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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 29 août 2015

22ème dimanche ordinaire B - 30 août 2015

Faut-il se laver les mains ou non ?





Tu pourrais au moins te laver les mains ! Quel parent n’a jamais fait cette réflexion à son enfant qui, revenant de jouer dans le jardin, allait passer à table sans même faire un tour par la salle de bain ? Non tant d’ailleurs par souci de lui éviter l’Enfer que par simple mesure d’hygiène. C’est cette même réflexion que les pharisiens et les scribes font à Jésus au sujet de ses disciples, non tant par souci d’hygiène que par scrupule religieux : ils ne respectent pas la tradition des anciens. Ce qui donne l’occasion à Jésus de préciser le rapport entre la foi et la manière que les hommes ont de l’interpréter ou de la mettre en œuvre. Sa réponse à ceux qui l’interrogent est double. 
 
Dans un premier temps, il les renvoie au prophète Isaïe qui déjà dénonçait l’éloignement de Dieu par le peuple : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Nous comprenons bien de quoi il s’agit : ils font des prières, ils enseignent Dieu, mais le cœur n’y est pas. Dieu est devenu une idée, un sujet de discussion et d’étude, mais pas quelqu’un avec qui l’on vit. La religion a été vidée de la foi ; ne comptent plus que les manifestations extérieures et le respect scrupuleux de règles vidées de leur sens. On fait des choses par habitude, parce que tout le monde le fait et non plus parce que ces mêmes choses signifient profondément ma foi. On accumule dévotions et pèlerinages, jeûnes et mortifications, bref on fait des choses pour Dieu, mais on ne change surtout rien à notre vie. Toutes ces pratiques sont comme des parenthèses spirituelles, sans grandes conséquences pour la foi.  C’est le règne de l’apparence de la piété sans le risque de la conversion. 
 
Ce qui amène Jésus au second temps de sa réponse : C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses. Celui qui veut vraiment se convertir et vivre avec Dieu, c’est dans son cœur qu’il doit faire venir Dieu. Faut-il rappeler ici que le cœur, dans la Bible, n’est pas ce lieu plein de guimauve qui me fait fondre mais que c’est avec le cœur que l’homme biblique prend les grandes décisions de sa vie ? Nous comprenons alors l’importance de l’enseignement de Jésus. Si ton cœur est habité par le Mal, tout ce que tu feras sera mal, même si tu as Dieu au bout de lèvres en permanence. Si ton cœur est habité par Dieu, alors toute ta vie sera illuminée de sa présence. Pour reprendre le psalmiste, nous pouvons affirmer que celui dont le cœur est habité par Dieu séjournera sous la tente du Seigneur, car il se conduit parfaitement, il agit avec justice, dit la vérité selon son cœur. Il met un frein à sa langue, il ne fait  pas de tort à son frère et n’outrage pas son prochain…Qui fait habiter Dieu dans son cœur demeure inébranlable
 
Alors faut-il se laver les mains, oui ou non ? Si tu ne veux pas risquer de tomber malade, cela peut être utile. Mais pour plaire à Dieu, ce ne sont pas les mains qu’il faut te laver, c’est le cœur. C’est bien pour cela que le prêtre se lave… les mains avant de commencer la prière eucharistique : ce n’est pas un geste hygiénique, mais une prière adressée à Dieu. De son cœur monte en même temps cette prière : Lave moi de mes fautes, Seigneur, de mon péché, purifie moi ! Libéré de tout mal, il peut offrir, pour tous, le sacrifice qui donne la vie, Jésus, pain rompu, livré pour nous. Quand Dieu habite le cœur de l’homme,  le Christ est présent et agit pour notre vie. C’est vrai du prêtre, c’est vrai de chacun de nous. Amen.

(Dessin de Coolus, Le Blog du Lapin bleu)

samedi 22 août 2015

21ème dimanche ordinaire B - 23 août 2015

L'heure de vérité : ceux qui partent et ceux qui restent.




