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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 mai 2022

7ème dimanche de Pâques C - 29 mai 2022

 Faire route avec les disciples pour apprendre la vie chrétienne.



Le martyre de Saint Etienne, 





          Nous voici déjà dans la dernière semaine de Pâques. Nous avons vécu ce temps avec les disciples, qui ont eu à traduire en art de vivre l’originalité de ceux qui ont choisi d’embarquer le Christ, mort et ressuscité, dans leur existence. Au-delà des considérations théologiques et des belles idées sur Dieu, croire au Ressuscité doit changer quelque chose à notre quotidien ; sinon, pourquoi faire ce choix ? Pourquoi dire que Jésus est ma vie, si ma vie justement n’en est pas affectée ? Faisons donc route avec les disciples et apprenons avec eux la vie chrétienne. 
 

          Un premier point qu’il nous faut alors souligner pour caractériser la vie chrétienne, c’est l’unité. Jean nous le dit dans son évangile : Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Une communauté chrétienne dans laquelle il n’y a pas d’unité n’est pas vraiment une communauté chrétienne. Paul s’en fera largement l’écho dans ses différentes lettres aux communautés qu’il a fondées. Qu’il y ait des courants ou des sensibilités différentes, c’est une chose ; que cela nous divise, c’en est une autre, pas du tout admissible. Notre unité découle de l’unité qui existe en Dieu même. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. L’unité est un marqueur de la foi ; elle entrainera la foi de ceux qui nous regarde vivre.  

          Un deuxième point qui caractérise la vie chrétienne, c’est cette espérance dont parle Jean à la fin du livre de l’Apocalypse : l’espérance du retour du Christ. Un retour qu’il faut oser demander : L’Esprit et l’Epouse disent : ‘Viens !’ Celui qui entend, qu’il dise : ‘Viens !’ L’attente du retour du Christ ne peut pas être juste une belle idée ; c’est quelque chose que nous devons avoir à cœur, quelque chose que nous désirons de toutes les fibres de notre être. Cette espérance nous pousse à vivre notre aujourd’hui en étant tendu vers demain, ce moment où le Christ se manifestera à nouveau dans toute sa gloire. Nous ne pouvons pas vraiment croire à ce retour et souhaiter en même temps qu’il soit repoussé le plus tard possible. Nous devons aspirer à voir ce jour et œuvrer pour que ce règne de Dieu se réalise ici et maintenant. Certains disent que le Christ reviendra quand le monde sera prêt. Je veux bien, mais que faisons-nous pour rendre le monde apte à accueillir celui qui doit venir ? Nous retrouvons ici l’importance de l’art de vivre à développer, dans notre vie, mais aussi autour de nous.  

          Ce qui nous amène au troisième point, qui nous est enseigné par Etienne dans le passage des Actes que nous avons entendu. Le chrétien est quelqu’un qui témoigne de sa foi. Etienne le fait admirablement durant son trop court ministère de diacre, non pas parce qu’il meurt, mais parce qu’il ne cesse de proclamer sa foi même quand le danger est proche. Le premier sens du mot martyr, c’est celui-là : être témoin. Nous n’en retenons souvent que le second : celui qui meurt à cause du Christ. Etienne, par sa vie et sa mort, nous rappelle que le second sens peut, quelquefois, découler du premier. Mais l’inverse n’est pas vrai ! Vous pouvez passer de martyr-témoin à mort-martyr. Mais être mort ne fait jamais de vous un témoin. Il nous faut donc vivre notre foi, pleinement, et en de rare cas en accepter les conséquences sans les rechercher. Nos martyrs ne sont pas martyrs parce qu’ils sont morts, mais parce qu’ils ont témoigné jusqu’au bout extrême. Ne gardons pas notre foi en poche avec un mouchoir dessus. Osons la dire, osons la montrer. La laïcité bien comprise n’est pas le terreau qui nous en empêche ; elle est le terreau qui nous le permet, au milieu d’autres qui croient autrement ou qui ne croient pas, et qui ont le droit de le dire aussi.  

