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dimanche 16 juillet 2023

15ème dimanche ordinaire A - 16 juillet 2023

 Un échec de Jésus ou la simple réalité de la vie ?




 (Source : La parabole du semeur (Lc 8,4-15) | Au Large Biblique)

 




            Je reconnais humblement que j’ai eu quelques difficultés avec l’homélie de ce dimanche liée au texte évangélique lui-même. Fallait-il vraiment prendre la parole après que le Christ lui-même eut expliqué à ses seuls disciples – donc ceux qui croient en lui – la parabole qu’il avait adressée à la foule – donc ceux qui étaient appelés à croire à lui mais qui ne le feront pas tous finalement ? Que pourrais-je dire de plus qu’il n’a pas dit ? Ma seconde difficulté vint ensuite du rapprochement que notre Eglise fait de ce passage d’évangile avec le passage entendu du prophète Isaïe qui affirme : Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. N’y a-t-il pas une contradiction entre le prophète et Jésus ? 

            Je m’explique : Isaïe a la certitude, que je partage, que la parole de Dieu est performative, c'est-à-dire qu’elle réalise bien ce qu’elle dit. Nous pouvons dire de Dieu, sans nous tromper, que ce qu’il dit, c’est ce qu’il fait. Nous le voyons dès les premières pages de la Bible. Quand Dieu dit : Que la lumière soit ! la lumière se fait. Pour le dire plus simplement encore : Dieu ne parle pas en vain, il ne parle pas pour ne rien dire. C’est plutôt rassurant de savoir cela, me semble-t-il ! Là où les choses se corsent pour moi, c’est quand je mets cette affirmation de Dieu au prophète Isaïe, en lien avec cette parabole du semeur que Jésus raconte. Dans l’explication qu’il donne, nous comprenons que la semence semée largement, pour ne pas dire n’importe comment, c’est la Parole de Dieu. Voyez-vous mon problème venir ? Non ? Il me semble pourtant évident !  Si la Parole de Dieu accomplit toujours sa mission, pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas toujours ? Parce que la parabole que Jésus raconte, c’est quand même d’abord une histoire qui échoue trois fois sur quatre ! La parole semée ne donne rien, ni sur le bord du chemin, ni sur le sol pierreux, ni dans les ronces. Il n’y a que dans la bonne terre que le grain germe et grandit. Je pourrais m’en sortir en allant vite à la conclusion de la parabole, à savoir le rapport du grain semé en bonne terre, à savoir cent, soixante ou trente pour un, ce qui n’est pas rien d’une part, et qui permet de dire que le risque vaut la peine ! Connaissez-vous beaucoup de placement qui rapporte cent pour un (pour un euro placé vaut en recevez cent) ? soixante pour un ? trente pour un ? Si oui, partagez l’information pour que nous en profitions tous en ces temps de crise ! 

            Nous précipiter ainsi vers la conclusion nous fait ignorer la partie la plus longue, et de la parabole, et de l’explication que Jésus en donne. Si elle était sans importance, pourquoi insister autant, puisque Dieu ne parle pas pour ne rien dire ? Et qu’est-ce que cela peut bien dire pour nous aujourd’hui ? Cet échec apparent de la Parole de Dieu nous concerne tous. Il nous rappelle que l’important, ce n’est pas uniquement la qualité du grain semé, qualité qui n’est pas à remettre en cause. Ce qui compte aussi, c’est le terrain où le grain est semé ; ce qui compte aussi, ce sont les conditions extérieures : les oiseaux qui viennent tout manger, le sol pierreux sans beaucoup de terre, donc pas d’enracinement possible, trop de soleil, et n’oublions pas les ronces qui étouffent le grain semé. Nous ne pouvons pas ignorer les obstacles au grain semé, obstacles qui sont naturels, nous dit Jésus. Ce n’est pas la main de l’homme qui empêche le grain de pousser, mais bien la réalité du terrain dans lequel tombe le grain. Ceci nous ouvre alors des perspectives qui nous permettent de ne pas nous décourager quand nous participons à l’œuvre des semailles. Qui, travaillant honnêtement à répandre la parole de Dieu ne s’est jamais interrogé sur l’absence de rapport ? Nous faisons des choses d’ordre pastorale et nous avons l’impression que cela ne donne rien, en tout cas, cela ne donne pas ce que nous espérions. Nous enterrons plus que nous ne baptisons ; des couples que nous avons sérieusement préparé au mariage relieuse finissent par se séparer quand même ; du peu que nous baptisons encore, peu poursuivront avec la première communion ; et de ceux-là, encore moins iront jusqu’à la confirmation ! Et je pourrais continuer la liste des efforts consentis par les prêtres et les laïcs, en paroisse, dans les mouvements ou en famille tout simplement, qui ne donnent rien. Pas le moindre bout d’herbe à l’horizon malgré tout ce qui est semé ! Alors qu’est-ce qu’on fait ? On arrête tout ? On s’asseoit et on pleure ? 

            Jésus nous dit, avec cette parabole que c’est normal. Dieu lui-même n’y peut rien ! Personne ne naît croyant ! Personne ne naît pratiquant ! Personne ne naît avec une foi préinscrite dans le cœur ! Il y a ce que je suis, il y a les circonstances, l’entourage, pleins de choses extérieures qui vont jouer. Trois choses doivent nous rassurer cependant : d’abord que Dieu sème sa parole toujours et encore, sans regarder où ; la parole n’est pas réservée à une élite en mesure de l’entendre et de la mettre en pratique. Ensuite, c’est qu’elle rapporte beaucoup quand elle tombe dans une bonne terre ; le temps passé à semer, le grain qui ne donne rien dans des terres non préparées, ce n’est pas du temps et du grain perdu. Enfin, puisque la parole ne donne rien à cause de circonstances extérieures, n'oublions pas que celles-ci ne sont pas toujours éternelles, et que semer toujours et encore a du sens. Il suffit d’un changement dans la terre qui reçoit pour que tout change. Dégagez les pierres, ajoutez un peu de terreau et déjà quelque chose peut prendre racine et grandir ! Et ce changement nous devons y croire ! Si nous désespérions, alors ce sont les cailloux, les ronces qui envahiraient la bonne terre. Croire le changement de circonstances possible, c’est croire que le Christ, par sa mort et sa résurrection, a bien vaincu le mal, la mort et le péché, et que ces trois-là peuvent reculer dans la vie des hommes. Il suffit d’un grain germé et levé pour en obtenir trente, soixante ou cent autres ! 

            Ce qui semblait un échec apparent n’est rien d’autre que la réalité de la vie des hommes, la réalité de notre vie. Quelquefois, ce n’est juste pas le bon moment. Quand après des vacances bien méritées, nous reprendrons notre travail missionnaire, faisons-le avec la certitude affirmée par le prophète que la parole de Dieu accomplit bien sa mission, au rythme de Dieu. Ne soyons pas impatients ! Ne soyons pas défaitistes ! Tout se fait selon le plan Dieu. Un petit peu à chaque fois, pour un résultat qui mènera à l’établissement du Royaume de Dieu. Le temps n’appartient qu’à Dieu. Travaillons sur ce qui est de notre ressort : l’espace où le grain est planté. Ne renonçons pas à travailler la terre, notre terre d’abord, pour que le grain semé puisse germer et rapporter toujours plus : trente, soixante et pourquoi pas cent pour un. Amen.

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