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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 23 décembre 2011

Nativité de Notre Seigneur - 25 décembre 2011

Accueillir celui qui vient et voir plus loin.






Alors, il te plaît, ton cadeau ? Combien d’enfants, voire d’adultes, ont entendu cette phrase après le grand déballage de cette nuit ? N’est-ce pas, lorsque nous offrons un cadeau, nous attendons au moins cette lueur dans le regard qui, à défaut de mots, sonne comme un assentiment et un remerciement : tu as bien choisi, c’est bien ce que je voulais. La même question vaut pour nous tous, ce matin. Sommes-nous heureux du cadeau que Dieu nous a fait en cette nuit ? Sommes-nous heureux d’accueillir cet enfant ou sommes-nous déçus devant la taille du cadeau ? Après tout, nous attendions un Sauveur et tout ce que nous avons, c’est un bébé, c’est-à-dire moins d’un mètre de chair, qui braille comme tous les nouveau-nés, et qui n’a même pas eu la bonne idée de naître dans une famille bien comme il faut. Pensez donc : père célibataire, mère enceinte d’un autre. Pas très catho tout ça ! Alors, il vous plaît, le cadeau ?

La messe du jour de Noël a ceci de particulier qu’elle nous fait voir plus loin, plus haut. Autrement dit, elle ne nous fait pas seulement nous intéresser au cadeau, mais à ce que ce cadeau est réellement et à ce que ce cadeau va devenir. Le merveilleux de la nuit (un enfant qui naît à l’écart de tous, avec comme chorale la cohorte des anges et comme visiteurs les bergers du coin), ce merveilleux donc cède la place à la réflexion spirituelle et philosophique. Que voulez-vous ? Il y a un temps pour s’extasier et un temps pour méditer. Et qu’apprenons-nous alors ce matin que nous ne savions déjà cette nuit ? Des choses surprenantes, en fait !

D’abord, nous apprenons sa fonction : il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu ! Cet enfant que nous avons admiré en cette nuit, il nous faudra un jour l’écouter. Nous ne pouvons donc pas nous contenter d’une visite à la crèche et nous en retourner chez nous. Si nous venons voir cet enfant, c’est pour nous intéresser à lui, maintenant, mais aussi à l’avenir. Comme tous les enfants, il va grandir ; et c’est à ce moment-là qu’il deviendra intéressant pour nous. Il est depuis toute éternité et pour toute éternité la Parole de Dieu, désormais incarnée. Il aura donc des choses à nous dire.

Nous apprenons aussi qu’il n’est pas si nouveau que cela, ce nouveau-né, puisqu’il était au commencement avec Dieu, et qu’il était Dieu. Ce qui est nouveau, par contre, c’est qu’il vient en notre monde. Un des mots importants de la liturgie de Noël, c’est justement aujourd’hui. Aujourd’hui vous est né un Sauveur. C’est bien maintenant que cela se passe, même si l’histoire des relations entre Dieu et les hommes est une vieille histoire ; cette naissance nous renvoie aujourd’hui au commencement. En fait, aujourd’hui devient un commencement. Avec cet enfant, avec cette Parole livrée aux hommes, c’est un nouveau départ dans notre relation à Dieu. L’auteur de la lettre aux Hébreux le souligne bien : Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères… mais dans les jours où nous sommes (autre manière de dire aujourd’hui) il nous a parlé par un Fils qu’il a établi héritier de toutes choses. Il est peut-être né dans une étable, à l’écart de tous, il n’en n’est pas moins le premier de tous, puisqu’il est l’héritier ! Il va compter plus qu’on ne le devine devant cette mangeoire.

Nous apprenons encore que ce nouveau-né est la lumière, la vraie lumière, précise Jean. Pas seulement celle qui nous permet de marcher dans la nuit, mais la lumière qui révèle, la lumière qui fait advenir les choses qui seraient restées dans le noir, inconnues de nous. Il aura des choses à nous dire et des choses à nous montrer, ce petit d’homme. Par lui, lumière venue éclairer les hommes, nous verrons l’amour de Dieu à l’œuvre et nous comprendrons mieux à quel point nous sommes aimés de Dieu ; et nous comprendrons mieux comment nous devons aimer à notre tour.