          Un art de vivre commun à développer au nom de l’unité qui est en Dieu, une espérance à faire advenir, un témoignage à assurer : voilà ce que les disciples du Christ nous apprennent en matière de vie chrétienne. C’est ce que nous vivons déjà en chaque eucharistie ; c’est ce que nous avons à vivre entre deux eucharisties, forts du Pain que nous aurons partagé. Puisse chacune de nos eucharisties nous permettre de vivre toujours plus en chrétiens, engagés en Eglise, engagés dans notre monde, pour que le Règne de Dieu devienne réalité. Amen.   

Ascension du Seigneur - 26 mai 2022

 Faire route avec les disciples dans l'attente du retour du Christ.



Icône de l'Ascension, 




          Il n’y a rien de très difficile à comprendre à la fête de l’Ascension. Ce Jésus, qui était mort et dont les Apôtres ont acquis la certitude qu’il est bien vivant, ressuscité, ce Jésus donc retourne vers son Père. Ce retour est nécessaire pour que ces mêmes Apôtres puissent voir se réaliser la promesse de Dieu : leur baptême dans l’Esprit Saint, que nous célèbrerons dans quelques jours, lors de la Pentecôte. Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a rien de difficile à comprendre que cela ne pose pas de question. J’en ai deux à méditer avec vous ce matin.  

          La première question qui m’a travaillé l’esprit est la suivante : est-ce plus facile de se dire que je ne verrai plus quelqu’un parce qu’il est mort ? ou de se dire : je ne le verrai plus bien que je le sache toujours vivant ? Autrement dit que se passe-t-il dans la tête des Apôtres quand ils comprennent que Jésus, ils ne le verront plus de leur vivant ! Je n’ai pas de réponse claire puisque Luc donne deux versions du même épisode. Dans les Actes, il nous dit qu’ils restent là à regarder le ciel, alors que dans son évangile ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Les deux versions peuvent ne pas être incompatibles : ils peuvent d’abord rester là à regarder le ciel, pendant un moment plus ou moins long, avant de finalement rentrer joyeux ; mais quand même. Si tel était vraiment le cas, pourquoi ne pas l’avoir dit, même deux fois. Il n’y aurait rien eu de gênant.  

          La deuxième question concernerait plutôt la suite : Jésus est parti, c’est admis. Mais, en attendant son retour dans la gloire, comment on fait pour vivre de lui ? Est-ce que Jésus va juste devenir un souvenir, de plus en plus lointain à mesure que le temps passe ? Que devient alors la promesse qu’il a faite d’être avec eux jusqu’à la fin des temps alors même qu’il n’est plus là ? Le premier élément de réponse est donné par Luc, dans les Actes et dans l’évangile : les Apôtres recevront l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus, qui sera avec eux. La promesse sera tenue à travers lui. Un deuxième élément de réponse nous est donné par vous qui faites aujourd’hui votre première des communions. Vous l’avez appris, je pense lors de vos rencontres de catéchèse, Jésus, nous le croyons, est réellement présent dans le Pain et le Vin partagés. Le Pain consacré que vous recevrez pour la première fois aujourd’hui, c’est Jésus qui se donne à vous ; c’est Jésus qui s’invite chez vous ; c’est Jésus qui se rend présent au plus profond de vous. Le morceau de pain sur lequel je vais invoquer la puissance de l’Esprit Saint restera du Pain et pourtant il contiendra la présence de Jésus tout entier. Quand nous mangeons ce Pain consacré, c’est toute la vie de Jésus qui passe en nous pour transformer notre vie. c’est un grand mystère qui nous dit cette présence permanente de Dieu dans notre vie.  

          Ce Pain consacré, c’est le pain des forts, le pain de ceux qui sont forts ou qui veulent rester forts dans la foi. Si nous ne restons pas fidèles à Jésus, si nous ne l’accueillons pas dans ce Pain rompu et partagé, nous ne pouvons pas rester forts dans notre foi. C’est pour cela que la messe du dimanche reste la seule obligation à laquelle nous sommes soumis. Le dimanche, un chrétien catholique n'a pas d’autre choix, s’il veut rester attaché à Jésus, que d’aller à la messe, retrouver ses frères et sœurs, écouter avec eux l’enseignement de Jésus et participer avec eux au repas que lui-même nous sert. Pour rester forts dans notre foi, nous avons besoin de l’eucharistie dominicale. Ce serait être fou que de croire le contraire ; ce serait être fou que de croire que je peux rester chrétien sans Jésus dans ma vie.  

