Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 29 décembre 2012

Sainte Famille C - 30 décembre 2012

Histoire de famille !


On nous casse tout ! Même la religion ! Avec un seul texte biblique, l’évangéliste saint Luc vient mettre à terre l’image du gentil petit Jésus qui obéit toujours à ses parents et qui ne fait que du bien. Pourquoi avait-il besoin de raconter cette fugue de Jésus ? Et pourquoi l’Eglise avait-elle besoin de nous faire entendre cette histoire le jour de la Sainte Famille ?

C’est vrai que c’est l’histoire d’une fugue, ou plutôt l’histoire d’un pèlerinage que Jésus semble vouloir prolonger. Ceux qui tiennent absolument à parler d’un petit Jésus toujours sage peuvent toujours rattraper la sauce en insistant sur le fait qu’il est resté au Temple, discuter avec les spécialistes de la Loi qui, d’ailleurs, font son éloge !

Mais c’est surtout l’histoire d’une famille, une famille qui vit comme les autres familles de son pays. Une famille unie, une famille priante qui va en pèlerinage à l’occasion de la grande fête de Pâque. Une famille qui connaît des moments de doute, d’anxiété. Une famille où les parents s’inquiètent encore de ce qui peut arriver à leur enfant. Une famille parmi tant d’autres. Seulement, cette famille-là a un enfant pas comme les autres. Et cet épisode au Temple va nous le révéler.

D’abord, Jésus a une connaissance inouïe des choses de Dieu. Pour que des anciens s’émerveillent devant un jeune homme, il faut déjà que ses questions et ses réponses soient d’une réelle profondeur. Il faut surtout que cet enfant ait un lien particulier avec ce Dieu au sujet duquel il les interroge. L’enfant lui-même révèlera ce lien à ces parents humains : maintenant qu’il est admis dans le cercle des adultes, il se doit aux affaires de son Père. Il vient rappeler qu’il est venu dans le monde dans un but précis : réaliser le projet d’amour de Dieu pour l’humanité. Douze années se sont écoulées depuis l’épisode merveilleux de sa naissance. Marie et Joseph ont pu légitimement oublier que leur fils leur a été donné pour l’accomplissement de ce projet. Pourtant, plusieurs fois, à travers l’histoire, Dieu avait ainsi suscité lui-même ses serviteurs par une naissance hors du commun. Ainsi, le petit Samuel dont la première lecture nous a relaté la naissance. Sa mère avait prié longuement pour un enfant et Dieu l’a exaucé. A vue humaine, c’est peut-être une naissance comme les autres. Mais à vue divine, cette naissance va servir le projet de Dieu. Ce petit Samuel va grandir auprès du Seigneur pour être prêt lorsque le Seigneur aura besoin de lui.

Jésus fait partie de ses serviteurs que Dieu suscite, sauf que lui, il est proprement le Fils de Dieu, entré dans une famille humaine, pour partager tout ce qui fait notre condition et ainsi mener à terme le projet de salut de Dieu. C’est cela que nous célébrons aujourd’hui. Dans le prolongement de la fête de Noël, l’Eglise vient nous redire que Jésus est pleinement l’un des nôtres : Jésus naît, grandit et accomplit tout ce que réalisent les jeunes de son âge. Même s’il vient de Dieu, même s’il est Dieu, il est totalement immergé dans ce monde auquel il porte la Parole même de Dieu.

Ensuite, nous sommes invités aujourd’hui à comprendre que nous sommes, nous aussi, de cette famille. Ce lien unique qui unit le Père et Jésus, devient le lien qui nous unit au Père. En révélant qu’il se doit aux affaires de son Père, il nous révèle que nos familles humaines ne se limitent pas à ceux qui la composent naturellement. Nous sommes tous reliés les uns aux autres. Jésus nous le redira clairement lorsqu’il nous laissera la prière du Notre Père. En nous demandant de nous adresser ainsi à Dieu, il nous introduit dans ce lien unique qui l’unit à son Père. A la question de Caïn, après le meurtre d’Abel : Suis-je responsable de mon frère ?, il n’est désormais plus qu’une réponse possible : « OUI ». Si nous prions tous Dieu en l’appelant notre Père, si nous sommes tous « enfants de Dieu » comme l’affirme Saint Jean, alors nous partageons les joies et les peines les uns des autres, comme c’est le cas dans toutes les familles ; sauf que pour nous, la famille ne se limite pas à papa, maman et les enfants. L’irruption de Jésus, donc de Dieu, dans la vie de nos familles met un point final à l’individualisme et nous ouvre à l’universalité. Désormais, je ne fais plus mon salut tout seul, en ignorant les autres. En envoyant son Fils dans le monde des hommes, Dieu les rend solidaires en tout, y compris en matière de salut, car son Fils est venu sauver tous les hommes. Nous qui vivons et marchons à sa suite, nous qui sommes témoins de ce salut offert à tous, nous ne pouvons que le transmettre, le faire découvrir aux autres. Il nous est interdit de ne pas en parler ! Il nous est interdit de dire que ce que vivent les étrangers chez nous, ou dans leur pays, ne nous concerne pas : ils sont de notre famille, même s’ils pensent autrement, même s’ils prient autrement !

