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samedi 4 juillet 2020

14ème dimanche ordinaire A - 05 juillet 2020

Fais-moi confiance !







            Il est de coutume pour le prédicateur, alors que les vacances viennent à peine de commencer, de s’arrêter sur le verset suivant de l’évangile entendu : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. L’occasion rêvée de dire combien ce temps qui s’ouvre ne peut se vivre sans Jésus, et que les vraies vacances sont auprès de lui, ou à tout le moins, à vivre aussi avec lui. Pourtant, ce n’est pas ce verset qui a retenu mon attention au moment de préparer la célébration de ce dimanche, mais bien la finale de celui qui le précède : Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.

            Les deux premiers termes du verset ne posent pas de problème. Ils redisent le lien particulier qui unit tout père à son fils. Quelles personnes connaissent le mieux un fils, sinon celles qui l’ont engendré ? Et qui peut dire Père à quelqu’un si ce n’est celui qui a été engendré par lui ? Il n’y a là rien d’extraordinaire, ni de bien difficile à comprendre. Nous sommes dans le factuel. Qu’il s’agisse de vous ou de moi ou qu’il s’agisse de Jésus et de Dieu son Père, cela ne change rien à l’histoire. Dans l’Evangile, c’est bien cette relation particulière entre Jésus et Dieu qui est visée, Fils et Père s’écrivant avec une majuscule. Mais alors, pourquoi rajouter la fin : celui à qui le Fils veut bien le révéler ? Tout le monde n’aurait-il pas le droit de connaître le Père ? 

        Quand Jésus prononce ces paroles, nous sommes, dans l’Evangile de Matthieu, à un moment précis qui donne sans doute tout son sens à cette affirmation. Jésus a posé dix signes, dix miracles, avant de choisir et d’appeler les Douze Apôtres. Puis Jésus a prononcé un long discours sur la mission apostolique (nous en avons eu un extrait dimanche dernier) avant de repartir prêcher dans les villes. Certaines villes, qui avaient vu ses plus nombreux miracles et n’avaient pas fait pénitence, se verront invectiver par Jésus : il s’agit de Chorazine, Bethsaïde et Capharnaüm. Puis vient le passage entendu en ce dimanche, qui commence par l’action de grâce de Jésus pour les tout-petits qui ont compris alors que les sages et les savants restent dans l’inconnaissance. Ce passage sur la connaissance mutuelle du Père et du Fils est un avertissement pour le lecteur de l’Evangile afin qu’il ne se retrouve pas dans la même position que les trois villes citées. Il a lu l’enseignement de Jésus, il a lu les dix signes que Jésus a posé. A-t-il bien compris ce qu’il a lu ? A-t-il bien reconnu, dans le discours et dans l’agir de Jésus, le Père qui a engendré et envoyé Jésus dans le monde ? Fait-il parti de ces tout-petits qui spontanément comprennent, ou cherche-t-il, comme les sages et les savants, à comprendre rationnellement tout ce qui s’est passé ? Non pas que cela soit mauvais, mais cela peut éloigner de la révélation que le Fils fait de son Père. A trop vouloir comprendre, l’homme perd le sens profond et premier : Dieu s’est manifesté, Dieu parle et agit par Jésus, le Fils qu’il a engendré. Il ne faut pas se convertir à cause des signes eux-mêmes, mais à cause de ce que les signes donnent à comprendre, à savoir que le Royaume des cieux est là, à l’œuvre en Jésus. L’œuvre de Jésus parle de Dieu ; l’œuvre de Jésus donne à voir Dieu à l’œuvre. Les tout-petits le comprennent ; les sages et les savants se font des nœuds au cerveau pour comprendre le pourquoi du comment. 

Comprenons bien : le Fils veut révéler son Père à tous les hommes puisqu’il a été envoyé pour les sauver tous. Mais pour cela, il faut que les hommes acceptent de venir à Jésus, de bien voir et de comprendre ce qu’il dit et ce qu’il fait, comme un tout-petit. Le tout-petit voit l’amour de son père à travers ses paroles et ses actes ; il ne se demande pas si son père est bien son père, et s’il l’aime vraiment. Avec Dieu, il faut se situer de cette manière-là, sans se poser trop de questions. L’amour de Dieu pour nous n’est pas un théorème à démontrer, c’est une expérience à vivre. Elle suppose de s’abandonner entre les bras de Dieu, comme un tout-petit s’abandonne entre les bras de son père. Les questions métaphysiques sont secondes. Ce qui prime, c’est l’expérience que nous faisons de l’amour de Dieu dans notre vie quotidienne. Celui qui accepte de vivre avec Dieu comprendra mieux que celui qui s’interroge toujours et encore. A force de te questionner, n’oublie pas de vivre, n’oublie pas de lâcher prise, n’oublie pas de te convertir. Tu pourras toujours réfléchir et approfondir après. Mais si tu veux tout comprendre avant de te convertir, tu risques bien de ne pas comprendre ce que Jésus te révèle par ses signes. Même Jésus ne peut convertir celui qui ne veut pas comprendre ; même Jésus ne peut pas enseigner davantage celui qui n’entre pas dans la révélation qu’il fait de son Père. Jésus ne cache pas son Père ; c’est le Père qui se cache derrière les signes que pose Jésus. Jésus le révèle à celui qui entre en confiance avec lui, c’est-à-dire à celui qui pose un acte de foi. Jésus révèle son Père à ceux qui croient en lui, tout simplement. 

A ceux qui croient en lui, Jésus dit : viens et repose-toi ; pose le fardeau de ta vie, le fardeau de tes questions trop grandes pour toi. Fais-moi confiance et tu trouveras le repos. Fais-moi confiance et tu connaîtras mon Père. Fais-moi confiance, tout simplement. Amen.   

(Dessin de Deligne)

 

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