que Jésus définit le vrai Pasteur, celui qui conduit ses brebis, celui que les brebis acceptent de suivre parce qu’il n’est pas, comme les autres, un bandit ou un voleur. Ce détail souligne d’abord qui est Dieu pour nous qui croyons en lui. Il est celui qui nous appelle, qui nous connait par notre nom et dont nous connaissons la voix
 
Cette voix de Dieu qui nous appelle est un élément essentiel pour notre vie de foi. En effet, la foi ne vient pas de nous, ni d’efforts que nous aurions fait. Elle est un don de Dieu ; elle est une réponse à son appel. Car Dieu appelle tous les hommes. Pierre le  redit dans son discours, le jour de la Pentecôte : c’est pour vous que Dieu a fait cette promesse, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. Le non-croyant n’est pas un non-appelé ; il est un non-répondant, voire un non-entendant volontaire. Quand Dieu appelle, l’homme a le choix : écouter ou ne pas écouter, répondre ou ne pas répondre. 
 
A celui qui répond, est proposé le baptême d’abord, comme signe de son désir de suivre le Christ, comme réponse à l’appel de Dieu à grandir dans sa famille. Ce baptême l’introduit dans une communauté au sein de laquelle il va désormais vivre. Elle est le relais de l’appel de Dieu tout au long de ma vie. Car Dieu continue d’appeler, même ceux qui sont déjà baptisés ! Quand une communauté est vivante, ouverte et attentive à ce que Dieu veut lui dire, alors des vocations peuvent naître en son sein. Que ce soit des vocations à la vie matrimoniale, vécues comme le don de soi à la personne aimée, dans la fidélité et pour la vie ; ou des vocations sacerdotales et religieuses, vécues comme le don de soi à Dieu et aux frères pour que la Parole de Dieu puisse toujours être entendue et que l’Eglise reste fidèle à sa propre vocation : annoncer aux hommes les merveilles que Dieu réalise pour eux. Chacun est appelé par Dieu à une vie conforme à la foi, dans la charité et dans l’espérance de son retour. 
 
Vous pouvez tourner les choses comme vous le souhaitez, vous reviendrez toujours à cette notion fondamentale : la vie de l’homme est la vie d’un appelé par Dieu. L’homme est  appelé à la vie, appelé à la foi, appelé à un style de vie. Sa liberté, l’homme l’exerce par sa réponse. Il reste cependant une certitude concernant l’appel que Dieu nous adresse ; il est appel à plus de vie, appel à plus de joie, appel à plus de vérité. Dieu ne nous appelle pas au malheur, ni à la tristesse, ni à une vie étriquée. Ce qu’il veut, c’est le meilleur pour nous, le meilleur pour ceux qu’il met sur notre route. Voilà qui devrait nous aider à répondre toujours favorablement aux appels de Dieu. Ce à quoi il nous appelle, il nous donne de l’accomplir ; jamais Dieu ne nous charge d’un poids impossible à remuer. Avec le psalmiste, nous pouvons chanter en confiance : le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ; sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer… si je traverse le ravin de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure. 
 
Puisque ce dimanche est la journée mondiale de prière pour les vocations, prions, certes, pour que Dieu envoie des ouvriers pour sa moisson ; mais prions aussi pour que nous soit donné le courage de répondre favorablement à l’appel de Dieu, quand il s’adresse à nous et compte sur nous. En ce dimanche, osons écouter l’appel de Dieu ; osons aussi y répondre. Amen.

 (Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, Mille dimanches et fêtes, Année A, éd. Les Presses d'Ile de France)

vendredi 2 mai 2014

03ème dimanche de Pâques A - 04 mai 2014

Un dimanche pour accueillir le Ressuscité !




Voici déjà le troisième dimanche qui passe depuis que c’est arrivé, et peut-être sommes-nous encore comme ces hommes qui font route de Jérusalem à Emmaüs, perdus dans leur douleur, leur doute, leur désespoir. Avec la mort de Jésus, leur monde s’est écroulé. Que reste-t-il ? Rien, pas même un espoir. Leur rêve de liberté s’est évanoui. Ils broient du noir comme l’humanité seule sait le faire lors des grandes crises de son Histoire. Que voulez-vous : le monde est foutu ! Pourtant, en ce dimanche, un jour nous est donné pour accueillir le Christ ! Je reconnais que ce n’est pas là chose simple. Quand il ne vous reste que vos yeux pour pleurer, où trouver la force de relever la tête ? Où trouver un peu de consolation ? Comment retrouver l’espérance ? L’expérience de ces hommes en route pour Emmaüs peut nous aider. 
 
