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vendredi 3 février 2012

05ème dimanche ordinaire B - 05 février 2012

Accueillir Jésus et le suivre, oui, mais...







Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre ! Est-ce bien vrai ? La belle-mère de Pierre est-elle réellement malade ou s’agit-il d’une de ces maladies diplomatiques dont le genre humain est friand ? Nous n’en saurons jamais rien, Saint Marc étant très discret à ce sujet. Nous pouvons donc nous rallier sans crainte à l’interprétation psychologique que donne Gérard Bessière de cet événement. A savoir, « quand la belle-mère de Simon Pierre a vu que son gendre ne rentrait pas à la maison, quand elle a su qu’il avait laissé les filets sur la plage et qu’il était parti avec un prédicateur ambulant, vous imaginez le choc ! Et quand on lui a dit que ce Jésus allait venir chez elle, elle en a été malade : elle s’est mise au lit ».

Rien ne nous empêche de lire ainsi le début de cette page d’Evangile. Une telle lecture n’enlève rien à la signification de ce texte, bien au contraire. Si nous supposons que la belle-mère de Pierre est bien malade, le signe de guérison que pose Jésus signifie sa puissance sur les forces du mal qui limitent la vie et les actions des hommes. Si nous penchons plutôt pour la maladie de circonstance, le signe de guérison de Jésus garde toute sa valeur puisqu’il nous montre Jésus plus fort que tous nos démons intérieurs, plus fort que nos craintes. Il vient restaurer en l’homme cette confiance nécessaire en la vie, cette vue favorable sur les choses et les hommes qui fait que nous pouvons vivre ensemble sans toujours nous méfier des autres, mais en avançant avec eux, en construisant avec eux le monde dans lequel nous vivons.

Si j’en reste à la maladie psychologique de la belle-mère de Pierre, j’imagine sans problème Jésus s’approchant d’elle, lui tenant la main, sans rien dire et apaisant, par ce simple geste, la tempête intérieure qui la clouait au lit. Elle est séduite à son tour par ce chevelu qui a pris à sa fille son époux. Elle comprend qu’elle n’a rien à craindre ; peut-être saisit-elle même les raisons profondes qui ont entraîné Simon Pierre à la suite de Jésus. Elle est rassurée et peut maintenant tenir son rôle de maîtresse de maison et accueillir dignement son invité.

N’en va t-il pas de même pour nous quelquefois ? Suivre Jésus, oui ; mais qu’il ne bouleverse pas trop nos vies. Etre sauvé par lui, oui ; mais que cela ne change pas trop nos habitudes. Pourvu que cela ne soit pas trop exigeant ! Cette peur devant ce qui est neuf, cette maladie toute humaine quand il s’agit d’être attentif et vrai, nous voulons à la fois nous en débarrasser parce qu’elle nous empêche de vivre, mais nous refusons quelquefois de prendre les moyens de parvenir à un résultat. Nous sommes alors comme malades, nous préférons nous retirer dans notre chambre, loin des autres, loin de ce Dieu qui vient à notre rencontre.

Cette attitude se révèle par exemple dans la désaffection de certains sacrements. Je pense en particulier aux deux sacrements de guérison que propose l’Eglise. Le sacrement des malades est souvent repoussé jusqu’à l’extrême limite, devenant alors un passage vers le Père plus qu’un sacrement de guérison et de réconfort. Nous avons du mal, avec notre esprit cartésien, à concevoir que Dieu puisse avoir une part dans notre guérison. Il y a la vie spirituelle et la vie humaine avec ses faiblesses et ses limites, et nous préférerions que les deux n’aient rien à faire ensemble. La désaffection du sacrement de la réconciliation dans sa forme individuelle révèle les mêmes difficultés : se reconnaître pécheur à l’intérieur d’un groupe, reconnaître ensemble que la nature humaine est limitée par le péché, cela ne pose pas de problème. Mais croire que Dieu vient à ma rencontre pour me libérer de mon péché, là cela devient plus difficile, parce qu’il faut lui en parler, personnellement, à travers les ministres qu’il nous envoie. Faire une démarche communautaire, oui ; rencontrer Dieu, à travers son prêtre et reconnaître ses limites, voilà qui pose difficulté. N’est-ce pas parce que nous avons du mal à croire à un pardon personnel, à une rencontre personnelle ? N’est-ce pas parce que nous avons peur des bouleversements que cela ne manquera pas d’entraîner dans nos petites vies bien tranquilles, bien rangées ?

Accueillir le Christ, le suivre, c’est accepter d’être touché par lui, par sa parole de vie et de libération. C’est accepter d’avoir besoin de lui, de son amour, de son pardon. C’est croire qu’il peut quelque chose pour moi, aujourd’hui, et accepter de changer ma vie. Il ne faut pas craindre ce changement : il ouvre à plus de vie, il permet d’être plus libre, plus grand. La belle-mère de Simon Pierre l’a bien compris : séduite par Jésus, elle se met aussitôt au service de ceux qui sont là. Elle a compris que rien ne pouvait plus s’opposer au projet d’amour de Dieu.

Seigneur, il n’y a rien de plus dangereux pour un malade que d’ignorer sa maladie. Souvent, quand on en prend conscience, il est trop tard ! Seigneur, envoie-moi ton Esprit pour que je discerne dans mon corps et dans mon âme ce qui ne va pas, ce qui me paralyse, ce qui me fragilise, ce qui me détruit… Avec ta grâce, j’irai mieux, je marcherai, je serai fort, je serai debout. Avec ta grâce, je vivrai ! Amen.


(Dessin de David RATTE, Extrait de Le voyage des pères, vol 1. Jonas, éd. Paquet, 2007. Une BD à découvrir si vous ne connaissez pas encore. Mais ça, c'est pas possible de ne pas connaître !)

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