Nous terminons notre incursion dans l’évangile de Jean au moment de l’heure de vérité. Les tensions entre Jésus et la foule, développées les semaines passées, parviennent à un sommet. Nous sommes à l’heure de vérité ; il y a ceux qui partent et qui cessent d’accompagner Jésus et il y a ceux qui restent, les Douze. De cinq mille hommes au moment de la multiplication des pains à Douze aujourd’hui, la chute est rude. Comment en est-on arrivé là ? 
 
Il y a d’abord la rudesse des paroles de Jésus. Non qu’il soit méchant avec la foule, mais nous avons vu comment, lentement, la foule ne comprenait plus Jésus. Ses paroles ne passent pas. La réflexion faite par certains est significative : cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? La réponse a déjà été donnée par Jésus : personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père. Il faut donc accepter la parole de Jésus comme étant donnée par le Père ; ainsi seulement nous pouvons nous approcher de Jésus et comprendre en vérité que cette parole, pour rude qu’elle soit, est esprit et vie
 
Il y a ensuite la personne de Jésus lui-même. Nous avons vu, dans les semaines passées, que la foule croyait connaître Jésus parce qu’elle connaît sa parenté et ses origines. Mais c’est oublier que Jésus n’est pas que vrai homme. Jésus est Dieu, né de Dieu, comme nous le disons lorsque nous proclamons notre foi. Si la parole de Jésus choque, sa personnalité ne laisse pas indifférent non plus. Pour certains, il outrepasse ses droits. C’est donc bien sur sa personne qu’il nous faut nous prononcer. Nous en sommes arrivés à cette question cruciale : pour ou contre Jésus ? 
 
D’ailleurs, les Apôtres, et Simon Pierre en particulier, ne s’y trompent pas. Quand Jésus les interroge : Voulez-vous partir vous aussi ?, la réponse de Pierre jaillit, lumineuse : A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. Tout ce que la foule n’a pas compris, il le reprend, en affirmant la foi des Douze. Les Apôtres croient que la parole de Jésus est plus qu’une parole d’homme. Les Apôtres croient et savent qui est Jésus en vérité. C’est bien dans un acte de foi que tous pourront, comme les Apôtres, accorder leur juste importance aux paroles de Jésus. C’est bien dans un acte de foi que tous pourront, comme les Apôtres, reconnaître en Jésus Dieu fait homme. 
 
Ce n’est donc pas surprenant qu’au cœur de la rencontre des croyants le dimanche, après avoir entendu la Parole de Dieu et avant de nous approcher de la table eucharistique, il y ait la proclamation de la foi, l’acte par lequel les disciples se reconnaissent entre eux, et reconnaissent appartenir au même Père, à la suite du Fils unique, dans la communion de l'Esprit Saint. En affirmant notre foi, nous reconnaissons que la parole entendue est bien Parole de vie éternelle et nous reconnaissons déjà la présence du Christ, vers qui le Père nous attire, et qui, en retour, nous montre le chemin vers le Père. En nous invitant à sa table, il nous partage le pain de sa parole et le pain de vie, son propre corps livré et rompu pour le salut du monde. 
 
A la question de Jésus à ses disciples : voulez-vous partir vous aussi ?, il nous faut répondre chaque semaine. En venant au repas de l’eucharistie, nous reprenons l’affirmation de foi de Pierre ; en nous abstenant de venir, nous faisons comme la foule : nous partons, nous aussi. Le choix nous appartient ; il est à refaire chaque dimanche parce que chaque dimanche Dieu nous invite. Amen.
 
 

samedi 15 août 2015

20ème dimanche ordinaire B - 16 août 2015

3ème tension entre Jésus et la foule : la foule écoute mais n'entend pas !





Cela devait bien arriver, n’est-ce pas ? Ne comprenant pas vraiment qui est Jésus, la foule finit par le laisser parler sans plus rien comprendre à ce qu’il dit. Elle écoute, mais elle n’entend rien à ce qu’il dit. Ce que dit Jésus ne concerne plus l’entendement de la foule. La tension qui oppose celle-ci à Jésus grandit encore un peu. Viendra le moment où elle ne voudra même plus l’écouter, préférant le faire taire une fois pour toutes en le clouant sur la croix. 
 
