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samedi 27 juillet 2019

17ème dimanche ordinaire C - 28 juillet 2019

Seigneur, apprends-nous à prier.






            Il y a des phrases d’évangile qui reviennent régulièrement et le risque est grand que nous n’y prêtions plus attention. Dans l’évangile de Luc, ces phrases qui reviennent souvent sont celles qui nous signalent que Jésus est ou était en prière. Nous en avons un bel exemple avec l’évangile de ce dimanche. Il commence par cette constatation : Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.

         Nous aurions tort d’interpréter le « Il arriva » comme quelque chose d’exceptionnel. Luc souligne plus que les autres évangélistes la prière de Jésus. Elle est un des marqueurs de l’œuvre de Luc au point que, si quelqu’un voulait approfondir la question de la prière, cet évangile serait un incontournable. La prière de Jésus semble constante et à tout propos. Souvenez-vous au début de l’été, nous avions entendu Jésus qui envoyait soixante-douze disciples en mission, et qui se répandait en action de grâce pour les œuvres réalisées à leur retour ; souvenez-vous du récit de la passion durant lequel nous entendons Jésus prier pour Pierre afin que sa foi ne sombre pas ; mais nous l’entendons aussi prier pour lui-même, au Jardin des Oliviers, pour qu’il reste fidèle à la mission du Père ; sans oublier sa prière sur la croix, à la fois cri d’angoisse et d’abandon et prière de pardon pour les bourreaux. Vous pouvez relire ainsi tout l’évangile de Luc et avec lui entrer dans ce mystère du dialogue entre Dieu et les hommes.  

Les Douze ne s’y sont pas trompés ; ils ont bien senti, à regarder Jésus prier, que là se jouait quelque chose d’important. D’où la question posée dans l’évangile de ce dimanche : Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. Nous ne saurons pas si c’est l’expression d’un vrai désir ou juste une pointe de jalousie : eux savent quelque chose que nous ignorons : apprends-nous ! Mais après tout, me direz-vous, ce qui compte, c’est la réponse de Jésus. Ne sont-ce pas le don du Notre Père, l’invitation à la persévérance et la promesse de l’Esprit Saint à ceux qui osent le demander, qui sont au cœur de l’évangile ? N’est-ce pas ce don du Notre Père qui nous permet aujourd’hui de nous considérer comme frères ? N’est-ce pas l’Esprit Saint qui est la chose la plus urgente à demander pour convertir les cœurs et sauver le monde ? Sans doute. Mais, je prétends, moi, que l’essentiel, pour quiconque veut entrer en prière, n’est pas dans l’enseignement de Jésus.


L’essentiel est dans la question des disciples : Apprends-nous à prier. Si l’essentiel était dans la réponse de Jésus, quiconque aurait entendu cette page d’évangile et la prendrait au sérieux (ce que nous faisons tous, n’est-ce pas !), quiconque aurait entendu donc, deviendrait un grand priant. Nous n’aurions plus de problème avec la prière. Nous serions tous convaincus qu’il nous faut prier tous les jours et nous n’oublierions jamais une seule prière. Or, je sais bien, à regarder ma propre vie d’abord, que ce n’est pas le cas. Non pas que je n’ai pas entendu l’enseignement de Jésus ; non pas que je ne l’ai pas compris ; non pas que je n’ai pas le temps de prier, surtout en cette période de vacances. Tout cela, je l’ai bien intégré. Mais je me demande si j’ai assez eu le courage des Douze pour oser poser cette question directement à Jésus : Seigneur, apprends-moi à prier. Parce que c’est cette question qui me met en condition ; elle ouvre mon désir, creuse ma soif d’apprendre. Si cette question ne m’habite pas, ne m’habite plus, est-ce que je n’ai pas l’impression d’être déjà arrivé avant même d’avoir vraiment commencé ? Cette question n’est pas une question de débutant ; elle est la question essentielle qui doit occuper ma vie spirituelle. Apprends-moi à prier pour dire que les mots de la prière qui sera agréable à Dieu me viendront de lui ; apprends-moi à prier, parce que je ne prie pas Dieu de la même manière les jours de soleil ou les jours de pluie ; apprends-moi à prier parce que face à Jésus, je serai éternellement un débutant qui aura besoin d’un Maître pour que sa prière soit une prière qui entre et me fasse entrer toujours plus dans le projet de Dieu pour moi. 

Seigneur, apprends-nous à prier… Je suis de plus en plus persuadé que nous n’aurons jamais fini d’apprendre à prier. Notre vie ne faisant que changer, nos connaissances ne faisant que progresser, notre intimité avec Dieu ne faisant que varier, il nous faut sans cesse oser cette demande courageuse pour que notre prière soit toujours plus ajustée. C’est une demande courageuse parce qu’elle m’expose et m’engage. Elle m’expose à Dieu dans toute ma réalité, avec mes forces et mes faiblesses ; elle m’engage parce que Dieu répondra et que je ne pourrai pas rester sourd à une réponse que j’ai désirée. Je ne pourrai pas dire : pas cette réponse, tu n’en as pas une autre ? 


Il faut une grande confiance et une dose d’insouciance pour oser cette question à Jésus : apprends-nous à prier. Mais osons-la pour que notre prière soit toujours plus conforme au projet que Dieu porte pour nous ; osons cette question pour que notre prière devienne plus féconde. Osons cette question comme une vraie prière que le Christ exaucera en nous enseignant à être plus proche de son cœur chaque jour. Osons chaque matin supplier : Seigneur, apprends-nous à prier. Amen.



(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Eglise, éd. Les Presses d'Ile de France)


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