Et puis nous apprenons surtout que ce petit d’homme nous permet à tous de devenir fils de Dieu ! A ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. S’il est venu chez nous et si nous sommes venus à lui, c’est pour que s’opère ce magnifique échange : Dieu se fait homme et nous pouvons devenir Dieu. Et c’est encore par cet enfant que cet échange s’effectue. Nous ne le voyons peut-être pas encore là, sur la paille et le bois de la crèche, mais nous le mesurerons pleinement lorsqu’il sera élevé de terre, sur le bois de la croix. Ce petit d’homme donne Dieu à voir, à entendre et à suivre.

Alors, il vous plaît, votre cadeau ? Si vous en êtes encore au merveilleux de cette nuit, acceptez désormais de faire un pas de plus. Si vous trouvez le cadeau trop petit, attendez qu’il grandisse et reprenez-le, suivez-le, écoutez-le. Il ne vous décevra jamais ; il ne vous ennuiera jamais. Il ne se démodera pas. Il ne s’abimera que sur la croix pour mieux vous recréer et vous mener à Dieu en son Royaume. Alors, si vous trouviez la joie de cette nuit un peu courte, vous la retrouverez à nouveau, pour toute éternité. Car c’est pour partager cette joie qu’il est venu ; c’est pour que vous connaissiez cette joie toujours qu’il s’est fait le cadeau de Dieu pour vous. Amen.








(Photo crèche privée)

Sainte Nuit de Noël - 24 décembre 2011

Accueillir celui qui vient.




Cela devait bien finir par arriver, n’est-ce pas ! Nous ne nous sommes pas préparés pendant quatre semaines pour rien. Celui qu’Isaïe, Pierre, Jean le Baptiste et Marie nous ont appris à attendre, voilà qu’au cœur de notre nuit, il vient à nous. Ne le cherchez pas dans un palais : vous ne le trouverez pas ! Ne le cherchez pas au Temple : il n’y est pas. Avec ses parents, encore blotti dans le sein de sa mère, il a pris la route pour mieux nous rejoindre et c’est tel un nouveau-né qu’il se présente à nous. Oui, l’enfant dont la naissance nous rassemble en cette nuit est celui que nous attendions, celui dont nous avons préparé la venue.

L’accueillir, c’est d’abord le reconnaître tel qu’il se présente à nous. Ne soyons pas comme tous ceux qui l’ont renvoyé dans la nuit avant même qu’il ne vienne au monde. Osons lui ouvrir la porte de notre cœur. Que pourrait cet enfant contre nous ? Il est fragile, il est pauvre, il est loin de chez lui ! Accueillons ce petit d’homme comme on accueille un nouveau membre dans une famille. Accueillons-le, extasions-nous devant lui : il est comme tout nouveau-né. De qui a-t-il le nez, les yeux, la bouche, les oreilles ? Il a le nez de ceux qui savent sentir les tournants de l’histoire ; il a les yeux de ceux qui savent regarder plus loin que les apparences ; il a la bouche de ceux qui savent annoncer une bonne nouvelle ; il a les oreilles de ceux qui savent écouter Dieu parler à leur cœur. Il est comme nous ; il nous ressemble ; il est devenu nous pour que nous puissions devenir Dieu. Il est comme nous, et pourtant, il est bien plus que nous !