Quand on sait que saint Jean n’a pas de récit d’institution eucharistique, mais seulement ce chapitre 6 pour nous parler de l’Eucharistie, on peut comprendre cette rupture. Le récit du dernier repas de Jésus chez les autres évangélistes donne un cadre à la présence perpétuelle de Jésus à son peuple ; ce qu’il fait au cours de ce dernier repas, ses disciples doivent le faire à leur tour, à travers le temps et l’histoire pour affirmer la présence de Jésus au milieu de son peuple. Jean, en optant pour un discours sur le Pain de la vie, choisit d’approfondir le sens de ce repas. En un sens, il est plus clair que les autres en explicitant ce rite qui deviendra familier des chrétiens ; mais en l’explicitant, il en donne toute la portée. Et la foule n’est pas prête à entendre tout ce que Jésus dit à ce sujet. Déjà écouter Jésus dire : Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, semblait difficile à accepter ; mais là, en conclusion de son discours, il enfonce le clou : Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. C’est sans doute l’affirmation de trop. Il dit clairement qu’il est la vie même de l’homme. Jésus devient incontournable. L’invitation faite par la Sagesse à partager le repas qu’elle a préparé pour les hommes devient invitation à « consommer » Jésus lui-même. Jésus se fait notre nourriture, notre essentiel, notre vie. Il affirme clairement sa divinité. Quelle prétention ! Et cela vous étonne que ses auditeurs se querellent entre eux ? 
 
Pourtant, c’est bien cela que nous devons comprendre dans les gestes eucharistiques que les prêtres refont depuis lors. En consacrant le pain et le vin, ils rendent Jésus, le Fils unique de Dieu, présent totalement. C’est à lui, c’est-à-dire à Dieu lui-même, que nous communions quand nous entendons sa Parole proclamée. C’est à lui, c’est-à-dire à Dieu lui-même, que nous communions quand nous mangeons le pain consacré, signe de sa présence réelle à l’Eglise. Il nous faut pleinement mesurer que nous nous coupons de la vie si nous ne mangeons plus ce pain consacré, si nous ne mangeons plus le corps de notre Seigneur. Ne pas participer au repas de l’Eucharistie pour un disciple du Christ n’est pas grave, c’est juste impossible. Ce rassemblement dominical n’est pas fait pour compter les troupes mais pour que les troupes puissent puiser à la source même de la vie ce qui est indispensable à leur propre vie. La Parole de Dieu partagée en communauté nourrit notre foi ; le Pain de la vie reçu en communion nous fait participer au sacrifice du Christ qui a livré sa vie pour nous. C’est sa vie que nous accueillons chaque dimanche pour faire grandir notre vie. 
 
Comme autrefois à la foule rassemblée autour de lui, Jésus nous redit en chaque eucharistie qu’il est notre vie ; il nous redit qu’il a donné sa vie par amour pour nous ; il nous redit sa présence éternelle à notre vie. Toutes nos faims trouvent en lui leur apaisement. Notre vie trouve son sens dans le sacrifice qu’il a consenti pour nous ; notre vie trouve son sens dans sa vie donnée, livrée sur la croix. Comment pourrions-nous manquer de nous approcher de lui ? Comment pourrions-nous préférer quelque chose d’autre à cette rencontre hebdomadaire avec Jésus ? Tenons-nous si peu à notre propre vie pour faire le choix de ne pas la nourrir de ce pain rompu, livré pour notre salut ? Tenons-nous si peu à notre vie pour accepter de la voir s’amoindrir par paresse spirituelle et confort personnel ? Participer au repas de l’Eucharistie n’est pas une obligation d’ordre moral ; c’est une obligation d’ordre vital. C’est toute notre vie qui se joue ici, dans la vie donnée du Christ. 
 