A travers l’histoire de cette Sainte Famille, à travers l’histoire de ce Fils unique, nous sommes invités à lire et à vivre notre propre histoire. L’Eglise vient nous rappeler que nous venons aussi de Dieu et que nous allons vers lui. Peut-être nous faut-il nous laisser interroger par cet enfant sur notre manière de vivre notre pèlerinage familial sur cette terre ? Peut-être devons-nous interroger cet enfant pour le vivre mieux ? Osons aborder celui qui fait l’émerveillement de tous, au milieu du Temple. Osons le croire et le suivre lorsqu’il nous parle de son Père. Osons, avec lui, construire cette famille humaine où Dieu sera enfin tout en tous. AMEN.

(Illustration Bible de Gustave DORE, Jésus parmi les docteurs du Temple)

mardi 25 décembre 2012

Nativité de notre Seigneur - 25 décembre 2012

Noël, ou quand Dieu s'intéresse à nous.



Après la nuit et ses mystères, voici le plein jour et le temps de la réflexion. Que s’est-il passé au juste en cette nuit ? Etait-ce un doux rêve ? Dieu est-il vraiment entré dans notre monde ? Dieu s’intéresse-t-il vraiment à l’homme et à ce qu’il vit au point d’en devenir un ?

La réponse, pour nous croyants, vous vous en doutez, est affirmative. Dieu aime l’homme au point qu’il lui est insupportable qu’un seul d’entre nous se perde. Dieu aime l’homme au point qu’il lui est insupportable qu’un seul d’entre nous souffre. Dieu aime l’homme au point qu’il lui est insupportable qu’un seul d’entre nous ne soit aimé de personne. Alors quand Dieu regarde notre monde et ses failles, quand Dieu voit les hommes qui s’opposent jusqu’à se supprimer les uns les autres, quand Dieu voit les petits être opprimés, eh bien Dieu se bouge.

Si l’on en croit l’auteur de la lettre aux Hébreux, ce n’est pas la première fois que Dieu intervient : dans le passé, Dieu a parlé à nos pères. Parler, c’est bien ; encore faut-il qu’il y ait quelqu’un pour écouter. Et quand ce n’est qu’un messager qui vient délivrer la parole d’un autre, on imagine que certains écoutent encore moins. Il fallait autre chose, il fallait quelqu’un d’autre. La célébration de cette nuit nous révélait que Dieu envoyait désormais son propre Fils, une part de lui-même. Aujourd’hui vous est né un Sauveur dans la ville de David, il est le Messie, le Seigneur. Cette parole était au cœur du message des anges aux bergers ; c’est ce même message qui nous était délivré, ce même message qui nous est toujours encore adressé. Quand Dieu vient dans le monde, ce n’est pas pour faire du tourisme mais pour intervenir en faveur des hommes, en particulier ceux qui sont privés de liberté, ceux qui sont mis de côté, ignorés des autres. Il vient remettre chacun en pleine lumière, pour qu’il soit capable de voir comme Dieu voit, et qu’il pense éventuellement à agir comme Dieu agit. Il éclaire tous les hommes, dit saint Jean. Celui que Dieu envoie dans le monde révèle qui est Dieu et permet aux hommes de le connaître en vérité.

Dieu s’intéresse donc aux hommes au point d’envoyer son Fils pour les libérer de tout ce qui les empêche d’être pleinement heureux, pleinement vivants. Il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Quel merveilleux destin que celui-ci. A l’homme qui sans cesse se plaint de n’être pas assez ceci ou cela, à l’homme qui estime toujours qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur, Dieu vient dire : Tu es mon enfant. Mesurons-nous la portée de cette parole ? Parce que Dieu devient l’un de nous, nous pouvons devenir comme lui ! De nouvelles perspectives s’ouvrent pour la vie de l’homme ! De nouveaux horizons s’ouvrent devant lui. Mais, parce qu’il y a toujours un mais, il faut que l’homme accepte cette divinité qui lui est offerte. Ce n’est pas automatique. Comprenez-moi bien : elle est bien toujours proposée, mais elle n’est réalité que si je prends ma part. Ce que Dieu propose, c’est une alliance nouvelle, en Jésus. Nous ne pouvons pas devenir les partenaires de Dieu si nous ne tenons pas notre place : il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu ! Terrible déception, sans doute. Dieu s’intéresse à l’homme, mais l’homme ne s’intéresse pas à Dieu. Voilà une histoire qui commence mal. Dieu vient dans le monde et le monde ne l’accueille pas ; le monde lui claque la porte au nez. L’évangile de cette nuit nous rappelait que c’est aux traine-misères, à ceux qui n’ont que le ciel comme toile de tente, qu’est annoncée la Bonne Nouvelle. Les autres, ceux qui avaient un chez-eux, y sont restés : pas de place, allez voir ailleurs ! Combien d’hommes et de femmes, aujourd’hui encore, ne s’intéressent pas à Dieu, ne veulent pas l’accueillir dans leur vie pour qu’il la change, la rende plus grande, plus belle ? Combien d’hommes et de femmes, aujourd’hui encore, pensent que tout ça, ce sont de belles histoires, mais ça ne changent pas une vie.