Accueillir celui qui vient, c’est reconnaître, au cœur de notre nuit, celui qui nous apporte une lumière nouvelle, celui qui nous rend la joie de la fête après la nuit du péché, la nuit de la défaite. Il vient, de la part de Dieu, nous apporter la victoire. Le prophète Isaïe avait donc raison lorsqu’il prophétisait : Un enfant nous est né, un fils nous est donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ! Laissé par presque tous dehors, dans la nuit, il vient éclairer la vie des hommes d’une clarté nouvelle. Et ce sont les anges qui chantent cette bonne nouvelle à qui veut bien les écouter : Aujourd’hui vous est né un Sauveur ; il est le Messie, le Sauveur. Aujourd’hui, c’est-à-dire maintenant, pour nous. En cette nuit, nous ne célébrons pas l’anniversaire de la naissance de Jésus ; mais nous célébrons sa naissance au milieu de nous. A qui vous interrogera sur votre sortie nocturne, vous pourrez redire : Aujourd’hui nous est né un Sauveur. Autrement dit, aujourd’hui (25 décembre 2011) notre vie peut changer ; aujourd’hui notre vie peut devenir lumière pour les autres ; aujourd’hui, nous pouvons choisir d’accueillir cet enfant et de reconnaître en lui celui qui peut quelque chose pour notre vie, celui qui peut tirer de nous le meilleur pour que notre monde s’améliore, pour que notre vie soit plus belle, pour que nos cœurs soient plus grands. Aujourd’hui, en accueillant la nouvelle de la naissance de cet Enfant Dieu, en faisant nôtre la joie du ciel, nous faisons le choix de Dieu, nous faisons le choix de plus de solidarité, de plus de charité, de plus d’espérance, de plus de pardon, de plus de paix.

Comment ne pas nous réjouir et ne pas nous émerveiller avec les bergers, avec les anges, avec Marie et Joseph ? La paix de Dieu nous est donnée, le pardon de Dieu nous est offert. Avec cette vie d’enfant, ce sont toutes nos vies qui renaissent, toutes nos vies qui reprennent vigueur, toutes nos vies qui voient un avenir s’ouvrir. Les crises que connaît notre monde aujourd’hui, pour sévères qu’elles soient, n’en sont pas moins passagères ; cet Enfant est éternel. Les crises semblent diviser nos sociétés entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien ; cet Enfant vient nous dire que nous sommes de la même famille, que nous n’avons qu’un seul Père, le sien, et que nous ne nous sauverons pas seul mais ensemble. Il vient nous dire qu’un autre monde est possible et il l’inaugure avec sa naissance. Oui, aujourd’hui, quelque chose de neuf peut advenir si nous accueillons cet Enfant.

Cela devait bien finir par arriver et cela ne cesse d’arriver : là où les hommes s’entendent pour plus de justice, plus de liberté, plus de fraternité, Dieu est présent, Dieu est vivant au milieu d’eux. Goûtons à présent la fécondité de cette nuit très sainte, sûrs qu’elle nous conduira un jour à la communion glorieuse avec Celui qui s’est fait homme, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.




(Photo crèche privée)

vendredi 16 décembre 2011

4ème dimanche de l'Avent B - 18 décembre 2011

Attendre le Messie avec Marie


En ce 4ème dimanche de l’Avent, nous sommes invités à nous conformer à Marie, celle qui deviendra la Mère du Sauveur, et à attendre avec elle, à nous préparer avec elle, à accueillir le Messie. L’évangile est suffisamment parlant pour que nous ne nous trompions pas dans son interprétation. Il met bien en exergue l’attitude de Marie, l’attitude que nous devons faire nôtre en cette dernière semaine de l’Avent.

Il est d’abord dit par l’ange que Marie est Comblée de grâce. D’autres traductions disent : Tu as la faveur de Dieu, laissant entendre que Dieu a une préférence pour elle. Personnellement, j’en resterai volontiers à la traduction liturgique, Dieu ne pouvant avoir de préférence, même pour celle qu’il a choisie et mise à part dès sa naissance, comme nous le rappelait la fête de l’Immaculée Conception au cours de notre Avent.

Que signifie être comblée de grâce ? C’est peut-être une jolie manière de dire que Marie est tout entière tournée vers Dieu. Elle est remplie de sa grâce, comme nous le disons dans la prière du Je vous salue, parce qu’elle est attentive à Dieu, parce qu’elle est accueillante à sa parole. Non marquée par le péché, elle est tout entière à Dieu, en Dieu.