Que la célébration de nos eucharisties nous donne d’entendre ce que la foule n’a fait qu’écouter. Puissions-nous toujours garder au cœur le désir de nous approcher de la table eucharistique pour y puiser notre vie pour aujourd’hui et pour l’éternité. Amen.
 
(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, éd. Les Presses d'Ile de France)

Assomption - 15 août 2015

Marie, une exception ?





Au risque de paraître impertinent, interrogeons-nous : Marie, dans son Assomption, est-elle une exception ? Derrière cette question s’en cache une autre qui nous concerne davantage : avons-nous une chance de vivre quelque chose d’analogue à son Assomption ? Car enfin, reconnaissons-le : nous ne sommes pas tous comme Marie à garder jour et nuit la Parole de Dieu au cœur de notre vie et à la méditer sans cesse ; contrairement à Marie, nous sommes marqués par le péché des origines dès notre éveil à la vie. Alors oui, avons-nous une chance ? Et à quelles conditions ?
 
D’emblée, il nous faut rappeler que l’Assomption de Marie que nous célébrons aujourd’hui n’est pas une récompense pour ses vertus. D’ailleurs quelle vertu de Marie pourrions-nous mettre en avant pour justifier cette récompense ? Si l’on en croit la prière de l’Eglise, elle  été préservée de tout péché par une grâce venant déjà de la mort de Jésus (oraison de la fête de l’Immaculée Conception). La Tradition de l’Eglise comprend donc bien que Marie, dès sa naissance, a été préservée du sort du commun des mortels pour accueillir en son sein le Fils unique de Dieu, Jésus, notre Seigneur et Sauveur. D’une certaine manière, sa vie n’a rien de surprenant alors. Préservée par Dieu, non marquée par le péché, il semble facile de vivre conformément à la volonté de Dieu. Du moins le pensons-nous spontanément. 
 
Si l’Assomption n’est pas une récompense, comment la comprendre alors ? Il faut la comprendre comme l’aboutissement d’un long processus. Elle est rendue possible par l’incarnation du Fils de Dieu. Si Jésus n’était pas devenu homme pour que les hommes puissent devenir Dieu, nous ne pourrions pas célébrer l’Assomption comme l’annonce de notre propre destinée : nous sommes faits pour vivre en Dieu pour toujours ! Sans l’incarnation, l’Assomption serait un coup d’exception, réservée à une femme d’exception, mais totalement hors de notre portée. Avec l’incarnation, c’est-à-dire avec le désir de Dieu de venir en ce monde pour changer la face de la terre et offrir le salut à tous, le résultat de l’Assomption (Marie dans la gloire du ciel) devient pour nous un motif d’espérance. Puisque Dieu vient à notre rencontre, nous pouvons devenir ses familiers. Peut-être avons-nous là la raison du choix de l’Evangile de cette fête : par le Magnificat, Marie chante bien toutes les merveilles que Dieu fait pour les hommes. Mais elle dit aussi le lien entre l’incarnation et l’assomption : Il s’est penché sur son humble servante (incarnation) ; désormais tous les âges me diront bienheureuse (assomption). L’un ne va pas sans l’autre. Pour que les enfants des hommes puissent espérer vivre en Dieu pour toute éternité, il faut un geste d’amour divin ; il faut que Dieu s’abaisse pour élever l’homme à sa hauteur. Marie a été la première à être élevée aussi haut pour nous rappeler notre avenir et donner à notre foi un peu de consistance. Elle a été la première parce qu’elle a totalement accueilli Dieu dans sa propre vie. Nous ne croyons pas en Dieu en vain ; nous ne proclamons pas un Dieu qui s’est fait homme juste pour son bon plaisir : il est devenu l’un de nous pour nous attirer à lui et nous sauver une fois pour toutes de tout ce qui nous retient loin de lui. 
 
