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samedi 11 septembre 2021

24ème dimanche ordinaire B - 12 septembre 2021

 Quand le Christ que nous attendons ne correspond pas au Christ que Jésus veut être !



(Museo San Francesco, Montefalco, Italie)


            Nous attendions ce moment depuis le début de l’été. Et si nous ne l’attendions pas, nous savions à tout le moins qu’il allait arriver. Eh bien, le voici, ce moment où il nous faut nous décider, ce moment où il nous faut nous prononcer : Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? Nous ne pouvons pas contourner la difficulté ; nous ne pouvons pas différer la réponse. C’est Jésus lui-même qui nous interroge et qui attend une parole. Nous l’avons suivi jusque-là, dans l’évangile de Marc. Si nous voulons continuer à le suivre, il nous faut confronter notre attente à la réalité que Jésus est venue vivre. Et que se passe-t-il lorsque le Christ que nous avons imaginé ne correspond pas au Christ que Jésus veut être ? C’est tout l’enjeu de l’Evangile de ce dimanche. 

            La figure d’un Messie (d’un Christ) n’est pas nouvelle. Ce n’est pas Jésus qui l’a inventée. Elle existe depuis longtemps dans les textes de la Première Alliance. Elle a au moins deux représentations différentes. Il y a la figure d’un Messie royal, descendant de David ; et vous avez la figure du Messie prophétique. Cette dernière figure semble plus présente dans l’esprit des gens à l’époque de Jésus. Pour preuve, les réponses données par les Apôtres à la première question de Jésus : Au dire des gens, qui suis-je ? Les réponses données sont bien des figures prophétiques : Jean le Baptiste, Elie (celui qui avait été enlevé au ciel sur un char de feu laissant entendre qu’il reviendrait) ou un des prophètes. Et on peut comprendre cette insistance sur la figure prophétique. Le prophète n’est-il pas celui qui parle devant le peuple au nom de Dieu, celui qui transmet fidèlement sa Parole ? N’est-il pas aussi celui qui pose des gestes prophétiques, qui disent quelque chose de l’Alliance de Dieu avec les hommes ? A relire tout ce que nous avons vu et entendu de Jésus jusqu’à ce moment de l’évangile, cela correspond bien à la figure du prophète, et plus encore à la figure du Messie attendu. Nous avons vu Jésus faire entendre les sourds, faire marcher des boiteux et des paralysés, faire voir des aveugles et parler des muets. Nous l’avons entendu interpréter la Loi de Dieu, parler en paraboles. Et nous l’avons même vu redonner vie à la fille de Jaïre, morte trop tôt. Ce n’est pas étonnant que la foule se soit fait une image de Jésus, de qui il était, de qui il devait être. Pour la foule, c’est clair, Jésus est un prophète, voire le grand prophète. 

            Ayant reçu l’opinion du commun, Jésus interroge encore ses disciples : Et vous, que dites- vous ? Pour vous, qui suis-je ? Autrement dit, est-ce que le fait de fréquenter Jésus dans une proximité plus grande change quelque chose sur l’opinion qu’ils ont de lui ? Est-ce que quelqu’un qui vit avec Jésus H24 connaît pareil ou connaît mieux Jésus que la foule qui le suit ? Redoutable question dont la réponse dira quelque chose de leur relation vraie au Maître qui les a appelés à le suivre. Peuvent-ils voir plus loin que la foule, juste parce qu’ils passent plus de temps avec lui ? Je reformule la question pour nous : croyants pratiquants réguliers, savons-nous dire plus sur Jésus que ceux qui se disent juste croyants par habitude ou tradition familiale et qui ne viennent qu’occasionnellement au milieu de nous ? Si nous faisons abstraction de notre catéchisme et abstraction du fait que nous connaissons toute l’histoire de Jésus, si nous avions été du groupe des Douze, qu’aurions-nous répondu à ce moment précis de l’histoire ? Pierre, sans que nous sachions trop comment la réponse lui est venue, affirme avec une certitude étonnante : Tu es le Christ. Pas seulement un prophète, mais quelqu’un dans la lignée du Messie attendu, et pour être clair, le Messie attendu, le Christ, celui qui a été oint par Dieu lui-même. On ne saurait être plus précis ! 

