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samedi 3 juillet 2021

Jubilé Sainte Odile - 03 juillet 2021

 Fête de la translation des reliques de Sainte Odile.




(Statue de Sainte Odile - Cathédrale de Strasbourg)


        C’est jour de fête dans tout le diocèse de Strasbourg puisque nous célébrons le Grand Jubilé marquant les 1300 ans de la naissance au ciel d’Odile, patronne de l’Alsace. De notre sainte, nous connaissons tous les grandes étapes de sa vie. Détestée par son père, duc d’Alsace, qui attendait un fils comme premier enfant, elle cumule le fait d’être une fille avec celui d’être aveugle à sa naissance. Il n’en fallait pas plus pour que son père veuille se débarrasser, par le glaive, de ce fruit non désiré dans son arbre généalogique. Il a fallu le courage de sa mère pour qu’Odile puisse vivre, loin des siens. Elevée par des religieuses à Balma, elle y recevra le baptême et retrouvera la vue. 

          Cette première tranche de vie nous permet de comprendre le choix de la seconde lecture, tirée du Livre de l’Apocalypse : Moi, Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle. Nous qui sommes voyant depuis notre naissance, nous ne pourrons jamais comprendre cette expérience unique de voir enfin un monde que l’on n’a jamais qu’entendu. Nous ne pouvons pas davantage comprendre la joie et l’émerveillement devant ce monde enfin visible. Pour nous, la lumière, les couleurs, les formes, les êtres vivants font partie de notre quotidien. Nous les avons découverts depuis le premier jour de notre venue au monde. Pour Odile, c’est un nouveau monde qui se présente à elle. Sans doute y a-t-il là, dans cet émerveillement soudain des choses enfin vues, la source de tout ce qui fait la richesse de la vie d’Odile. Nous pouvons dire que cette vue reçue alors qu’elle est déjà grande lui aura permis de voir le monde à la manière de Dieu lui-même. C’est lui qui lui a donné la vue au jour de son baptême. Il l’a appelée à la lumière divine ; c’est cette lumière divine qui lui fait voir le monde et agir en conséquence. Quand on voit le monde à la manière de Dieu, on ne peut pas rester insensible à ce que vivent les hommes qu’il a appelés à la vie.

          Il ne fait pas de doute pour moi, que c’est là, dans cette illumination baptismale, que se trouve la force qu’Odile mettra en œuvre pour les plus pauvres. Inlassablement, avec les sœurs qui la rejoignent sur le Mont qui porte aujourd’hui son nom, après qu’elle l’ait reçu de son père qui a fini par accepter cette fille. Que ce soit sur la sainte montagne d’Alsace ou au pied de cette montagne, elle déploiera des trésors d’énergie pour aider les pauvres, soulager leur misère, soigner les corps. Quand vous regardez les hommes avec le regard même de Dieu, vous ne voyez en eux que des frères à aider, que des frères à aimer. De son père de la terre, elle n’a appris que le rejet et la dureté ; de son Père du ciel, elle a appris le regard plein de tendresse et de compassion.

          Ce regard d’Odile, façonné par le regard de Dieu sur le monde, lui permettra aussi de voir en son père autre chose qu’un homme dur qui a tué son propre fils lorsque celui-ci a fait revenir Odile auprès des siens. Elle aurait eu toutes les bonnes raisons de détester ce père qui l’a rejetée ; et pourtant, elle l’aimera profondément, allant jusqu’à implorer Dieu pour le salut de son père lorsque celui-ci a quitté ce monde. La chapelle des Larmes et son sol creusé, selon la légende, par les larmes qu’Odile a versées pour son père défunt, en est le témoignage pour tous les âges. Le regard de Dieu nous permet d’aimer même ceux qui nous ont voulu du mal ; le regard de Dieu nous permet le pardon que Dieu nous a offert en son Fils Jésus, mort et ressuscité.

          En ce jour de Jubilé, nous sommes, par Odile, renvoyés à une plus juste compréhension de notre propre baptême. Comme elle, nous avons été appelés à la lumière divine. Comme elle, nous avons la capacité de voir le monde avec le regard même de Dieu. Les actes de charité qu’elle a posés ne sont rien d’autre que l’extension de ce regard de Dieu sur le monde. Comment pourrions-nous croire que Dieu, voyant notre détresse, ne ferait rien pour nous ? Il agit à travers des hommes et des femmes qui, comme Odile, ont compris que leur baptême, faisant d’eux des fils et des filles de Dieu, les obligeait à vivre et à partager la tendresse de Dieu pour les hommes. Sans hommes et femmes avançant dans la vie les yeux ouverts sur le monde à la manière de Dieu, Dieu devient impuissant. Sans hommes et sans femmes qui ont fait l’expérience de Dieu dans leur vie, à la manière d’Odile, il n’y a pas de terre nouvelle possible. Ce monde nouveau, c’est le monde de ceux qui voient comme Dieu et agissent en son nom. Cette terre nouvelle, c’est la terre du témoignage qu’un autre monde est possible si nous nous y mettons tous. Ce ciel nouveau, le Christ nous l’a ouvert par son sacrifice sur la croix. Cette terre nouvelle, il nous revient de la rendre réelle, de la construire, en diffusant la Parole de Dieu qui convertit les cœurs, en manifestant à tous les humains la miséricorde que Dieu nous fait ; cette terre nouvelle, nous la construisons en aimant à la manière de Dieu : absolument et simplement, parce que nous choisissons l’amour à la suite du Christ.

          En prenant notre baptême au sérieux à l’exemple d’Odile, laissons notre regard être illuminé par le regard de Dieu ; laissons notre cœur être dilaté par l’amour de Dieu ; laissons nos mains agir au nom de Dieu. et cette terre nouvelle sera notre réalité, aujourd’hui et toujours. Amen.

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