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samedi 3 février 2024

5ème dimanche ordinaire B - 04 février 2024

 Annoncer l'Evangile.




 

 

 

            Il est un fait que la crise du COVID que nous avons connue a engendré une anxiété grandissante chez de nombreuses personnes, et particulièrement chez les plus jeunes. De se voir enfermés, privés des relations si essentielles à l’adolescence, et de constater l’impuissance et les hésitations, pour ne pas dire les contradictions et les mensonges, de ceux qui nous ont gouvernés à ce moment-là, a fait naître un sentiment d’impuissance et d’insécurité, ainsi que des questions quant à leur avenir plus incertain encore qu’il ne l’était avant la crise. Et je n’oublie pas que certains adultes connaissent aujourd’hui encore des sentiments identiques, les ayant menés à s’enfermer volontairement, à se couper des autres, parce que cela pourrait reprendre. Tous les curés de paroisses peuvent témoigner de la fonte de leurs assemblées après la crise, et pas uniquement parce qu’ils ont enterré leurs paroissiens ! Quelque chose s’est cassé en l’humain qui le pousse à se replier sur lui-même. 

            Cet état de dépression n’est pas inconnu dans les livres bibliques. Nous en avons eu un bel exemple avec ce passage du livre de Job. A l’entendre, il n’y a plus aucun espoir, sa vie est foutue, l’angoisse et la tristesse seront désormais son lot quotidien : Depuis des mois je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance… je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube… ma vie n'est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. Plus déprimé que cela, tu meurs ! On fait quoi alors ? Job mettra Dieu en accusation ; assurément, Dieu est injuste avec lui pour le laisser souffrir autant. Le procès durera jusqu’à ce que Job comprenne qu’il ne savait rien de Dieu et des merveilles qu’il fait pour les hommes :  “Quel est celui qui déforme tes plans sans rien y connaître ?” De fait, j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles hors de ma portée, dont je ne savais rien. Mais la leçon que nous devons en retenir vient de Dieu lui-même et de la parole qu’il adresse aux amis de Job qui n’ont cessé de lui dire que Dieu avait sans doute ses raisons pour « punir » ainsi Job et qu’il était fou de s’entêter à se dire juste. Or, après avoir adressé ces discours à Job, le Seigneur dit à Élifaz de Témane : « Ma colère s’est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi avec justesse comme l’a fait mon serviteur Job. 

            Le risque est réel de tordre la parole de Dieu face à la détresse, à l’injustice, à la misère que peut connaître une partie de l’humanité. Le risque est réel d’utiliser la parole de Dieu soit pour condamner (les amis de Job ne cessent de le couvrir de reproches, pensant ainsi défendre Dieu et sa justice) soit pour saupoudrer une spiritualité doloriste sur les plaies vives de notre humanité blessée. Face au Mal, face à la souffrance, nous disent les Ecritures, peut-être vaudrait-il mieux se taire que de prendre le risque de ne pas parler de Dieu avec justesse. Peut-être faut-il juste être là, à côté du frère ou de la sœur qui souffre ! Peut-être nous faut-il en revenir à l’attitude de Jésus dans l’évangile de ce dimanche. Face à ceux qui souffrent, il ne fuit pas ; il ne se lance pas dans de grands discours. Il se tient là et il guérit. Certes, nous ne sommes pas Jésus, les miracles ne sont pas notre fort. Mais nous partageons avec lui cette humanité qu’il a choisie de revêtir, lui qui est Dieu. Ne jouons pas à Jésus, mais soyons comme Jésus, présents à nos frères et sœurs en humanité qui souffrent, qui se désespèrent. Et agissons à la mesure de nos moyens. Un chrétien ne peut s’habituer à voir un seul humain souffrir sans en être affecté et chercher comment aider. Quelquefois, aider c’est juste orienter vers la bonne personne, le bon bureau, la bonne administration. Ce sera une proclamation de l’Evangile en acte. Comme le souligne Paul dans sa première lettre aux Corinthiens : Annoncer l’Evangile, c’est une nécessité qui s’impose à moi… c’est une mission qui m’est confiée. Ce que Paul dit de lui vaut pour nous tous, baptisés dans la puissance de l’Esprit Saint. Nous devons prendre notre part dans l’annonce de l’Évangile. 

            Loin d’être un prêchi-prêcha insipide, l’annonce de l’Evangile est un moyen puissant pour relever l’homme blessé, défiguré, sans espoir. C’est un art de vivre, une présence au monde qui témoigne de l’œuvre de Dieu et de sa puissance libératrice. C’est, comme l’enseigne Jésus dans les béatitudes, savoir pleurer avec ceux qui pleurent, être doux, miséricordieux, avoir faim et soif de justice, être artisan de paix et savoir se battre pour la justice. Pour reprendre une image du Pape François, nous devons faire de l’Eglise un hôpital de campagne : dans un hôpital, on soigne d’abord, on prend soin. Et c’est lorsque le patient est guéri, qu’on peut lui expliquer ce qu’il doit faire pour ne pas retomber malade. Puisse ceci devenir notre ligne de conduite au service des hommes et des femmes qui ont tant besoin de retrouver le sens de Dieu pour retrouver le sens de leur humanité. Amen.

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