Nous mesurons alors l’immensité de la tâche qu’il nous reste à accomplir. Et nous comprenons alors pourquoi il y a eu, cet automne, un synode sur l’évangélisation ; nous comprenons pourquoi nous sommes invités à oser dire Dieu aux autres. Nous comprenons pourquoi, dans notre diocèse, notre archevêque nous invite à évangéliser nos communautés. Si Noël nous laisse indifférents, nous qui croyons en Dieu, comment ceux et celles qui ne le connaissent pas pourraient-ils avoir envie de s’en approcher, de l’écouter et de le suivre ? Comme jadis les anges ont été envoyés par Dieu pour dire la Bonne Nouvelle de la naissance de Jésus, ainsi sommes-nous envoyés, tous, prêtres et laïcs, pour dire aux hommes les merveilles que Dieu fait pour tous. Comme Jean le baptiste, nous avons à rendre témoignage à la lumière afin que tous croient.

La grandeur du mystère de Noël, du mystère d’un Dieu qui s’intéresse à notre histoire au point de la partager, c’est justement de nous remettre face à nous, face à Dieu, face aux autres. Nous pouvons être l’interface entre Dieu et les hommes. Nous pouvons participer, à notre mesure, au changement nécessaire dans ce monde pour que tous les hommes se reconnaissent frères et vivent comme tel. Ne serait-ce pas Noël tous les jours s’il en était ainsi ? Et si nous prenions Dieu au sérieux comme lui nous prend au sérieux ? Et si nous nous décidions à lui dire : Chiche, on y va ! Notre Eglise et notre monde n’en seraient que plus beaux. Je prie pour qu’il en soit ainsi, aujourd’hui et toujours. Amen.

(Photo : une des nombreuses crèches à l'endroit où François d'Assise avait créé la première crèche)

lundi 24 décembre 2012

24 décembre 2012 - Sainte Nuit de Noël

Accueillir, sans crainte, celui qui vient.


De tout temps, la nuit était un moment craint par l’homme. Parce que la nuit, il n’a plus de repères, il n’y voit plus. Sans lumière, tout st plongé dans l’obscurité. Et c’est souvent la nuit que rôdent le mal et ses sbires. Pourtant, dans cette nuit crainte des hommes, Dieu vient en ce monde. C’est de nuit qu’il choisit de changer le monde.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. C’est par ces mots que le prophète Isaïe annonce la venue du Prince de la Paix. Nous pouvons imaginer sans peine la joie que cette lumière resplendissante a procurée au peuple qui l’a vu se lever. Il a tant erré dans les ténèbres, sans plus d’espoir, sans trop savoir combien de temps encore cette nuit règnera sur eux. L’irruption de la lumière va bouleverser leur vie. Tout va changer. Tout va devenir meilleur. N’est-ce pas ce qui se passe pour nous en cette nuit ? L’irruption de Dieu dans le monde des hommes change tout. Pour ceux qui le veulent. Pour ceux qui l’accueillent. Cet événement de Noël est comme cette lumière qui jaillit dans la nuit. Avec la naissance de Jésus, Fils de Dieu, les hommes vont apprendre à voir et à regarder autrement.

A ceux qui, habitués à la nuit, ont pris peur devant la lumière, le message de Dieu délivré par ses cohortes d’anges, est sans équivoque : Ne craignez pas : voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, vous est né un Sauveur, il est le Messie, le Seigneur ! Dieu ne vient pas fatiguer les hommes comme ils ont pu, et peuvent encore, fatiguer Dieu. Dieu vient sauver les hommes. Dieu se fait l’un de nous pour nous libérer définitivement des ténèbres du Mal, des ténèbres de la Mort, des ténèbres du péché. C’est bien une bonne nouvelle pour nous. Plus de crainte à avoir ; Dieu se range aux côtés de l’homme pour toujours, en son Fils, né d’une femme. Les promesses faites à travers les âges vont s’accomplir en cette nuit. Dieu s’est engagé ; mais que vont faire les hommes ? Qu’allons-nous faire ? Allons-nous fermer la porte, prétextant qu’il n’y a plus de place dans nos vies pour Dieu ? Allons préférer les ténèbres à la lumière ?