Si l’Assomption est la conclusion triomphale de l’incarnation, n’avons-nous donc rien à apprendre de Marie ? Oh que si ! Nous avons à apprendre d’elle la fidélité  de Dieu à son projet d’amour et notre propre fidélité à ce projet. En préparant en Marie une demeure digne de son Fils, Dieu nous rappelle qu’il est fidèle à son projet d’amour : aucun péché des hommes ne saurait lui faire abandonner son désir de nous sauver. En entrant dans la gloire des enfants de Dieu, Marie nous rappelle qu’il nous faut entrer dans cette fidélité, à notre tour. Bien que préservée par Dieu, elle gardait sa pleine liberté et aurait pu refuser ce pour quoi elle avait été préparée. Mais elle a dit oui à l’ange, oui à Dieu, oui au salut que Dieu proposait à tous les hommes. Son Assomption nous rappelle que nous ne perdons pas notre temps à agir sur terre de manière à plaire à Dieu plutôt qu’aux hommes. Comme Elisabeth a raison d’accueillir en Marie celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! C’est là son titre de gloire ; et le fait qu’elle ait été choisie par Dieu ne rend pas sa foi plus simple ou plus évidente. 
 
Aujourd’hui, Dieu accueille en sa présence Marie, fille d’Eve. Il nous redit à quelle vie il nous appelle. Il nous redit qu’il nous aime tellement qu’il nous veut avec lui pour toujours. Il nous a choisis au moment de notre baptême pour vivre avec lui. De Marie, apprenons à dire oui à Dieu en toutes choses et nous verrons nous-aussi les cieux s’ouvrir pour nous accueillir lorsque viendra le terme de notre vie, car l’amour de Dieu ne peut se détourner de ceux qui comptent sur lui. Laissons-nous aimer comme Marie, et nous aussi nous partagerons sa gloire. Amen.

(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, éd. Les Presses d'Ile de France)

samedi 8 août 2015

19ème dimanche ordinaire B - 09 août 2015

2ème tension entre Jésus et la foule :
les hommes s’interrogent sur Jésus, Jésus les invite à dépasser sa personne.
 
 
 
Il nous faut faire un effort de mémoire encore pour bien situer l’évangile entendu et bien le comprendre surtout. Tout a commencé il y a quinze jours, avec la multiplication des pains. Jésus prenait ainsi soin du peuple qui lui était confié. Mais ce miracle déclenche une polémique entre Jésus et la foule. Elle a commencé la semaine passée lorsque les hommes demandaient des signes à Jésus, alors que Jésus demandait la foi aux hommes. La polémique se poursuit en ce dimanche : l’incompréhension grandit entre Jésus et ceux qui l’ont suivi jusqu’ici. 
 
Pour les hommes, cette polémique a pour origine Jésus lui-même. Pas seulement ce qu’il dit, mais qui il est. La foule croit connaître Jésus parce qu’elle connaît son origine, son père et sa mère. C’est un enfant de la région. Ce qu’il dit en devient alors encore plus insupportable. Enfin, pour qui se prend-t-il ? En s’approchant de l’homme dont ils connaissent la parenté, ils s’imaginent connaître Jésus, celui que les hommes confesseront comme Christ après Pâques. Comment pourraient-ils approcher le Christ alors qu’ils n’ont pas la foi ? La foule d’avant Pâques peut-elle comprendre des paroles qui sont déjà celles du Seigneur Ressuscité ? Ce n’est que dans la foi de Pâques que nous pouvons découvrir la vérité et la profondeur des paroles de Jésus entendu ce dimanche. Ce n’est que dans la foi de Pâques que nous pouvons reconnaître vraiment Jésus comme le pain qui donne la vie
 
Si Jésus n’est qu’un homme parmi d’autres, sa prétention à être le pain de la vie est inaudible. Mais si Jésus est bien celui que le Père envoie, alors il est vraiment celui qui donne la vie aux hommes. C’est sa raison d’être au milieu de nous. Dieu ne l’a pas envoyé juste pour voir comment c’était sur terre. Il n’est pas venu faire une visite d’inspection. Il est venu dire aux hommes le chemin vers Dieu ; il est venu apporter aux hommes le salut en offrant sa propre vie. La multiplication des pains était un signe évident de sa proximité avec Dieu son Père, le signe évident qu’il est venu prendre soin de nous, veiller sur nous et nous donner la vie de Dieu. Le don du pain annonce le don de sa vie. Il faut donc l’entendre quand il nous parle de son Père. 
 