Nous préparer à accueillir le Messie avec Marie, c’est nous laisser tourner vers Dieu, nous laisser remplir de lui. Le sacrement du pardon proposé au cours de ce temps de l’Avent doit nous permettre ainsi de nous vider de nous-mêmes pour faire à Dieu la place qui lui revient. Profitons de ces moments offerts pour retrouver cette proximité avec Dieu.

Ensuite, Marie est invitée par l’ange à ne pas craindre. Dieu ne veut pas de mal à Marie. Il lui propose de devenir un maillon de l’histoire du salut en accueillant en son sein le Fils du Très-Haut. Il lui est demandé de faire confiance absolument à ce Dieu en qui elle croit. Etant déjà tournée vers Dieu, il lui est demandé d’accueillir le projet d’amour que Dieu porte pour elle. Elle doit ratifier, elle-même, ce que Dieu attend d’elle. Dieu ne s’impose pas, il ne demande rien d’impossible. Mais Marie, comme chacun de nous, doit librement se prononcer et choisir Dieu, si elle le veut.

Comme Marie, nous avons à entrer dans ce que Dieu attend de nous, sans crainte, sûrs que Dieu veut notre bonheur et le bonheur de ceux vers qui il nous envoie. Il nous est demandé le même acte libre et de consentir au projet de Dieu. Nous sommes un maillon de l’histoire du salut, car Dieu a voulu avoir besoin de nous pour être manifesté aux autres. Nous pouvons, comme Marie, accepter de porter le Christ en nous et en être ainsi témoins auprès de ceux que Dieu met sur notre route. Mais nous pouvons aussi refuser ! Le choix est nôtre.

Enfin, Marie elle-même, acceptant le projet de Dieu pour elle, sans trop savoir où ce projet la mènerait, se définit comme la servante du Seigneur. Elle ne demande pas ce que le Seigneur va faire pour elle, ni ce qu’elle peut faire pour le Seigneur. Non, elle se met à sa disposition pour qu’il puisse faire selon sa parole à lui. Elle ne s’engage pas à faire quelque chose ; elle s’engage à laisser Dieu œuvrer en elle. Accueillante à la Parole de Dieu, elle est aussi accueillante à l’œuvre en elle de l’Esprit.

C’est cette même disponibilité à Dieu qu’il nous faut cultiver. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : Dieu a un projet pour chacun de nous. Nous devons accueillir ce projet pour que Dieu puisse le réaliser à travers nous. Dieu n’est pas celui dont nous pouvons nous servir pour réaliser nos projets ; il est celui au service de qui nous nous mettons pour que se réalise la seule grande œuvre qui vaille : l’œuvre de salut annoncée et réalisée en Christ, et que nous avons à faire connaître aux hommes et aux femmes de notre temps. Avec Marie, nous sommes invités à devenir serviteurs à notre tour pour que grandisse le Règne de Dieu, pour qu’advienne enfin cette paix que Dieu veut porter à l’humanité.

Une semaine encore, et nous accueillerons le Messie. Ne nous précipitons vers Noël. Prenons le temps de nous mettre à l’écoute du Dieu vivant et vrai. Chacun de ceux que nous avons rencontré au cours de nos liturgies de cet Avent nous y invitait. En choisissant avec Marie la voie du service, nous sommes sûrs de ne pas nous tromper, nous sommes sûrs de trouver notre joie. Alors ce sera vraiment Noël, parce que Dieu sera bien en nous. Amen.


(Photo : détail de la crèche de l'église de Holtzheim, Statue de la Vierge Marie)

samedi 10 décembre 2011

3ème dimanche de l'Avent B - 11 décembre 2011

Attendre le Messie avec Jean le Baptiste


Reconnaissons-le ! Un temps de l’Avent sans parler de Jean le Baptiste ne serait pas vraiment un temps de l’Avent. Il est un personnage incontournable lorsque l’on parle d’attendre le Messie. N’est-il pas celui qui en a annoncé la venue de manière imminente ? Apprenons donc de lui comment attendre le Messie en cette deuxième moitié de l’Avent.