La réponse nous vient de Paul, dans son épître à Tite : le Christ s’est donné pour nous racheter de toutes nos fautes, et nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Voilà tracée notre feuille de route. Accueillir celui qui vient se donner pour notre salut nous oblige. Et nous répondrons à la bienveillance de Dieu en devenant son peuple, en faisant le bien autour de nous. Cela suppose de faire la vérité dans notre vie et de nous engager librement, mais réellement, à construire un monde à la mesure de ce Dieu qui vient. Il est amour et bonté, pardon et miséricorde. Nous manifesterons notre accueil du Messie en vivant ce même amour, cette même bonté, ce même pardon, cette même miséricorde… à l’égard de tous. En ce Dieu qui vient, qui se fait l’un de nous, nous devenons désormais tous frères. Nous ne pouvons en rejeter aucun, sous prétexte qu’il est différent de nous, qu’il pense autrement que nous, qu’il prie autrement que nous. Dieu vient sauver tous les hommes qu’il aime d’un amour identique et total.

En cette nuit où Dieu se fait l’un de nous, approchons de l’Enfant nouveau-né ; reconnaissons en lui celui que Dieu envoie. Faisons-lui une place dans notre vie et nous accomplirons notre destinée : puisque Dieu est devenu l’un de nous, nous pouvons désormais devenir comme Dieu, et vivre pour toujours avec lui. Devant cet Enfant, faible et fragile, reconnaissons la puissance de Dieu à l’œuvre. Devant l’Enfant nouveau-né, confions à Dieu notre prière : il saura nous écouter et nous exaucer.

Seigneur Dieu, comment pourrions-nous mieux comprendre que tu nous aimes plus que tout, autrement qu’en contemplant ton Fils, devenu l’un de nous ? En cette nuit, en nous donnant ton Fils, Tu nous rends une espérance : un monde meilleur est possible puisque Dieu vient nous visiter ! En cette nuit, en nous donnant ton Fils, Tu nous invites à renouveler notre foi : cet enfant nouveau-né est le Sauveur promis ! En cette nuit, en nous donnant ton Fils, Tu donnes à notre charité un nouvel horizon : puisque tu deviens l’un de nous, c’est en chaque frère désormais que nous pouvons te rencontrer et te servir. Accorde-nous la grâce de toujours savoir t’accueillir, Toi le Dieu qui vient à notre rencontre, aujourd’hui et toujours. Amen.

(Dessin : Détail d'un retable de Noël, Publié par le site de Prions en Eglise)

samedi 22 décembre 2012

04ème dimanche de l'Avent C - 23 décembre 2012

Croire.


Nous touchons au but. Encore deux jours, et nous fêterons Noël. Cette dernière semaine de l’Avent est réduite à un seul jour en-dehors de ce dimanche. Nous avons eu trois semaines pour veiller, nous préparer et nous réjouir de cet événement à venir. Un dernier verbe nous est donné avant d’accueillir le Verbe de Dieu ; et c’est Elisabeth, la femme stérile devenue enceinte dans sa vieillesse qui nous le donne lorsqu’elle s’écrie : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. Notre parcours d’Avent n’aura servi à rien s’il ne nous permet pas à son terme de Croire, de croire mieux. Mais qu’est-ce que croire au juste ?

Croire, c’est faire confiance, sur parole. Lorsque l’ange annonce à Marie qu’elle a été choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, celle-ci s’interroge : Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? Question somme toute légitime. A la réponse de l’ange, elle s’engage fermement, sans trop en savoir plus, sinon que c’est le projet de Dieu pour elle et pour le monde : Voici la servante du Seigneur, que tout se fasse pour moi selon ta parole. Elle n’en demande pas plus. Elle fait confiance. Croire et faire confiance, c’est la même origine. Elle n’a pas besoin de preuve, elle se contente de la parole de Dieu transmise par cet ange. Elle croit et elle dit oui, parce que croire engage une vie, engage un agir. Je ne peux pas vraiment croire et rester chez moi à ne rien faire. Croire, croire en Dieu, met en route. Marie aurait pu se ménager, rester chez elle et prendre soin d’elle. On la comprendrait sans peine : il n’y a alors pas de maternité comme aujourd’hui, pas d’échographie, pas de surveillance médicale. Ben non, à peine a-t-elle accueilli le projet de Dieu pour elle et appris la grossesse de sa cousine Elisabeth, qu’elle se met en route pour la visiter et l’aider en se mettant à son service. Sa foi en Dieu la met en route et lui fait partager le bonheur qui est le sien avec sa cousine.