          Ce Pain consacré, c’est aussi le Pain d’effort, le Pain qui me donne la force de faire les efforts nécessaires pour rester fidèle, malgré les épreuves que je peux rencontrer dans ma vie. parce que croire en Dieu, ce n’est pas toujours simple. Dans notre monde qui a largement rangé Dieu au rayon des curiosités de l’histoire, se dire croyant demande un effort, une force qui ne vient pas de nous. Ce morceau de Pain consacré que nous recevons chaque dimanche vient nous redonner la force pour vivre une nouvelle semaine dans la fidélité à l’enseignement de Jésus. Parce qu’être chrétien, ce n’est pas seulement aller à la messe ou prier ; être chrétien, c’est d’abord un art de vivre animé par l’amour de tous. Je ne peux pas dire que j’aime Dieu si je n’aime pas les personnes qu’il met sur ma route. Comment je montre que j’aime Dieu ? En aimant les autres en qui Dieu est présent. Et Dieu sait qu’avec certains, il me faut faire un effort surhumain pour croire que Dieu est présent en eux. L’eucharistie, Pain d’effort, me permet d’aimer quand même, à travers Jésus.  

          A vous qui allez faire votre première des communions, je ne peux que vous redire ici l’importance pour vous de revenir, dimanche après dimanche, pour que cette première communion ne soit pas aussi la dernière, et pour que surtout, vous ressentiez, au milieu des autres chrétiens, la présence de Jésus dans votre vie. Ne faites pas de Jésus, après cette belle journée un beau souvenir, ni une belle idée. A la messe, Jésus se donne à entendre dans la Parole proclamée ; à la messe, Jésus se donne à voir et à manger dans le Pain et le Vin consacré. Pour être, avec les disciples, témoins de Jésus ressuscité, nous avons besoin de cette rencontre hebdomadaire avec Jésus qui se donne totalement à nous. A nous, adultes de cette communauté, il revient de les encourager et de les accompagner sur ce chemin de foi, à la suite des disciples, dans l’attente du jour où le Christ reviendra dans sa gloire. Alors nous aurons notre place à la table où Dieu nous attend, et dont notre eucharistie n’est qu’un reflet. Amen.

samedi 21 mai 2022

6ème dimanche de Pâques C - 22 mai 2022

 Faire route avec les disciples pour apprendre à dépasser nos conflits.




Icône des Apôtres Pierre, Jacques et Paul, source internet 
http://saint-paul-apotre.paroisse-immaculee-conception.fr/



            La liturgie ne nous permet pas de lire des chapitres entiers des textes bibliques. Le passage du livre des Actes que nous avons entendu est un résumé à gros coups de crayon du chapitre 15 du livre qui aborde pourtant un moment essentiel de la vie de la jeune communauté réunie dans la foi au Christ ressuscité, et une question fondamentale posée à cette même communauté, question qui aurait pu conduire à l’éclatement de celle-ci. La dispute peut nous sembler aujourd’hui complètement dépassée et pourtant, je ne suis pas sûr qu’elle ne se pose plus à nous. 

            Ce qui est en jeu, dans le débat de l’assemblée de Jérusalem, ce n’est rien de moins que la foi de cette communauté. Le premier voyage missionnaire de Paul a été un succès. De nombreux païens sont venus à la foi au Christ vivant. Au lieu de s’en réjouir, certains ont estimé qu’il leur manquait quelque chose d’essentiel : la circoncision, qui n’ayant pas été faite laisse un petit bout de chair de trop. Comprenez-vous : ces convertis-là ne sont pas juifs d’origine ; ils ne sont pas comme le Christ qu’ils confessent désormais ; ils ne sont pas comme les Apôtres, tous juifs de naissance. Si la foi au Christ est bien l’aboutissement de la foi juive, ne faut-il pas que ces païens en passent par là et qu’on leur coupe ce petit bout de chair qu’ils ont en trop ? Les bons connaisseurs de Paul auront reconnu là un thème favori de la pensée de Paul : seule la foi au Christ sauve. Il n’y a besoin de rien d’autre. Et puisque la Loi n’a pas permis au peuple élu de se préserver du péché, il y a là bien le signe que la circoncision est devenue caduque. Pour d’autres, au contraire, il n’y a pas à tergiverser : il faut respecter la Loi, toute la Loi, pour découvrir qu’elle s’accomplit en Jésus, mort et ressuscité. L’assemblée de Jérusalem réunit les deux parties ; une décision est attendue, non pour déclarer un vainqueur et un vaincu, mais pour sauvegarder l’unité de la communauté croyante. Parce que l’enjeu est bien celui-là : l’unité de tous !