Si nous acceptons que Jésus est le Fils unique de Dieu, comme nous le rappelait cette semaine la fête de la Transfiguration et la voix du Père dans la nuée – Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! – alors les paroles qu’il prononce aujourd’hui sont une invitation à ne pas nous arrêter à sa personne, mais à voir le Père dans tout ce que dit Jésus, dans tout ce que fait Jésus. Jésus n’est donc pas le héros que la foule imagine ; il ne fait rien par lui-même, mais parce que un autre, son Père, lui demande de le faire. On peut comprendre la déception de la foule et son incapacité à suivre Jésus. Comment pourrait-elle le suivre d’ailleurs sans le regard de la foi ? C’est juste impossible ! Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. Pour être attiré vers le Christ, il faut donc déjà croire en Dieu pour qu’il puisse s’adresser à nous et nous faire rencontrer le Christ ! Tout le discours de Jésus sur le Pain de vie repose sur le postulat de la foi. Il faut que l’homme accepte que Dieu existe ; il faut que l’homme accepte que Dieu n’ait qu’un but : la vie de l’homme. Il faut que l’homme ait le désir de vivre avec Dieu, de vivre de Dieu, pour reconnaître Jésus comme celui qui est la source de cette vie, par mandat du Père. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. 
 
Nous voici renvoyés à nous-mêmes : comment venons-nous au repas que le Seigneur offre à son peuple chaque dimanche ? Reconnaissons-nous, dans le pain partagé, Jésus qui se livre totalement à nous ? Croyons-nous que Dieu veut nous sauver en Jésus, et que ce morceau de pain, dont les croyants disent qu’il est Jésus présent en son corps, est l’aliment de notre salut ? Sommes-nous de ceux qui récriminent contre Jésus, croyant le connaître selon sa généalogie humaine, mais refusant de voir en lui le Fils unique de Dieu ? Sommes-nous capables de cet acte de foi qui nous fait dire, devant le Pain consacré : mon Seigneur et mon Dieu ? Que l’Amen de notre communion soit l’affirmation de notre foi et de notre désir d’être sauvé par Jésus, le Pain vivant, descendu du ciel selon la volonté du Père. Ainsi soit-il !
(Dessin publié dans l'Image de notre paroisse, n° 200, Août 2003, éd. Marguerite)
 

samedi 1 août 2015

18ème dimanche ordinaire B - 02 août 2015

Première tension entre Jésus et la foule :
Les hommes demandent des signes, Jésus demande la foi !
 
 
 
 
Un seul miracle particulièrement impressionnant, et déjà commencent les tensions entre Jésus et la foule. Souvenez-vous : dimanche dernier, l’évangile nous faisait contempler Jésus nourrissant environ cinq mille hommes avec seulement cinq pains et deux poissons. A la fin de la journée, Jésus s’est retiré seul, dans la montagne. Suit un épisode que nous n’entendrons pas et qui nous montre Jésus et ses disciples traverser la mer, direction Capharnaüm. C’est pour cela que, la foule [voyant] que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. On pourrait se réjouir de ce désir de la foule d’être avec Jésus, s’il était le signe d’un réel attachement à sa personne, s’il traduisait une vraie communion avec celui qu’elle cherche. Mais voilà, tout l’évangile de ce dimanche nous montre la distance qui existe entre Jésus et la foule. 
 