Nous admettons tous, spontanément, que ces deux hommes ont tout perdu avec la mort de Jésus. Nous les imaginons sans mal rentrant chez eux, le pas lourd, la mine triste, échangeant des paroles d’incompréhension devant les événements qu’ils vivent de vivre. Celui qui les rejoint n’a pas dû avoir grand mal à les rattraper. Ont-ils vraiment regardé celui qui les interrompt dans leurs échanges ? Saint Luc dit sobrement que leurs yeux étaient aveuglés et ils ne le reconnaissaient pas. Nous sentons bien le poids de leur douleur et de leur désarroi. Mais l’étranger ne veut en rester là ; le dialogue s’engage. Pour la première fois sans doute, quelqu’un les fait parler ; quelqu’un leur fait mettre des mots sur leur douleur ; quelqu’un les accompagne. Jésus avait promis à ses disciples de ne pas les laisser orphelins ; en attendant le don de l’Esprit Saint, c’est lui-même qui va accompagner ces disciples sur leur chemin d’humanité qui va devenir chemin de foi. Il ne les provoque pas en disant : Mais regardez-moi ! C’est bien moi ! Non, il les accompagne, il les écoute et il va leur parler. Il va leur permettre de prendre un peu de hauteur. Il va leur faire comprendre les Ecritures… En partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait. 
 
Voilà un premier pas important : pour qui veut comprendre quelque chose à l’histoire de Jésus, il ne suffit pas de connaître Jésus, il ne suffit pas d’avoir vécu avec lui ; il faut être capable de comprendre en quoi cette histoire est singulière, en quoi cette histoire particulière reprend toute l’histoire de Dieu avec les hommes et la mène à son achèvement. Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth n’est pas un accident de l’Histoire ; ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth n’est une énième injustice faite à l’homme. Ce qui est arrivé là est à la fois l’aboutissement et un nouveau départ dans les relations entre Dieu et les hommes. Quand le jour de la Pentecôte, Pierre prend la parole, c’est bien ce schéma-là qu’il reprend. Il n’accuse pas les hommes du meurtre de Jésus ; il rappelle que c’était là le plan et la volonté de Dieu. Plusieurs, dans les Actes des Apôtres, Pierre et les disciples, vont ainsi relire pour leurs contemporains l’histoire de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Nous ne pouvons donc pas faire l’économie de ce travail. La liturgie nous a permis de le faire durant la nuit de Pâques, lorsque nous avons relu la longue histoire de Dieu avec son peuple. Nous avons encore à le faire en approfondissant toujours plus notre connaissance des Ecritures et notre goût de Dieu et de sa Parole. Cela est-il suffisant ? Non, un deuxième pas est nécessaire et capital pour entrer dans le mystère de Jésus, mort et ressuscité pour nous. 
 
Les disciples, rejoints par Jésus, arrivent à destination. Ce devrait être le temps de la séparation. Mais voilà qu’ils invitent l’étranger à entrer avec eux. Ce qu’il leur a expliqué les a remués ; ils le reconnaîtront eux-mêmes : notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ? Quelque chose a bougé en eux, mais pas encore assez pour que leurs yeux s’ouvrent. Ils n’ont toujours pas reconnu Jésus. Alors Jésus s’attable  avec eux. Et il pose un geste qui va tout changer, pour eux d’abord, pour le monde ensuite : il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. A ceux qui s’attendaient à quelques gestes extraordinaires n’est donné que le signe du pain rompu et partagé entre tous. Ce simple geste, d’une banalité terrifiante, a tout changé. Ce qu’ils avaient peut-être pressenti sur la route sans oser y croire encore, se révèle à eux avec une évidence bouleversante : c’est Jésus, il est ressuscité. Ce qu’avaient dit les femmes au matin est vrai. Sitôt Jésus reconnu, sitôt Jésus disparaît. Mais il n’y a plus de place pour la peur, ni pour la tristesse de n’avoir pu le retenir plus long. Ces deux hommes refont tout le chemin qu’ils viennent de faire à l’envers pour annoncer la Bonne Nouvelle aux autres. Ils ont accueilli Jésus, ils vont le partager, comme lui-même leur a partagé la parole et le pain. 
 
Pour tous ceux qui se disent ses disciples, le même chemin est à faire : travailler la Parole de Dieu pour mieux la connaître et y découvrir le projet d’amour de Dieu pour tous les hommes, et rompre le pain avec lui. Lire la Bible ne suffit pas pour connaître Jésus : encore faut-il l’accueillir à la table de notre vie et rompre avec lui le pain de son amour. L’eucharistie devient ainsi le lieu où nous accueillons le Christ, sa vie donnée pour nous et la certitude de sa présence permanente au milieu de nous. Nous ne pouvons pas faire l’économie de ce rassemblement autour du Christ qui se donne dans la Parole méditée et le Pain rompu. Nous n’accueillons pas vraiment ni totalement le mystère du Christ si nous ne participons pas avec fidélité et reconnaissance au repas de son amour. Là, dans l’eucharistie, Dieu nous livre sa Parole. Là, dans l’eucharistie, Jésus se livre pour nous. Là, dans l’eucharistie, Jésus se fait reconnaître, vivant et présent,  et se partage à tous. Accueillons-le. Amen.