             Dans le passage entendu, nous n’avons que le début du chapitre 15 qui donne le contexte qui va mener à la convocation de cette assemblée et la décision finale prise. Pourtant, le processus est tout aussi important. Une assemblée se réunit à Jérusalem, autour des Apôtres et des Anciens. Il y a d’abord un discours de Pierre qui renvoie à l’expérience qu’il a eu avec le Centurion Corneille, officier de l’armée d’occupation qui avait reçu l’Esprit Saint avant même d’être baptisé. Dans son argumentaire, il place d’emblée la question au niveau théologique. Ecoutez plutôt ce qu’il dit : Maintenant, pourquoi donc mettez-vous Dieu à l’épreuve en plaçant sur la nuque des disciples un joug que nos pères et nous-mêmes n’avons pas eu la force de porter ? Oui, nous le croyons, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous sommes sauvés, de la même manière qu’eux. Après ce discours, c’est Paul et Barnabé qui vont exposer tous les signes et les prodiges que Dieu avait accomplis grâce à eux parmi les nations. Vous aurez noté que c’est bien Dieu qui agissait à travers eux ; c’est bien Dieu qui a converti les cœurs des païens. Enfin, c’est Jacques qui prend la parole. Certains voient en lui l’opposant principal de Paul. Pourtant, il aura cette parole surprenante : j’estime qu’il ne faut pas tracasser ceux qui, venant des nations, se tournent vers Dieu, mais écrivons-leur de s’abstenir des souillures des idoles, des unions illégitimes, de la viande non saignée et du sang. Entendez-le bien : il ne faut pas tracasser ceux qui se tournent vers Dieu. Qu’importe finalement qu’ils soient juifs comme Jésus et nous, ses Apôtres, ou pas, dit Jacques. Reconnaissant l’œuvre de Dieu en eux, il invite à respecter le choix de Dieu et donc de ne pas tracasser les nouveaux venus. Le pape François ne dit pas autre chose quand il nous invite à ne pas jouer aux douaniers, rendant impossibles pour certains l’accès à Dieu et aux sacrements de l’Eglise. La position de Jacques deviendra le corps de la décision prise. Il faut remarquer ici l’audace qui ouvre cette décision : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé… Ce n’est pas juste une décision humaine qui est rendue ; l’Esprit Saint, autrement dit Dieu lui-même, est acteur de cette décision. Puisqu’il a appelé les païens à la foi, les Apôtres reconnaissent qu’ils ne peuvent pas s’y opposer. D’où juste trois interdits logiques : s’abstenir des viandes offertes aux idoles (choisir le Christ, c’est les refuser) ; s’abstenir du sang (le sang est à Dieu, il est le siège de la vie : ne vous prenez pas pour Dieu donc) et s’abstenir des unions illégitimes (n’allez pas contre l’ordre voulu par Dieu à la Création). Rien de plus que cela.