Croire, faire confiance sur parole, c’est renoncer aux preuves. Les signes de la présence de Dieu viendront, peu à peu, éclairer notre foi. Mais au départ, il n’y a que la parole, la parole de Dieu ou/et la parole de quelqu’un qui croit lui-aussi. Croire est donc un acte profondément ecclésial. Je ne crois pas tout seul, dans mon coin. Je crois en Dieu parce que quelqu’un m’en a parlé. C’est d’abord l’Eglise qui transmet fidèlement la Parole de Dieu depuis ses origines. Sa mission est bien d’annoncer au monde les merveilles que Dieu fait pour les hommes à travers Jésus, mort et ressuscité pour notre vie. Un croyant qui resterait chez lui, pour croire dans son coin, manquerait d’abord de reconnaissance envers l’Eglise qui le guide sur le chemin du salut, et lui garantit que sa foi est belle est bien juste. Il manquerait aussi à son devoir de témoignage. Comment être sûr de ma foi si je ne la confronte pas à celle des autres, si je ne la partage pas avec les autres ? Ma foi s’enrichit de la foi des autres tout comme ma foi enrichit la foi des autres. En allant chez sa cousine Elisabeth, Marie partage avec elle et le bonheur de devenir mère et le bonheur d’être entré dans le projet de Dieu. Ces deux femmes ont quelque chose en commun : leur enfant respectif est un cadeau de Dieu aux hommes. 

En ces périodes de fêtes, je vous recommande volontiers d’aller faire un tour au cinéma en y emmenant vos enfants pour regarder un dessin animé : les 5 légendes. L’ayant vu, vous comprendrez sans doute pourquoi il est utile de croire. Et vous constaterez que la foi, le fait de croire, permet aussi de lutter contre le Mal. Je ne vais pas vous expliquer par le détail l’histoire de ce dessin animé, mais considérez-le comme un devoir de vacances. Vous ne le regretterez pas ; vous enrichirez votre lot d’histoires à raconter aux enfants et vous approfondirez votre manière de croire, tout en passant un bon moment en famille. Vous comprendrez le lien qui existe entre le refus de croire et la présence du Mal dans notre vie. Vous découvrirez aussi qu’il n’y a pas d’âge pour entrer dans un projet qui nous dépasse toujours, mais qui nous permet d’être véritablement heureux et de porter un peu de bonheur aux autres.

Pour moi, il n’y a rien de plus exaltant que de croire en Dieu, croire qu’il ne me laisse jamais seul, quoi que je vive ; il n’y a rien de plus beau que de croire qu’il m’accompagne et qu’il veille sur moi. Et je sais que lorsque ma foi vacille devant les difficultés, je peux demander à Dieu un surcroît de foi et m’appuyer sur les grands saints de notre histoire pour découvrir en eux des raisons de croire toujours, des raisons de croire encore. Et si cela ne suffit pas, je peux toujours, dans la prière, demander que ma foi soit renforcée, parce que croire, c’est aussi un don que Dieu me fait. Nous pouvons aujourd’hui, demander à Marie de nous partager sa foi, comme elle l’a fait jadis avec sa cousine Elisabeth.

Quand je te regarde, Marie, j’ai l’impression que tout est facile pour toi. Un ange vient, et tu dis « Oui ». Puis tu cours chez ta cousine Elisabeth pour te mettre à son service. Pourtant, cet enfant que tu portes t’a donné bien des occasions de t’interroger. Mais toujours tu as fais confiance à Dieu, ta foi t’a porté. Partage-moi un peu de ta foi pour que j’entre mieux dans le projet que le Seigneur porte pour moi, toi, la Mère de tous les croyants, aujourd’hui et pour toujours. Amen.


(Dessin : Détail d'un retable de Noël, Publié sur le site de Prions en Eglise)

vendredi 14 décembre 2012

03ème dimanche de l'Avent C - 16 décembre 2012

Se réjouir. Mais encore ?


Guerres, attentats, troubles politiques en de nombreux points sensibles du globe ; crise économique, meurtres en grand nombre, enlèvements, accidents divers, perte des repères moraux, changement de société imposé à la hussarde : la liste est longue, à la lecture de nos journaux, des événements malheureux, douloureux et difficiles à admettre. Au milieu de ces bruits et de ces agitations, un appel adressé par Dieu à celles et ceux qui croient en lui : Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem. Et Paul de renchérir : Soyez dans la joie. Peut-on ainsi concilier l’inconciliable ?

La joie à laquelle nous sommes appelés en ce troisième dimanche de l’Avent, n’est pas une attitude naïve. Nous n’avons pas à avoir l’air béat devant tout ce qui se passe. Mieux : la joie que nous devons vivre ne nous empêche ni de nous révolter devant les injustices de ce monde, ni de connaître nous-mêmes épreuves et malheurs. Les croyants ne sont pas à l’abri du Mal ; les croyants ne sont pas davantage miraculeusement préservés de toute détresse ou catastrophe. Ce serait quand même trop beau, voire trop facile. Mais la joie à laquelle nous sommes appelés nous permet d’affronter les épreuves de la vie avec la certitude qu’au bout, il y a toujours la vie. La joie à laquelle nous sommes appelés nous permet de vivre nos épreuves avec cette certitude que nous ne sommes pas seuls et que nous pouvons vaincre, puisque nous croyons en un Dieu qui a vaincu toutes les épreuves, y compris la grande épreuve de la Mort. La joie à laquelle nous sommes appelés est un art de vivre. Rien ne peut ni ne doit nous effrayer parce que le Christ est avec nous pour nous sauver. N’est-ce pas le sens des noms qu’il reçoit : Emmanuel, Dieu-avec-nous ; Jésus, le Seigneur sauve ? Nous avons eu et nous aurons encore des épreuves à affronter dans notre vie, mais nous pouvons le faire avec cette joie que procure la certitude de n’être pas seul, d’être accompagné dans chacune d’elles par celui à qui tout est possible. Même devant les épreuves, notre cœur peut être en paix.