Attendre le Messie avec Jean le Baptiste, c’est d’abord apprendre à regarder, apprendre à ouvrir les yeux. Il sait lire les signes des temps ; il reconnaît le moment où Dieu va se manifester. Selon l’évangéliste Matthieu, il est le premier à reconnaître en Jésus le Messie lorsque celui-ci vient vers lui pour être baptisé. J’ai vu et j’atteste qu’il est, lui, le Fils de Dieu, dira-t-il de Jésus au moment de son baptême dans l’évangile de Jean. Si vous avez contemplé un jour le retable d’Issenheim, peut-être avez-vous été saisi par le regard de Jean le Baptiste, debout près de la croix. Il a ce regard profond qui voit au-delà des apparences, ce regard qui, malgré les événements lui donne encore de l’assurance.

Attendre le Messie avec Jean le Baptiste, c’est aussi savoir lire les Ecritures. Quand vient le temps de sa mission, il renvoie aux annonces du prophète Isaïe. Sachant lire et interpréter les Ecritures, il sait qu’il ne se trompe pas, et il ne nous trompe pas. Nous pouvons nous fier à son jugement, à sa parole ; s’il annonce la venue imminente du Messie, c’est parce que cela est vrai, cela va se réaliser. Là encore, je vous renvoie au retable d’Issenheim : l’auteur représente Jean le Baptiste, le livre des Ecritures bien ouvert en main.

Attendre le Messie avec Jean le Baptiste, c’est encore laisser le Messie grandir en nous. Jean le Baptiste ne se met pas en avant ; il accomplit la mission qui est la sienne, puis il s’effacera devant le Messie. Il a bien conscience de n’être pas le Messie et quand les foules viennent à lui pour l’interroger, il les détrompe de suite : Je ne suis pas le Messie. Il n’est pas davantage la Lumière, ni le grand prophète. Il n’est qu’une voix qui crie dans le désert. Jésus lui rendra témoignage en disant : parmi ceux qui sont nés d’une femme, aucun n’est plus grand que Jean ; et cependant le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus grand que lui ! Matthias Grünenwald, sur son retable, place près de Jean, cette phrase : il faut qu’il grandisse et que je diminue. Seul importe pour lui celui qui vient après lui et dont il n’est pas digne de défaire la courroie de ses sandales.

Attendre le Messie avec Jean le Baptiste, c’est enfin ne pas se tromper sur le Messie. Sur le célèbre retable d’Issenheim, Jean le Baptiste apparaît curieusement au pied de la croix ! De son doigt, il montre le Christ crucifié et à ses pieds, se trouve l’Agneau immolé. C’est celui-là que Jean le Baptiste est venu annoncer. Même si Jean est un incontournable du temps de l’Avent, il n’annonce pas le petit Jésus de la crèche, mais bien celui qui est venu dans le monde pour le sauver par le don ultime de sa vie. A la suite de Jean, nous sommes invités à voir clair au sujet de celui qui vient. Le père Noël n’est pas le Sauveur, ne vous en déplaise. Celui qui vient et que nous attendons, ne vient pas nous faire des cadeaux ; il vient pour un jugement : tout arbre qui ne porte pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. D’où l’insistance de Jean à préparer le chemin du Seigneur, par une vie droite et conforme, faite de partage, de justice, de non-violence. Relisez dans l’évangile de Luc ce qui est dit du ministère de Jean.

Il est heureux que nous rencontrions Jean le Baptiste en ce troisième dimanche de l’Avent parce qu’il nous place sur le bon chemin, il nous aide à préparer véritablement nos cœurs et nos vies à l’accueil de celui que Dieu envoie. Ecoutons Jean et nous saurons nous situer en vérité face au Christ, face à nos frères. Ecoutons-le et nous pourrons découvrir toujours mieux celui que nous ne connaissons pas encore. Amen.