La première distance concerne l’objet même du désir de la foule. La foule a mangé à satiété, sans se fatiguer, puisque Jésus a donné largement. Pourquoi ne pas continuer ainsi ? Jésus n’est pas dupe de cette fascination de la foule pour sa personne : vous me cherchez parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. En ce sens, ils ne diffèrent guère de leurs ancêtres qui ont suivi Moïse au désert. Celui-ci les a tirés d’Egypte sur ordre de Dieu ; il leur a rendu leur liberté, et voilà que déjà, ils ont oublié la puissance de Dieu. Pourquoi ? Parce que les ventres sont vides, parce qu’ils ont faim. A la liberté retrouvée, ils préfèrent soudain les marmites de viande d’Egypte, même si elles étaient le signe de l’oppression et de l’esclavage. Comme la liberté semble soudain une chose vaine et futile ! Mieux vaut un ventre bien plein et des chaines, que la liberté et le ventre creux. Que ce soit au temps de Moïse ou au temps de Jésus, l’homme veut un ventre bien plein, sans effort si possible. Qu’importe le sacrifice à faire ! S’il faut retrouver les chaines d’Egypte pour avoir à manger, soit ! S’il faut suivre Jésus pour manger sans se fatiguer, cherchons-le ! Ce qui compte, ce n’est pas Moïse, ce n’est pas Jésus ; ce qui compte, c’est notre ventre bien tendu ! Ce qui compte, ce sont peut-être ces douze corbeilles de restes dont personne ne sait ce qu’elles sont devenues. 
 
La deuxième distance qui existe entre Jésus et la foule, c’est justement l’incapacité de cette dernière à comprendre Jésus. Ce que veut la foule, c’est un signe : Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Mais… elle vient d’en avoir un ! Ce repas gratuit, largement servi, n’est-il pas un signe suffisant pour que la foule comprenne que Jésus est comme un nouveau Moïse par qui Dieu nourrit son peuple ? Que faudra-t-il encore ? Quel signe pourrait convaincre l’humanité que Jésus est bien celui qui peut tout, qui donne tout, qui se donne tout entier pour la vie du monde ? Jésus a beau expliquer qu’il est le Pain de la vie, descendu du ciel, rien n’y fait ; la foule semble ne pas comprendre. Elle veut des signes ; elle veut voir, toujours et encore ; elle veut manger, toujours et encore !
 
Nous arrivons là à la troisième distance qui existe entre Jésus et la foule : la foule ne comprend pas que Jésus ne demande qu’une chose, et qu’une seule chose est nécessaire. Cette chose, c’est la foi. Elle seule peut combler la faim profonde des hommes ; elle seule peut faire discerner le pain vivant et vrai ; elle seule permet de bien comprendre qui est Jésus et quelle est sa mission. Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Il faut bien, comme la foule, venir à Jésus. Mais il faut venir à lui, vide de nos exigences, vide de notre désir de voir des choses. Il faut venir à Jésus comme on va vers une source vive et trouver en lui ce qui fait vivre vraiment. Celui qui vient vers Jésus, plein de revendications que Jésus se devra de contenter, n’est pas dans les bonnes dispositions. Jésus n’a pas à prouver qui il est par des signes particuliers. Il ne cesse de nous dire qui il est ; c’est à nous de le croire, sur parole. Il nous dit qu’il est le pain de la vie ? Approchons-nous de lui et goûtons à sa Parole, croyons ce qu’il nous dit, et notre faim sera rassasiée. Il vient nous donner le goût de la vie avec Dieu, après avoir partagé pour nous le pain. 
 
Ne nous contentons donc pas de manger à sa table en attendant le prochain service ; mais apprécions le moment présent. Il nous donne le Pain de sa Parole pour donner sens à notre vie ; il nous partagera le Pain de son Corps, rompu pour que nous goutions à la vie de Dieu. Il se donne tout à nous, en vrai Pain de la vie éternelle, non pas pour que nous nous recroquevillions sur nos assiettes, mais pour que nous allions à la rencontre de nos frères, pour leur partager ce pain et les inviter à cette table où Dieu se donne tout à tous. Allons vers Jésus avec le désir de croire en lui et nous comprendrons mieux que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Amen.
 
(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'Evangile, éd. Les Presses d'Ile de France).