Cette joie qui doit être nôtre se fonde, en ce temps de l’Avent, sur l’attente d’un événement heureux : Dieu va venir visiter son peuple. Il vient à notre rencontre. Si nous sommes entrés en état de veille, si nous préparons à Dieu le chemin qui mène à notre cœur, comme nous le demande la liturgie depuis deux semaines, ce n’est pas en vain. Nous savons que les promesses de Dieu seront honorées ; nous savons que nous pouvons compter sur lui et que nous comptons pour lui. Dieu ne nous trompe pas lorsqu’il annonce sa venue au milieu de nous. D’où la joie qui doit être nôtre, quelle que soit la vie que nous menons en ce moment. Qu’elle nous soit belle ou difficile, le Seigneur vient visiter notre vie ; le Seigneur vient nous sauver. Nous comprenons alors mieux ces appels à la joie lancés par le prophète et par l’Apôtre. Le prophète invite à la joie parce que Dieu est intervenu en faveur de son peuple, il a écarté le danger de l’adversaire. L’Apôtre invite à être toujours dans la joie du Seigneur parce qu’il est proche, il n’abandonne pas ceux qu’il aime, ceux qui comptent sur lui. Ainsi la joie de celui qui vit un moment difficile sera même plus grande que celle de celui qui mène une vie belle et facile, parce que la venue du Christ signifie bien la fin de son épreuve.

Le discours de Jean le Baptiste peut alors nous sembler un peu loin de cette joie, parce que ces invitations à vivre autrement remettent en cause notre art de vivre présent et posent des exigences. Et pour nous exigence équivaut à effort, et nous n’aimons pas les efforts à faire. Il nous invite au partage, à la justice, à la paix. Pourtant, à y regarder de près, nous constatons que ses invitations ne sont guère différentes de celles du prophète et de l’Apôtre. Il donne les clés pour bien comprendre cette joie à laquelle nous sommes invités. La joie parfaite est possible quand tu partages parce que tu soulages la misère de l’autre et tu lui permets de connaître un peu de ta joie. La joie parfaite est possible lorsque tu fais œuvre de justice, n’exigeant rien de plus de la part des autres. La joie parfaite est possible lorsque règne la paix entre tous et que la violence disparaît. En attendant cette joie parfaite, vivez avec la certitude que par votre comportement, vous pouvez changer le monde et le rendre meilleur pour tous.

Que dire de plus, sinon que Dieu seul peut donner cette joie parfaite et qu’il faut oser la lui demander dans la prière. Faisons preuve d’audace et prions-le en ce sens : Allez, sois heureux ! Comme si le bonheur se commandait, Seigneur ! Comme tant d’autres, je traverse quelquefois des jours sombres. Comme tant d’autres, il me semble que le bonheur n’est pas vraiment pour moi. Pourtant, ta Parole m’invite à la joie, cette joie que toi seul peut donner quand tu dis combien je compte pour toi, et combien tu m’aimes. Viens me donner ta joie, Seigneur, et je chanterai les merveilles que tu fais pour moi, toi, le Dieu de toute joie. Amen.

(Dessin : Détail d'un retable de Noël, Site Prions en Eglise)

vendredi 7 décembre 2012

02ème dimanche de l'Avent C - 09 décembre 2012

Préparer. Se préparer.


Deuxième dimanche, deuxième étape : le temps de l’Avent ne nous permet pas de nous reposer, et cela se comprend. L’enjeu est trop important puisqu’il s’agit ni plus ni moins de notre salut, du salut du monde entier. Après avoir été invités à la veille, dans la foi, la charité et la prière, voici précisé un autre aspect du temps de l’Avent : celui de la préparation. Il faut préparer la venue du Sauveur, il faut nous préparer à l’accueillir.