(Matthias Grünenwald, retable d'Issenheim, détail, Musée Unterlinden, Colmar)

vendredi 2 décembre 2011

2ème dimanche de l'Avent 2 - 04 décembre 2011

Attendre le Messie avec Pierre



Après Isaïe, la semaine passée, voilà Pierre qui nous invite à attendre le Messie et qui nous indique, à sa manière, comment attendre. Car il est animé d’une certitude : le jour de Dieu viendra, même si apparemment il se fait attendre. Pierre nous invite donc à être patient dans l’impatience. Et ce pour deux raisons.

La première raison est biblique. Il cite, mot à mot, un extrait du psaume 90 : « Pour le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour ». Autrement dit, le rapport au temps n’est pas, n’est plus le même lorsque nous nous situons dans notre relation à Dieu. Dieu a l’éternité pour lui. Et Pierre nous invite à entrer dans ce temps de Dieu, qui ne se mesure pas comme le temps humain. Pas besoin de montre ! Le temps de Dieu se mesure autrement. Sa mesure est celle de la confiance qu’il place en l’homme. Nul besoin donc de s’impatienter. Nous devons apprendre à vivre selon le temps de Dieu, nous qui voulons vivre selon son Esprit.
Ainsi, attendre le Messie avec Pierre n’est pas une question de jour ou d’heure, mais bien une question de conversion. Il s’agit bien de notre capacité à entrer dans le projet d’amour que Dieu porte pour nous. Voilà ce qui est en cause. Voilà ce sur quoi il nous faut travailler.

C’est la deuxième raison avancée par Pierre. Dieu est patient parce qu’il n’accepte pas qu’un seul d’entre nous, qu’un seul être humain se perde ! Le temps qui semble retarder sa venue est le temps nécessaire à tout homme (actuellement croyant ou non) pour se convertir. Et pour que l’homme se convertisse, il faut d’abord qu’il découvre Dieu, qu’il découvre combien il est aimé de lui et combien surtout il est attendu de Dieu. Lorsque je me sens aimé, lorsque je me sens attendu, je me hâte vers mon amour et ainsi, je hâte notre rencontre, je hâte sa venue.
Certains diront que cela peut prendre du temps ! Certes. Tous ne se convertissent pas avec la même rapidité et la même sincérité. Nombreux sont les prophètes qui peuvent en témoigner. Mais Dieu n’oublie pas. Et il viendra : Pierre en est certain. Son jour viendra « comme un voleur », surtout pour celui qui ne s’y est pas préparé. Celui qui, dès maintenant, discerne ce que Dieu attend de lui ; celui qui, dès maintenant, convertit son cœur et sa manière de vivre, celui-là ne se laissera pas surprendre, puisqu’il se sera préparé, par toute sa vie, à ce grand jour. Certains ne verront que catastrophe sur catastrophe : le croyant, lui, y découvrira les signes qui annoncent le retour tant attendu du Sauveur. Et Dieu vient faire toute chose nouvelle ! Ce qui manifestera le mieux la venue du Sauveur, c’est la transformation radicale du monde dans lequel nous vivons. Et cette transformation ne pourra être qu’un mieux, puisque Celui dont nous attendons la venue, vient justement pour faire œuvre de libération.

Comme Isaïe la semaine passée, Pierre invite finalement à attendre avec impatience ce jour, la même impatience qui fait que je me prépare à vivre chaque jour comme s’il était celui de la rencontre avec le Messie. « Vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir… faites tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix. » A chacun de voir quel chemin aplanir : à chacun de se préparer selon ce qu’il aura discerné de la volonté de Dieu pour lui. Plus que jamais, il est nécessaire de nous plonger dans les Ecritures pour nous mettre à l’écoute de Dieu ; plus que jamais, il est nécessaire d’ouvrir notre cœur et notre vie à la puissance de l’Esprit de Dieu. Avec le psalmiste, nous pouvons redire : « J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple. Son salut est proche de ceux qui le craignent et la gloire habitera notre terre. » En ce temps de l’Avent, c’est là notre espérance ; c’est là notre foi. Qu’il en soit ainsi pour nous. Amen.






(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)