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samedi 30 septembre 2017

26ème dimanche ordinaire A - 01er septembre 2017

La conduite du Seigneur n'est pas la bonne ?




La conduite du Seigneur n’est pas la bonne. C’est bien, selon Dieu lui-même, le reproche qui lui est fait par les hommes, selon ce que nous rapporte le prophète Ezéchiel dans la première lecture de ce dimanche. C’est la première fois que nous entendons cette parole ainsi. En effet, il y a trois ans, nous lisions encore ce passage dans l’ancienne traduction liturgique. Et elle nous disait ceci : la conduite du Seigneur est étrange. Une modification d’accent qui traduit une différence d’attitude spirituelle. 
 
La conduite du Seigneur est étrange, disait donc l’ancienne traduction. Nous pouvons comprendre ce mot étrange de trois manières. Il y a d’abord étrange au sens d’étranger. Autrement dit, l’homme reconnaît que Dieu n’agit pas comme lui. C’est une manière de dire que, chez les hommes, on ne fait pas comme ça, mais sans connotation morale. Mais qui a bien pu dire, ou seulement penser, que Dieu devait faire comme nous ? Est-ce cela que nous attendons de Dieu ? Qu’il soit juste comme nous ? Un tel Dieu ne nous serait d’aucune utilité ; il ne nous entrainerait pas bien loin ; il ne nous permettrait pas de prendre de la hauteur. Il serait à notre image ! 
 
Nous pouvons ensuite entendre ce mot étrange au sens de curieux, au sens où la conduite de Dieu nous étonne parce qu’on ne la comprend pas de suite. Elle pique notre curiosité et nous oblige à réfléchir, à décrypter pour mieux comprendre. J’avoue que cela me convenait plutôt bien. C’était le signe que l’homme devait se mettre en route, en recherche : Dieu était quelqu’un à comprendre, quelqu’un qui me sortait de mon ordinaire, poussait ma réflexion dans ses derniers retranchements. Ma curiosité au sujet de Dieu, je me devais de l’assouvir. Je devenais un chercheur de Dieu, un archéologue de sa volonté. 
 
Enfin, nous pouvions comprendre étrange au sens de bizarre. Cela ne se fait pas d’agir ainsi, au sens où ce n’est vraiment pas bien. Il y a là un jugement porté sur l’agir de Dieu, et un jugement plutôt négatif. L’homme se place au-dessus de Dieu, il est convaincu de faire mieux que lui ; il considère surtout que Dieu a tort de faire ainsi. Cette dernière compréhension du mot étrange nous rapproche de la nouvelle traduction. Là où nous avions le choix, elle oriente clairement ce que l’homme dit et pense de Dieu. 
 
La conduite du Seigneur n’est pas la bonne. Il n’y a aucune autre interprétation possible. Vérification faite dans différentes traductions de la Bible, elle se rapproche de celle qui est retenue par la Bible de Jérusalem (la conduite du Seigneur n’est pas juste), comme de celle de la TOB (la conduite du Seigneur n’est pas correcte). L’homme porte donc bien sur Dieu un regard moralisateur ! L’homme fait la morale à Dieu quand Dieu lui s’abstient de le faire pour lui proposer plutôt une alliance, un chemin de vie supérieur. Non seulement l’homme reconnaît que Dieu n’agit pas comme lui, mais en plus il dit que ce n’est pas bon de faire ainsi. Et que reproche l’homme à Dieu exactement dans sa conduite ? Il lui reproche sa miséricorde ! Elle s’exprime ainsi : Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Dieu laisse toujours une chance à l’homme de se convertir, de revenir vers plus de justice, de pratiquer le droit, même après avoir pratiqué longtemps le Mal. Cette miséricorde a une exigence : celle de rester dans le bien retrouvé. En effet dit Dieu, Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Sans doute est-ce cela qui choque l’homme. On veut bien accepter que le méchant puisse être sauvé s’il a bien manifesté son retour à la justice (après tout, ça pourrait être nous, et nous aimons bien l’idée d’un pardon s’il est pour nous. Pour les autres, ça se discute, n’est-ce pas). Mais qu’un homme juste durant toute sa vie, et qui vient à mourir après avoir commis un seul acte mauvais, soit définitivement perdu, voilà qui n’est pas possible. Ça pourrait être nous aussi. Nous aurions perdu toute une vie à faire le bien ! Proprement inadmissible, sauf si cela concerne le voisin que l’on n’aime définitivement pas. Il l’aura bien mérité, non ? 
 
La conduite du Seigneur n’est pas la bonne. Mais qui est l’homme pour parler ainsi ? Qui est l’homme pour juger ainsi l’agir de Dieu ? Qui est l’homme pour fixer les règles de la justice ? Juger Dieu ainsi, n’est-ce pas déjà l’exclure de notre vie ? Juger Dieu ainsi, n’est-ce pas vouloir se prendre pour Dieu ? Mais alors, si l’homme se prend pour Dieu dont il dit qu’il n’est pas juste, le jugement de l’homme sur Dieu est-il juste ? Ou son jugement rejoint-il l’injustice supposée et déclarée de Dieu ? 
 
Heureusement, Dieu n’agit pas comme l’homme ! Heureusement, Dieu ne pense pas comme l’homme ! Heureusement, la justice de Dieu dépasse celle des hommes ! Heureusement, sinon pauvres de nous ! Si Dieu était comme nous, nous serions jugés sur nos propres principes qui visent plus à exclure qu’à pardonner. Si Dieu était comme nous, nous serions jugés sur des critères de ressemblance : il est bon parce qu’il est comme moi ; il n’est pas bon parce que différent de moi. Si Dieu était comme nous, il aurait sur nous un jugement définitif dès le départ de notre vie. Or Dieu ne juge pas ainsi. Dieu est patient avec nous ; il nous invite sans cesse à la conversion ; il nous laisse le temps du repentir ; il se réjouit de nous voir revenir, même et surtout après une longue absence, même et surtout après un long temps loin de lui. 
 
La conduite du Seigneur n’est pas la bonne. Est-ce si sûr ? Personnellement je n’en vois pas de meilleure et je prie Dieu de convertir le cœur des hommes à sa manière de les voir, à sa manière de les juger, à sa manière d’être patient avec tous. Comme notre monde serait bon, si nous portions sur lui le regard que Dieu porte sur nous. Comme notre monde serait bon si nous agissions avec tous comme Dieu agit avec nous. Oui, il est droit, il est bon le Seigneur ; qu’il nous enseigne ses voies. Amen.


(Dessin de M. Leiterer)

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