 

            Faire route avec les disciples pour apprendre à dépasser nos conflits revient à nous mettre à l’écoute de Dieu. C’est lui le juge de paix dans nos communautés ; c’est lui qui nous montrera où est le vrai, le bon, le juste. C’est lui aussi qui nous donnera de nous écouter en vérité. Il ne s’agit pas, entre deux camps, de définir qui dit vrai, qui dit faux ; il s’agit de reconnaître où Dieu veut nous conduire et le suivre, lui. Ainsi l’unité de la communauté croyante sera préservée, parce que c’est bien Dieu qui la mène et non les hommes qu’il choisit. Devant les choix que nous aurons à faire pour l’avenir de nos communautés, laissons nos préférences, nos idées toutes faites et bien arrêtées, et écoutons ce que l’Esprit dit aux Eglises. Nous pourrons alors maintenir l’unité de nos communautés et dire en vérité à notre tour : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé… Amen.

samedi 14 mai 2022

5ème dimanche de Pâques C - 15 mai 2022

 Faire route avec les disciples pour construire nos communautés.






            La lecture du livre des Actes des Apôtres est intéressante parce qu’elle nous montre, par le détail, comment ce qui n’était qu’un tout petit groupe au sein de la religion juive, va peu à peu se développer jusqu’à devenir une entité à part, ce qui n’était pas du tout le dessein originel des Apôtres. Fonder une nouvelle religion n’était pas dans leur projet. Leur projet, c’était l’annonce de la bonne nouvelle de la Résurrection de Jésus. Et de l’annoncer comme l’accomplissement de la foi de leurs pères. 

Nous avons compris, dimanche dernier, que cette annonce devait se faire ; il y a une sorte d’impératif qui fait que les disciples de Jésus ne peuvent se taire. Puisque leurs frères dans la foi ne veulent pas les entendre, ils se tournent donc vers les païens. Le premier voyage missionnaire de Paul et Barnabé est l’exemple même de la manière dont les disciples de Jésus sont peu à peu poussés vers le monde païen. Nous avons entendu aujourd’hui la fin de ce premier voyage et nous constatons que partout où Paul et Barnabé ont passé, des communautés ont été fondées. Le voyage de retour vers Antioche de Syrie d’où ils sont partis, leur fait revisiter ces communautés et les installer dans la durée en désignant des Anciens pour les conduire. Quelque chose qui n’était pas prévu va naître. A côté de la synagogue, lieu de rassemblement des Juifs, naissent des Eglises (des communautés de croyants au Christ) qui rassembleront les disciples du Ressuscité. Paul et Barnabé vont accompagner ce mouvement et organiser ces Eglises. Il ne suffit pas d’annoncer Jésus Christ, mort et ressuscité ; il faut aussi donner aux convertis les moyens de rester fermes dans la foi. Il y a là déjà la conscience que nul ne peut être chrétien tout seul ; nul ne peut demeurer chrétien tout seul. L’Eglise devient un marqueur pour ces hommes et ces femmes qui se convertissent. La mise en place de ces Eglises ne se fait pas non plus par hasard ; la fonction d’Ancien n’a pas forcément quelque chose à voir avec l’âge de ceux qui sont choisis. On ne choisit pas non plus forcément le plus grand, le plus beau, le plus intelligent. Ce n’est pas un pouvoir qui leur est confié ; c’est un service qu’ils doivent accomplir. Tout ce que Paul et Barnabé mettent en place se fait dans le jeûne et la prière, une manière de dire que la barque, c’est Dieu qui la mène. Vous pourrez vérifier par vous-mêmes lorsque vous entreprendrez la lecture continue de ce livre : rien ne se fait hors de Dieu ; la prière est omniprésente. D’ailleurs la finale du passage entendu aujourd’hui ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Luc écrit : Une fois arrivés, ayant réuni l’Eglise, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait pour eux et comment il (au singulier) avait ouvert aux nations la porte de la foi. L’œuvre des disciples, c’est de laisser Dieu agir ; l’œuvre de l’Eglise, c’est d’être ouverte aux appels de Dieu. 