Pour nous aider dans cette tâche, nous avons entendu le prophète Baruch annoncer le retour des exilés. Pour bien comprendre ce qu’il nous dit, il faut se souvenir de cet événement qui a duré 70 ans environs et qui a été un vrai cataclysme dans la vie d’Israël. L’exil, lorsqu’il a lieu, c’est la fin d’Israël ; Il est vaincu militairement ; il n’a plus ni terre, ni roi, ni Loi, ni Dieu. Tout ce qui faisait sa gloire lui est enlevé, et le peuple est déporté en terre étrangère, en terre païenne. Lui qui ne voulait plus se plier à la Loi de Dieu qui le rendait libre, doit se plier à la loi d’un étranger, qui le réduit en esclavage. Vous pouvez dès lors imaginer la joie que peut provoquer, après des années d’exil, l’annonce du prophète Baruch. Vous pouvez aussi imaginer le scepticisme de certains à cette même annonce. Cela fait si longtemps que tout semble fini ; pourquoi est-ce que cela changerait maintenant ? La réponse vient du prophète, porte-parole de Dieu : cela va changer parce que Dieu l’a décidé : il va ramener son peuple, et il va lui-même conduire son peuple. Le prophète invite le peuple de Dieu à se préparer à cet événement en retrouvant la foi et l’espérance : Quitte ta robe de tristesse et de misère et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours. Vous l’aviez compris : il ne s’agit pas seulement de changer ses vêtements extérieurs, il s’agit de se convertir à nouveau, de se tourner à nouveau vers Dieu. L’exil sanctionnait le péché du peuple ; voici le temps du retour en grâce. Préparez-vous à retrouver la terre que Dieu avait promis à vos pères, préparez-vous à vivre à nouveau selon la Loi donnée par Dieu : elle est justice, elle est paix, elle est joie, elle invite à la piété. L’appel de Baruch a-t-il été entendu ? Certainement, mais il a aussi certainement été oublié dans les méandres de l’histoire.

Des siècles plus tard, un autre vient porter le même message : il faut vous préparer ! C’est Jean le Baptiste qui crie dans le désert. Préparer le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Bougez-vous, quoi, en langage plus contemporains. Le Seigneur vient, mettez-vous en ordre de marche et aidez à sa venue. Il y a des impératifs à remplir : ce n’est pas négociable. Le Seigneur va venir ; c’est une certitude. Tu dois t’y préparer ; c’est une exigence. Autrement, si tu rates cette rencontre avec le Seigneur quand il viendra, tu n’auras qu’à t’en prendre à toi-même. Lis les signes des temps : les ravins seront comblés, toutes les montagnes et les collines seront abaissées, les passages sinueux seront redressés, les routes déformées seront aplanies. Ce n’est pas à toi de faire tout ça : ça c’est l’œuvre de Dieu. Toi, tu dois préparer le chemin du Seigneur, rendre droits ses sentiers. Origène, au 2ème siècle, disait dans une homélie : Nous lisons dans le prophète Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : préparez un chemin au Seigneur ! Redressez ses sentiers. » Le Seigneur veut trouver un chemin par où il puisse entrer dans vos cœurs et y cheminer… Cette voix parvient d’abord aux oreilles puis, après elles, ou plutôt avec elles, la parole pénètre l’entendement… Quel autre chemin préparer au Seigneur ? Un chemin matériel ? Mais la parole de Dieu peut-elle emprunter un tel chemin ? Il faut plutôt préparer au Seigneur un chemin intérieur et tracer dans notre cœur des routes droites et unies. Voilà le chemin par où entre la parole de Dieu pour s’installer dans le cœur humain capable de l’accueillir. A chacun son travail, en quelque sorte : le combat fondamental contre le Mal, c’est Dieu qui le mène : il comblera les ravins, il abaissera les montagnes… Mais à l’homme de se joindre à ce combat en lui d’abord : à lui de préparer son cœur par une écoute attentive de la Parole de Dieu. Ainsi il préparera le chemin du Seigneur.

Il s’agit donc tout autant de préparer un chemin et de se préparer à accueillir, à écouter celui qui vient. Le cœur de l’homme et ses actes doivent être à l’unisson pour que l’œuvre de Dieu soit reconnue et efficace dans sa vie. Paul ne dit pas autre chose aux Philippiens lorsqu’il demande que Dieu mène à son achèvement l’œuvre qu’il a commencé en eux. Ils ont accueilli la grâce de Dieu à travers la prédication de Paul ; Dieu peut désormais vivre avec eux, en eux et être le guide de leur vie. Leur cœur n’est pas seulement à l’unisson de leurs actes, il est à l’unisson de Dieu. Prions Dieu pour qu’il en soit de même pour nous.

Tiens-toi prêt ! Prépare-toi, dépêche-toi ! Le Seigneur vient ! Au milieu de toutes nos activités, Seigneur, nous ne savons plus où donner de la tête. Nous avons tant à faire, tant de choses à réfléchir. Ton prophète, Jean le Baptiste, vient nous redire qu’une seule chose compte : préparer notre cœur à ta venue. Que ton Esprit nous aide à rendre droit le chemin de notre cœur et tu pourras y faire ta demeure, aujourd’hui et toujours. Amen.

(Dessin : Détail d'un retable de Noël, publié sur le site Prions en église)

dimanche 2 décembre 2012

1er dimanche de l'Avent C - 02 décembre 2012

Veillez !