            Alors qu’il avait tout bon jusqu’ici, Pierre va se rendre compte qu’il n’a pas encore tout compris. La figure du Christ qu’il a en tête ne correspond pas à la figure du Christ que Jésus veut être. Sans doute n’a-t-il pas bien lu le prophète Isaïe, ou l’a-t-il mal compris ! Car le style de Christ que Jésus veut être est plus proche du serviteur de Dieu décrit par Isaïe dans ses prophéties que du Christ ou Messie royal, qui a l’exemple de David, le roi par excellence, va bouter les ennemis d’Israël hors du pays. Il faut entendre Jésus dire à Pierre : Passe derrière moi, Satan ! Jésus renvoie clairement aux tentations qu’il avait vaincues au début de son ministère lorsque Satan lui-même lui faisait miroiter le pouvoir qu’il pourrait lui donner. Ce n’est pas la voie choisie par Jésus ; ce n’est pas le projet de Dieu que Jésus est venu accomplir. Le projet de salut de Dieu pour l’humanité ne peut passer que par une voie : le sacrifice du Christ sur la croix. Ce n’est qu’en combattant la Mort que Jésus pourra faire tomber la Mort. Ce n’est qu’en combattant le Mal que Jésus pourra défaire le Mal. Sur la croix, il va mourir, certes ; mais sur la croix, il fera aussi mourir la Mort et le Mal et ainsi seulement pourrons-nous être libérés du Péché. Ainsi seulement Satan pourra-t-il être défait. Il nous faut entendre Jésus enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que, trois jours après, il ressuscite. Sans mort, pas de résurrection. Sans mort, pas de victoire de la Vie. Sans Passion, pas de Pâques. 

            Il nous faut enfin aussi entendre Jésus nous dire que ce chemin sera également et nécessairement le nôtre. Nous ne sommes pas au-dessus de notre Maître. Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Il n’y a pas d’autre voie possible que celle de la configuration totale et parfaite au Christ que Jésus veut être. Il nous faut abandonner nos rêves de gloire d’un Messie à la manière du roi David. Il nous faut abandonner nos rêves de grandeur, y compris pour l’Eglise. La communauté des croyants que Jésus réunit autour de lui est la communauté de celles et de ceux qui iront jusqu’à la croix, jusqu’à l’abandon total, jusqu’au sacrifice de leur vie pour la vie des autres. La charité ne s’exerce pas à coup de sabre à la manière d’un roi conquérant ; la charité s’exerce dans l’humble abandon à la volonté de Dieu et dans l’humble service des frères, particulièrement des plus petits. La charité s’exerce dans un combat constant contre toute forme de Mal autour de nous et d’abord en nous. 

            Se prononcer en faveur de quelqu’un, c’est toujours renoncer à un autre. En choisissant Jésus, nous avons renoncé au Mal. C’est tout le sens de la profession de foi qui est faite au baptême et que nous renouvelons solennellement chaque année en la nuit de Pâques. En choisissant Jésus, nous devons aussi renoncer à l’image que nous pouvons nous faire de lui pour le découvrir tel qu’il se révèle en vérité, tel qu’il veut être, et le suivre malgré tout. La croix n’est pas d’abord un bijou de valeur ; la croix est le signe de notre foi, le signe que Jésus a donné sa vie pour nous, par amour des pécheurs que nous sommes. Là est la vraie valeur de la croix ; là est le signe de notre salut. Avec Pierre, reconnaissons que Jésus est le Christ, mais reconnaissons-le à la manière que Jésus lui-même veut être, un Messie livré et crucifié, et suivons-le, toujours. Amen.

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