Dans nos communautés aujourd’hui, nous ne pouvons pas agir différemment. Si nous voulons bien construire nos communautés à l’exemple de ces premières Eglises, nous n’avons pas d’autre choix que de laisser là nos belles idées pour nous ouvrir à ce que Dieu veut pour nous. Pour le dire autrement, tout groupe qui se construirait en-dehors de ce lien profond au Christ mort et ressuscité, annoncé par les Apôtres et leurs successeurs, ne serait pas vraiment Eglise. Un groupe de chrétiens qui prétendrait agir au nom de l’Eglise sans jamais prier ensemble pour se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint et de la volonté de Dieu, ne serait pas vraiment Eglise. Tout individu ou groupe qui prétendrait vivre sa foi en-dehors de toute communauté établie par les Apôtres et leurs successeurs, ne seraient pas vraiment d’Eglise. Faut-il rappeler que nos paroisses n’existent pas par notre volonté propre, mais parce qu’elles ont été voulues, autorisées par un évêque, successeur des Apôtres, qui en a établi le territoire et la mission ? En fondant les Eglises dans le bassin méditerranéen, Paul et Barnabé n’ont pas fait ce qu’ils voulaient, mais ce que l’Esprit de Dieu attendait d’eux. Nous avons confirmation de cela ailleurs dans les Actes quand Paul veut se rendre quelque part, mais que l’Esprit Saint s’y oppose. Et Paul obéira et ira où le pousse l’Esprit. C’est ainsi que se construit l’Eglise ; c’est ainsi que nous refondrons nos communautés : en étant, comme Paul et Barnabé, attentifs à ce que l’Esprit dit aux Eglises, pour reprendre le langage du livre de l’Apocalypse. 

Nos plus belles idées, nos plus grandes envies, si elles ne sont pas inspirées par l’Esprit Saint, ne resteront que de belles idées, de grandes envies. Leur fécondité vient de l’Esprit Saint qui nous les aura soufflées. Sans lui, rien ne porte de fruits. Pour construire des communautés solides et fécondes, mettons-nous en prière avant d’agir, à l’exemple des Apôtres. Et soyons conscients que Dieu travaille avec nous et que lui seul peut susciter la foi. Amen.  

samedi 7 mai 2022

4ème dimanche de Pâques C - 08 mai 2022

 Faire route avec les disciples pour devenir missionnaires.



(Paul et Barnabé, fondateurs d'Eglise, 
Source internet : B.8. Retour à Antioche - Saint Paul apôtre (paroisse-immaculee-conception.fr)




A suivre les Apôtres durant le temps pascal, il devient vite évident qu’il est impossible de devenir chrétien juste pour soi. Depuis Pâques, nous avons vu comment les Apôtres eux-mêmes se sont lentement faits à la radicale nouveauté de la résurrection du Christ et de ce que cet événement allait changer en eux. C’est toute leur vie qui s’en trouve bouleversée, et par-delà, la vie de tous les hommes. Nous l’avions constaté dès le jour de Pâques dans l’extrait de la prédication de Pierre chez le centurion Corneille. Si nous reprenons le chemin parcouru depuis Pâques, nous devons nous rendre à l’évidence aujourd’hui : l’événement de Pâques ne nous fait pas seulement découvrir que l’impossible devient possible ; l’événement de Pâques ne nous propose pas seulement de nous attacher à ce Christ, vainqueur de la mort ; l’événement de Pâques ne nous demande pas seulement de témoigner du Christ vivant auprès de ceux qui ont du mal à entrer dans cette nouveauté ou qui la refuse. Non, l’événement de Pâques nous pousse à devenir missionnaire, réellement. Christ ne ressuscite pas pour que je le garde pour moi, mais bien pour que je l’annonce par ma vie et par mes mots à tous les hommes, qu’ils soient de mon clan, de ma religion ou pas. 