A nouvelle année, nouveau parcours biblique ! Et ce parcours sera marqué cette année par l’évangile de Luc. Nous ne commençons pas sa lecture par le chapitre premier, mais par cet appel de Jésus à rester éveillé. Dès le début de cette nouvelle année liturgique, nous voici donc établit veilleur. Mais qu’est au juste cet état de veille dans lequel nous sommes censés demeurer ?

Jésus nous donne une première réponse dans l’évangile : veiller, c’est rester éveillé ! Nous pourrions dire, après quelques années de pratiques liturgiques, que nous savons tout sur tout, tout sur Dieu. Plus rien ne nous surprendrait ! Cette nouvelle année liturgique ne sera différente des autres : et de fait, elle va dérouler le même temps liturgique, dans le même ordre immuable : Avent, Noël, un bout de temps ordinaire avant que nous ne plongions dans le Carême, la Semaine Sainte pour en ressortir à Pâques. Nous vivrons alors un temps pascal sur sept semaines avant de revenir à l’ordinaire… Une succession de temps et de fêtes qui ne nous dérange pas plus que cela et qui rythme notre vie religieuse et civile. Rien de neuf sous le soleil comme dirait l’ecclésiaste. Et bien non, veiller, ce n’est pas subir ainsi le temps, comme si nous n’avions sur lui aucune prise. Veiller, selon Jésus lui-même, c’est justement regarder ce temps et le vivre en y repérant les signes que Dieu nous donnera, en guettant la venue de celui qui doit venir et être prêts à l’accueillir. Il ne faut donc pas subir le temps, mais nous y engager pleinement et sans cesse donner le meilleur de nous-mêmes.

Saint Paul nous livre alors une seconde piste pour veiller justement : grandir dans l’amour fraternel. Je ne veille pas pour moi tout seul, je veille aussi sur les autres. Il s’agit bien, pour Paul, de ne pas nous reposer sur nos lauriers : vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès. Nous n’aurons jamais fini de devenir chrétiens, nous n’aurons jamais fini de l’être toujours plus. Nous n’aurons jamais fini de grandir en sainteté. C’est un état permanent, dans lequel Dieu seul peut nous maintenir. Nous comprenons alors mieux l’importance de la prière soulignée par Jésus dans l’Evangile : priez en tout temps. Tout est lié : l’amour de Dieu manifesté par nos cœurs à cœur avec lui dans la prière et l’amour des frères manifesté par une vie conforme à l’enseignement des Apôtres. Veiller, dans un esprit chrétien, c’est bien tenir le tout ensemble, sans jamais ralentir, sans jamais laisser notre foi s’affadir. Si Benoît XVI a proclamé cette année, une année de la foi, c’est peut-être parce qu’il nous faut reprendre à frais nouveau ce que nous croyons savoir, ce que nous vivons déjà et ce que nous pouvons encore améliorer. Et ce n’est pas un hasard non plus qu’elle ait commencé par un synode sur l’évangélisation qui nous a redit avec force l’urgence de vivre notre foi sérieusement pour qu’elle soit remarquable et désirable par d’autres, par ceux qui ne connaissent pas encore le Christ. Si nous vivons notre foi comme de tristes sirs, comment d’autres pourraient-ils avoir envie de venir à la foi et de la partager avec nous ?

Quand cela est posé, nous pouvons alors relire le prophète Jérémie : il nous dit pour qui nous veillons ; il nous indique le but ultime. C’est bien sûr la venue du Sauveur promis par Dieu. Ce n’est pas une promesse en l’air, nous dit le prophète : elle se réalisera. C’est pour ce jour que nous veillons, c’est ce Germe de Justice que nous attendons dans la foi. Et quand il viendra, notre monde sera transformé : droit et justice seront exercés, et nous goûterons enfin ce bonheur après lequel nous courons si souvent. La seule venue du Messie comblera toutes nos soifs, toutes nos attentes, toutes nos espérances. Dieu ne viendra pas nous punir, il viendra nous rendre heureux. Ce bonheur mérite que l’on s’y prépare par notre veille incessante.

De l’invitation de Jésus à veiller, à prier sans cesse, du rappel de Paul que Dieu seul peut nous maintenir dans la sainteté que nous sommes appelés à vivre, il ressort que notre temps de veille sera un temps avec Dieu ou ne sera pas. C’est donc vers lui que je vous invite à vous tourner toujours, dans la prière. Vous pourrez le faire en reprenant les mots du psaume 24 que nous avons chanté ensemble (Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme). Je veux le faire maintenant en votre nom avec mes propres mots :

Au moment où nous commençons une nouvelle année liturgique, Seigneur, tu nous invites à entrer en veille. Non pas à nous éteindre ou à nous reposer, mais à t’attendre activement en scrutant les signes des temps. Accorde-nous, Seigneur, de veiller à ton retour avec toute l’ardeur nécessaire. Que ce temps de l’Avent soit pour nous l’occasion de nous rapprocher de toi, le Vivant pour les siècles des siècles. Amen.


(Dessin : Détail d'un Retable de Noël, site Prions en Eglise)