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samedi 17 juillet 2021

16ème dimanche ordinaire B - 18 juillet 2021

 De quoi parlons-nous ?



(Carte du pays de Jésus, trouvé sur le site des éditions AGORA)



            J’ai essayé, vraiment ! J’y ai passé une bonne partie de ma préparation d’homélie, mais j’ai échoué ! J’ai cherché à comprendre, cartes à l’appui, comment la foule a fait pour arriver, à pied, avant Jésus et ses disciples, de l’autre côté du lac de Tibériade encore appelé Mer de Galilée. C’est juste impossible. Si vous avez en tête une carte du pays de Jésus, vous avez une étendue de terre bordée au sud par la Mer Morte, au Nord par la Mer de Galilée et un autre lac plus au Nord encore, les deux mers reliées par le Jourdain, et la Mer de Tibériade et le lac plus au Nord, reliés aussi par un cours d’eau. Impossible de passer d’une rive à l’autre sans barque. Impossible aussi d’aller plus vite à pied, l’étendue d’eau étant nettement plus longue que large. La ligne droite étant le chemin le plus court entre deux points, c’est mathématiquement impossible. Puisque la topographie est une impasse, peut-être faut-il chercher ailleurs la vérité que Marc veut nous révéler en rapportant ce moment de la vie de Jésus. 

            Une fois admis qu’il ne s’agit pas d’une course entre Jésus et la foule, que nous reste-t-il ? Il nous reste l’empressement de la foule, sa soif d’écouter encore Jésus, et son besoin de quelqu’un qui lui redonne espérance, quelqu’un qui la guide. Nous pouvons comprendre cela à partir du dernier verset entendu ce matin : en débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans bergers. Alors il se mit à les enseigner longuement. Pour quelqu’un qui voulait se reposer et faire reposer ses disciples, c’est foutu ! Cela ne compte pas non plus. L’urgence, pour Jésus, ce n’est plus le repos de ses disciples (encore qu’ils peuvent se reposer pendant que Jésus enseigne) ; l’urgence, c’est la foule. N’est-ce pas pour cela aussi qu’il avait envoyé ses disciples en mission deux par deux ? Pour annoncer l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Salut, aux hommes en perte de sens ? Ne les a-t-il pas envoyés uniquement vers la Maison d’Israël, pour inviter son peuple à la conversion et à l’espérance, ce peuple qui connaît depuis trop longtemps la domination étrangère et le risque de perdre sa foi au Dieu unique et vrai, envahi qu’il est par des peuples aux dieux trop nombreux ? L’envoi en mission des disciples n’était donc pas une sorte d’exercice pour eux, en attendant le grand vent de Pentecôte qui les pousserait sur les routes de l’empire romain. L’envoi en mission était un moyen concret pour augmenter l’impact de la mission de Jésus, les disciples exerçant les mêmes pouvoirs de guérison et ayant la même autorité que Jésus sur les démons. Nous l’avons entendu dimanche dernier : Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient. Depuis le début, toute cette histoire n’avait qu’un but : le Salut du peuple de Dieu et sa conversion. 

            Quand nous voyons l’empressement de la foule à suivre Jésus, quand nous imaginons ces regards que croise Jésus lorsqu’il débarque sur l’autre rive, nous comprenons que cette foule a besoin d’une parole, besoin d’un guide, besoin d’une espérance. Cette foule qui se presse, cette foule qui cherche, cette foule qui a besoin de sens, est l’image de l’humanité à travers l’Histoire. Ils sont nous ; nous sommes, aujourd’hui encore, comme eux. Et c’est particulièrement vrai, me semble-t-il, depuis le début de cette pandémie qui n’en finit pas de finir à force de mutation du virus. A nouveau, les hommes et les femmes de notre temps sont déboussolés, n’hésitant pas quelquefois à suivre les théories complotistes les plus farfelues, refusant le bon sens élémentaire devant ce virus qui perturbe la vie des hommes dans le monde entier. Un tiers des Français sont ainsi pris par des théories fumeuses qui leur font refuser un vaccin pourtant utile pour lutter contre les formes graves de la maladie. Même chez les chrétiens, ils s’en trouvent affairés à propager ses théories, quand bien même le pape François nous a largement appelé à ce geste simple pour protéger les plus fragiles, au nom de la doctrine sociale de l’Eglise, qui nous rappelle que le bien de tous passe avant ma liberté personnelle. La grande différence entre nous aujourd’hui et cette foule de jadis, c’est l’empressement à nous réunir autour du Christ. Il reste pourtant le berger véritable qui conduit son troupeau et prend soin de lui. Il est celui grâce à qui nous ne manquons de rien, il est celui qui nous mène par le juste chemin. il est celui qui a voulu réconcilier avec Dieu les Juifs et les païens en un seul corps par le moyen de sa croix. Comme la foule qui se pressait autour de lui, nous savons qu’avec lui, nous sommes entre de bonnes mains. 

            Voilà ce que nous révèle Marc dans cette page d’évangile invraisemblable. Il nous parle de Dieu qui veille sur nous. Il nous parle de Jésus qui enseigne. Il nous parle de la foule qui a plaisir à entendre Jésus et à le suivre, voire le poursuivre pour ne perdre rien de ce qu’il pourrait dire ou faire. Il nous montre Jésus qui préfère le bien de tous à son confort personnel : bien que fatigué, il enseigne encore plutôt que de se reposer. Le bien commun, il n’a pas attendu que l’Eglise le formule ; il l’a vécu en toutes choses, allant jusqu’à donner sa vie pour les hommes. Il accomplit ainsi la prophétie de Jérémie selon laquelle Dieu rassemblera son peuple et lui donnera des pasteurs justes, qui accompliront leur mission avec zèle. Avec la foule, laissons-nous enseigner par Jésus. Par Jésus et par les pasteurs qu’il nous donne, laissons-nous guider. Avec lui, plaçons le bien de tous au-dessus de notre liberté. Devenons davantage encore ses disciples. Amen.

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