Voyez Paul et Barnabé. Nous les croisons lors de leur premier voyage missionnaire. Ils arrivent à Antioche de Pisidie et selon leur habitude, le jour du sabbat, ils entrèrent dans la synagogue et prirent place. C’est ce qu’ils ont toujours faits ; c’est ce qu’ont fait tous les premiers chrétiens, Pierre et les autres en tête. Issus du milieu Juif, ils annoncent Jésus, mort et ressuscité, à leurs coreligionnaires, en leur montrant comment Jésus, par sa mort et sa résurrection, accomplit les promesses faites par Dieu à leurs Pères dans la foi. Et nous voyons bien, ici à Antioche, qu’ils ne cherchent pas à les détourner de leur foi juive : Paul et Barnabé, parlant avec eux, les encourageaient à rester attachés à la grâce de Dieu. Ni Paul, ni Barnabé, ni Pierre, ni aucun autre disciple du Seigneur, n’a l’impression d’avoir changé de religion en proclamant que Christ, celui qui était mort, est désormais vivant, auprès de Dieu. Pour eux, c’est l’accomplissement normal de leur foi initiale. Le Dieu des Pères a (enfin) accompli les promesses faites depuis Abraham, Moïse et les Prophètes. Le problème, si problème il y a, ne vient donc pas d’eux, mais bien de certains auditeurs. Le sabbat suivant, presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole du Seigneur. Quand les Juifs virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient. C’est comme si aujourd’hui, ceux qui se plaignent de nos églises vides le dimanche, entraient en colère si, à l’occasion de la venue d’un prédicateur brillant, les églises devenaient d’un coup, trop petites ! Et Paul est le mieux placé pour leur répondre. Souvenez-vous qu’il n’y a pas si longtemps encore, il s’excitait lui-même contre ceux qu’il qualifiait de secte dangereuse pour la pureté de la foi juive. Entre ces jours sombres où il poursuivait les adeptes de cette nouvelle voie et ce jour à la synagogue d’Antioche de Pisidie, il y a sa rencontre personnelle avec le Christ sur la route vers Damas. Cette rencontre était nécessaire et décisive pour qu’il comprenne l’accomplissement du projet de Dieu pour les hommes en son Fils Jésus, mort et ressuscité. 

Devant l’opposition des Juifs d’Antioche, Paul se rend compte de la nécessité de la mission. Elle ne saurait être arrêtée ou entravée par une quelconque opposition. Paul l’explique lui-même ainsi : C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Si vous relisez les douze chapitres précédents du livre des Actes, vous constaterez par vous-mêmes que c’est ce que les Apôtres ont toujours fait jusqu’à présent : annoncer le Christ ressuscité à leurs frères dans la foi juive. Mais, poursuit Paul, puisque vous la rejetez (…) nous nous tournons vers les nations païennes. Le message de la résurrection est tellement important que, si ceux à qui il était destiné au départ n’en veulent pas, il faut le passer à d’autres. Aucun disciple de Jésus, ayant fait l’expérience du Christ ressuscité, ne peut garder cette nouvelle pour lui, quand bien même ceux à qui ce message était destiné, n’en veulent pas. Il faut le transmettre, à tout prix. Et Paul de préciser pourquoi il va désormais agir ainsi : C’est le commandement que le Seigneur nous a donné : J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. La raison de l’impérieuse nécessité de la mission n’est pas philosophique ; elle n’est pas davantage une espèce de punition ou de vengeance (tu n’en veux pas, c’est pas grave je donnerai à un autre) ; non, la raison est théologique : c’est la réponse normale à l’ordre de Dieu lui-même. Le salut, que le Christ réalise par sa mort et sa résurrection, est pour tous les hommes ; Israël, dès le départ, a été voulu par Dieu comme son peuple particulier, non pas pour qu’il confisque Dieu à son seul profit, mais pour que toutes les nations parvienne à sa lumière. 

Ce qui était vrai du temps de Paul, reste vrai pour nous aujourd’hui. Le pape François n’a cessé de le rappeler depuis son élection. Pour reprendre son vocabulaire : nous devons aller aux périphéries. Sa demande ne s’adresse pas aux prêtres seulement, mais à toute l’Eglise, c'est-à-dire à chaque baptisé. Aucun de nous ne peut faire l’économie d’une démarche missionnaire authentique. Il ne s’agit pas comme Paul de parcourir le monde ; il s’agit de commencer dans sa famille, dans son quartier, auprès des hommes et des femmes que nous croisons. Et si l’art de la prédication n’est pas donné à tout le monde, l’art de vivre chrétien est notre lot commun. C’est d’abord par notre vie, par notre qualité de relation avec tous, que nous serons missionnaires, ou pas ! Avec les Apôtres, devenons missionnaires pour que le monde croit que Dieu veut le meilleur pour lui. Alors à nouveau les hommes seront dans la joie et rendront gloire à la parole du Seigneur. Amen.