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dimanche 3 octobre 2010

27ème dimanche ordinaire C - 03 octobre 2010

Quelconque, inutile, bon à rien !



Quelconque, inutile, bon à rien ! Suivant les traductions, c’est ainsi qu’il faut comprendre la parole de Jésus. Et reconnaissons-le d’emblée : cela ne fait plaisir à personne de s’entendre dire : tu es quelconque, inutile ou bon à rien, surtout à une époque où le paraître a tellement d’importance pour nous. Nous voulons bien agir, intervenir, servir, à condition que cela soit reconnu, proclamé et mille fois remerciés, et de préférence nommément, individuellement et en public ! Même en Eglise, nous n’échappons pas à cette règle.

Quelconque, inutile, bon à rien ! Ces paroles font partie alors de la longue série de paroles dures de Jésus que nous entendons depuis quelques semaines déjà. Jésus nous rappelle aujourd’hui à l’humilité, à la discrétion, à l’urgence du service, sans rien attendre en retour. Simplement parce que nous sommes disciples de Jésus, et que nous avons à imiter le divin Maître dans cette voie du service à tout prix, sauf celui de la reconnaissance ! C’est le travail du disciple de Jésus que de servir, toujours et encore. Le service est devenu le sacrement de l’être chrétien, depuis qu’au soir du jeudi saint Jésus lui-même a pris la place du dernier des serviteurs en lavant les pieds de ses disciples. Si le Maître est allé jusque là, n’est-ce pas pour nous obliger ? Que faisons-nous d’extraordinaire en suivant le chemin que Jésus a inauguré pour nous ? Nous savons que la « suivance » de Jésus nous mènera au Royaume, à la Béatitude éternelle, à la claire vision de Dieu. Elle nous y mène non pas par nos efforts, mais parce que Jésus lui-même a ouvert la voie par sa mort et sa résurrection et que, désormais, rien ne pourra fermer cette brèche de vie au cœur d’un monde marqué par la souffrance, le mal, le péché. Suivre le Christ, c’est faire œuvre de vie : c’est être capable de faire se planter un arbre, symbole de vie, au milieu de la mer, symbole du monde mauvais et de la mort.

Quelconque, inutile, bon à rien ! Voilà alors des qualificatifs qui nous renvoient plus largement à notre manière d’être disciples de Jésus. Sommes-nous, comme les premiers disciples de Jésus, à demander à Dieu d’augmenter en nous la foi ? Parce que, ne nous y trompons pas, c’est bien cette demande qui déclenche tout ! Comme si Dieu ne donnait pas tout quand il nous fait le don de la foi ! Comme s’il était parcimonieux dans sa distribution ! Jésus ne répond pas à la demande des disciples en augmentant leur capital foi : il répond par la nécessité du service. C’est un peu comme s’il leur disait : mais la foi vous l’avez ! Dieu vous a tout donné ; il vous revient de l’exercer dans le service gratuit, désintéressé. Dieu a semé dans le cœur des disciples la foi : sinon comment pourraient-ils suivre ce Jésus sans s’interroger sur la pertinence de son enseignement, sur le bien-fondé de ses actes ? Peut-être ont-ils l’impression que leur foi est faible, vacillante au gré des événements : mais cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas la foi. Comment d’ailleurs la mesurer ? Non, il nous faut sortir de cette catégorie de pensée, et croire que Dieu nous éveille à la foi, une fois pour toutes, mais que la manière dont nous ressentons notre foi dépend peut-être de la manière dont nous en vivons.

Nous voici donc renvoyés à notre manière d’être chrétien, à notre manière de former communauté. Jésus, en liant la foi au service, semble dire qu’il n’y a qu’ainsi que l’on passe d’une foi proclamée à une foi vécue, une foi agissante. Avoir la foi ne servirait à rien s’il elle ne se faisait pas agissante, si elle ne se mettait pas au service de tout homme dans la construction d’un monde plus juste, plus humain, un monde où les arbres iraient se planter dans la mer, un monde où la vie jaillirait de la mort, un monde où la vie serait toujours la plus forte. L’on comprend alors la recommandation de Paul à son ami Timothée : « n’éteints pas l’Esprit : mais au contraire réveille ce don que Dieu t’a fait ». N’est-ce pas notre urgence aujourd’hui ? Réveiller le don de la foi pour le rendre contagieux, agissant, vivant ! Nous avons tous et chacun une place à tenir, un rôle à jouer, en harmonie avec les autres. Nous avons tous à rendre compte de l’espérance qui est en nous. Nous avons tous à faire œuvre de vie, dans la fidélité au Christ et à son Eglise, pour que le monde parvienne au Royaume promis. Nous avons chacun à devenir quelconque, inutile, bon à rien d’autre qu’à ce que Dieu attend de nous : être de vrais serviteurs de la vie, des guetteurs de l’aurore de ce temps nouveau inauguré par le Christ, en sa mort et sa résurrection. La fraternité universelle est au prix d’une dépossession de soi pour laisser à l’autre et au Tout Autre la première place.

Quelconque, inutile, bon à rien ! En utilisant ces qualificatifs, Jésus ne déprécie pas ce que nous sommes, ni ce que nous faisons. Il resitue simplement notre action dans le projet d’amour de Dieu pour nous. En nous faisant le don de la foi, il nous met en route, il nous met à l’œuvre dans la réalisation de ce grand projet de salut. Nous avons une place à tenir, mais elle sera toujours à la suite du Christ. Nous profitons largement de la puissance de vie qui est en lui et par notre engagement et notre témoignage, nous rendons cette grâce accessible à ceux que nous rencontrons et qui ne connaissent pas ou connaissent mal le Christ Sauveur. Puisse la célébration de cette eucharistie donner à chacun de nous, prêtres et fidèles laïcs du Christ, la grâce de redécouvrir où Dieu nous veut, et la force de tenir notre place pour cette année pastorale. Pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.

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